Vendredi 27 Septembre 2024

Israël : naissance d’un État, 1896-1949



Dominique Vidal propose ici un ouvrage écrit de manière claire et accessible, le rendant ainsi compréhensible aux non spécialistes de l’histoire du Moyen-Orient désireux de comprendre la genèse d’un conflit vieux de 70 ans. Tout en replaçant les événements dans un contexte historique plus large, l’auteur fait appel à une variété de sources (archives, témoignages et documents officiels). L'ensemble donne une profondeur et une crédibilité à son récit aidant ainsi le lecteur à comprendre les dynamiques politiques, sociales et économiques ayant conduit à la création de l’État d’Israël.
Présentant les perspectives des différentes parties impliquées, c’est-à-dire celles des sionistes, des Britanniques, des Arabes palestiniens et des puissances internationales, sans tomber dans le piège de la partialité, il parvient ainsi à expliquer des événements complexes de manière concise (123 pages) dans une approche objective et équilibrée, fournissant ainsi les clés qui permettront au lecteur d’approfondir les aspects méconnus d’une histoire sans fin.
Pascal Lemmel (EPHE)


 

Broché: 128 pages
Editeur :
L'Harmattan (30 septembre 2022)
Langue : Français
ISBN-13:
978-2140296192











 

Sur l'auteur

    Dominique Vidal est journaliste et historien. Ancien Rédacteur en chef adjoint du journal Le Monde diplomatique, il est spécialiste des relations internationales, en particulier celles au Moyen Orient. Il co-dirige avec Bertrand Badie la collection "l'État du monde" aux éditions La Découverte. Dominique Vidal est également l'un des animateurs des midis de l'IREMMO (Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient).

     Titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) en histoire et d'une maîtrise en philosophie, il a travaillé dans plusieurs journaux, entres autres La Croix et Jeune Afrique. Dans les années 90, il a été nommé directeur international au Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFJP).

    Dominique Vidal a publié de nombreux livres, parmi lesquels : Le monde ne sera plus comme avant qu'il a co-dirigé avec Bertrand Badie (Les liens qui libèrent, 2022), Portraits d'une France à deux vitesses qu'il a co-écrit avec Samuel Chalom (L'Aube, 2020), Antisionisme = Antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron (Libertalia, 2019), Ma vie pour le Judéo-espagnol. La langue de ma mère (Le Bord de l'eau, 2015).

Le lecteur intéressé pourra visionner cette rencontre avec Dominique Vidal de janvier 2024 réalisée par Micro Stories Blog . Dans cet entretien vidéo, il nous présente son dernier ouvrage : Israël naissance d'un État (1896-1949) publié dans la collection Bibliothèque de l'Iremmo chez L'Harmattan en 2022. Il revient sur la création progressive de l'État israélien et notamment les conséquences sur les populations palestiniennes de l'époque.



 


Quatrième de couverture

    Israël est un des rares États nés d'une décision de l'Organisation des Nations unies qui, en 1947, partagea la Palestine en deux États, l'un juif et l'autre arabe. Au terme d'une première guerre, seul le premier vit le jour, après l'expulsion de la grande majorité de sa population arabe. Quels facteurs ont pesé dans ces événements ? Le premier c'est le mouvement sioniste, fondé par Theodor Herzl en 1897 pour créer un Foyer juif.

     La plus grande puissance d'alors, le Royaume-Uni, en jeta les bases dans cette Palestine qu'elle voulait contrôler pour mieux dominer le Moyen-Orient. La tragédie de la Shoah légitima le projet aux yeux de l'opinion internationale ; et nombre de ses survivants n'eurent pas d'autre choix que d'y contribuer. Sur place, épuisée par la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne ne parvenait plus à maîtriser l'affrontement entre juifs et Arabes.

     D'autant que les États-Unis ambitionnaient de prendre sa relève dans la région, tandis que l'URSS contribuait à sa déstabilisation en choisissant, à la surprise générale, d'appuyer les forces sionistes. Ainsi débuta un des conflits de décolonisation les plus longs de l'Histoire : il dure encore

Introduction de l'ouvrage

    Par Dominique Vidal
 
    Israël présente une particularité, en plus de toutes les autres : c’est un des très rares États nés d’une décision de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le 29 novembre 1947, à la majorité requise des deux-tiers, l’Assemblée générale décidait de partager la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États – l’un juif et l’autre arabe – ainsi qu’une zone internationale, dite corpus separatum, pour Jérusalem et les Lieux saints.

      Cette décision déclenchait aussitôt une guerre, d’abord judéo-palestinienne, puis israélo-arabe, qui déboucha sur un tout autre partage, « légalisé » par les armistices de 1949. L’État juif vit le jour sur un territoire augmenté d’un tiers : il récupéra une partie des dépouilles de l’État arabe mort-né, le reste étant annexé par la Jordanie (Jérusalem-Est et la Cisjordanie) ou occupé par l’Égypte (la bande de Gaza). Et surtout les quatre cinquièmes des Palestiniens furent chassés de leurs terres et transformés en réfugiés. Dix-huit ans plus tard, au terme de la guerre de 1967, Israël s’emparera des territoires qui lui avaient échappé en 1948, se rendant ainsi maître de toute la Palestine.

     Voilà comment débuta un des conflits de décolonisation les plus longs de l’Histoire : il dure encore, soixante-quinze ans après la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies. Et, entre-temps, la question de Palestine a déstabilisé toute la région, ouvrant ou rouvrant de terribles et multiples blessures.

On ne saurait comprendre ces décennies de malheur pour les deux peuples en présence, et, au-delà, pour leurs voisins sans revenir sur l’apparition d’un État se voulant juif au cœur du Proche-Orient arabo-musulman. Pourquoi et comment est-il né ?

     Israël est d’abord le produit d’un des mouvements politico-idéologiques les plus dynamiques de l’histoire récente : le sionisme, fondé un Theodor Herzl au départ assimilationniste, mais convaincu par la résurgence de l’antisémitisme, de la Russie des pogromes à la France de l’Affaire Dreyfus, de l’inassimilabilité des juifs dans les sociétés où ils vivaient.

     Mais l’idée de créer un État pour eux en Palestine n’aurait pas pris corps si la plus grande puissance de l’époque, le Royaume-Uni, n’avait vu dans le sionisme un instrument propice à accélérer la victoire alliée dans la Première Guerre mondiale et à assurer ensuite son propre contrôle sur le Proche et Moyen-Orient. D’où l’engagement pris par la Déclaration Balfour, le 2 novembre 1917, de créer un Foyer national juif dans cette Palestine que Sa Gracieuse Majesté avait déjà promise aux Arabes et aux Français. « Une nation, résuma Koestler, a solennellement promis à une deuxième le territoire d’une troisième. »

     En 1939, toutefois, moins de 5 % des juifs du monde avaient gagné la Palestine, où ils ne représentaient qu’un petit tiers de la population. La légitimité du projet sioniste devint évidente aux yeux du monde lors de la découverte d’un des plus terribles génocides de l’Histoire, longtemps appelé « holocauste » jusqu’à ce que Claude Lanzmann, pour intituler son célèbre film, utilise le terme hébreu Shoah. Qui plus est, nombre de survivants n’eurent pas d’autre destination possible que la Palestine pour rebâtir leur vie : ils ne pouvaient ni rentrer chez eux – en Pologne où des pogroms accueillaient les « revenants » ou dans une URSS bientôt en proie à une inquiétante répression antijuive – ni se rendre aux États-Unis, où la loi Johnson-Reed avait considérablement réduit l’immigration en 1924…

     L’autre facteur décisif, ce sera l’incapacité d’un Royaume-Uni épuisé par la guerre mondiale à tenir bon entre deux feux : le mouvement sioniste, le plus puissant et qui n’hésita pas à recourir au terrorisme ; la Résistance arabe, mais décimée par la répression de la Grande révolte de 1936-1939 et trahie par les États voisins. Comment, en effet, entretenir un corps expéditionnaire de plus de 100 000 boys quand Sa Gracieuse Majesté n’a plus un penny. La survie de l’ex-première puissance mondiale dépend de la reconduction du « prêt-bail » de Washington, qui rêve de prendre la relève de Londres, au Proche-Orient et ailleurs. Sans oublier que Harry Truman, le vice-président qui succède à Franklin D. Roosevelt en 1945, compte notamment sur la communauté juive pour se faire élire trois ans plus tard…

     Telles sont les principales composantes du drame qui va se jouer, du plan de partage de 1947 au dernier armistice israélo-arabe de 1949. Nous les examinerons ici une à une, pour expliquer comment la réparation d’une terrible injustice se fit au prix d’une autre, à laquelle le monde doit un de ses conflits, non pas certes les plus meurtriers, mais les plus durables. Il n’en sortira pas tant que les deux peuples ne vivront pas en égalité et en paix. 




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