Comment situer l’islam dans le concert des grandes religions, plus particulièrement des monothéismes ? Comment comprendre qu’il soit si différent de l’autre grand monothéisme universaliste, le christianisme, tout en restant son proche parent ? Comment rendre compte aussi bien des splendeurs de la civilisation islamique (philosophie, mystique, arts…) que de l’indigence affligeante d’une partie de l’islam contemporain ? En effet, les grandeurs de l’islam tout comme les égarements funestes de l’islamisme restent des splendeurs et des égarements en style musulman (parallèlement, si l’Europe doit au christianisme l’essentiel de sa civilisation, les dévoiements de l’Occident contemporain restent marqués d’une inspiration chrétienne désormais vidée de sa substance)
Cet essai tente une interprétation globale du phénomène musulman. Son point de départ est la perception musulmane du cosmos. Pour l’islam, même si l’homme est pécheur, même s’il doit lutter pour son salut éternel, son péché ne saurait altérer en rien l’ordre de la création. De cette confiance absolue dans l’ordre du monde que Dieu a créé et qui reste sous son regard, découleront des formes de piété, de mystique, d’art, d’organisation sociale typiques du monde musulman, et découleront aussi les formes qu’y prend la déspiritualisation contemporaine, dont il n’est pas moins affecté que ne l’est notre Occident.
Yves Lepesqueur a vécu de nombreuses années dans des pays majoritairement ou partiellement musulmans (Syrie, Liban, Nigeria, Arabie saoudite, Iran, Inde). Excellent arabisant et connaisseur subtil de l’islam, il a publié une étude sur Les Anciennes fêtes de printemps à Homs (Presses de l’Institut français du Proche-Orient, 2e éd. augmentée, 2016) et un essai sur les relations complexes entre le Proche-Orient et son Proche-Occident, Pourquoi les Libanaises sont séduisantes (L’Harmattan, 2022). Il collabore régulièrement à "L’Atelier du roman" et autres revues littéraires. Il lui a fallu près de cinquante années de lectures, de rencontres et de réflexion avant d’oser cet essai sur l’essence et les développements de l’islam