Lundi 27 Novembre 2017

En Égypte, la « guerre contre le terrorisme » s’étend, les attentats aussi (Orient XXI)


Depuis la destitution du président égyptien Mohamed Morsi en juillet 2013, le Sinaï constitue une préoccupation majeure pour les autorités égyptiennes en raison des opérations qu’y mène l’organisation Wilayat Sinaï (Province du Sinaï, anciennement Ansar Beit al-Maqdis), affiliée depuis 2014 à l’organisation de l’État islamique (OEI) et qui a étendu son rayon d’action du Sinaï jusqu’au cœur de la vallée du Nil. Le terrible massacre du vendredi 24 novembre qui a tué au moins 305 personnes confirme s’il en était besoin — bien qu’il n’ait pas encore été revendiqué — l’état de guerre ouverte qui règne dans la péninsule et la menace qu’il fait peser sur l’ensemble du pays.




Orient XXI
Publié le 27/11/2017

Par :

MAI SHAMS EL-DIN
Journaliste à Mada Masr, journal en ligne en arabe et en anglais, Le Caire.
OMAR SAID
Journaliste à Mada Masr, journal en ligne en arabe et en anglais, Le Caire.
MOHAMED HAMAMA
Journaliste à Mada Masr, journal en ligne en arabe et en anglais, Le Caire.

Traduit de l’arabe par Brigitte Trégaro.

Depuis la destitution du président égyptien Mohamed Morsi en juillet 2013, le Sinaï constitue une préoccupation majeure pour les autorités égyptiennes en raison des opérations qu’y mène l’organisation Wilayat Sinaï (Province du Sinaï, anciennement Ansar Beit al-Maqdis), affiliée depuis 2014 à l’organisation de l’État islamique (OEI) et qui a étendu son rayon d’action du Sinaï jusqu’au cœur de la vallée du Nil. Le terrible massacre du vendredi 24 novembre qui a tué au moins 305 personnes confirme s’il en était besoin — bien qu’il n’ait pas encore été revendiqué — l’état de guerre ouverte qui règne dans la péninsule et la menace qu’il fait peser sur l’ensemble du pays.
Elle met aussi en lumière l’échec total de la « guerre au terrorisme » menée par le pouvoir égyptien depuis le coup d’État de juillet 2013. Malgré une répression contre toutes les forces politiques, islamistes comme laïques, des dizaines de milliers d’arrestations, la torture à une vaste échelle et le contrôle pesant des médias, le président Abdel Fattah Al-Sissi est incapable de ramener l’ordre. Et les attaques touchent désormais l’est du pays, à la frontière de la Libye.

L’attaque perpétrée le 20 octobre 2017 dans l’oasis de Bahariya à quelques jours de la visite en France du président Abdel Fattah Al-Sissi a également mis en évidence la dangerosité du nouveau front ouvert par les groupes djihadistes à l’ouest du Nil. L’opération, finalement revendiquée par le groupe Ansar al-Islam (Partisans de l’islam) aurait causé la mort d’une cinquantaine de policiers selon des sources sécuritaires citées par les médias égyptiens (16 selon les chiffres officiels). Elle a également provoqué certains remaniements majeurs dans l’appareil de sécurité, notamment le changement du chef d’état-major de l’armée (beau-père du fils du président) et révélé au grand jour l’effervescence qui agite les mouvements djihadistes égyptiens et la confusion qui domine la lutte antiterroriste menée par les autorités.

LE FRONT DU DÉSERT OCCIDENTAL

La situation dans le désert occidental — compliquée par la proximité de la frontière avec la Libye longue de quelque 1 200 km — s’est notablement dégradée au cours des trois dernières années, avec la multiplication des accrochages entre policiers et djihadistes. Le nombre croissant d’incidents sanglants témoigne de la prolifération des groupes armés et de la difficulté du régime d’Abdel Fattah Al-Sissi à sécuriser la région.

Depuis juillet 2013, les combats y ont fait au moins 60 morts dans les rangs des soldats et officiers de l’armée et de la police, dont la plupart ont péri dans l’embuscade de Farafra, en juillet 2014. Les chiffres officiels font état de 28 terroristes abattus et de 22 autres faits prisonniers, sans compter 8 touristes mexicains tués par erreur en septembre 2015 avec 4 de leurs accompagnateurs par les forces égyptiennes. Lors de sa visite en France, le président Al-Sissi a indiqué que depuis son arrivée au pouvoir, les forces de sécurité égyptiennes avaient détruit 1 200 véhicules tout-terrain transportant des armes et des terroristes le long de la frontière avec la Libye.

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