Dimanche 28 Septembre 2014

[Courrier international] Chine: prison à vie pour l'intellectuel ouïghour modéré Ilham Tohti


Ilham Tohti, l'universitaire de renom d'origine ouïghour qui a été arrêté par la police chinoise en janvier dernier, vient d'être condamné à une peine de prison à vie pour "séparatisme".



Ilham Tohti. Photo: Frederic J Brown / AFP / Getty Images
Pékin (AFP)

L'intellectuel ouïghour Ilham Tohti, figure critique mais modérée de la politique de Pékin au Xinjiang, a été condamné mardi à la prison à vie pour "séparatisme", selon ses avocats, un verdict radical qui augure mal d'un apaisement dans cette immense région musulmane rétive à la tutelle chinoise.
 

Après deux jours de procès sous haute surveillance la semaine dernière, le tribunal d'Urumqi, capitale du Xinjiang, a prononcé la plus lourde peine encourue, la prison à vie, a annoncé à l'AFP l'avocat Li Fangping, joint au téléphone depuis Pékin à la sortie de l'audience.

"Il fera certainement appel", a assuré l'avocat, rapportant que l'épouse d'Ilham Tohti s'était effondrée en larmes dans le tribunal à l'annonce du verdict.
 

"Ilham a été condamné à la prison à vie pour séparatisme et tous ses biens confisqués. Ilham n'a dit qu'une phrase: "Je n'accepte pas ce verdict, je proteste!", a rapporté peu après sur son microblog son deuxième avocat, Liu Xiaoyuan.

Le verdict est le plus sévère infligé depuis des années à un critique du régime, relèvent les analystes.


Économiste respecté, enseignant à l'Université des minorités de Pékin et auteur de plusieurs ouvrages, Ilham Tohti était un observateur indépendant et écouté dans les chancelleries de la capitale sur l'évolution du Xinjiang, en proie à un regain de violences depuis l'an dernier.
 

Mais selon le verdict rapporté par l'agence officielle Chine Nouvelle, Ilham Tohti a "bâti un syndicat criminel", "incité à la haine", "encouragé les Ouïghours à la violence" et "ensorcelé" ses étudiants.
 

Adversaire déclaré de la politique d'assimilation forcée des Ouïghours et autres minorités menée d'une main de fer par Pékin, ce musulman modéré, âgé de 44 ans et père de trois enfants, était aussi opposé à toute séparation d'avec la Chine du Xinjiang, aux confins de l'Asie centrale, ainsi qu'au radicalisme islamiste.
 

Ce dernier courant est à l'origine d'une vague d'attentats meurtriers au Xinjiang et dans le reste de la Chine qui ont fait au moins 200 morts depuis plus d'un an, selon les autorités.


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