Le voile musulman sème la confusion chez les Occidentaux. Bessi/Pixabay
Publié le 12 juillet 2017
The Conversation
Par Carol Mann
Chercheure associée au LEGS de Paris 8 spécialiste de genre et conflits armés, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis.
Comment le voile, une simple pièce de tissu aux déclinaisons diverses, a-t-il pu devenir un vêtement mondialisé, suscitant d’importantes controverses ?
Ainsi, tout début juin, le maire de la commune de Lorette a rédigé un arrêté anti-burkini, interdisant le port du burkini et du voile sur un plan d’eau municipal. La polémique suscitée par son acte l’a poussé à le retirer au bout d’une semaine, le 8 juin. En ce même mois, de l’autre côté de l’Atlantique, le magazine de mode américain Allure a illustré sa une, par une photo de la modèle somalienne Hamali Aden, portant un hijab.
Une dizaine d’années de terrain en Afghanistan et de nombreux voyages au Moyen-Orient m’ont menée à réaliser un travail anthropologique et historique du costume féminin.
Cependant, il m’a été difficile d’ignorer les transformations sociétales européennes de ces dix dernières années. L’habillement des jeunes femmes musulmanes a en effet engendré des débats virulents.
Le voile, un mot, des variantes
En France, où je vis, le terme voile est particulièrement confus, puisqu’il recouvre des variantes qui s’excluent souvent mutuellement : le foulard, la burqa, le niqab, le hijab, le jilbab.
Ces termes décrivent des formes différentes de voile, plus ou moins enveloppantes. La burqa afghano-pakistanaise bleue et le niqab noir d’Arabie saoudite, recouvrent le visage aussi bien que le corps. C’est une version du niqab que portent les jeunes musulmans et les convertis qui se sont tournés vers un islam puriste, basé sur une lecture fondamentalisme des textes.
Un défilé de mode, dans un salon de la femme musulmane ayant eu lieu en France. C.M.
Le hijab est le terme utilisé pour désigner une coiffure islamique colorée, couvrant le crâne, le cou et les épaules. Cette coiffe est notamment portée dans le monde issu des colonies anglaises, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh.
En Indonésie, le terme jilbab signifie à peu près la même chose. Ailleurs, par exemple sur les catalogues de vente en ligne – dont les plus pudiques mettent un flou sur les visages des mannequins-, il désigne la tenue en une pièce qui recouvre la tête et le corps.
Le port du simple foulard est l’antithèse du niqab (le voile intégral), puisque le foulard permet la participation à l’espace public de celle qui le porte, alors que le niqab l’exclut définitivement...
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