Réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles…sont l’expression d’un modèle de développement capitaliste caractérisé par la domination de la culture de profit et de la pensée positiviste.
Ce modèle a installé progressivement une forme de dualité entre l’Homme et son écosystème laissant croire que celui-ci est à l’extérieur du cosmos. Cette vision semble ignorer les interdépendances qui peuvent exister entre les deux.
La conception que nous pouvons avoir de cette dualité structure et détermine en effet, la qualité de ce rapport :
« Regardez votre main, les doigts écartés et dites un chiffre. Cinq doigts représentent une vision traditionnelle analytique, au contraire le chiffre 4 évoque les quatre liens entre les cinq doigts et l’accent est mis sur les interrelations pour une nouvelle vision du monde » [1]
La problématique écologique n’est pas simplement une question de dégradation de l’environnement. L’écologie possède une dimension spirituelle souvent peu abordée.
Il s’agit d’une réelle problématique civilisationnelle qui appelle à revisiter la conception de l’Homme, de la vie et de la création. En effet, la société humaine est la résultante de l’interaction entre ces trois composantes.
C'est ainsi que m’est venue l'idée de retourner le regard vers les fondements à travers l’étude de la conception de l’Homme, de la vie et de la création dans la pensée islamique.
Ce modèle a installé progressivement une forme de dualité entre l’Homme et son écosystème laissant croire que celui-ci est à l’extérieur du cosmos. Cette vision semble ignorer les interdépendances qui peuvent exister entre les deux.
La conception que nous pouvons avoir de cette dualité structure et détermine en effet, la qualité de ce rapport :
« Regardez votre main, les doigts écartés et dites un chiffre. Cinq doigts représentent une vision traditionnelle analytique, au contraire le chiffre 4 évoque les quatre liens entre les cinq doigts et l’accent est mis sur les interrelations pour une nouvelle vision du monde » [1]
La problématique écologique n’est pas simplement une question de dégradation de l’environnement. L’écologie possède une dimension spirituelle souvent peu abordée.
Il s’agit d’une réelle problématique civilisationnelle qui appelle à revisiter la conception de l’Homme, de la vie et de la création. En effet, la société humaine est la résultante de l’interaction entre ces trois composantes.
C'est ainsi que m’est venue l'idée de retourner le regard vers les fondements à travers l’étude de la conception de l’Homme, de la vie et de la création dans la pensée islamique.
Conception de l’Homme dans le message coranique...
Dans la révélation coranique, l’Homme est présenté avec deux spécificités majeures : Son honorification à travers ses capacités de raisonnement et son libre arbitre, Et sa nature faible.
Il est appelé à trouver le juste milieu. En effet : Ne voir que la faiblesse de son être, est une démarche anti-productive qui le fera sombrer dans une profonde résignation, Ne voir que son honorification, nourrira son égo, renforcera son attrait pour les biens matériels et le pouvoir, et à terme, le déviera de sa mission de vicaire sur terre (khalîfat Allâh fî l-ard). « Vous trouverez sur la terre un lieu de séjour et de jouissance éphémère » (Coran 2/36).
L’idée centrale de l’honorification est que l’Homme est chargé de traduire les valeurs divines en expérience de vie. Ce dernier est non pas propriétaire de son écosystème, mais il en est à la fois l’usufruitier et le gardien dans le respect des valeurs divines.
Dieu à effet, mis à la disposition de l’Homme des ressources pour vivre dignement et accomplir sa mission. Ainsi, l’Homme se doit de conserver son environnement pour le léguer aux générations futures dans un état sain.
Il est appelé à trouver le juste milieu. En effet : Ne voir que la faiblesse de son être, est une démarche anti-productive qui le fera sombrer dans une profonde résignation, Ne voir que son honorification, nourrira son égo, renforcera son attrait pour les biens matériels et le pouvoir, et à terme, le déviera de sa mission de vicaire sur terre (khalîfat Allâh fî l-ard). « Vous trouverez sur la terre un lieu de séjour et de jouissance éphémère » (Coran 2/36).
L’idée centrale de l’honorification est que l’Homme est chargé de traduire les valeurs divines en expérience de vie. Ce dernier est non pas propriétaire de son écosystème, mais il en est à la fois l’usufruitier et le gardien dans le respect des valeurs divines.
Dieu à effet, mis à la disposition de l’Homme des ressources pour vivre dignement et accomplir sa mission. Ainsi, l’Homme se doit de conserver son environnement pour le léguer aux générations futures dans un état sain.
Conception de la vie et du rapport à la création...
Le message coranique insiste sur le caractère sacré de la vie humaine et considère l’atteinte à la vie comme le plus grave des crimes, allant même jusqu’à considérer le meurtre d’une seule personne comme le meurtre de toutes les vies et la conservation d’une vie comme la conservation de toutes les autres vies.
« C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre. » (Coran 32/5).
Or dégrader l’environnement, c’est porter atteinte à la vie humaine.
Entre l’Homme et la création existe un rapport d’assujettissement (taskhîr) :
« Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et il vous a assujetti la nuit et le jour » (Coran 14/33).
L’Homme est appelé à méditer la perfection de la création et à utiliser les ressources mises à sa disposition de manière juste. Il devra en assurer la bonne gérance et rendra compte de ses actes.
Le Prophète n’affirmait-il pas que la Création toute entière est la famille de Dieu (al-khalq ’iyâl Allâh) [2]. Le message coranique rappelle également que les animaux constituent des communautés, ils sont semblables en cela aux Hommes : « Il n’est bête sur la terre ni oiseau volant de ses ailes qui ne forment des communautés semblables à vous » (Coran 6/38).
« Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve célèbrent ses louanges ; il n’y a rien qui ne célèbre ses louanges, mais vous ne comprenez pas leurs louanges » Coran (17/44).
La pensée islamique s’inspirant du message coranique, développe cette vision cosmo-humaniste afin d’aborder une autre dimension du dialogue intime entre le divin et la création. Elle permet de voir que ce dialogue n’est pas réservé à l’Homme mais que le cosmos en prend partie également. L’environnement représente une entité vivante dotée de vie et de sensibilité.
« C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre. » (Coran 32/5).
Or dégrader l’environnement, c’est porter atteinte à la vie humaine.
Entre l’Homme et la création existe un rapport d’assujettissement (taskhîr) :
« Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et il vous a assujetti la nuit et le jour » (Coran 14/33).
L’Homme est appelé à méditer la perfection de la création et à utiliser les ressources mises à sa disposition de manière juste. Il devra en assurer la bonne gérance et rendra compte de ses actes.
Le Prophète n’affirmait-il pas que la Création toute entière est la famille de Dieu (al-khalq ’iyâl Allâh) [2]. Le message coranique rappelle également que les animaux constituent des communautés, ils sont semblables en cela aux Hommes : « Il n’est bête sur la terre ni oiseau volant de ses ailes qui ne forment des communautés semblables à vous » (Coran 6/38).
« Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve célèbrent ses louanges ; il n’y a rien qui ne célèbre ses louanges, mais vous ne comprenez pas leurs louanges » Coran (17/44).
La pensée islamique s’inspirant du message coranique, développe cette vision cosmo-humaniste afin d’aborder une autre dimension du dialogue intime entre le divin et la création. Elle permet de voir que ce dialogue n’est pas réservé à l’Homme mais que le cosmos en prend partie également. L’environnement représente une entité vivante dotée de vie et de sensibilité.
L’éducation relative à l’environnement, un levier de transformation...
La définition de ce concept pose une double problématique : La conception de ce qu’est l’éducation et ses objectifs d’un côté, Et la conception de l’environnement de l’autre.
Il en découle une multitude de définitions, j’ai retenu celle-ci :
« L'éducation relative à l'environnement (ErE) est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux et qui concerne leur relation à l'environnement. Au-delà de la simple transmission de connaissances, elle privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique. Elle vise à développer des savoir-faire utiles associés à des pouvoir-faire réels. Elle fait appel au développement d'une éthique environnementale et à l'adoption d'attitudes de valeurs et de conduites imprégnées de cette éthique. Elle privilégie l'apprentissage coopératif dans, par et pour l'action environnementale. » [3]
Nous procéderons dans ce qui suit à un découpage sémantique de la définition à des fins d’analyse.
« L’ErE est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux qui concernent leur relation à l'environnement… » Cela signifie que l’éducation relative à l’environnement fait partie de notre développement et de notre conception du monde.
« …Au-delà de la simple transmission de connaissances, l’ErE privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique. Elle vise à développer des savoir-faire utiles associés à des pouvoir-faire réels ». La connaissance acquise doit nous aider à apporter un regard critique sur nos actions et nos choix et se traduire en actions engagées et responsables.
« ...L’éducation relative à l’environnement fait appel au développement d'une éthique environnementale et à l'adoption d'attitudes, de valeurs et de conduites imprégnées de cette éthique. Elle privilégie l'apprentissage coopératif dans, par et pour l'action environnementale ». L’ErE doit permettre de construire un cadre « éthique » de référence pour notre action envers l’environnement.
Cette définition fait ressortir deux principes majeurs : La responsabilité individuelle et collective : Elle met en évidence la responsabilité de l’individu et de la communauté dans le respect et la préservation de l’écosystème, La solidarité entre l’Homme et son écosystème mais aussi entre générations, en ce sens que l’environnement est une sorte de dette à la charge des générations actuelles.
En conclusion de cette première partie, nous pouvons retenir deux idées majeures :
La réflexion que nous pouvons porter sur le rapport Homme-Création doit s’inscrire dans une démarche dynamique d’unification de ces deux composantes. Autrement, l’humanité sera menacée par sa propre inhumanité [4], La transformation doit donc s’opérer de l’intérieur, sinon, l’action engagée risque de se réduire à un activisme n’agissant que sur les manifestations externes de nos choix et nos actions.
Il en découle une multitude de définitions, j’ai retenu celle-ci :
« L'éducation relative à l'environnement (ErE) est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux et qui concerne leur relation à l'environnement. Au-delà de la simple transmission de connaissances, elle privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique. Elle vise à développer des savoir-faire utiles associés à des pouvoir-faire réels. Elle fait appel au développement d'une éthique environnementale et à l'adoption d'attitudes de valeurs et de conduites imprégnées de cette éthique. Elle privilégie l'apprentissage coopératif dans, par et pour l'action environnementale. » [3]
Nous procéderons dans ce qui suit à un découpage sémantique de la définition à des fins d’analyse.
« L’ErE est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux qui concernent leur relation à l'environnement… » Cela signifie que l’éducation relative à l’environnement fait partie de notre développement et de notre conception du monde.
« …Au-delà de la simple transmission de connaissances, l’ErE privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique. Elle vise à développer des savoir-faire utiles associés à des pouvoir-faire réels ». La connaissance acquise doit nous aider à apporter un regard critique sur nos actions et nos choix et se traduire en actions engagées et responsables.
« ...L’éducation relative à l’environnement fait appel au développement d'une éthique environnementale et à l'adoption d'attitudes, de valeurs et de conduites imprégnées de cette éthique. Elle privilégie l'apprentissage coopératif dans, par et pour l'action environnementale ». L’ErE doit permettre de construire un cadre « éthique » de référence pour notre action envers l’environnement.
Cette définition fait ressortir deux principes majeurs : La responsabilité individuelle et collective : Elle met en évidence la responsabilité de l’individu et de la communauté dans le respect et la préservation de l’écosystème, La solidarité entre l’Homme et son écosystème mais aussi entre générations, en ce sens que l’environnement est une sorte de dette à la charge des générations actuelles.
En conclusion de cette première partie, nous pouvons retenir deux idées majeures :
La réflexion que nous pouvons porter sur le rapport Homme-Création doit s’inscrire dans une démarche dynamique d’unification de ces deux composantes. Autrement, l’humanité sera menacée par sa propre inhumanité [4], La transformation doit donc s’opérer de l’intérieur, sinon, l’action engagée risque de se réduire à un activisme n’agissant que sur les manifestations externes de nos choix et nos actions.
Notes :
[1] Métaphore empruntée à Joël de Rosnay : né le 12 juin 1937 à l'Île Maurice est, à l'origine, un biologiste français, d'abord spécialiste des origines du vivant et des nouvelles technologies, puis en systémique et en prospective. Docteur en sciences, il effectua trois ans de recherche et d'enseignement (biochimie et informatique) au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ancien directeur des applications de la recherche à l'Institut Pasteur, puis directeur de la prospective et de l'évaluation de la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette.
[2] Eric Geoffroy, L’universalisme de l’islam : unité et multiplicité.
[3] Cette définition a été proposée par Lucie Sauvé dans son livre « Pour une éducation relative à l'environnement », publié en 1994. Lucie Sauvé, Ph.D Centre de recherche en éducation et formation à l’éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté, Université du Québec à Montréal.
[4] Michel Maxime EGGER. La double transformation : Réorienter son désir pour changer le monde. Article paru dans « La Chair et le Souffle ».
[1] Métaphore empruntée à Joël de Rosnay : né le 12 juin 1937 à l'Île Maurice est, à l'origine, un biologiste français, d'abord spécialiste des origines du vivant et des nouvelles technologies, puis en systémique et en prospective. Docteur en sciences, il effectua trois ans de recherche et d'enseignement (biochimie et informatique) au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ancien directeur des applications de la recherche à l'Institut Pasteur, puis directeur de la prospective et de l'évaluation de la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette.
[2] Eric Geoffroy, L’universalisme de l’islam : unité et multiplicité.
[3] Cette définition a été proposée par Lucie Sauvé dans son livre « Pour une éducation relative à l'environnement », publié en 1994. Lucie Sauvé, Ph.D Centre de recherche en éducation et formation à l’éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté, Université du Québec à Montréal.
[4] Michel Maxime EGGER. La double transformation : Réorienter son désir pour changer le monde. Article paru dans « La Chair et le Souffle ».