Publication en partenariat avec IESR-Sorbonne .
Islam et histoire. Essai d’épistémologie, Paris, Champs/Flammarion, 2001, (1ère éd. 1999), 164 p.
Ce court essai reprend le texte – révisé- de six conférences données par l’auteur à l’IMA (Institut du monde arabe, Paris) en 1997 sur le concept d’histoire en « Islam ». Il s’interroge sur l’existence d’une histoire « spécifiquement islamique ». L’auteur analyse la production en langue arabe de quatorze grands auteurs musulmans entre le VIIIe et le XIXe siècle. Les écrits de ces historiens, représentatifs de l’historiographie islamique, sont classés en fonction du type de documents et examinés dans le cadre d’une « problématique universelle » (p. 35). Selon l’auteur, trois documents principaux caractérisent l’historiographie en Islam : le témoignage oral, l’acte écrit, et l’idée de cycle historique (p. 32, chap. 1er « Histoire et historiographie »). L’auteur discerne deux types d’écritures de l’histoire qui coexistent à l’intérieur de l’Islam et commandent deux visions du monde. La première, dominante, tournée vers l’absolu, qualifiée par l’auteur d’« histoire sacrée », est inspirée par le hadîth. La seconde, « histoire profane » appartient au genre du khabar (chap. 2, « Histoire et tradition »).
Le chap. 3 « Histoire et orientalisme » examine les « présupposés » (p. 71) de la pensée des orientalistes en particulier I. Goldziher, H. Gibb. Dans le chap. 4 « Histoire et théologie », l’auteur refuse la vision d’une « spécificité » islamique de l’histoire désignée par « philosophie islamique de l’histoire » dans de nombreux essais (notamment ceux du philosophe français H. Corbin (1903-1978). La « dualité » entre deux types d’histoire écrite est explicitée dans le chap. 5 « Histoire et sociologie ». Le dernier chapitre « Histoire et historicisme » conclut au danger de l’intégrisme qui, dans toutes les traditions, se méfie de l’histoire et se replie sur ‘le doux oreiller’ de la tradition » (p. 135).
Le chap. 3 « Histoire et orientalisme » examine les « présupposés » (p. 71) de la pensée des orientalistes en particulier I. Goldziher, H. Gibb. Dans le chap. 4 « Histoire et théologie », l’auteur refuse la vision d’une « spécificité » islamique de l’histoire désignée par « philosophie islamique de l’histoire » dans de nombreux essais (notamment ceux du philosophe français H. Corbin (1903-1978). La « dualité » entre deux types d’histoire écrite est explicitée dans le chap. 5 « Histoire et sociologie ». Le dernier chapitre « Histoire et historicisme » conclut au danger de l’intégrisme qui, dans toutes les traditions, se méfie de l’histoire et se replie sur ‘le doux oreiller’ de la tradition » (p. 135).
Points forts
La volonté d’inscrire la pensée de l’histoire chez les musulmans dans l’histoire universelle, sans pour autant nier les particularités dans l’aire islamique (la force de la Tradition, la dévalorisation de l’histoire). L’auteur réagit à la fois contre l’« intégrisme » (p.130) des religieux et celui des orientalistes « classiques » du XIXe siècle. L’étude du hadîth* d’un point de vue méthodologique : (chap. 3). Ce mode de transmission est devenu dominant dans le monde islamique. Il a nourri une conception de l’histoire fondée sur l’ « absolu », la recherche du « sens » (p. 84) s’opposant à l’histoire profane. Un nouvel éclairage sur la pensée de l’historien maghrébin Ibn Khaldûn (m. 1406). L’auteur montre son profond ancrage dans la tradition islamique des spécialistes du fiqh Selon l’auteur Ibn Khaldûn appartient à la lignée des juristes les fuqahâ. Il a tenté de « se libérer de la méthodologie du hadîth » (p. 87) qui inspira l’ «histoire sacrée » représentée par Tabarî (m. 923). Un appareil de notes, indispensable, facilite la compréhension ce cet ouvrage dense.