BENKHEIRA Mohammed H., L’amour de la loi. Essai sur la normativité en islâm, Paris, PUF, « Politique d’aujourd’hui », 1997, 408 p.
Comment comprendre le voile et la barbe, deux symboles les plus visibles des comportements des musulmans contemporains ? L’auteur se propose d’y répondre en sondant l’attitude des musulmans face à la ritualité. En s’appuyant sur le discours juridique islamique, il décèle le « dénominateur commun » à ces attitudes : un amour de la soumission qui se traduit par un respect profond pour les normes islamiques. Il recherche les logiques de différenciation et d’ordre, à l’œuvre derrière le contrôle des corps. C’est l’objet de la première partie « Politique du corps » dont les quatre chapitres décrivent le corps comme « métaphore de la société » et enjeu de pouvoir. En islam, le corps est au centre d’une construction identitaire se référant à une tradition où le souci principal des pratiquants est de se soumettre avec amour à la Loi d’origine divine.
La seconde partie met à jour la « Logique de l’interdit », dans le zinâ et l’interdit de l’inceste. En conclusion l’A., à l’instar de nombreux intellectuels comme Mohammed Arkoun, invite les musulmans à interroger leur passé et les textes de la Tradition en adoptant des méthodes de la critique historique et de la philologie.
La seconde partie met à jour la « Logique de l’interdit », dans le zinâ et l’interdit de l’inceste. En conclusion l’A., à l’instar de nombreux intellectuels comme Mohammed Arkoun, invite les musulmans à interroger leur passé et les textes de la Tradition en adoptant des méthodes de la critique historique et de la philologie.
Points forts
Un point de vue, fin et pertinent, sur des questions identitaires, dépassant les positions apologétiques ou idéologiques de tous horizons, fondamentalistes ou « modernistes ». La « soumission » aux normes et aux prescriptions est au cœur de la tradition islamique, pour tous les actes concernant le contrôle du corps, en particulier celui de la femme. Pour d’autres aspects rituels, comme l’alimentation voir M. H. Benkheira, Islâm et interdits alimentaires. Juguler l’animal. La question du hidjâb et de la tenue réputée islamique est traitée sans complaisance et bénéficie de la profonde connaissance de l’auteur des écrits des juristes. Figure de l’« idéal » de la Loi et « mise en scène du corps » (p. 39), le hidjâb est une « frontière symbolique » (p. 76) qui ne se réduit pas aux seuls aspects vestimentaires. Cependant des auteurs musulmans contemporains ont codifié à l’extrême l’aspect vestimentaire. L’érudition et la rigueur. On disposera d’importants extraits d’un corpus juridique encore peu accessible. Ces textes sont présentés et commentés. Des notions essentielles peu familières au lecteur non arabisant sont abordées : fitna, Tabarrudj, zinâ. Une approche anthropologique de la culture islamique qui se situe dans la problématique de « l’institution du sujet » de Pierre Legendre, philosophe, juriste et psychanalyste. L’ouvrage contribue à sensibiliser le public à l’importance de la dimension rituelle de l’islam, comme élément fondamental du lien social dans cette tradition.
Publication en partenariat avec IESR-Sorbonne.