C’est au travers d’un livre court mais dense par son érudition, que l’auteur s’attache à réfuter certaines des thèses de ce qu’il nomme la « nouvelle islamophobie chrétienne ». Il répond ainsi aux tenants de cette ligne qui présentent systématiquement l’islam comme une religion irrationnelle et violente et qui s'appliquent à produire une « déconstruction systématique des origines de l'Islam ». À travers quelques exemples simples, il dénonce les présupposés (voire la mauvaise foi) et le manque de rigueur scientifique, dont font preuve ces intellectuels ou universitaires dans l’étude et l’interprétation des sources de l’Islam. Dans le même temps, il fait prendre conscience au lecteur musulman de la nécessité de mener un travail historico-critique sur les origines de l'Islam de façon à pouvoir disposer d'un argumentaire fondé sur une méthode « scientifique » qui pourra ensuite être aussi bien opposé aux discours islamophobes qu'aux discours extrémistes.
Michel Orcel, docteur ès lettres et sciences humaines, est psychanalyste, essayiste, Islamologue, poète et spécialiste de l’opéra italien. Ancien maître de conférences à l'Université de Rennes, il a été à La Sorbonne l'élève de Claude Tresmontant (métaphysique chrétienne) et de Roger Arnaldez (islamologie). Il mène depuis de longues années des recherches sur l’Islam. Il a publié de nombreux livres, et notamment de très grandes traductions (Leopardi, L’Arioste, fragments du Coran…) qui lui ont valu de nombreux prix. Il vit et travaille à Marrakech.
Broché: 187 pages
Editeur : Bayard Jeunesse (8 septembre 2011)
Collection : ETUDES ET ESSAI
Langue : Français
ISBN-10: 2227482214
Prix : 15,2€
Afin de compléter cette recension, le lecteur pourra écouter l'interview de l'auteur réalisé par Abdelwahab Meddeb dans l'émission "Cultures d'Islam" sur RFI.
Broché: 187 pages
Editeur : Bayard Jeunesse (8 septembre 2011)
Collection : ETUDES ET ESSAI
Langue : Français
ISBN-10: 2227482214
Prix : 15,2€
Afin de compléter cette recension, le lecteur pourra écouter l'interview de l'auteur réalisé par Abdelwahab Meddeb dans l'émission "Cultures d'Islam" sur RFI.
Le sujet et la forme
L’Islam fait peur. En effet, d’après certains, l’Islam serait intrinsèquement violent. L’islamophobie qui en résulte peut prendre plusieurs formes. Sous sa forme la plus courante, cette crainte se traduit souvent par des propos haineux voire racistes. Cependant, cette peur commuée en animosité se traduit parfois sous une autre forme au sein des milieux académiques : l’islamophobie savante. C’est ainsi que Michel Orcel, « à la faveur des recherches sur l’état de l’islamologie contemporaine […] a découvert avec effroi qu’une bonne part de ce qu’on nomme aujourd’hui l’islamophobie savante est intimement liée à l’Église. » (p.9). L’ouvrage dont il est question ici est donc un pamphlet écrit en réponse aux tenants de ce discours islamophobe savant. Il constitue en réalité la première partie d’un second ouvrage intitulé L’invention de l’islam [1], projet initial de l’auteur, destiné à présenter ses thèses concernant la naissance de l’Islam.
C’est au travers d’un livre court et comportant sept chapitres, mais dense par son érudition, que l’auteur s’attache à réfuter certaines des thèses de ce qu’il appelle la « nouvelle islamophobie chrétienne ». Il répond ainsi aux tenants de cette ligne qui présentent systématiquement l’islam comme une religion irrationnelle et violente, sans aucune nuance. À travers quelques exemples simples, il dénonce les présupposés (voire la mauvaise foi) et le manque de rigueur scientifique, dont font preuve ces intellectuels ou universitaires dans l’étude et l’interprétation des sources de l’Islam. A l'évidence, il ne s’agit pas d’un livre académique proposant un langage scientifique pesant, mais plutôt d’un pamphlet « technique ». Produit à l’aide d’un style vif, proche de l’oral pour certains passages, le ton de l’ouvrage est polémique, parfois sarcastique. Le discours manque certainement quelques fois de nuances, ce qui peut le desservir, notamment lorsque l’auteur quitte le registre de la critique argumentée pour s’attaquer aux personnes [2], mais il confère une véritable sincérité au propos. L’auteur s’est investi. Il semblait lui tenir à cœur de répondre à ces chercheurs attaquant l’Islam soit frontalement, soit de façon plus insidieuse, comme par exemple dans l’ouvrage Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne de Sylvain Gouguenheim [3] qui déclencha une polémique dans le champ des études médiévales en soutenant que la transmission de la pensée des philosophes grecs aux penseurs médiévaux occidentaux ne devait pas être recherchée auprès des penseurs musulmans et à la traduction de leurs travaux mais plutôt auprès d’un autre canal de transmission, oublié, méconnu du grand public, situé géographiquement autour du Mont Saint Michel et porté en particulier par le personnage de Jacques de Venise (m.1147). C’est ainsi que se trouve nié les apports à la philosophie occidentale d’Ibn Sînâ [4] (m.1037) dont la première partie de son encyclopédie intitulée Kitāb al-Šifā (Livre de la Guérison) fut traduit en latin sous le titre La Logica Avicennae [5] ; d’Abû Ḥamid al-Ghazālī [6] (m.1111), dont l’ouvrage Maqāṣid al falāsifa [7] (Les Intentions des philosophes) fut traduit en latin à Tolède dans la deuxième moitié du xiie siècle sous le titre de Summa theoricae philosophiae ; ou enfin d’Ibn Rûshd [8] (m.1198), conduisant par la même occasion à évacuer un texte majeur[9] de la philosophie médiévale rédigé par Thomas d'Aquin (m.1274) en réponse au commentaire d'Aristote réalisé par le philosophe musulman.
C’est au travers d’un livre court et comportant sept chapitres, mais dense par son érudition, que l’auteur s’attache à réfuter certaines des thèses de ce qu’il appelle la « nouvelle islamophobie chrétienne ». Il répond ainsi aux tenants de cette ligne qui présentent systématiquement l’islam comme une religion irrationnelle et violente, sans aucune nuance. À travers quelques exemples simples, il dénonce les présupposés (voire la mauvaise foi) et le manque de rigueur scientifique, dont font preuve ces intellectuels ou universitaires dans l’étude et l’interprétation des sources de l’Islam. A l'évidence, il ne s’agit pas d’un livre académique proposant un langage scientifique pesant, mais plutôt d’un pamphlet « technique ». Produit à l’aide d’un style vif, proche de l’oral pour certains passages, le ton de l’ouvrage est polémique, parfois sarcastique. Le discours manque certainement quelques fois de nuances, ce qui peut le desservir, notamment lorsque l’auteur quitte le registre de la critique argumentée pour s’attaquer aux personnes [2], mais il confère une véritable sincérité au propos. L’auteur s’est investi. Il semblait lui tenir à cœur de répondre à ces chercheurs attaquant l’Islam soit frontalement, soit de façon plus insidieuse, comme par exemple dans l’ouvrage Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne de Sylvain Gouguenheim [3] qui déclencha une polémique dans le champ des études médiévales en soutenant que la transmission de la pensée des philosophes grecs aux penseurs médiévaux occidentaux ne devait pas être recherchée auprès des penseurs musulmans et à la traduction de leurs travaux mais plutôt auprès d’un autre canal de transmission, oublié, méconnu du grand public, situé géographiquement autour du Mont Saint Michel et porté en particulier par le personnage de Jacques de Venise (m.1147). C’est ainsi que se trouve nié les apports à la philosophie occidentale d’Ibn Sînâ [4] (m.1037) dont la première partie de son encyclopédie intitulée Kitāb al-Šifā (Livre de la Guérison) fut traduit en latin sous le titre La Logica Avicennae [5] ; d’Abû Ḥamid al-Ghazālī [6] (m.1111), dont l’ouvrage Maqāṣid al falāsifa [7] (Les Intentions des philosophes) fut traduit en latin à Tolède dans la deuxième moitié du xiie siècle sous le titre de Summa theoricae philosophiae ; ou enfin d’Ibn Rûshd [8] (m.1198), conduisant par la même occasion à évacuer un texte majeur[9] de la philosophie médiévale rédigé par Thomas d'Aquin (m.1274) en réponse au commentaire d'Aristote réalisé par le philosophe musulman.
Le propos
Manuel II Paléologue.
Dans les deux premiers chapitres, l’auteur nous montre le lien existant entre « l’islamophobie savante » et l’église catholique. Confortés par la teneur du discours de Ratisbonne de Benoît XVI [10] (qui vis à vis de l'Islam, dans l'esprit, va à l'encontre du concile de Vatican II l’Église qui reconnaissait l’islam en tant que religion authentiquement abrahamique), un certain nombre de chercheurs contemporains, proches de l’Église, s’attachent à « déconstruire » ou plutôt à discréditer l’Islam. Discrédit scientifique, en s’en prenant avant tout aux origines linguistiques et à la constitution du corpus coranique, et discrédit moral (morale sexuelle, violence, etc.) en s’en prenant principalement à la figure du Prophète de l’Islam.
Dans le second chapitre, dressant la liste des « champions » de cette islamophobie , qui tout de même reste limitée à un cercle relativement restreint [11] , et scrutant leurs textes, il constate que ces derniers sont peu objectifs, pratiquent la désinformation (voir l’exemple de l’explication de la construction du dôme du rocher en fin de chapitre) et que leurs travaux, traduisant une phobie de l’Islam (allant jusqu’à déclarer que le Dieu de L’Islam n’est pas le même que celui des chrétiens ), sont souvent relayés par l’extrême droite politique.
Les quatre chapitres suivant s’attachent à énumérer et à réfuter, à l’aide d’arguments scientifiques [12], les principales thèses défendues par ces chercheurs, concernant les origines de l’Islam. Pour faire court, le prophète de l’Islam ne serait qu’un mythe, la ville de la Mecque et la Kaaba auraient été créées après coup par le pouvoir Omeyyade (p.60-67), la vulgate Othmanienne [13] du Coran serait partielle (p.67), voire falsifiée et le Coran ne serait bien entendu pas « Parole de Dieu » (Chp.4). Au-delà des controverses hexagonales, nous sommes ici face aux idées d’un J.E. Wansbrough (m.2002), qui sera un temps suivit par P. Crone (m.2015), deux universitaires chefs de file du courant « révisionnistes » qui soutenaient que la version actuellement canonique du Coran avait été fixée très tardivement, au Xe siècle. Or rappelons, que l’étude de manuscrits coraniques datant au plus tard d’une cinquantaines d’années après la mort du Prophète de l’Islam, et découverts en 1972 au Yémen à Sanaa, a montré un texte extrêmement proche de la vulgate Othmanienne, assez proche pour réfuter les approches révisionnistes. Dans le cinquième chapitre, l’auteur nous explique comment les liens entre sexe, violence et Islam sont distillés de façons subtiles au travers de textes « travaillés » à cet effet ou à l’aide d’iconographie illustrant ces derniers (p.97). Certes le Coran contient des versets pouvant être considérés comme « violents » [14], cependant ces derniers se rattachent le plus souvent à des circonstances particulières (persécutions par exemple) et par ailleurs, il est aisé d’en citer d'autres qui prônent la non-violence. » [15]
Dans le dernier chapitre du livre, l’auteur nous montre qu’il en est de même pour les textes chrétiens. Il nous explique comment les tenants de l’Islamophobie savante cherchent à s’opposer au dialogue inter-religieux en répandant l’idée que le Dieu de l’Islam ne serait pas le même Dieu que celui des deux autres monothéismes [16] ou encore que « ce Jésus et cette Marie […] du Coran sont des homonymes qui n’ont de commun que le nom avec le Jésus et la Marie que [les chrétiens] connaissent. » [17] (p.124). A ces assertions sans fondement scientifique réel, l’auteur, dans un jeu de miroirs, applique à la religion chrétienne l’argumentation déployée par tous ces penseurs à l’égard de l’Islam [18]. Il démontre ainsi qu’il est tout aussi aisé de déconstruire le Christianisme et qu’à ce titre cette tradition « n’a rien à envier » à l’Islam (p.165). Sans allez très loin, rappelons les travaux archéologiques des deux chercheurs I. Filkenstein et N.A. Siberlman [19] qui aboutirent à la déconstruction d’une partie du texte de la bible hébraïque. Plus encore, « alors que l’existence du prophète de l’islam est attesté de son vivant, ou peu d’années après sa mort, le témoignage le plus ancien que nous possédions sur Jésus, dans les Antiquités juives de Flavius Josèphe, date de la fin du Ier siècle. » (p.145). Par ailleurs, certaines pages du christianisme ont été toutes aussi violentes que celle de l’islam. Ceci est d’autant plus vrai si l’on se met à juger la Bible, comme le font ces penseurs, à l’aune des seuls critères occidentaux, c’est-à-dire selon la logique et la rhétorique de la tradition grecque. Or, comme le rappel les travaux de l’Islamologue M. Cuypers [20] , aussi bien dans le cas de la Bible que dans celui du Coran, nous sommes face à deux traditions scripturaires qui furent adressées, en premier lieu, à des peuples Sémitiques : « …Le Coran est écrit dans […] une langue qui a donné prise, dès les débuts de l’exégèse coranique, à des analyses grammaticales et lexicologique […]. Dès lors, on ne voit pas pourquoi cela poserait un vrai problème théologique de considérer la composition du texte sous l’angle de sa similitude avec la composition des autres textes sémitiques de l’Antiquité. [21] » (p.78). Les travaux de M. Cuypers, même s’ils aboutissent parfois à remettre en question certaines interprétations du texte coranique par la tradition musulmane, redonne sens et cohérence à un texte qui peut parfois sembler impénétrable au lecteur occidental moderne.
Dans le second chapitre, dressant la liste des « champions » de cette islamophobie , qui tout de même reste limitée à un cercle relativement restreint [11] , et scrutant leurs textes, il constate que ces derniers sont peu objectifs, pratiquent la désinformation (voir l’exemple de l’explication de la construction du dôme du rocher en fin de chapitre) et que leurs travaux, traduisant une phobie de l’Islam (allant jusqu’à déclarer que le Dieu de L’Islam n’est pas le même que celui des chrétiens ), sont souvent relayés par l’extrême droite politique.
Les quatre chapitres suivant s’attachent à énumérer et à réfuter, à l’aide d’arguments scientifiques [12], les principales thèses défendues par ces chercheurs, concernant les origines de l’Islam. Pour faire court, le prophète de l’Islam ne serait qu’un mythe, la ville de la Mecque et la Kaaba auraient été créées après coup par le pouvoir Omeyyade (p.60-67), la vulgate Othmanienne [13] du Coran serait partielle (p.67), voire falsifiée et le Coran ne serait bien entendu pas « Parole de Dieu » (Chp.4). Au-delà des controverses hexagonales, nous sommes ici face aux idées d’un J.E. Wansbrough (m.2002), qui sera un temps suivit par P. Crone (m.2015), deux universitaires chefs de file du courant « révisionnistes » qui soutenaient que la version actuellement canonique du Coran avait été fixée très tardivement, au Xe siècle. Or rappelons, que l’étude de manuscrits coraniques datant au plus tard d’une cinquantaines d’années après la mort du Prophète de l’Islam, et découverts en 1972 au Yémen à Sanaa, a montré un texte extrêmement proche de la vulgate Othmanienne, assez proche pour réfuter les approches révisionnistes. Dans le cinquième chapitre, l’auteur nous explique comment les liens entre sexe, violence et Islam sont distillés de façons subtiles au travers de textes « travaillés » à cet effet ou à l’aide d’iconographie illustrant ces derniers (p.97). Certes le Coran contient des versets pouvant être considérés comme « violents » [14], cependant ces derniers se rattachent le plus souvent à des circonstances particulières (persécutions par exemple) et par ailleurs, il est aisé d’en citer d'autres qui prônent la non-violence. » [15]
Dans le dernier chapitre du livre, l’auteur nous montre qu’il en est de même pour les textes chrétiens. Il nous explique comment les tenants de l’Islamophobie savante cherchent à s’opposer au dialogue inter-religieux en répandant l’idée que le Dieu de l’Islam ne serait pas le même Dieu que celui des deux autres monothéismes [16] ou encore que « ce Jésus et cette Marie […] du Coran sont des homonymes qui n’ont de commun que le nom avec le Jésus et la Marie que [les chrétiens] connaissent. » [17] (p.124). A ces assertions sans fondement scientifique réel, l’auteur, dans un jeu de miroirs, applique à la religion chrétienne l’argumentation déployée par tous ces penseurs à l’égard de l’Islam [18]. Il démontre ainsi qu’il est tout aussi aisé de déconstruire le Christianisme et qu’à ce titre cette tradition « n’a rien à envier » à l’Islam (p.165). Sans allez très loin, rappelons les travaux archéologiques des deux chercheurs I. Filkenstein et N.A. Siberlman [19] qui aboutirent à la déconstruction d’une partie du texte de la bible hébraïque. Plus encore, « alors que l’existence du prophète de l’islam est attesté de son vivant, ou peu d’années après sa mort, le témoignage le plus ancien que nous possédions sur Jésus, dans les Antiquités juives de Flavius Josèphe, date de la fin du Ier siècle. » (p.145). Par ailleurs, certaines pages du christianisme ont été toutes aussi violentes que celle de l’islam. Ceci est d’autant plus vrai si l’on se met à juger la Bible, comme le font ces penseurs, à l’aune des seuls critères occidentaux, c’est-à-dire selon la logique et la rhétorique de la tradition grecque. Or, comme le rappel les travaux de l’Islamologue M. Cuypers [20] , aussi bien dans le cas de la Bible que dans celui du Coran, nous sommes face à deux traditions scripturaires qui furent adressées, en premier lieu, à des peuples Sémitiques : « …Le Coran est écrit dans […] une langue qui a donné prise, dès les débuts de l’exégèse coranique, à des analyses grammaticales et lexicologique […]. Dès lors, on ne voit pas pourquoi cela poserait un vrai problème théologique de considérer la composition du texte sous l’angle de sa similitude avec la composition des autres textes sémitiques de l’Antiquité. [21] » (p.78). Les travaux de M. Cuypers, même s’ils aboutissent parfois à remettre en question certaines interprétations du texte coranique par la tradition musulmane, redonne sens et cohérence à un texte qui peut parfois sembler impénétrable au lecteur occidental moderne.
Qu'en conclure ?
Au final, ce livre, qui se lit très rapidement, s’avère donc être utile à plusieurs égards. D’une part, pour le chrétien, il permettra de rectifier sa conception de l’Islam. Dans le dialogue interreligieux, on simplifie et on défigure volontiers l’autre pour avoir plus facilement raison. En prenant du recul, l’ouvrage invite à une lecture nuancée du Coran et des textes religieux en général au-delà de toute tentation partisane, manipulation idéologique ou théologique.
D’autre part, pour les musulmans, outre la (re-) découverte des éléments sur les origines de l’Islam (l'auteur se réfère sans cesse à la tradition et à l'orthodoxie musulmane), l'ouvrage fournit un argumentaire « documenté » à opposer à leur détracteurs. Mais cela doit être aussi l’occasion de prendre conscience d’une nécessaire évolution devant aboutir à l’acceptation du questionnement des origines de l’Islam par la science. Alors, les arguments de leurs détracteurs deviendront caducs et cesseront d’exister. Force est de reconnaître, que si un travail historico-critique a été mené sur les origines du christianisme, aucun travail d’envergure n’a été entamé concernant le corpus coranique, que ce soit par les musulmans eux-mêmes ou bien par les orientalistes européens. Dans les deux cas on s’est le plus souvent contentés de suivre la version canonique, sans questionner l’historicité des faits.
Car comment ne pas admettre avec l’auteur, que l’action de ces polémistes est facilitée par les discours extrémistes des intégristes musulmans ou par le fait que la plupart des musulmans refusent encore que l’on soumette le Coran et son histoire aux instruments que la science moderne a appliqué, non sans douleur, à la Bible et à l’évangile.
Enfin pour finir, comme nous l’avons souligné précédemment, à l’évidence l’auteur est impliqué et c’est au final la force de l’ouvrage. Il souhaite rendre à l’Islam sa dignité en réfutant les thèses de l’islamophobie chrétienne dans la mesure où « à travers quelques-uns de ses représentants […] une religion qui se réclame d’un Dieu d’amour use de procédés retors et de bassesses pour discréditer un rameau concurrent de sa propre foi mérite qu’on lui rappelle les balbutiements de sa propre histoire, ses manipulations et ses violences. » (p.11). Il démontre indirectement, et c'est peut-être là le vrai enseignement du livre, que seul le respect de l'Autre et de ces croyances (si loin de nous soient-elles) autorise une vraie confrontation intellectuelle.
D’autre part, pour les musulmans, outre la (re-) découverte des éléments sur les origines de l’Islam (l'auteur se réfère sans cesse à la tradition et à l'orthodoxie musulmane), l'ouvrage fournit un argumentaire « documenté » à opposer à leur détracteurs. Mais cela doit être aussi l’occasion de prendre conscience d’une nécessaire évolution devant aboutir à l’acceptation du questionnement des origines de l’Islam par la science. Alors, les arguments de leurs détracteurs deviendront caducs et cesseront d’exister. Force est de reconnaître, que si un travail historico-critique a été mené sur les origines du christianisme, aucun travail d’envergure n’a été entamé concernant le corpus coranique, que ce soit par les musulmans eux-mêmes ou bien par les orientalistes européens. Dans les deux cas on s’est le plus souvent contentés de suivre la version canonique, sans questionner l’historicité des faits.
Car comment ne pas admettre avec l’auteur, que l’action de ces polémistes est facilitée par les discours extrémistes des intégristes musulmans ou par le fait que la plupart des musulmans refusent encore que l’on soumette le Coran et son histoire aux instruments que la science moderne a appliqué, non sans douleur, à la Bible et à l’évangile.
Enfin pour finir, comme nous l’avons souligné précédemment, à l’évidence l’auteur est impliqué et c’est au final la force de l’ouvrage. Il souhaite rendre à l’Islam sa dignité en réfutant les thèses de l’islamophobie chrétienne dans la mesure où « à travers quelques-uns de ses représentants […] une religion qui se réclame d’un Dieu d’amour use de procédés retors et de bassesses pour discréditer un rameau concurrent de sa propre foi mérite qu’on lui rappelle les balbutiements de sa propre histoire, ses manipulations et ses violences. » (p.11). Il démontre indirectement, et c'est peut-être là le vrai enseignement du livre, que seul le respect de l'Autre et de ces croyances (si loin de nous soient-elles) autorise une vraie confrontation intellectuelle.
______________________________
[1] Orcel, Michel. L’invention de l’islam . Perrin, 2012, 205 p.
[2] En parlant de Mme Delcambre « sa bibliographie montre que des ouvrages essentiels lui font défaut » p.60, « [Mme Delcambre] semble bien souvent avoir perdu la tête » p.98
[3] Gouguenheim, Sylvain. Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne. Paris, Seuil, 2008
[4] L’Avicenne des latins.
[5] Avicenne, Logica (Logique du Šifā), Texte latin, édition critique de la traduction médiévale par F. Hudry, introduction doctrinale par A. de Libera, Vrin - Sic et Non, 2018, 272 p.
[6] L’Algazel des latins.
[7] Qui reprend en grande partie les doctrines d'Avicenne et d'al-Fārābī(m.950), elles-mêmes basées sur la pensée des philosophes grecs. .
[8] L’Averroès des latins.
[9] Alain de Libéra, Thomas d'Aquin contre Averroès. L'unité de l'intellect contre les averroïstes suivi des Textes contre Averroès antérieurs à 1270. Texte latin, traduction, introduction, bibliographie, chronologie, notes et index (GF-Flammarion, 713). Un vol. 11 x 18 de 398 pp. Paris, Flammarion, 1994.
[10] Lequel, sous prétexte d’illustrer le lien entre la raison grecque et la foi chrétienne, cita un propos de l’empereur Manuel II Paléologue énonçant que le prophète de l’islam n’avait rien apporté « que de mauvais et d’inhumain. » p13
[11] Marie-Thérèse et Dominique Urvoy, Christoph Luxenberg, Alfred-Louis de Prémare, Claude Gilliot, Edouard Marie Gallez, Anne-Marie Delcambre Rémi Brague sont régulièrement cités par l’auteur.
[12] Certaines inscriptions datées de l’ère hégirienne ou des documents « externes » de l’époque (en syriaque ou en grec) qui, concordant avec des points essentiels de la tradition musulmane, témoignent du rôle religieux et militaire du Prophète.
[13] Du nom du troisième Calife Othmân ibn Affan (m.656) qui aurait fait fixer le texte du Coran par une commission constituée de compagnons du Prophète de l’Islam.
[14] Comme par exemple en Coran S2, V190 : « Combattez dans le sentier d'Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Allah n'aime pas les transgresseurs ! »
[15] Comme par exemple en Coran S5, V32 : « […] quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes […]. »
[16] Selon les époux Urvoy, p122
[17] Cf. A.M. Delcambre dans un article de 2005 intitulé « Islamophilie et culpabilité » qui devait initialement être publiés dans Les Cahiers Rationalistes.
[18] Violences dans la Bible, vérité historique des évangiles (p.148) ou du Christ (p.147), violences (p 124).
[19] Finkelstein I. et Silberman N.A., La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, tr. P. Ghirardi, Paris, Bayard, 2002.
[20] Chercheur à l’Institut dominicain d’études orientales (Idéo) du Caire.
[21] « Pour une lecture du Coran renouvelée : la leçon d’un grand Islamologue »
[1] Orcel, Michel. L’invention de l’islam . Perrin, 2012, 205 p.
[2] En parlant de Mme Delcambre « sa bibliographie montre que des ouvrages essentiels lui font défaut » p.60, « [Mme Delcambre] semble bien souvent avoir perdu la tête » p.98
[3] Gouguenheim, Sylvain. Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne. Paris, Seuil, 2008
[4] L’Avicenne des latins.
[5] Avicenne, Logica (Logique du Šifā), Texte latin, édition critique de la traduction médiévale par F. Hudry, introduction doctrinale par A. de Libera, Vrin - Sic et Non, 2018, 272 p.
[6] L’Algazel des latins.
[7] Qui reprend en grande partie les doctrines d'Avicenne et d'al-Fārābī(m.950), elles-mêmes basées sur la pensée des philosophes grecs. .
[8] L’Averroès des latins.
[9] Alain de Libéra, Thomas d'Aquin contre Averroès. L'unité de l'intellect contre les averroïstes suivi des Textes contre Averroès antérieurs à 1270. Texte latin, traduction, introduction, bibliographie, chronologie, notes et index (GF-Flammarion, 713). Un vol. 11 x 18 de 398 pp. Paris, Flammarion, 1994.
[10] Lequel, sous prétexte d’illustrer le lien entre la raison grecque et la foi chrétienne, cita un propos de l’empereur Manuel II Paléologue énonçant que le prophète de l’islam n’avait rien apporté « que de mauvais et d’inhumain. » p13
[11] Marie-Thérèse et Dominique Urvoy, Christoph Luxenberg, Alfred-Louis de Prémare, Claude Gilliot, Edouard Marie Gallez, Anne-Marie Delcambre Rémi Brague sont régulièrement cités par l’auteur.
[12] Certaines inscriptions datées de l’ère hégirienne ou des documents « externes » de l’époque (en syriaque ou en grec) qui, concordant avec des points essentiels de la tradition musulmane, témoignent du rôle religieux et militaire du Prophète.
[13] Du nom du troisième Calife Othmân ibn Affan (m.656) qui aurait fait fixer le texte du Coran par une commission constituée de compagnons du Prophète de l’Islam.
[14] Comme par exemple en Coran S2, V190 : « Combattez dans le sentier d'Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Allah n'aime pas les transgresseurs ! »
[15] Comme par exemple en Coran S5, V32 : « […] quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes […]. »
[16] Selon les époux Urvoy, p122
[17] Cf. A.M. Delcambre dans un article de 2005 intitulé « Islamophilie et culpabilité » qui devait initialement être publiés dans Les Cahiers Rationalistes.
[18] Violences dans la Bible, vérité historique des évangiles (p.148) ou du Christ (p.147), violences (p 124).
[19] Finkelstein I. et Silberman N.A., La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, tr. P. Ghirardi, Paris, Bayard, 2002.
[20] Chercheur à l’Institut dominicain d’études orientales (Idéo) du Caire.
[21] « Pour une lecture du Coran renouvelée : la leçon d’un grand Islamologue »