En comparaison avec la Syrie, l’Egypte, le Yémen et la Libye, la transition démocratique en Tunisie, bien qu’encore à ses débuts, est remarquablement calme sur le plan politique. En ce moment, les nouvelles fusent à propos du gouvernement de ce pays. Il n’est pas facile de suivre les nombreux changements qui s’y produisent : les coalitions se font et se défont, de nouvelles alliances se forment, des anciennes se renouvellent. Dans un climat aussi fluctuant, il est difficile d’identifier les intérêts communs qui pourraient définir la base du dialogue national. Cependant, indépendamment des tendances politiques et de la situation économique, les Tunisiens sont unanimes sur deux points : ils veulent tous plus de sécurité et davantage d’emplois.
Lors de la "déclaration finale du congrès de dialogue national" - Photo UGTT
Suite aux élections remarquablement sereines du 23 octobre 2011, un gouvernement de coalition appelé Troïka, a été mis en place, avec Hamadi Jebali d’Ennahda comme premier ministre, Mustapha Ben Jaafer d’Ettakatol comme président de l’assemblé nationale constituante (ANC) et Moncef Marzouki du parti du Congrès pour la République comme président.
Alors que les partis d’opposition ont été très critiques envers ce nouveau gouvernement, la plupart des Tunisiens ont voulu donner une chance au processus démocratique par lequel ces partis sont arrivés au pouvoir.
Cependant, le 6 février dernier, l’équilibre politique a été à nouveau bousculé avec l’assassinat de Chokri Belaid, célèbre avocat et membre important du parti Front Populaire, de gauche. Chokri Belaid s’était toujours montré très critique envers le parti Ennahda au pouvoir. A ses funérailles, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Tunis, pour la plupart pacifiquement. Au même moment, la mauvaise situation économique et la dégradation des conditions de sécurité ont déclenché une vague de manifestations dans tout le pays, notamment à Gafsa, Sfax et Sidi Bouzid ville qui a été le point de départ de la révolution en 2010. Par ailleurs, on n’a toujours pas identifié le meurtrier de Chokri Belaid.
Alors que les partis d’opposition ont été très critiques envers ce nouveau gouvernement, la plupart des Tunisiens ont voulu donner une chance au processus démocratique par lequel ces partis sont arrivés au pouvoir.
Cependant, le 6 février dernier, l’équilibre politique a été à nouveau bousculé avec l’assassinat de Chokri Belaid, célèbre avocat et membre important du parti Front Populaire, de gauche. Chokri Belaid s’était toujours montré très critique envers le parti Ennahda au pouvoir. A ses funérailles, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Tunis, pour la plupart pacifiquement. Au même moment, la mauvaise situation économique et la dégradation des conditions de sécurité ont déclenché une vague de manifestations dans tout le pays, notamment à Gafsa, Sfax et Sidi Bouzid ville qui a été le point de départ de la révolution en 2010. Par ailleurs, on n’a toujours pas identifié le meurtrier de Chokri Belaid.
Après avoir reconnu qu’il n’avait pas réussi à former un gouvernement neutre constitué de technocrates et à servir de médiateur pour sortir le pays de l’impasse politique, le premier ministre Hamadi Jebali a donné sa démission. L’ancien ministre de l’intérieur et membre d’Ennahda, Ali Larayedh, qui le remplace, a déclaré : « Nous allons former un nouveau gouvernement, qui tiendra compte de tous les Tunisiens et Tunisiennes et du fait que les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes responsabilités ». Il annoncera bientôt les remaniements ministériels et la nomination de nouveaux ministres.
Pour de nombreux Tunisiens, le « principe de l’égalité des droits et des responsabilités pour tous » est lié au sentiment de sécurité nationale. Alors qu’ils s’installent dans l’ère post-Ben Ali, les citoyens tunisiens n’ont plus l’impression que l’Etat assure leur sécurité. La semaine dernière, la Garde nationale a saisi des fusils d’assaut Kalashnikov AK-47, des lance-roquettes, des munitions et des explosifs dans un dépôt d’armes, à Mnihla, une ville proche de Tunis. Il ne s’agit pas de la première prise de ce genre.
Si les Tunisiens ne sont pas tous d’accord sur le rôle de l’islam – religion de la majorité d’entre eux - dans les affaires de l’Etat, ni sur la question de la séparation de la religion et de l’Etat, ils n’ont cependant traditionnellement jamais eu un engouement pour les armes. L’apparition des armes au sein de la population perturbe la plupart des gens, quelle que soit leur affiliation politique.
Par ailleurs, selon un sondage mené par le Pew Attitudes Project au mois de juillet dernier, 92 % des Tunisiens placent l’amélioration de la situation économique parmi les grandes priorités du gouvernement et 78 pour cent des personnes interrogées, se disent insatisfaits de la gestion de leur pays. Depuis juillet, la situation ne s’est pas améliorée ; l’opinion des citoyens demeure elle aussi inchangée.
Les problèmes de sécurité nuisent à l’économie tunisienne. L’agence de notation internationale Standard & Poor a baissé la note de la dette du gouvernement tunisien à BB-, étant donné l’instabilité de la situation. La baisse dans le secteur du tourisme et des investissements étrangers et l’inflation qui est de 10 pour cent, laissent peu d’espoir pour un redressement rapide de l’économie, autrefois dynamique.
Pour les Tunisiens, le problème du chômage n’est évidemment pas seulement lié au manque d’initiative des chômeurs ; il y a aussi clairement un manque d’efforts de la part du gouvernement. Par ailleurs, les employeurs sont peu nombreux en ce moment mais cela pourrait changer si la situation politique et économique du pays s’améliorait. Cette amélioration ne peut se produire que si tous les Tunisiens sont impliqués, indépendamment de leur affiliation politique.
De nombreux Tunisiens prônent un dialogue national pour sortir de l’impasse. Mais au fond, peu de gens savent ce que cela veut dire : le dialogue en soi ne signifie pas la fin des différends et des tensions mais représente le moyen par lequel les Tunisiens parviendront, ensemble, à résoudre les problèmes de leur pays. Ce qui compte ce sont les intérêts communs comme la sécurité économique et physique. A partir de là, on peut entamer le dialogue entre tous les partis politiques, et indirectement leurs partisans.
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En partenariat avec le Service de Presse de Common Ground (CGNews)
Pour de nombreux Tunisiens, le « principe de l’égalité des droits et des responsabilités pour tous » est lié au sentiment de sécurité nationale. Alors qu’ils s’installent dans l’ère post-Ben Ali, les citoyens tunisiens n’ont plus l’impression que l’Etat assure leur sécurité. La semaine dernière, la Garde nationale a saisi des fusils d’assaut Kalashnikov AK-47, des lance-roquettes, des munitions et des explosifs dans un dépôt d’armes, à Mnihla, une ville proche de Tunis. Il ne s’agit pas de la première prise de ce genre.
Si les Tunisiens ne sont pas tous d’accord sur le rôle de l’islam – religion de la majorité d’entre eux - dans les affaires de l’Etat, ni sur la question de la séparation de la religion et de l’Etat, ils n’ont cependant traditionnellement jamais eu un engouement pour les armes. L’apparition des armes au sein de la population perturbe la plupart des gens, quelle que soit leur affiliation politique.
Par ailleurs, selon un sondage mené par le Pew Attitudes Project au mois de juillet dernier, 92 % des Tunisiens placent l’amélioration de la situation économique parmi les grandes priorités du gouvernement et 78 pour cent des personnes interrogées, se disent insatisfaits de la gestion de leur pays. Depuis juillet, la situation ne s’est pas améliorée ; l’opinion des citoyens demeure elle aussi inchangée.
Les problèmes de sécurité nuisent à l’économie tunisienne. L’agence de notation internationale Standard & Poor a baissé la note de la dette du gouvernement tunisien à BB-, étant donné l’instabilité de la situation. La baisse dans le secteur du tourisme et des investissements étrangers et l’inflation qui est de 10 pour cent, laissent peu d’espoir pour un redressement rapide de l’économie, autrefois dynamique.
Pour les Tunisiens, le problème du chômage n’est évidemment pas seulement lié au manque d’initiative des chômeurs ; il y a aussi clairement un manque d’efforts de la part du gouvernement. Par ailleurs, les employeurs sont peu nombreux en ce moment mais cela pourrait changer si la situation politique et économique du pays s’améliorait. Cette amélioration ne peut se produire que si tous les Tunisiens sont impliqués, indépendamment de leur affiliation politique.
De nombreux Tunisiens prônent un dialogue national pour sortir de l’impasse. Mais au fond, peu de gens savent ce que cela veut dire : le dialogue en soi ne signifie pas la fin des différends et des tensions mais représente le moyen par lequel les Tunisiens parviendront, ensemble, à résoudre les problèmes de leur pays. Ce qui compte ce sont les intérêts communs comme la sécurité économique et physique. A partir de là, on peut entamer le dialogue entre tous les partis politiques, et indirectement leurs partisans.
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*Lamia Hatira est consultante spécialiste en recherche et en évaluation de références de base et en faisabilité pour le continent africain.
*Nura Suleiman est coordinatrice des anciens étudiants du MEPI, au Centre d’études maghrébines de Tunis (CEMAT).
*Nura Suleiman est coordinatrice des anciens étudiants du MEPI, au Centre d’études maghrébines de Tunis (CEMAT).