Les Cahiers d’Études du Religieux-Recherches Interdisciplinaires (CIER) consacre un numéro spécial, juillet 2012, aux « rapports qu'entretiennent avec le cinéma les trois religions monothéistes ». Il s'agit, pour les auteurs, de problématiser et d'interroger dans le champ des sciences humaines le rapport des deux termes, monothéismes et cinéma, dont l'association peut paraître étrange, voire laisser perplexe.
Le rapport des trois religions monothéistes au cinéma est très souvent perçu et représenté, selon Dominique Avon, qui dirige ce numéro spécial, comme négatif, voire sous l'angle réducteur du "trouble à l'ordre public" ou de "l'atteinte aux bonnes mœurs". Certes, si l'on se réfère, à titre d'exemple, aux procès récemment engagés et médiatisés contre certains réalisateurs ou acteurs dans la Tunisie post-Ben Ali, dans l'Egypte post-Moubarak ou encore en Iran, la question sera vite tranchée et la réponse sans appel : les religions monothéistes sont en conflits permanents avec le monde du cinéma.
Mais, cette grille de lecture opposant une cinéphobie à une cinéphilie est largement relativisée par les contributeurs de ce dossier spécial.
Pour souligner la relativité et la dimension subjective de cette opposition entre religions monothéistes et cinéma, Sabine Salhab s’interroge, dans sa contribution intitulée « Islam, judaisme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires », sur le lien entre les communautés juives et musulmanes et l’image cinématographique. Il s’agit pour l’auteure de savoir si la « méfiance d’une partie de ces communautés et notamment de leurs composantes les plus rigoristes envers l’image, considérée comme un moyen d’expression au mieux moins noble que d’autres formes d’art, au pire comme un divertissement immoral et à proscrire par tous les moyens » n’a pas été un frein à « l’implantation de ce médium dans certaines sociétés ». C’est dans cette perspective qu’elle pose la question du « statut de l’image » en Islam et celle du rapport entre « judaïsme et cinéma ». Concernant le « statut de l’image » en Islam, il soulève, selon Sabine Salhab, la question de la « représentation de la figure et plus particulièrement du domaine du sacré ». Une question qu’elle met en exergue à travers deux « affaires » récentes ayant bouleversée une partie des fidèles musulmans, dans le monde.
La première, comme on pourrait s’y attendre, est liée aux caricatures « mettant en scène le prophète Mohammad » réalisées par des caricaturistes danois et repris en 2006 à travers le monde, et, la seconde affaire, « moins mondialisée » que la première, est relative au film d’animation Persépolis de Vincent Paronnaud et de Marjane Satrapi. Un film, couronné au festival de Cannes (2007) ainsi que lors de la cérémonie des Césars (2008), relatant « la révolution de 1979 et la prise du pouvoir par le régime de Khomeiny à travers les yeux ». La diffusion de ce film, le 7 octobre 2011, par la chaîne de télévision tunisienne Nessma a été à l’origine de l’attaque « du siège de la chaîne à Tunis puis de la maison de Nabil Karoui son directeur ». Dans la même foulée, le directeur fut poursuivi pour « atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes mœurs et troubles à l’ordre public ».
Mais, comme l’écrit notre auteure, « dans les deux cas il s’agit d’images particulières, images de Dieu et du prophète de l’islam, images sacrées utilisées à des fins non religieuses. Ces réactions ne sont donc pas forcément symptomatiques d’un refus total de toute expression figurative, loin de là, les faits le prouvent dans les pays à majorité musulmane ». En effet, ces réactions loin de s’opposer à toute représentation figurative –du sacré, réclament une représentation respectueuse du sacré. Autrement dit, une représentation figurative dans les limites du sacré. En d’autres termes, les réactions des fidèles nous renvoient à la problématique de fond signalée à juste titre par Dominique Avon. À savoir, « quelles sont les misions prioritaires du cinéma : l’éthique ou l’esthétique, le réel ou le rêve, l’ « existence » ou l’ « essence » »?
Concernant l’opposition, en climat islamique, à une représentation figurative de Dieu, des prophètes, etc., l’auteure rappelle que sa « source n’a rien d’exclusivement musulman, elle plonge ses racines dans la méfiance des monothéismes envers toute forme d’idolâtrie, déjà expressément interdite par le troisième commandement de la Bible. Les lectures les plus fréquentes du Coran conduisent ainsi à prohiber les pratiques païennes de l’adoration des images sans formuler précisément un interdit figuratif. ».
Concernant les versets coraniques, Sabine Salhab signale que « certains théologiens musulmans prennent » ces derniers à la lettre, et « vont même jusqu’à interdire l’usage des poupées. Des exceptions sont cependant tolérées, notamment dans le cas où un esprit vivant n’est pas concerné. L’artiste peut ainsi figurer des arbres, des fleurs, des objets »
Le rapport des trois religions monothéistes au cinéma est très souvent perçu et représenté, selon Dominique Avon, qui dirige ce numéro spécial, comme négatif, voire sous l'angle réducteur du "trouble à l'ordre public" ou de "l'atteinte aux bonnes mœurs". Certes, si l'on se réfère, à titre d'exemple, aux procès récemment engagés et médiatisés contre certains réalisateurs ou acteurs dans la Tunisie post-Ben Ali, dans l'Egypte post-Moubarak ou encore en Iran, la question sera vite tranchée et la réponse sans appel : les religions monothéistes sont en conflits permanents avec le monde du cinéma.
Mais, cette grille de lecture opposant une cinéphobie à une cinéphilie est largement relativisée par les contributeurs de ce dossier spécial.
Pour souligner la relativité et la dimension subjective de cette opposition entre religions monothéistes et cinéma, Sabine Salhab s’interroge, dans sa contribution intitulée « Islam, judaisme et cinéma. Interdits religieux, questionnements identitaires », sur le lien entre les communautés juives et musulmanes et l’image cinématographique. Il s’agit pour l’auteure de savoir si la « méfiance d’une partie de ces communautés et notamment de leurs composantes les plus rigoristes envers l’image, considérée comme un moyen d’expression au mieux moins noble que d’autres formes d’art, au pire comme un divertissement immoral et à proscrire par tous les moyens » n’a pas été un frein à « l’implantation de ce médium dans certaines sociétés ». C’est dans cette perspective qu’elle pose la question du « statut de l’image » en Islam et celle du rapport entre « judaïsme et cinéma ». Concernant le « statut de l’image » en Islam, il soulève, selon Sabine Salhab, la question de la « représentation de la figure et plus particulièrement du domaine du sacré ». Une question qu’elle met en exergue à travers deux « affaires » récentes ayant bouleversée une partie des fidèles musulmans, dans le monde.
La première, comme on pourrait s’y attendre, est liée aux caricatures « mettant en scène le prophète Mohammad » réalisées par des caricaturistes danois et repris en 2006 à travers le monde, et, la seconde affaire, « moins mondialisée » que la première, est relative au film d’animation Persépolis de Vincent Paronnaud et de Marjane Satrapi. Un film, couronné au festival de Cannes (2007) ainsi que lors de la cérémonie des Césars (2008), relatant « la révolution de 1979 et la prise du pouvoir par le régime de Khomeiny à travers les yeux ». La diffusion de ce film, le 7 octobre 2011, par la chaîne de télévision tunisienne Nessma a été à l’origine de l’attaque « du siège de la chaîne à Tunis puis de la maison de Nabil Karoui son directeur ». Dans la même foulée, le directeur fut poursuivi pour « atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes mœurs et troubles à l’ordre public ».
Mais, comme l’écrit notre auteure, « dans les deux cas il s’agit d’images particulières, images de Dieu et du prophète de l’islam, images sacrées utilisées à des fins non religieuses. Ces réactions ne sont donc pas forcément symptomatiques d’un refus total de toute expression figurative, loin de là, les faits le prouvent dans les pays à majorité musulmane ». En effet, ces réactions loin de s’opposer à toute représentation figurative –du sacré, réclament une représentation respectueuse du sacré. Autrement dit, une représentation figurative dans les limites du sacré. En d’autres termes, les réactions des fidèles nous renvoient à la problématique de fond signalée à juste titre par Dominique Avon. À savoir, « quelles sont les misions prioritaires du cinéma : l’éthique ou l’esthétique, le réel ou le rêve, l’ « existence » ou l’ « essence » »?
Concernant l’opposition, en climat islamique, à une représentation figurative de Dieu, des prophètes, etc., l’auteure rappelle que sa « source n’a rien d’exclusivement musulman, elle plonge ses racines dans la méfiance des monothéismes envers toute forme d’idolâtrie, déjà expressément interdite par le troisième commandement de la Bible. Les lectures les plus fréquentes du Coran conduisent ainsi à prohiber les pratiques païennes de l’adoration des images sans formuler précisément un interdit figuratif. ».
Concernant les versets coraniques, Sabine Salhab signale que « certains théologiens musulmans prennent » ces derniers à la lettre, et « vont même jusqu’à interdire l’usage des poupées. Des exceptions sont cependant tolérées, notamment dans le cas où un esprit vivant n’est pas concerné. L’artiste peut ainsi figurer des arbres, des fleurs, des objets »
L’image des figures coraniques à l’écran…
La filmographie sur la vie de Jésus et de ses apôtres est abondante et variée. Des films dans lesquels la question d’une représentation figurative du Christ ne se pose pas. Dans le cas de l’islam, l’auteure rappelle que la question de la représentation figurative du Prophète, au cinéma, s’est posée dès les débuts du cinéma égyptien. En effet, lorsque la « société de production allemande Markos veut produire en 1925 un film intitulé "Le Prophète". Atatürk est prêt à financer le projet. Le réalisateur, Wedad Orfy se rend en Égypte afin de trouver un acteur arabe pouvant interpréter le rôle de Mohammad. Youssef Wahbi, l’acteur sélectionné s’étant exprimé dans la presse, ce projet suscite dès lors une très grosse polémique ainsi que l’hostilité de l’Université d’al-Azhar. Le projet est suspendu. D’autres films religieux sont réalisés par la suite mais ils ne vont pas jusqu’à représenter le prophète de l’islam ou même al-Khoulafa’ al-Rachidoun ».
Après cet épisode, le cinéma égyptien, précurseur dans le monde musulman, prendra des précautions dans le domaine de la représentation figurative à travers, notamment, la méthode de la « caméra subjective ». C’est ainsi qu’en 1961, la « censure égyptienne permet le tournage du film Mawkeb el-nour (« Le cortège de lumière ») qui met en scène le personnage d’Omar Ibn al-Khattab, toujours filmé de dos. En 1962, Hamza Ibn Abd al-Motalleb l’oncle de Mohammad, apparaît dans le film Hijrat al-rassoul (« L’exil du Prophète »). Il faut également citer le film al-Rissâla (« Le message ») réalisé en 1976 par Moustapha Akkad grâce à des fonds saoudiens et koweïtiens et tourné simultanément en anglais et en arabe avec le soutien de l’Université d’al-Azhar. Le prophète Mohammad et Ali Ibn Abi Taleb y sont représentés grâce à la technique de la caméra subjective. ». Des films retraçant « la vie du prophète de l’islam en le figurant par une caméra subjective ainsi qu’une voix off. Cet ultime tabou sur la représentation du ou des prophètes n’a pas empêché l’essor du cinéma dans la plupart des pays à majorité musulmane, et ce dès son invention à la fin du XIXe siècle ».
Après cet épisode, le cinéma égyptien, précurseur dans le monde musulman, prendra des précautions dans le domaine de la représentation figurative à travers, notamment, la méthode de la « caméra subjective ». C’est ainsi qu’en 1961, la « censure égyptienne permet le tournage du film Mawkeb el-nour (« Le cortège de lumière ») qui met en scène le personnage d’Omar Ibn al-Khattab, toujours filmé de dos. En 1962, Hamza Ibn Abd al-Motalleb l’oncle de Mohammad, apparaît dans le film Hijrat al-rassoul (« L’exil du Prophète »). Il faut également citer le film al-Rissâla (« Le message ») réalisé en 1976 par Moustapha Akkad grâce à des fonds saoudiens et koweïtiens et tourné simultanément en anglais et en arabe avec le soutien de l’Université d’al-Azhar. Le prophète Mohammad et Ali Ibn Abi Taleb y sont représentés grâce à la technique de la caméra subjective. ». Des films retraçant « la vie du prophète de l’islam en le figurant par une caméra subjective ainsi qu’une voix off. Cet ultime tabou sur la représentation du ou des prophètes n’a pas empêché l’essor du cinéma dans la plupart des pays à majorité musulmane, et ce dès son invention à la fin du XIXe siècle ».
Le cinéma dans le monde à majorité musulmane….
À la suite de cette première partie où le monde du cinéma est confronté à la question du sacré et de sa représentation, Sabine Salhab nous retrace l’immersion et l’évolution du cinéma dans les sociétés musulmanes. Une immersion qui commence en Egypte « dès 1896, quelques mois après la date de naissance officielle du cinéma » par le biais d’une projection cinématographique au Caire.
Une projection qui sera suivie de la construction de « nombreuses salles de cinéma » à « Alexandrie et au Caire avant la Première Guerre mondiale ». Le même mouvement s’opérera dans les pays du croissant fertile et du Maghreb. Les « premières salles de cinéma sont ainsi inaugurées dans ce qui deviendra la Turquie, la Syrie, la Palestine mandataire et la Tunisie dès 1908, le Liban et l’Irak en 1909. On y projette également des films occidentaux en l’absence de production locale. La chute de l’Empire ottoman inaugure la période des mandats qui ralentit considérablement l’émergence de cinémas nationaux. La colonisation française dans les pays du Maghreb, ne permet pas le développement de cinématographies locales. Les cinémas maghrébins prennent leur essor après les indépendances, en 1956 pour la Tunisie et le Maroc, en 1962 pour l’Algérie ».
Concernant la cinématographie locale, il faut attendre l’avènement, dans les années 1930, du cinéma parlant pour qu’elle prenne son envol. Ainsi, des studios de production et de réalisation verront le jour en Egypte sous la houlette de Talaat Harb. Des studios qui allaient permettre « la réalisation de grosses productions avec lesquelles le géant égyptien inonde le marché moyen-oriental. Le cinéma est alors le secteur industriel numéro deux, en terme de rentabilité, juste derrière le textile ». Un cinéma qui allait faire son succès par le biais du mariage de la « parole, de la musique et du chant », en puisant dans la riche musicographie orientale.
À la même période le cinéma prend son essor en Iran. En effet, dès 1900 « des films sont réalisés et projetés à la cour à la demande du Shah. La première salle de cinéma y est inaugurée en 1904. Les salles se multiplient à partir des années 1920 aussi bien à Téhéran qu’en province. Elles ne sont mixtes qu’en 1928 avec une partie réservée aux femmes et une autre aux hommes de part et d’autre de l’allée centrale. Cinquante-huit films sont produits en Iran entre 1949 et 1955. Même la révolution de 1979 ne met pas un terme à ce dynamisme malgré l’hostilité de certains mollahs qui l’associent à « l’Occident » et à son « influence corruptrice » ». Le cinéma sera même utilisé, selon l’auteure, par Khomeiny pour propager les idéaux de la révolution islamique.
En ce concerne les pays du Golfe, le développement du cinéma est moindre en comparaison des pays mentionnés ci-dessus. Et l’Arabie Saoudite reste le seul pays de cette région n’ayant pas de salle de cinéma –en tout cas officielle, et où la pratique cinématographique est perçue « comme étant contraire aux bonnes mœurs ». Pour Sabine Salhab, ce ne sont pas les religieux qui sont à la source, dans les pays du Golfe, de cet état de fait. Il s’explique, particulièrement, par le « coût très élevé de la production cinématographique ainsi que le poids de la censure et l’absence de tradition cinématographique ». Des données objectives qui « handicapent les aspirants réalisateurs », mais si, signale l’auteure, le « festival des cinémas du Golfe qui se tient annuellement à Dubaï depuis 2008 révèle cependant des cinéastes qui s’attaquent le plus souvent à des sujets de société comme le mariage forcé ou encore la question du voile. Le Doha Film Institute qui organise un festival du film arabe depuis 2009 illustre également le récent dynamisme de la région » en matière de réalisation cinématographique.
Une projection qui sera suivie de la construction de « nombreuses salles de cinéma » à « Alexandrie et au Caire avant la Première Guerre mondiale ». Le même mouvement s’opérera dans les pays du croissant fertile et du Maghreb. Les « premières salles de cinéma sont ainsi inaugurées dans ce qui deviendra la Turquie, la Syrie, la Palestine mandataire et la Tunisie dès 1908, le Liban et l’Irak en 1909. On y projette également des films occidentaux en l’absence de production locale. La chute de l’Empire ottoman inaugure la période des mandats qui ralentit considérablement l’émergence de cinémas nationaux. La colonisation française dans les pays du Maghreb, ne permet pas le développement de cinématographies locales. Les cinémas maghrébins prennent leur essor après les indépendances, en 1956 pour la Tunisie et le Maroc, en 1962 pour l’Algérie ».
Concernant la cinématographie locale, il faut attendre l’avènement, dans les années 1930, du cinéma parlant pour qu’elle prenne son envol. Ainsi, des studios de production et de réalisation verront le jour en Egypte sous la houlette de Talaat Harb. Des studios qui allaient permettre « la réalisation de grosses productions avec lesquelles le géant égyptien inonde le marché moyen-oriental. Le cinéma est alors le secteur industriel numéro deux, en terme de rentabilité, juste derrière le textile ». Un cinéma qui allait faire son succès par le biais du mariage de la « parole, de la musique et du chant », en puisant dans la riche musicographie orientale.
À la même période le cinéma prend son essor en Iran. En effet, dès 1900 « des films sont réalisés et projetés à la cour à la demande du Shah. La première salle de cinéma y est inaugurée en 1904. Les salles se multiplient à partir des années 1920 aussi bien à Téhéran qu’en province. Elles ne sont mixtes qu’en 1928 avec une partie réservée aux femmes et une autre aux hommes de part et d’autre de l’allée centrale. Cinquante-huit films sont produits en Iran entre 1949 et 1955. Même la révolution de 1979 ne met pas un terme à ce dynamisme malgré l’hostilité de certains mollahs qui l’associent à « l’Occident » et à son « influence corruptrice » ». Le cinéma sera même utilisé, selon l’auteure, par Khomeiny pour propager les idéaux de la révolution islamique.
En ce concerne les pays du Golfe, le développement du cinéma est moindre en comparaison des pays mentionnés ci-dessus. Et l’Arabie Saoudite reste le seul pays de cette région n’ayant pas de salle de cinéma –en tout cas officielle, et où la pratique cinématographique est perçue « comme étant contraire aux bonnes mœurs ». Pour Sabine Salhab, ce ne sont pas les religieux qui sont à la source, dans les pays du Golfe, de cet état de fait. Il s’explique, particulièrement, par le « coût très élevé de la production cinématographique ainsi que le poids de la censure et l’absence de tradition cinématographique ». Des données objectives qui « handicapent les aspirants réalisateurs », mais si, signale l’auteure, le « festival des cinémas du Golfe qui se tient annuellement à Dubaï depuis 2008 révèle cependant des cinéastes qui s’attaquent le plus souvent à des sujets de société comme le mariage forcé ou encore la question du voile. Le Doha Film Institute qui organise un festival du film arabe depuis 2009 illustre également le récent dynamisme de la région » en matière de réalisation cinématographique.
Sur les thématiques cinématographiques….
Pour terminer, l’auteure signale que « la religion musulmane, malgré sa place centrale dans les sociétés orientales, n’est que l’un des paradigmes qui façonnent le cinéma du monde à majorité musulmane ». Les thématiques traitées et mises en scène sont hétérogènes et éclectiques, touchant, le plus souvent, à des « enjeux nationaux », la « pratique de l’islam dans ces sociétés fortement traditionnelles étant de l’ordre de l’évidence ». Difficile dans ces conditions de parler d’un « cinéma identitaire musulman ». Par conséquent selon Sabine Salhab, l’islam « malgré un lien fort avec la culture arabe est une religion à la force centrifuge allant vers une conception très ouverte de l’oumma musulmane. Cette hétérogénéité fort marquée d’un pays à un autre s’accentue lorsque l’on aborde les cinématographies iranienne et turque par le fait de l’absence de l’arabe comme langue commune de tournage, mais également en raison de la présence de références culturelles et esthétiques propres à ces civilisations. Le fossé culturel est encore plus frappant si l’on se penche sur le cas de cinémas de pays à majorité musulmane comme l’Indonésie ou encore le Pakistan, non traités dans cet article ou encore de pays d’Afrique noire à forte population musulmane comme le Nigeria dont la production cinématographique est classée deuxième mondiale derrière Bollywood (Inde) et devant Hollywood (États-Unis) par le rapport 2009 de l’UNESCO.»
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Ce dossier spécial, monothéismes et cinéma, est accessible par le lien suivant : http://cerri.revues.org/1054
La viédo ci-dessus du cinéaste égyptien Youssef Chahine (m. 2008) touchait déjà, en 1990, à certaines questions traitées par Sabine Salhab dans le cadre du dossier spécial que nous présente les CIER.
Vous avez la possibilité de télécharger ci-dessous, format pdf, l'article de Sabine Salhab dont nous venons de parcourir les idées-forces.
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Ce dossier spécial, monothéismes et cinéma, est accessible par le lien suivant : http://cerri.revues.org/1054
La viédo ci-dessus du cinéaste égyptien Youssef Chahine (m. 2008) touchait déjà, en 1990, à certaines questions traitées par Sabine Salhab dans le cadre du dossier spécial que nous présente les CIER.
Vous avez la possibilité de télécharger ci-dessous, format pdf, l'article de Sabine Salhab dont nous venons de parcourir les idées-forces.