Par Sylvie Taussig, CNRS / IFEA / CEMCA ; Yolotl Valadez, Betancourt UNAM CIALC.
Article évalué par le comité de lecture de la revue papier.
En Amérique latine [1], la religion musulmane représente une infime minorité, presque invisible, largement composée de convertis latino-américains à l'islam, avec un très fort pourcentage de femmes. Ces conversions se réalisent dans pratiquement tous les courants de l'islam, de l'islam sunnite, de sa branche la plus orthodoxe aux branches soufies, ou à l'islam chiite. Les entrepreneurs religieux soutenus par les mouvements wahabites, connus pour leurs orthopraxie et leur renforcement de la normativité, qui sont les plus actifs dans la prédication (dawa) et dominent le paysage par leur organisation autour de mosquées, exigent une orthodoxie forte et invitent à une lecture littérale du Coran et des hadiths. C’est dans ce contexte que se développe un thème qui devient de plus en plus pertinent dans l'étude des communautés musulmanes en Amérique latine, le thème du mariage [2].
Outre le fait que les femmes converties à l'islam, adeptes des branches les plus orthodoxes, cherchent par prédilection un mari musulman en se fondant sur ce qui est écrit dans le Coran, à savoir que le mariage est la moitié de la foi (on dit qu'elles doivent se marier pour maintenir « la moitié de leur religion [3] ») et sur la base de l’interdit fondamental du mariage mixte [4], un autre point important à considérer est que les réseaux sociaux ont facilité le rapprochement entre les femmes et les hommes provenant de différentes régions géographiquement éloignées. Et bien qu’au cours de nos entretiens avec des femmes converties sur les raisons de leur conversion, nous avons pu constater qu’elles sont très rares à reconnaître l’avoir fait pour un homme, il est indéniable qu'une grande partie de ces femmes est venue à l'islam après avoir eu une relation affective avec un musulman (principalement musulman de naissance), soit en personne, soit, et dans une plus large mesure, à travers l’internet. Se dégage alors apparaître un panorama complexe où se mêlent les traditions, les religions, les réseaux sociaux, les courants théologiques, qui ajoutent encore des facteurs de complexité à un problème déjà épineux [5].
Dans la tradition islamique, le mariage n’est pas un sacrement comme dans le catholicisme, mais il est considéré comme un contrat de nature formelle qui n’exige pas l'intervention de représentants de l'autorité religieuse ni de représentants des autorités civiles. Néanmoins, afin de lui assurer une plus grande reconnaissance, les États musulmans modernes dont le droit est la refonte d’éléments du droit chariatique dans une constitution politique d’État moderne [6], exigent la présence d'un notaire public ou d’une autorité civile qui garantisse la validité du mariage [7]. Cependant, dans le mariage musulman, la future épouse a besoin, de façon indispensable, d’un représentant, un tuteur, dénommé le wali [8], qui garantisse ses droits ; dans les pays à majorité musulmane, il s’agit généralement d’un homme de sa famille, par ordre de priorité son père, son frère, le fils de son frère, son grand-père paternel, et ainsi de suite, selon le degré de parenté. Si jamais la femme n’a aucun parent masculin, cette fonction peut être assumée par le juge ou tout membre de la communauté musulmane. Le tuteur doit être un homme, doué de discernement et majeur – et bien sûr musulman. Le mariage islamique est un contrat qui consiste en quatre principaux points à respecter : le consentement des parties, la présence de deux témoins, une dot pour la mariée et le consentement symbolique du tuteur de l’épouse. Après la signature de ce contrat, qui suffit à lui seul à réaliser le mariage [9] des versets du Coran sont récités, ce qui marque le commencement de ce que nous pourrions appeler la célébration religieuse. Il est recommandé de débuter par la récitation d'un « khoutba », à savoir un court sermon qui comprend des formules de louange de Dieu et de demande de bénédiction en faveur du prophète Mahomet et quelques passages du Coran. Insistons-y : la lecture de la khutba n'est pas wajib (un devoir) selon l’interprétation d’un hadith du Kitab al-nikah (Le Livre du mariage) d’al-‘Asqalani [10].
Dans la tradition islamique, le mariage n’est pas un sacrement comme dans le catholicisme, mais il est considéré comme un contrat de nature formelle qui n’exige pas l'intervention de représentants de l'autorité religieuse ni de représentants des autorités civiles. Néanmoins, afin de lui assurer une plus grande reconnaissance, les États musulmans modernes dont le droit est la refonte d’éléments du droit chariatique dans une constitution politique d’État moderne [6], exigent la présence d'un notaire public ou d’une autorité civile qui garantisse la validité du mariage [7]. Cependant, dans le mariage musulman, la future épouse a besoin, de façon indispensable, d’un représentant, un tuteur, dénommé le wali [8], qui garantisse ses droits ; dans les pays à majorité musulmane, il s’agit généralement d’un homme de sa famille, par ordre de priorité son père, son frère, le fils de son frère, son grand-père paternel, et ainsi de suite, selon le degré de parenté. Si jamais la femme n’a aucun parent masculin, cette fonction peut être assumée par le juge ou tout membre de la communauté musulmane. Le tuteur doit être un homme, doué de discernement et majeur – et bien sûr musulman. Le mariage islamique est un contrat qui consiste en quatre principaux points à respecter : le consentement des parties, la présence de deux témoins, une dot pour la mariée et le consentement symbolique du tuteur de l’épouse. Après la signature de ce contrat, qui suffit à lui seul à réaliser le mariage [9] des versets du Coran sont récités, ce qui marque le commencement de ce que nous pourrions appeler la célébration religieuse. Il est recommandé de débuter par la récitation d'un « khoutba », à savoir un court sermon qui comprend des formules de louange de Dieu et de demande de bénédiction en faveur du prophète Mahomet et quelques passages du Coran. Insistons-y : la lecture de la khutba n'est pas wajib (un devoir) selon l’interprétation d’un hadith du Kitab al-nikah (Le Livre du mariage) d’al-‘Asqalani [10].
Crédit photo Axelle de Russé Le Figaro Magazine
En Amérique latine, les choses se présentent sous un jour très différent, car la plupart des femmes converties n'ont pas, dans leur famille, un homme qui connaisse la tradition musulmane, de sorte que nous assistons chaque jour à un phénomène important, c’est-à-dire à la façon dont s’accroît l’importance d’un personnage qui, comme l’affirment plusieurs groupes de dawa (prédication) sur le net, est nécessaire pour le mariage, le wali. Il en faut pour preuve les propos du cheikh Muhammad Salih al-Munayyid, un religieux saoudien dédié à la prédication de l'islam en direction du monde entier, par sa page facebook polyglotte, par le canal de télévision qu’il possède et les interviews qu’il donne et qui sont traduites en différentes langues qui explique que le wali « doit être adulte et mûr, de bon jugement et de caractère, et de la même religion que la mariée. Un non-musulman ne peut pas être le tuteur légal d'un musulman, homme ou femme, et un musulman ne peut pas être le tuteur légal d'un non-musulman [11] ». Cependant, comme nous le verrons, la nécessité du wali ainsi que ses caractéristiques change d’un courant islamique à l’autre, selon l’époque et selon le lieu.
Il semble que le thème du wali se diffuse surtout par le truchement des adeptes des courants les plus influents en termes de prédication de l'islam en Amérique latine, c'est-à-dire le wahhabisme, très bien organisé et qui bénéficie du soutien de l'Arabie saoudite, du Qatar ou du Pakistan [12], que ce soit à travers la Ligue islamique mondiale, l'Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane (WAMY), ou des groupes de tabligh, qui donnent des conférences, envoient des livres et maintiennent une activité forte à travers les réseaux sociaux.
Il semble que le thème du wali se diffuse surtout par le truchement des adeptes des courants les plus influents en termes de prédication de l'islam en Amérique latine, c'est-à-dire le wahhabisme, très bien organisé et qui bénéficie du soutien de l'Arabie saoudite, du Qatar ou du Pakistan [12], que ce soit à travers la Ligue islamique mondiale, l'Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane (WAMY), ou des groupes de tabligh, qui donnent des conférences, envoient des livres et maintiennent une activité forte à travers les réseaux sociaux.
La figure du wali est aujourd’hui une réalité en Amérique latine, et nous nous appuierons sur l’exploration de ce phénomène pour dégager quelques grandes lignes de la réalité de l'islam sur le continent. Si le Wali désigne dans la tradition islamique le tuteur qu’une femme nécessite dans le cadre du contrat de mariage, en Amérique latine cette figure présente des particularités qui lui permettent de s'adapter à la réalité latino-américaine et aux courants conservateurs qui la mettent en avant. Nous présenterons d’abord le cas d'un wali d'origine pakistanaise, marié à une femme péruvienne [13]. Lors d’un entretien que nous avons mené avec lui, il décrivit son activité de wali. Son travail, qu'il fait parfois à distance, parce qu'il vit à Piura (Pérou) et doit parfois intervenir par exemple auprès de Colombiennes ou de femmes d'autres pays, est de scruter la bonne « musulmanité » du futur époux et sa moralité. Il doit mener une enquête approfondie sur cet homme et sa famille, entre autres aspects, y compris le thème de la dot. Lorsque le mariage se célèbre en dehors de Piura ou du Pérou, il charge une personne qu’il connaît, toujours un homme musulman, de faire ces recherches. Sa fonction n’est pas rémunérée, mais il est défrayé ; il arrive aussi qu’il fasse le témoin par whatsapp, le mode de communication majeur entre latinos (plus que skype) Le rôle du wali est donc renforcé par rapport à ce qu’il est dans les pays musulmans où il n'est présent qu'au moment de la signature du contrat de mariage. En Amérique latine, en dehors de son rôle de témoin de l'engagement, il fait également office d’entremetteur / marieur parce qu'il est parfois chargé de trouver un mari pour certaines femmes de son obédience.
Le renforcement de cette figure peut s'expliquer par l'absence de tradition islamique dans ces pays et par le fait que les femmes n'ont souvent pas de référent familial, n’ayant ni père ni frère musulman, mais aussi du fait de deux influences : celle de la tradition catholique et de sa définition de la notion de mariage entendu comme un acte religieux et celle de l'insistance des groupes de dawa latino-américains sur la nécessité que le wali soit musulman.
La figure du wali, conçu comme la protectrice des femmes, soulève quelques questions : pourquoi faudrait-il protéger les femmes dans les pays d'Amérique latine ? Quels sont les droits des femmes qui ne sont pas protégés par les lois de leur pays de naissance ?
Les réseaux sociaux regorgent de témoignages qui sembleraient justifier la nécessaire présence d'un wali, comme le prouve l’exemple suivant, choisi parmi des centaines du même genre.
La figure du wali, conçu comme la protectrice des femmes, soulève quelques questions : pourquoi faudrait-il protéger les femmes dans les pays d'Amérique latine ? Quels sont les droits des femmes qui ne sont pas protégés par les lois de leur pays de naissance ?
Les réseaux sociaux regorgent de témoignages qui sembleraient justifier la nécessaire présence d'un wali, comme le prouve l’exemple suivant, choisi parmi des centaines du même genre.
Ça a été une relation de plus d'un an sur internet, je l'avais connu par Facebook, et comme tous les autres, il voulait quitter son pays, l’Égypte, en utilisant des proies ! Après son arrivée au Costa Rica la relation de bonheur n’a duré que cinq mois ! Il passait ses jours et ses nuits sur internet. Il ne pouvait pas travailler parce qu'il est footballeur, il attendait d’être recruté et cela a été un échec. Il passait son temps à aller voir des filles ou des femmes prostituées pendant que je travaillais. Je lui ai toujours pardonné parce que je l’aimais... Au bout d’un certain temps il est rentré en Égypte et il a continué à me chercher mais toujours en me trompant ! Comment un tel être peut-il dire « Je t'aime ! », « Tu me manques », si tout en étant mon mari il n’arrête pas de demander d’autres femmes en mariage. Une relation de plus de trois ans et j'ai toujours pardonné ! Par amour... Une relation pour laquelle j’ai donné mon amour sans rien demander en échange comme ordonné par le Coran ! Sans dot ! Sans respect ! Je me disais seulement : un jour il changera [14].
Nous devons bien sûr nous demander si ce genre de choses n’arrive que dans les relations avec les musulmans. Il est évident que non, et pourtant ces arguments continuent à être utilisés pour justifier et populariser la figure du wali, qui s’impose pour un mariage « islamique » dans lequel, selon certains groupes musulmans, les femmes ont des droits spécifiques, qui n'ont aucun sens dans le droit général.
En ce sens, l'un des droits le plus intéressant pour notre recherche est la question de la dot. Nous avons lu dans un forum la conversation suivante :
Une première réponse suggère
En ce sens, l'un des droits le plus intéressant pour notre recherche est la question de la dot. Nous avons lu dans un forum la conversation suivante :
X2, Question : Pourquoi un musulman devrait-il donner une dot à la femme ? Est-ce pour suivre la sunna ? Mes sœurs [15] j'attends vos commentaires.
Une première réponse suggère
X: La dot n'est pas dans la sunna, c’est une obligation pour le mariage, il est écrit dans le Coran : « Remettez à vos femmes leur dot en toute propriété. Mais si elles vous en abandonnent une partie, de bon gré, vous pouvez en disposer en toute tranquillité [16]. »
X2, Question : Salut, la dot n’est due que dans des noces religieuses ?
X répond : Oui dans les pays musulmans lors du mariage civil on te demande combien on t’a donné en dot.
X3, Oooh ok ! mais mon fiancé est musulman et ne m’a encore jamais parlé de ça
X: Donc dis-lui que tu la veux, la dot c’est important, sans la dot le mariage n’est pas valide.
X4: Il faut une dot à toutes les futures épouses. Et après l’épouse la dépense pour le foyer ou bien va à la banque.
X5: C’est quoi, une dot, quelqu’un peut m’expliquer en quoi cela consiste ?
X: La dot . C'est un cadeau que l'homme doit donner à sa future épouse... pour assurer son indépendance économique en cas de séparation. Ou pour que la femme l’utilise comme elle veut… c’est de l'argent, des biens immobiliers, des bijoux, un commerce, ou tout ce que la femme désire demander... bien sûr en fonction des possibilités de l'homme !! La femme peut décider ce qu’elle veut comme cadeau ou bien son wali.
X6: Je vais bientôt me marier au Maroc avec mon habibi [17] et c’est vrai que pour moi la « dot » ne voulait rien dire, mais mes futurs beaux-parents m'ont déjà fait comprendre que si, mon habibi me donnera une dot… mais cela me fait sentir vraiment bizarre et je ne sais pas de quoi il s’agit.
X: Pourquoi bizarre ?
X6: Parce que c’est une chose dont je n'ai pas l'habitude et de vrai je n’y avais même pas pensé ...
X6: Mais je vais l'accepter, et je vais l'investir dans un voyage pour nous deux ou dans une voiture comme mon gars me le conseille [18].
Remarquons en passant le curieux mélange d’abrutissement idéologique et de sophistication intellectuelle, sous la forme d’une casuistique, qui caractérise cet islam latino-américain écrit très au féminin. En effet il promeut l’agency des femmes – dont on se demande si certaines ne sont pas des trolls. Le choix de l’islam, qui comporte des éléments religieux et des éléments métareligieux, réalise, par cette maîtrise (« literacy ») des concepts islamiques de base permettant à chacune de se lancer dans un travail de dawa dont l’importance et la nécessité sont martelées par les imams et responsables de centres islamiques [19], une distinction sociale recherchée. Ces forums laissent cependant entrevoir un savoir largement bricolé et invite à la prudence quant à sa reconnaissance et à son devenir.
Nous avons ici la mesure de l'ignorance des femmes à l'égard de la tradition musulmane, ignorance dont profitent certains hommes pour qui ce fait rend le mariage avec les femmes latines tout particulièrement attrayant. Nous voyons qu'au centre du problème se trouve la confluence de deux traditions, dans lesquelles certaines s'imposent aux autres, parfois au détriment des femmes.
Quelle est la nécessité d'un mariage musulman qui crée des droits en dehors de la loi alors qu’en islam, le mariage n'a aucun aspect de religiosité, si ce n’est dans la mesure où, dans certains pays musulmans, la sunna est la source du droit ? En réalité, de nos jours, on voit s’affirmer la dimension religieuse du mariage au sein de l'islam même dans les pays à majorité musulmane où l’on observe un renforcement du rituel religieux : le mariage est « islamisé » ; et, lorsqu'il se diffuse dans un pays non musulman il se transforme en un fait religieux qui se distingue du mariage civil et qui sert à renforcer l'identité musulmane
Dans certaines occasions, nous pouvons trouver des mariages islamiques purement religieux qui ne sont pas précédés d’un mariage civil. Par exemple, le mariage à la fatiha ou le mariage orfi, très pratiqué en Égypte et qui, selon quelques spécialistes, s’explique par la situation économique difficile dans laquelle se retrouvent beaucoup d'hommes qui n'ont pas les ressources pour payer la dot et le mariage.
Nous avons ici la mesure de l'ignorance des femmes à l'égard de la tradition musulmane, ignorance dont profitent certains hommes pour qui ce fait rend le mariage avec les femmes latines tout particulièrement attrayant. Nous voyons qu'au centre du problème se trouve la confluence de deux traditions, dans lesquelles certaines s'imposent aux autres, parfois au détriment des femmes.
Quelle est la nécessité d'un mariage musulman qui crée des droits en dehors de la loi alors qu’en islam, le mariage n'a aucun aspect de religiosité, si ce n’est dans la mesure où, dans certains pays musulmans, la sunna est la source du droit ? En réalité, de nos jours, on voit s’affirmer la dimension religieuse du mariage au sein de l'islam même dans les pays à majorité musulmane où l’on observe un renforcement du rituel religieux : le mariage est « islamisé » ; et, lorsqu'il se diffuse dans un pays non musulman il se transforme en un fait religieux qui se distingue du mariage civil et qui sert à renforcer l'identité musulmane
Dans certaines occasions, nous pouvons trouver des mariages islamiques purement religieux qui ne sont pas précédés d’un mariage civil. Par exemple, le mariage à la fatiha ou le mariage orfi, très pratiqué en Égypte et qui, selon quelques spécialistes, s’explique par la situation économique difficile dans laquelle se retrouvent beaucoup d'hommes qui n'ont pas les ressources pour payer la dot et le mariage.
San Cristóbal de Las Casas, Etat de Chiapas, Mexique (2016). Crédit photo Ronaldo Schemidt/AFP
Dans les réseaux sociaux des musulmanes latinos, c'est une question fréquemment abordée, car ce type de mariage est très populaire parmi les Égyptiens qui veulent épouser des femmes étrangères. Dans un groupe Facebook de femmes musulmanes au Pérou, nous pouvons trouver une publication [20], largement diffusée par des groupes de femmes latinos à travers le continent, qui met en garde contre les risques de ce contrat, car, comme on nous l’explique, ce type de mariage est souvent utilisé pour légaliser une relation avec des femmes étrangères dont l’homme profite de leur ignorance des lois égyptiennes et de la langue arabe. Le mariage Orfi consiste en la signature d'un document par les parties en présence de deux témoins, mais sans la présence d'aucune autorité civile ou religieuse, ce qui fait que les femmes qui acceptent ce type de contrat se retrouvent totalement désarmées et impuissante en termes de leurs droits matrimoniaux [21].
Ce texte, écrit par une femme Latino résidente d’Égypte, vise à alerter les femmes étrangères des risques de contracter un mariage à travers cette pratique. L'une des raisons qu’elle fait valoir est que ce type de contrat est utilisé pour tromper et escroquer les femmes sur le plan économique, en leur disant que, vu qu’elles sont étrangères, ce serait la seule forme de mariage accessible. Cette tromperie cacherait que le mariage se fait sans le consentement de la famille du contractant, à cause de l'existence d'une autre épouse ou simplement pour abuser économiquement de la femme qui se retrouve dans cette situation.
Ce texte, écrit par une femme Latino résidente d’Égypte, vise à alerter les femmes étrangères des risques de contracter un mariage à travers cette pratique. L'une des raisons qu’elle fait valoir est que ce type de contrat est utilisé pour tromper et escroquer les femmes sur le plan économique, en leur disant que, vu qu’elles sont étrangères, ce serait la seule forme de mariage accessible. Cette tromperie cacherait que le mariage se fait sans le consentement de la famille du contractant, à cause de l'existence d'une autre épouse ou simplement pour abuser économiquement de la femme qui se retrouve dans cette situation.
Pour contrer cette pratique, les forums et l'ambassade du Mexique en Égypte [22] ont diffusé les conditions exigées par le gouvernement égyptien pour les hommes qui cherchent à se marier avec des étrangères dont le certificat d'islamisation de la future épouse, qui s’obtient à l'Université Al Azhar, laquelle est également chargée de « donner une valeur religieuse au mariage » à travers un certificat de mariage, dont l’existence démontre notre hypothèse de l'islamisation du mariage au sein de l’islam.
L'autre pratique que nous voudrions évoquer, connue sous le nom de « à la fatiha [23] », consiste, selon cheikh Abdul Karim Paz, directeur de l'une des trois mosquées de Buenos Aires, pour le coup chiite, en un mariage temporaire, pour lequel on lit la sourate al fatiha ; on fixe un délai pour le mariage définitif lequel seul permet de maintenir une relation « halal ». Dans ce type de mariage, les femmes n'ont aucun droit. L'homme ne contracte aucune obligation envers la femme, elle n'a aucun droit à l'héritage, ni à la dot. Si la femme est vierge, elle devrait obtenir la permission de ses parents ou d'un tuteur pour réaliser ce type de mariage. Cette pratique est courante pour obtenir des relations sexuelles, avec la promesse d'un futur mariage qui dans la plupart des cas n'arrive jamais [24].
Pour comprendre la diffusion du wali, nous pouvons donc aborder trois aspects clés qui résument l'état de la question.
D'une part, nous pouvons mentionner l'argument de la « nécessité de protéger les femmes », argument qui est renforcé par les nombreux cas d'abus, de fraude et de tromperie qui abondent sur internet. Il existe deux types de réseaux « musulmans » qui traitent du mariage, les pages consacrées à la recherche d'un partenaire (y compris des agences matrimoniales virtuelles) et des pages pour exposer les dénonciations et les plaintes des femmes victimes d'abus ou de tromperie. Dans les premières, nous trouvons un grand nombre de femmes latino disposées à entrer en relation avec les musulmans, dont les unes sont déjà musulmanes, tandis que d'autres paraissent attirées par la culture et les hommes des pays musulmans, encouragées qu’elles sont dans ce sens par les stéréotypes véhiculés notamment à la télévision. Les « telenovelas » – feuilletons à la télévision – sont un facteur important de cette propagande, comme Le Clone diffusé en 2001-2002 [25] (El Clon, une série brésilienne tournée au Maroc qui raconte l’histoire interculturelle arabe et brésilienne de Jade et Lucas, et diffusé par la suite dans 90 pays), un phénomène déjà étudié de manière exhaustive qui a eu un grand impact sur la connaissance de l'islam au Brésil [26]. Ces dernières années, les chaînes de télévision ont été inondées de feuilletons turcs qui diffusent des stéréotypes culturels largement acceptés dans une culture conservatrice comme celle de l'Amérique latine. Cette propagande, qui n'est qu'un élément de plus d'une stratégie turque pour se positionner dans la région, a contribué à repenser les imaginaires de ce pays et a encouragé, par exemple, les voyages et les relations avec les hommes turcs.
L'autre pratique que nous voudrions évoquer, connue sous le nom de « à la fatiha [23] », consiste, selon cheikh Abdul Karim Paz, directeur de l'une des trois mosquées de Buenos Aires, pour le coup chiite, en un mariage temporaire, pour lequel on lit la sourate al fatiha ; on fixe un délai pour le mariage définitif lequel seul permet de maintenir une relation « halal ». Dans ce type de mariage, les femmes n'ont aucun droit. L'homme ne contracte aucune obligation envers la femme, elle n'a aucun droit à l'héritage, ni à la dot. Si la femme est vierge, elle devrait obtenir la permission de ses parents ou d'un tuteur pour réaliser ce type de mariage. Cette pratique est courante pour obtenir des relations sexuelles, avec la promesse d'un futur mariage qui dans la plupart des cas n'arrive jamais [24].
Pour comprendre la diffusion du wali, nous pouvons donc aborder trois aspects clés qui résument l'état de la question.
D'une part, nous pouvons mentionner l'argument de la « nécessité de protéger les femmes », argument qui est renforcé par les nombreux cas d'abus, de fraude et de tromperie qui abondent sur internet. Il existe deux types de réseaux « musulmans » qui traitent du mariage, les pages consacrées à la recherche d'un partenaire (y compris des agences matrimoniales virtuelles) et des pages pour exposer les dénonciations et les plaintes des femmes victimes d'abus ou de tromperie. Dans les premières, nous trouvons un grand nombre de femmes latino disposées à entrer en relation avec les musulmans, dont les unes sont déjà musulmanes, tandis que d'autres paraissent attirées par la culture et les hommes des pays musulmans, encouragées qu’elles sont dans ce sens par les stéréotypes véhiculés notamment à la télévision. Les « telenovelas » – feuilletons à la télévision – sont un facteur important de cette propagande, comme Le Clone diffusé en 2001-2002 [25] (El Clon, une série brésilienne tournée au Maroc qui raconte l’histoire interculturelle arabe et brésilienne de Jade et Lucas, et diffusé par la suite dans 90 pays), un phénomène déjà étudié de manière exhaustive qui a eu un grand impact sur la connaissance de l'islam au Brésil [26]. Ces dernières années, les chaînes de télévision ont été inondées de feuilletons turcs qui diffusent des stéréotypes culturels largement acceptés dans une culture conservatrice comme celle de l'Amérique latine. Cette propagande, qui n'est qu'un élément de plus d'une stratégie turque pour se positionner dans la région, a contribué à repenser les imaginaires de ce pays et a encouragé, par exemple, les voyages et les relations avec les hommes turcs.
Dans les pages consacrées à la diffusion de témoignages de femmes qui ont été victimes de tromperie et d'abus, nous pouvons lire toute une série d’histoires, depuis celles de femmes qui découvrent que l’homme avec qui elles sont liées sentimentalement avait des relations en ligne avec plusieurs autres femmes qu’elle et leur faisait à toutes les mêmes promesses, ou celle d’hommes qui tentent de les convaincre de leur envoyer des photos intimes, jusqu’à des récits de violence physique et de traite de personnes. Il convient de reprendre précisément un cas, parce qu’il a eu beaucoup de répercussions sur ces réseaux, à savoir celui d'une femme qui, après avoir subi des années d'extorsion et de chantage dans une relation avec un homme égyptien qu’elle avait rencontré par Facebook eut un AVC ou encore le cas de femmes qui se rendirent au Pakistan et tombèrent dans un réseau de traite de blanches. Ce sont deux exemples entre des dizaines de cas que nous avons découverts sur le sujet. Cette difficulté de concilier différentes cultures qui se rencontrent grâce à l’internet, s’ajoutant aux dangers qui inondent ce monde des réseaux, permet de comprendre pourquoi la figure du wali prolifère dans cet univers virtuel et pourquoi, sans que soient cependant clairement définis et compris son rôle et son origine, il est accepté comme quelque chose de nécessaire pour « assurer » que ces relations cybernétiques se terminent bien.
Le deuxième aspect important de la question du mariage islamique en Amérique latine est le prétendu mariage halal. Ces dernières années, il a proliféré sur le web comme étant un mariage « correct » selon certains courants de l'islam. Les femmes converties cherchent à se marier avec un homme musulman, et le manque d'hommes musulmans dans leur pays les pousse à recourir aux réseaux sociaux, où les hommes arabes jouissent généralement d'un grand prestige. Il existe plusieurs sites et pages « islamiques » où les gens peuvent se rencontrer à des fins de mariage. Dans ces groupes, le mariage est traité comme une affaire religieuse, où le wali fonctionne comme une figure sacerdotale. Le sujet du halal a fait l’objet d’une propagande active de la part des groupes de dawa et, de ce terme à l’origine réservé au domaine alimentaire, les entrepreneurs industrialo-religieux ont étendu le champ d’action à toutes sortes de produits et services, et le terme, dûment martelé, est récurrent parmi les groupes de convertis les plus orthodoxes convertis. Cette dichotomie que les prédicateurs opposent entre halal et haram conduit à une position radicale sur le sujet du mariage, où l'on peut trouver des positions telles que le voile serait une obligation, que les femmes doivent accepter la burqa si leur mari le leur demande, et jusqu’à des thèmes qui n’avaient encore jamais été traités ouvertement parce qu’ils étaient jugés inacceptables comme la polygamie qui semble maintenant faire son chemin petit à petit. Ce mariage halal se retrouve également dans les sermons des imams prêchant dans les mosquées ou les musalas (salles de prière), où il est dit aux femmes, avec insistance, que la meilleure solution pour bien vivre leur religion est d’avoir un homme musulman. À de nombreuses reprises, nous avons connu des cas où les dirigeants des mosquées jouaient le rôle de marieurs ; ils cherchent, là dont ils viennent, des époux ad hoc pour les femmes converties, ce dont nous développerons un exemple infra.
Le deuxième aspect important de la question du mariage islamique en Amérique latine est le prétendu mariage halal. Ces dernières années, il a proliféré sur le web comme étant un mariage « correct » selon certains courants de l'islam. Les femmes converties cherchent à se marier avec un homme musulman, et le manque d'hommes musulmans dans leur pays les pousse à recourir aux réseaux sociaux, où les hommes arabes jouissent généralement d'un grand prestige. Il existe plusieurs sites et pages « islamiques » où les gens peuvent se rencontrer à des fins de mariage. Dans ces groupes, le mariage est traité comme une affaire religieuse, où le wali fonctionne comme une figure sacerdotale. Le sujet du halal a fait l’objet d’une propagande active de la part des groupes de dawa et, de ce terme à l’origine réservé au domaine alimentaire, les entrepreneurs industrialo-religieux ont étendu le champ d’action à toutes sortes de produits et services, et le terme, dûment martelé, est récurrent parmi les groupes de convertis les plus orthodoxes convertis. Cette dichotomie que les prédicateurs opposent entre halal et haram conduit à une position radicale sur le sujet du mariage, où l'on peut trouver des positions telles que le voile serait une obligation, que les femmes doivent accepter la burqa si leur mari le leur demande, et jusqu’à des thèmes qui n’avaient encore jamais été traités ouvertement parce qu’ils étaient jugés inacceptables comme la polygamie qui semble maintenant faire son chemin petit à petit. Ce mariage halal se retrouve également dans les sermons des imams prêchant dans les mosquées ou les musalas (salles de prière), où il est dit aux femmes, avec insistance, que la meilleure solution pour bien vivre leur religion est d’avoir un homme musulman. À de nombreuses reprises, nous avons connu des cas où les dirigeants des mosquées jouaient le rôle de marieurs ; ils cherchent, là dont ils viennent, des époux ad hoc pour les femmes converties, ce dont nous développerons un exemple infra.
Le troisième et dernier facteur est ce que nous appelons l’islam mondialisé. Comme nous l'avons souligné précédemment, le mariage en islam n'est pas un acte religieux mais un acte civil qui n'a pas besoin d'autorité religieuse, mais ces dernières années, parallèlement à une tendance à séparer l'État de la religion dans certains pays musulmans, avec notamment l’imposition du mariage civil, enregistré dans des actes d’état civil sous l’égide de l’État, ce qui était le contrat de mariage « musulman » est devenu un acte religieux, nécessitant un imam pour « sanctifier » l'union.
On pourrait dire, au moins en Amérique latine, très catholique jusqu'à récemment, que les musulmans sont en ligne avec la culture chrétienne, où le mariage est un sacrement aussi fort que le baptême.
C'est dans ce contexte que le thème du wali trouve sa place parmi les communautés musulmanes latino-américaines. Depuis le début de l'islam, deux écoles juridiques s’opposent à cet égard : l'école hanafite (créée à Bagdad par Abu Hanafi, le seul des quatre fondateurs d’école juridique à ne pas être ethniquement arabe, en tant que descendant d’un esclave perse, elle est caractérisée par une plus grande ouverture due à sa constitution dans un contexte urbain et cosmopolite) où il n’y a pas d’obligation pour une femme majeure d’avoir un wali et l'école malékite (créée à Médine, d'origine rurale, sans tradition et sans influences d'autres systèmes philosophiques) qui dispose qu’y compris la femme majeure doit recourir aux services du wali. Dans une des publications d'Isa García, auquel nous avons fait allusion ci dessus, il y a des conseils sur les activités qu'un wali effectue ou devrait effectuer en Amérique latine. D'abord, il doit enquêter sur trois aspects du futur mari :
On pourrait dire, au moins en Amérique latine, très catholique jusqu'à récemment, que les musulmans sont en ligne avec la culture chrétienne, où le mariage est un sacrement aussi fort que le baptême.
C'est dans ce contexte que le thème du wali trouve sa place parmi les communautés musulmanes latino-américaines. Depuis le début de l'islam, deux écoles juridiques s’opposent à cet égard : l'école hanafite (créée à Bagdad par Abu Hanafi, le seul des quatre fondateurs d’école juridique à ne pas être ethniquement arabe, en tant que descendant d’un esclave perse, elle est caractérisée par une plus grande ouverture due à sa constitution dans un contexte urbain et cosmopolite) où il n’y a pas d’obligation pour une femme majeure d’avoir un wali et l'école malékite (créée à Médine, d'origine rurale, sans tradition et sans influences d'autres systèmes philosophiques) qui dispose qu’y compris la femme majeure doit recourir aux services du wali. Dans une des publications d'Isa García, auquel nous avons fait allusion ci dessus, il y a des conseils sur les activités qu'un wali effectue ou devrait effectuer en Amérique latine. D'abord, il doit enquêter sur trois aspects du futur mari :
Khuluq : personalité ou comportement. Din : religiosité ou spiritualité. Qudra ‘ala an nafaqa : capacité économique pour pouvoir entretenir sa famille.Le wali doit obtenir cette information par les moyens suivants :
Son profil sur Facebook (ce qui confirme l’importance du réseau social dans cet islam mondialisé) L’imam de sa mosquée ou son professeur de religion, pour connaître sa religiosité Quelqu'un de sa famille, de préférence les parents ou les frères et sœurs, pour le décrire comme personne et en apprendre davantage sur son caractère et son comportement, et aussi pour savoir s’il est ou non déjà marié. Son employeur ou employé, pour savoir s’il a la capacité économique de soutenir un mariage à long terme, notamment en cas de mariage entre personnes de différents pays, parce que l’expérience enseigne que ce type de mariage s'accompagne de frais exceptionnels (billets d’avion, documents légaux, avocats spécialisés en droit de l'immigration, communications, etc.), et qui plus est son comportement au travail nous donne aussi un élément important sur la façon dont leur personnalité fonctionne au sein d'une équipe, au plus près du concept de travail familial [27].
En plus de cette enquête, le wali réalise le pacte de mariage, c’est-à-dire le contact entre la famille du marié et la femme contractante ; il est présent pendant le mariage, parfois même dans les mariages orfi ou à la fatiha. On peut dire que les sociétés latino-américaines, même si les États sont officiellement laïques, ne sont pas sécularisées, et l'empreinte du catholicisme est très importante ; rares sont les mariages qui ne sont célébrés que civilement. Ainsi beaucoup de femmes musulmanes nous ont-elles expliqué que le wali est comme le prêtre dans le mariage catholique.
D'autre part, la population musulmane dans ces pays est constituée de plus ou moins 50 % de convertis – et une grande majorité de femmes. Ces personnes ont une connaissance très récente de l'islam, façonnée par ce qu'elles entendent dans la mosquée ou lisent dans les réseaux – répétons que, si toutes les formes d’islam existent, l’islam des mosquées est le plus important, et ses prédicateurs font un travail pour renforcer encore les mosquées [28]. Pour ces personnes fraichement converties, et par ce biais, il n'y a pas d'autre islam ni d'autres façons de concevoir l'islam : toute variante est « incorrecte », une bidaa, innovation [29]. Ces nouveaux musulmans cherchent à être parfaits dans leur religion et, comme tous néophytes, ils en rajoutent souvent en termes de respect scrupuleux auxdits dogmes et à ce qui est requis, et cela pour être mieux acceptés des musulmans nés musulmans qui sont parfois arabocentriques, sans penser que certains aspects sont une interprétation personnelle ou appropriation ou acculturation à un pays sans remettre les choses dans leur contexte sans se représenter que c’est un moyen de contrôle, sans s’interroger sur le rôle des femmes autres ou sans s’interroger sur le contenu. Ces postures que l’on peut aussi rapporter au phénomène de « convertis » prolifèrent sous la forme d'exaltation à des préceptes islamiques ultraconservateurs et propagent un discours qui mêle envolées romantiques et notion de mariage qui n’a pas cours aujourd’hui dans les pays musulmans. À titre d'exemple, nous partageons une publication qui apparaît de manière récurrente dans les forums sur le mariage musulman.
D'autre part, la population musulmane dans ces pays est constituée de plus ou moins 50 % de convertis – et une grande majorité de femmes. Ces personnes ont une connaissance très récente de l'islam, façonnée par ce qu'elles entendent dans la mosquée ou lisent dans les réseaux – répétons que, si toutes les formes d’islam existent, l’islam des mosquées est le plus important, et ses prédicateurs font un travail pour renforcer encore les mosquées [28]. Pour ces personnes fraichement converties, et par ce biais, il n'y a pas d'autre islam ni d'autres façons de concevoir l'islam : toute variante est « incorrecte », une bidaa, innovation [29]. Ces nouveaux musulmans cherchent à être parfaits dans leur religion et, comme tous néophytes, ils en rajoutent souvent en termes de respect scrupuleux auxdits dogmes et à ce qui est requis, et cela pour être mieux acceptés des musulmans nés musulmans qui sont parfois arabocentriques, sans penser que certains aspects sont une interprétation personnelle ou appropriation ou acculturation à un pays sans remettre les choses dans leur contexte sans se représenter que c’est un moyen de contrôle, sans s’interroger sur le rôle des femmes autres ou sans s’interroger sur le contenu. Ces postures que l’on peut aussi rapporter au phénomène de « convertis » prolifèrent sous la forme d'exaltation à des préceptes islamiques ultraconservateurs et propagent un discours qui mêle envolées romantiques et notion de mariage qui n’a pas cours aujourd’hui dans les pays musulmans. À titre d'exemple, nous partageons une publication qui apparaît de manière récurrente dans les forums sur le mariage musulman.
L'homme qui t’aime sincèrement pour le bien d’Allah subhanahuwata'ala demandera pas de photos montrant ton corps, ni n’entretiendra de relation secrète avec toi, s'il t’aime vraiment pour l'amour d'Allah, donc il parlera de toi à sa famille, fera tout ce qui est possible pour t’épouser, l’slam interdit toute relation avant le mariage.
Tu dois savoir qu'il tombera amoureux de ta beauté spirituelle, de la pureté de votre âme et la beauté de votre cœur.
Il pourra profiter de tes charmes physiques après le mariage.
Ta valeur de femme ne se mesure pas au nombre de « likes » que reçoivent tes photos sur les réseaux sociaux.
Ni non plus à l’aune des commentaires romantiques et beaux que te font les hommes.
Rappelle-toi que tu as plus de prix et de valeur qu'une perle! Allah a élevé ton statut à travers l'islam et t’a choisie pour être ambassadrice de cette belle religion.
Un homme sincère et qui craint Allah t’aimera pour la beauté de ton cœur, et prendra soin de toi et te protégera comme tu le mériteras, comme son épouse bien-aimée [30].
Cérémonie de mariage dans la ville de Mexico.
Cette vision romantique et exaltée des femmes et du mariage est courante parmi les groupes de dawa, qui s’appuient sur ces arguments pour défendre un modèle de l'islam et de relations hommes femmes très orthodoxes. Mais, alors que ces publications traitent de questions comme la fréquentation de son/a fiancé(e) avant le mariage pour dire qu'elle n’est pas permise dans l'islam, ce thème devient délicat chaque fois que les imams des mosquées cherchent des époux aux femmes assidues de leurs centres ; car, dans ce cas, ils jouent le rôle de wali / entremetteur et organisent des mariages de personnes qui ne connaissent pas. Par exemple, le cas d'une femme qui raconte comment elle a rencontré son mari dans l'un des groupes de femmes musulmanes. Elle s’était convertie à l'islam six mois avant de s’engager, l'imam de sa mosquée avait servi d’intermédiaire entre son futur mari, faisant office de wali c’est-à-dire menant l’enquête et rédigeant l’accord matrimonial. Elle et son promis ne se parlèrent que trois fois, car l'imam lui avait dit que l’islam interdisait toutes formes de relation entre les fiancés avant le mariage et qu’il était haram que le couple poursuive davantage de conversations. Le fiancé est venu dans le pays de la femme, ils se sont rencontrés et deux heures plus tard, l'imam les a mariés. Ils ne parlaient pas la même langue et commencèrent ainsi leur vie commune [31].
Dans ce cas, c'est l'imam qui a servi d'intermédiaire dans le mariage, faisant se marier deux personnes qui ne se connaissaient pas, la femme avec seulement six mois de conversion à l'islam. Notons également que, dans de nombreux cas, ces femmes sortaient d'autres relations, souvent avec des enfants, et qu'elles s’engagent parfois dans des relations avec des hommes plus jeunes qu'elles, soutenues par des exhortations telles que celles que nous avons vues sur la beauté spirituelle plus importante que le désir sexuel. Si les raisons de leur adhésion à ce type de propos s’explique non seulement par leur religiosité mais également par leur expérience de vie, on peut cependant s’interroger sur les motivations du jeune homme musulman – et sur celles de l’imam.
Dans ce cas, c'est l'imam qui a servi d'intermédiaire dans le mariage, faisant se marier deux personnes qui ne se connaissaient pas, la femme avec seulement six mois de conversion à l'islam. Notons également que, dans de nombreux cas, ces femmes sortaient d'autres relations, souvent avec des enfants, et qu'elles s’engagent parfois dans des relations avec des hommes plus jeunes qu'elles, soutenues par des exhortations telles que celles que nous avons vues sur la beauté spirituelle plus importante que le désir sexuel. Si les raisons de leur adhésion à ce type de propos s’explique non seulement par leur religiosité mais également par leur expérience de vie, on peut cependant s’interroger sur les motivations du jeune homme musulman – et sur celles de l’imam.
L’insistance mise sur le wali joue un rôle important dans le contrôle, par les hommes, de cet islam latino-américain qui convertit majoritairement les femmes, en soulignant les dimensions d’empowerment et d’agency qu’il leur confère. Le thème est développé dans le livre de témoignages et de prosélytisme latino américain que nous avons cité ci-dessus : faisant fond de la réalité d’une société latino maquée par la solidarité entre les femmes et la faible mixité des rapports sociaux, il s’agit de s’appuyer sur l’influence des femmes sur les autres femmes pour faire connaître cette religion [32]. Dans le cas du wali, il arrive qu’il soit imposé comme une obligation religieuse à des groupes de femmes par des femmes d'origine arabe ou converties qui n'ont aucun degré d'autorité religieuse ou d'études (ou qui ont des études en ligne dans l'une des différentes universités islamiques qui offrent des cours par internet [33]) se targuant d’une autorité morale et de l'ignorance sur ce thème, elles présentent cette figure comme quelque chose d'obligatoire dans le mariage « islamique », ce qu’il n’est pas, rappelle Asma Lamrabet [34], alors qu’étant dans la tradition islamique, un contrat civil il devrait logiquement prendre la forme civile du pays où il est conclu. De même, profitant de ce vide de la formation religieuse, elles offrent des cours sur le mariage en ligne ou par whatsapp, qui sont parfois facturés à des coûts élevés. Bien que ces pratiques soient dénoncées au sein de la communauté musulmane, la nécessité ressentie par des centaines de femmes d’être orientées rend ces cours très demandés [35]. Notons que les pratiques paradoxalement à la fois déviantes et encouragées d’une agency féminine qui mêle religion et business sont souvent dénoncées par des hommes eux-mêmes autoproclamés wali (car ce n’est en rien comparable à un ministère, rappelons qu’en islam il n’y a pas de corps de religieux administrant des sacrements) tel un Vénézuélien originaire d’Algérie qui diffuse de nombreuses vidéos sur youtube de disqualification de cette inventivité religieuse ou des propositions féministes prônant que le tutorat soit assumé par une femme. Ainsi certains aspects coutumiers, certes passés dans la loi dans les pays musulmans où ils poursuivent des buts de minorisation de la femme sous prétexte de normativité religieuse, sur la base d’une interprétation tendancieuse [36], sont-ils imposés comme s'il s'agissait d'une obligation religieuse.
En fait, les pays d'Amérique latine, sans racines musulmanes vivantes, sont un très bon terrain pour les groupes de prédication, qui ne rencontrent aucune résistance à la différence de ce qui se passe dans les pays musulmans majoritaires ou dans les pays où il y a une forte immigration musulmane, déjà ancienne (comme en Europe), où il est possible de rejeter le fondamentalisme soit sur les bases de la laïcité soit sur des bases théologiques enracinées dans une longue tradition islamique qui lutte constamment contre les postures les plus fondamentalistes de leur religion et n’a de cesse de dénoncer le travail idéologique et politique du wahabisme ou du frérisme, derrière son adaptabilité prétendue.
En revanche, en Amérique latine, les groupes dominants diffusent un islam standardisé, ce « pur religieux » de la version mondialisée de l'islam, que décrit Olivier Roy [37], et le présentent comme un « mode de vie » (expression née dans la nébuleuse des frères musulmans), un aspect très populaire ici, où la postmodernité et les événements politiques, sociaux et culturels ont laissé un grand vide.
Ce « mode de vie » est très facile à propager auprès de femmes converties pour qui l’islam a beaucoup à voir avec le fait d'être arabe (c'est pourquoi elles portent des robes « arabes », mangent de la nourriture arabe et écoutent de la musique arabe, sans se rendre compte que ce qu’elles choisissent a peu de rapport avec les coutumes arabes et que par ailleurs les coutumes ne sauraient être confondues avec la religion). L'exemple le plus frappant est le thème du voile qui est devenu une bannière de la musulmanité, que beaucoup de femmes converties préconisent à la lettre, alors que, comme on le découvre dans les forums des femmes musulmanes, la plupart ne s’interrogent même pas sur la dimension culturelle de cette pratique, ni sur son instrumentalisation, mais affirment fraîchement qu’une femme qui ne porte pas le voile ne peut être musulmane.
Dans cet article, nous avons parlé principalement d'un courant de l'islam, un courant dont il faut préciser qu’il ne repose pas sur une école juridique mais se définit par son prosélytisme intense sous le nom de dawa, lequel fédère des options religieuses aussi différentes que le wahabisme, le frérisme et le tabligh et que nous aimerions appeler « l’islam des mosquées », la mosquée étant la plus forte stratégie de visibilisation, parce qu'il est le plus actif en Amérique latine et que ses acteurs font un travail intense pour imposer leur vision, qui est de musulmaniser les moindres réalités de la vie, ici comme dans les pays musulmans. Le mariage est un exemple privilégié de musulmanisation d’un contrat privé sans dimension religieuse, et cela paradoxalement grâce à l’instauration d’un droit civil. Ainsi le mariage qui est une question vitale pour les communautés musulmanes en Amérique latine devient-il un exemple de contrôle et un outil pour développer la communauté.
Les commentaires de rejet de certaines femmes qui discutent le thème de la réforme faite en Tunisie du code civil dans lequel le mariage est permis entre une femme musulmane et un homme non musulman, sont un exemple clair de la façon dont ces femmes défendent un islam orthodoxe, renforcé en Amérique latine par le rejet de l'innovation (bidah) [38].
En fait, les pays d'Amérique latine, sans racines musulmanes vivantes, sont un très bon terrain pour les groupes de prédication, qui ne rencontrent aucune résistance à la différence de ce qui se passe dans les pays musulmans majoritaires ou dans les pays où il y a une forte immigration musulmane, déjà ancienne (comme en Europe), où il est possible de rejeter le fondamentalisme soit sur les bases de la laïcité soit sur des bases théologiques enracinées dans une longue tradition islamique qui lutte constamment contre les postures les plus fondamentalistes de leur religion et n’a de cesse de dénoncer le travail idéologique et politique du wahabisme ou du frérisme, derrière son adaptabilité prétendue.
En revanche, en Amérique latine, les groupes dominants diffusent un islam standardisé, ce « pur religieux » de la version mondialisée de l'islam, que décrit Olivier Roy [37], et le présentent comme un « mode de vie » (expression née dans la nébuleuse des frères musulmans), un aspect très populaire ici, où la postmodernité et les événements politiques, sociaux et culturels ont laissé un grand vide.
Ce « mode de vie » est très facile à propager auprès de femmes converties pour qui l’islam a beaucoup à voir avec le fait d'être arabe (c'est pourquoi elles portent des robes « arabes », mangent de la nourriture arabe et écoutent de la musique arabe, sans se rendre compte que ce qu’elles choisissent a peu de rapport avec les coutumes arabes et que par ailleurs les coutumes ne sauraient être confondues avec la religion). L'exemple le plus frappant est le thème du voile qui est devenu une bannière de la musulmanité, que beaucoup de femmes converties préconisent à la lettre, alors que, comme on le découvre dans les forums des femmes musulmanes, la plupart ne s’interrogent même pas sur la dimension culturelle de cette pratique, ni sur son instrumentalisation, mais affirment fraîchement qu’une femme qui ne porte pas le voile ne peut être musulmane.
Dans cet article, nous avons parlé principalement d'un courant de l'islam, un courant dont il faut préciser qu’il ne repose pas sur une école juridique mais se définit par son prosélytisme intense sous le nom de dawa, lequel fédère des options religieuses aussi différentes que le wahabisme, le frérisme et le tabligh et que nous aimerions appeler « l’islam des mosquées », la mosquée étant la plus forte stratégie de visibilisation, parce qu'il est le plus actif en Amérique latine et que ses acteurs font un travail intense pour imposer leur vision, qui est de musulmaniser les moindres réalités de la vie, ici comme dans les pays musulmans. Le mariage est un exemple privilégié de musulmanisation d’un contrat privé sans dimension religieuse, et cela paradoxalement grâce à l’instauration d’un droit civil. Ainsi le mariage qui est une question vitale pour les communautés musulmanes en Amérique latine devient-il un exemple de contrôle et un outil pour développer la communauté.
Les commentaires de rejet de certaines femmes qui discutent le thème de la réforme faite en Tunisie du code civil dans lequel le mariage est permis entre une femme musulmane et un homme non musulman, sont un exemple clair de la façon dont ces femmes défendent un islam orthodoxe, renforcé en Amérique latine par le rejet de l'innovation (bidah) [38].
Il n’en reste pas moins que le travail des entrepreneurs religieux réduit au silence les nombreuses femmes non musulmanes qui se convertissent à l'islam « par amour ». Les études sur la situation en France révèlent que c’est une raison importante pour les conversions. En Amérique Latine, ce type de conversion est irrecevable, d’emblée disqualifié par l’affirmation assénée qu'il faut se convertir dans la foi et par l’amour de dieu et non pas pour un homme. La « pureté » de la conversion se reflète dans les témoignages où la majorité des femmes déclarent s'être converties avant de se marier. Cependant les témoignages des femmes en instance de divorce, qui parfois sortent de l’islam par déception amoureuse, nous obligent à avoir une distance critique par rapport aux propos des femmes qui, restées dans l’islam, soutiennent que les questions affectives ne sont pour rien dans leur conversion. Est-il possible que les raisons de la conversion soient si différentes en Amérique latine et en Europe ? Pourquoi seules les femmes qui ont abandonné l'islam – phénomène nié par les communautés, mais qui semble fréquent et n’a cependant pas été étudié – évoquent-elles ce motif ? Quelle est la part d’endoctrinement dans la parole des femmes restées musulmanes, qu’il conviendrait de mesurer sans pour autant les réduire au silence, selon l’accusation dirigée par les associations et penseurs qui décrivent « l’islamophobie genrée » comme conduisant une nouvelle fois à l’étouffement de la parole des femmes (silencing and invisibilising) ?
Pour conclure, nous pouvons dire que le thème du mariage et l'établissement de la figure du wali sont de grande utilité pour comprendre les dynamiques de la formation des communautés musulmanes en Amérique latine, un processus complexe qui se fonde en partie sur l’activisme féminin, encadré cependant par des instances masculines qui le régulent et le canalisent par le biais d’une surenchère de normativité. Les réalités latino sont prises en compte (héritage culturel catholique, désir d’instruction et de distinction sociale, expériences douloureuses des femmes notamment avec l’alcoolisme) dans une forme d’inculturation du discours, puis ensuite niées.
Pour conclure, nous pouvons dire que le thème du mariage et l'établissement de la figure du wali sont de grande utilité pour comprendre les dynamiques de la formation des communautés musulmanes en Amérique latine, un processus complexe qui se fonde en partie sur l’activisme féminin, encadré cependant par des instances masculines qui le régulent et le canalisent par le biais d’une surenchère de normativité. Les réalités latino sont prises en compte (héritage culturel catholique, désir d’instruction et de distinction sociale, expériences douloureuses des femmes notamment avec l’alcoolisme) dans une forme d’inculturation du discours, puis ensuite niées.
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[1] L’expression Amérique latine est impropre pour une vaste région qui ne parle pas seulement des langues dites latines et qui est un véritable creuset.
[2] Abdeluahed Akmir (2009). Los árabes en América Latina, Madrid : Casa árabe-Siglo XXI.
[3] Hadith rapporté par At-Tabarâni et Al-Hâkim, n° 2681.
[4] Coran, Sourate, Al-Baqara, Verset 221 : « Et n'épousez pas les femmes associatrices tant qu'elles n'auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu'une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d'épouses aux associateurs tant qu'ils n'auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu'un associateur même s'il vous enchante. Car ceux-là (les associateurs) invitent au Feu ; tandis qu'Allah invite, de par Sa Grâce, au Paradis et au pardon Et Il expose aux gens Ses enseignements afin qu'ils se souviennent ! » Le mariage avec une personne d’une autre confession est donc interdit pour les deux sexes sous peine de nullité du mariage. Le consensus autorise cependant les hommes à épouser une femme dite « du livre » (juive ou chrétienne) à condition que figure expressément dans le contrat de mariage le droit de l’homme à islamiser son épouse.
[5] Pour ce travail, nous avons interviewé des femmes converties au Mexique, au Pérou, en Colombie, au Costa Rica, au Panama et au Chili via Internet. En même temps un travail exhaustif a été fait dans différents réseaux sociaux, des groupes tels que le Matrimonio Halal, Quien es mi habibi, Mujeres en busca de su halal, Chicas en busca de su halal, El islam en México, Islam Latino, etc. Des pages dédiées à la recherche d'un mari musulman ont été explorées comme Visa por amor. Nous avons mené des entretiens avec plusieurs hommes qui servent de wali. Par respect pour la vie privée des personnes impliquées, les noms n'apparaîtront pas, sauf dans les cas où nous avons été autorisés à le faire.
[6] Même l’Arabie saoudite, dont le Coran et la Sunna sont la constitution, a adopté en 1992 la Loi fondamentale sur le gouvernement, pour préciser le cadre institutionnel.
[7] Cet article n’évoque que des personnes majeures, car le mariage avec des mineurs est une question complexe que nous laisserons de côté pour l'instant.
[8] La nécessité de son autorisation est tirée de l’interprétation de Coran 2 ; 232 : « Et quand vous divorcez d’avec vos épouses et que leur délai expire, ne les empêchez (la taadilouhouna) pas de se re-marier avec leur époux s’ils se sont mis d’accord conformément aux usages ».
[9] Le caractère non religieux de cet office apparaît clairement dans le fait que, par exemple, une femme peut le célébrer – alors qu’elle ne pourrait officier pour un enterrement. C’est le cas de l’imame danoise Sherin Khankan ou Amina Teslima al-Yerráhi (Edlín Ortiz Graham) qui dirige l’ordre soufi Nur Ashki al Yerráhi de Mexico.
[10] « Une femme se propose au Prophète, qui ne veut pas d’elle. Mais un homme présent demande au Prophète de la prendre, lui, pour épouse. Comme il ne possède que la chemise qu’il porte sur lui et qu’il ne peut pas offrir a la femme, le Prophète lui propose d’offrir en dot les deux versets du Coran qu’il a appris par cœur. Et le mariage est célébré sur ces entre-faits. »
[11] Muhámmed Salih al-Munáyyid, « Requisitos del guardián musulmán (wali) » Islam Question and Answer. Recupéré de https://islamqa.info/es/2127, consulté le 2 avril 2018.
[12] La liste n’est pas exhaustive ; de ces financements nous avons de nombreux témoignages convergents. Il semble que l’ISESCO finance aussi au titre d’activités culturelles.
[13] Entretien du 5 décembre 2017.
[14] Témoignage récupéré sur le groupe Facebook Verifica si es habibi de alguien más.
[15] L’appellation « sœur » connote largement la musulmanité dans les forums.
[16] Sourate An-Nisâ’, 4.
[17] « chéri » en arabe. C’est le terme qu’emploient souvent les converties, non arabisantes, et qui donne leur titre à certaines pages. Là encore il connote la musulmanité et entretient la confusion musulmanité / arabité.
[18] Conversation sur le forum Musulmanas latinas. http://musulmanaslatinas.com/.
[19] Il y aurait un travail à faire sur la place du tabligh dans la configuration de l’islam latino-américain, c’est-à-dire sur un islam non arabe qui insiste sur la mission et non sur le djihad, y compris dans sa dimension spirituelle.
[20] Voir https://www.facebook.com/peruanosenegipto/posts/335706656533868 et http://www.musulmanaslatinas.com/blog/2017/01/24/contrato-orfi-una-violacion-los-derechos-la-mujer/.
[21] Sileje Saliha Telum (2016). Why urfi ? An examining study of urfi marriage in Egypt and its causalities. Department of Culture Studies and Oriental Languages, The University of Oslo Faculty of Humanities.
[22] Le seul fait que l’ambassade se saisisse du problème en révèle l’ampleur.
[23] Voir Stéphane Papi, « Les mariages à la fātiḥa et le droit français », Revue du droit des religions, Presses Universitaires de Strasbourg, dossier « Laïcité, la nouvelle frontière », n°4, novembre 2017, p. 129-140.
[24] Abdul Karim Paz (s/f) « Mandatos sobre el matrimonio. An-Nikah ». Islam Oriente. Récupéré de http://faq.islamoriente.com/node/250
[25] https://www.youtube.com/watch?v=FxOg_6YdazM.
[26] Elizabeth Barbossa (2005). The Brazilian Telenovela « El Clon » : An Analysis of Viewers' Online Vicarious and Virtual Learning Experience. Lynn University.
[27] Muhammed Isa García. Waly. https://www.facebook.com/isa.garcia.1675/posts/10154615229445776.
[28] Nous ne le savons explicitement que pour l’islam latino des États-Unis, voir Latino Muslims : Our Journeys to Islam, éd. Juan Galvan (CreateSpace Independent Publishing Platform, 2017).
[29] Il faudrait faire un article sur la langue singulière de ces convertis, pour qui l’arabe est le marqueur de leur bonne islamité. Leurs propos sont ponctués de termes arabes.
[30] http://www.pictame.com.
[31] Publication sur le groupe Facebook Es mi habibi de alguien más.
[32] Latino Muslims : Our Journeys to Islam, op. cit., p. 23.
[33] Par exemple l’Instituto Alif, Estudios Islámicos y de Lengua Árabe.
[34] http://www.asma-lamrabet.com/articles/la-notion-de-wali-ou-tuteur-dans-la-jurisprudence-islamique/
[35] Par exemple une femme identifiée comme Neloofar qui a un site web ainsi qu'une chaîne YouTube où elle enseigne des cours sur l'islam et le mariage http://neloofarislam.blogspot.mx/. En revanche dans le cas du wali de Piura dont nous avons parlé ci-dessus, son épouse donne aussi des cours, servant de rabatteuse pour son époux.
[36] Rappelons qu’en dehors de rares cas comme l’Arabie saoudite, le droit des pays musulmans n’est pas musulman, sauf pour ce qui est du droit personnel. Pour le mariage en Algérie, voir http://www.cicade.org/wp-content/uploads/2015/07/Le-mariage-en-droit-alg%C3%A9rien.pdf.
[37] Olivier Roy (2008). La Sainte Ignorance (Paris : Seuil).
[38] Ricar Gonzalez « Túnez, primer paísárabe en permitir el matrimoniomixto a las musulmanas ». https://elpais.com/internacional/2017/09/14/actualidad/1505402323_502155.html.
[1] L’expression Amérique latine est impropre pour une vaste région qui ne parle pas seulement des langues dites latines et qui est un véritable creuset.
[2] Abdeluahed Akmir (2009). Los árabes en América Latina, Madrid : Casa árabe-Siglo XXI.
[3] Hadith rapporté par At-Tabarâni et Al-Hâkim, n° 2681.
[4] Coran, Sourate, Al-Baqara, Verset 221 : « Et n'épousez pas les femmes associatrices tant qu'elles n'auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu'une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d'épouses aux associateurs tant qu'ils n'auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu'un associateur même s'il vous enchante. Car ceux-là (les associateurs) invitent au Feu ; tandis qu'Allah invite, de par Sa Grâce, au Paradis et au pardon Et Il expose aux gens Ses enseignements afin qu'ils se souviennent ! » Le mariage avec une personne d’une autre confession est donc interdit pour les deux sexes sous peine de nullité du mariage. Le consensus autorise cependant les hommes à épouser une femme dite « du livre » (juive ou chrétienne) à condition que figure expressément dans le contrat de mariage le droit de l’homme à islamiser son épouse.
[5] Pour ce travail, nous avons interviewé des femmes converties au Mexique, au Pérou, en Colombie, au Costa Rica, au Panama et au Chili via Internet. En même temps un travail exhaustif a été fait dans différents réseaux sociaux, des groupes tels que le Matrimonio Halal, Quien es mi habibi, Mujeres en busca de su halal, Chicas en busca de su halal, El islam en México, Islam Latino, etc. Des pages dédiées à la recherche d'un mari musulman ont été explorées comme Visa por amor. Nous avons mené des entretiens avec plusieurs hommes qui servent de wali. Par respect pour la vie privée des personnes impliquées, les noms n'apparaîtront pas, sauf dans les cas où nous avons été autorisés à le faire.
[6] Même l’Arabie saoudite, dont le Coran et la Sunna sont la constitution, a adopté en 1992 la Loi fondamentale sur le gouvernement, pour préciser le cadre institutionnel.
[7] Cet article n’évoque que des personnes majeures, car le mariage avec des mineurs est une question complexe que nous laisserons de côté pour l'instant.
[8] La nécessité de son autorisation est tirée de l’interprétation de Coran 2 ; 232 : « Et quand vous divorcez d’avec vos épouses et que leur délai expire, ne les empêchez (la taadilouhouna) pas de se re-marier avec leur époux s’ils se sont mis d’accord conformément aux usages ».
[9] Le caractère non religieux de cet office apparaît clairement dans le fait que, par exemple, une femme peut le célébrer – alors qu’elle ne pourrait officier pour un enterrement. C’est le cas de l’imame danoise Sherin Khankan ou Amina Teslima al-Yerráhi (Edlín Ortiz Graham) qui dirige l’ordre soufi Nur Ashki al Yerráhi de Mexico.
[10] « Une femme se propose au Prophète, qui ne veut pas d’elle. Mais un homme présent demande au Prophète de la prendre, lui, pour épouse. Comme il ne possède que la chemise qu’il porte sur lui et qu’il ne peut pas offrir a la femme, le Prophète lui propose d’offrir en dot les deux versets du Coran qu’il a appris par cœur. Et le mariage est célébré sur ces entre-faits. »
[11] Muhámmed Salih al-Munáyyid, « Requisitos del guardián musulmán (wali) » Islam Question and Answer. Recupéré de https://islamqa.info/es/2127, consulté le 2 avril 2018.
[12] La liste n’est pas exhaustive ; de ces financements nous avons de nombreux témoignages convergents. Il semble que l’ISESCO finance aussi au titre d’activités culturelles.
[13] Entretien du 5 décembre 2017.
[14] Témoignage récupéré sur le groupe Facebook Verifica si es habibi de alguien más.
[15] L’appellation « sœur » connote largement la musulmanité dans les forums.
[16] Sourate An-Nisâ’, 4.
[17] « chéri » en arabe. C’est le terme qu’emploient souvent les converties, non arabisantes, et qui donne leur titre à certaines pages. Là encore il connote la musulmanité et entretient la confusion musulmanité / arabité.
[18] Conversation sur le forum Musulmanas latinas. http://musulmanaslatinas.com/.
[19] Il y aurait un travail à faire sur la place du tabligh dans la configuration de l’islam latino-américain, c’est-à-dire sur un islam non arabe qui insiste sur la mission et non sur le djihad, y compris dans sa dimension spirituelle.
[20] Voir https://www.facebook.com/peruanosenegipto/posts/335706656533868 et http://www.musulmanaslatinas.com/blog/2017/01/24/contrato-orfi-una-violacion-los-derechos-la-mujer/.
[21] Sileje Saliha Telum (2016). Why urfi ? An examining study of urfi marriage in Egypt and its causalities. Department of Culture Studies and Oriental Languages, The University of Oslo Faculty of Humanities.
[22] Le seul fait que l’ambassade se saisisse du problème en révèle l’ampleur.
[23] Voir Stéphane Papi, « Les mariages à la fātiḥa et le droit français », Revue du droit des religions, Presses Universitaires de Strasbourg, dossier « Laïcité, la nouvelle frontière », n°4, novembre 2017, p. 129-140.
[24] Abdul Karim Paz (s/f) « Mandatos sobre el matrimonio. An-Nikah ». Islam Oriente. Récupéré de http://faq.islamoriente.com/node/250
[25] https://www.youtube.com/watch?v=FxOg_6YdazM.
[26] Elizabeth Barbossa (2005). The Brazilian Telenovela « El Clon » : An Analysis of Viewers' Online Vicarious and Virtual Learning Experience. Lynn University.
[27] Muhammed Isa García. Waly. https://www.facebook.com/isa.garcia.1675/posts/10154615229445776.
[28] Nous ne le savons explicitement que pour l’islam latino des États-Unis, voir Latino Muslims : Our Journeys to Islam, éd. Juan Galvan (CreateSpace Independent Publishing Platform, 2017).
[29] Il faudrait faire un article sur la langue singulière de ces convertis, pour qui l’arabe est le marqueur de leur bonne islamité. Leurs propos sont ponctués de termes arabes.
[30] http://www.pictame.com.
[31] Publication sur le groupe Facebook Es mi habibi de alguien más.
[32] Latino Muslims : Our Journeys to Islam, op. cit., p. 23.
[33] Par exemple l’Instituto Alif, Estudios Islámicos y de Lengua Árabe.
[34] http://www.asma-lamrabet.com/articles/la-notion-de-wali-ou-tuteur-dans-la-jurisprudence-islamique/
[35] Par exemple une femme identifiée comme Neloofar qui a un site web ainsi qu'une chaîne YouTube où elle enseigne des cours sur l'islam et le mariage http://neloofarislam.blogspot.mx/. En revanche dans le cas du wali de Piura dont nous avons parlé ci-dessus, son épouse donne aussi des cours, servant de rabatteuse pour son époux.
[36] Rappelons qu’en dehors de rares cas comme l’Arabie saoudite, le droit des pays musulmans n’est pas musulman, sauf pour ce qui est du droit personnel. Pour le mariage en Algérie, voir http://www.cicade.org/wp-content/uploads/2015/07/Le-mariage-en-droit-alg%C3%A9rien.pdf.
[37] Olivier Roy (2008). La Sainte Ignorance (Paris : Seuil).
[38] Ricar Gonzalez « Túnez, primer paísárabe en permitir el matrimoniomixto a las musulmanas ». https://elpais.com/internacional/2017/09/14/actualidad/1505402323_502155.html.