Marie-France Mourrégot est l'auteure d'un livre fondamental et incontournable sur la connaissance de L'islam à l'Ile de la Réunion (et donc en France). Quelles sont les spécificités de cet islam ? Les défis et enjeux qu’il affronte ? Son histoire ? Ses convergences et divergences avec l’islam en métropole ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans cette Rencontre.
Rencontre réalisée par Youssouf T. Sangaré pour Les cahiers de l'islam.
Marie-France Mourrégot
Après des études de langue arabe et de civilisation islamique à l'Institut des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et à la Sorbonne, Marie-France Mourrégot a consacré ses recherches à la communauté sunnite, d'origine indienne, de l'île de la Réunion. Docteur en Anthropologie sociale et historique à l'EHESS de Paris, elle est associée à un groupe de recherches sur les minorités musulmanes en diaspora. Sa thèse de doctorat, réalisée sous la direction de Marc Gaborieau, est intitulée: « Une Alchimie à la gloire d'Allah : stratégies commerciales et institutions religieuses à l'île de la Réunion ». Elle a participé en octobre 2012 au Centre d'Etudes islamiques à Oxford à un Colloque International sur la Tablighi Jamaat.
Les Cahiers de l’islam : En métropole un problème sémantique est souvent posé : islam de France ou islam en France ? Avez-vous été confrontée à ce type de problématique en ce qui concerne l’île de la Réunion ? Faut-il parler de l’islam de ou à l’île de la Réunion ? Les musulmans de cette île entrent-ils dans des débats de ce type ?
Marie-France Mourrégot : En métropole, cette interrogation est récurrente. Il arrive même que la question soit posée par la plus haute autorité de l’Etat, signe de l’importance de l’enjeu. Souvenons-nous que lors d’un échange sur le droit de vote des étrangers aux élections municipales, pendant le débat d’entre-deux-tours en 2012, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il voulait « un islam en France et non pas un islam de France » !
Parler d’islam en France englobe une quantité de paramètres : la dimension historique de la présence musulmane dans ce pays, la conception philosophique, mais aussi administrative de cette présence. Il faut considérer la conception que l’Etat a de cette présence et la manière dont il veut la gérer, l’encadrer. L’islam en France, c’est également le regard des non-musulmans sur les musulmans et la place que la société est prête à leur reconnaître, sachant que même non pratiquant celui ou celle dont le prénom et le patronyme signent une origine potentiellement islamique est obligatoirement vu comme musulman. Le regard des musulmans sur les non-musulmans au milieu desquels ils vivent est également une composante de la problématique sur laquelle nous nous interrogeons.
Parler d’islam de France, c’est établir un constat des pratiques islamiques telles qu’elles s’observent dans ce pays particulier et qui peuvent être différentes ailleurs, c’est en quelque sorte évoquer un islam « à la française », régi par ses propres lois. Dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples que cela et il ne suffit pas de cocher des cases pour avoir une approche exacte du sujet… Personnellement, je n’ai jamais été confrontée à ce genre de problématique à La Réunion où j’ai fait un travail de terrain qui s’est étalé sur plus de dix ans. Dans ce morceau de France, trois fois plus petit que la Corse, séparé par quelque 10.000 km de Paris, où vivent plus de 840.000 personnes, les musulmans vivent en paix. Toute référence religieuse étant interdite lors des recensements, il est difficile de dire avec précision combien ils sont, vraisemblablement 5% de la population générale, toutes sensibilités confondues. En ce qui concerne leur foi, ils ne rencontrent pas les problèmes qui agitent régulièrement la société française (jusqu’à ce que des lois nouvelles bousculent leur modus vivendi), et n’entrent pas dans ce genre de débat sémantique qu’ils laissent bien volontiers à la métropole.
Les Cahiers de l’islam : Pouvez-vous nous donner quelques données historiques relatives à l’implantation de l’islam sur l’île de la Réunion ?
Marie-France Mourrégot : Comme l’Histoire nous l’apprend, quand la religion musulmane n’a pas été apportée par des conquérants, comme cela a été le cas en Inde du Nord par des Turcs, des Afghans, des Persans ou en Algérie par des Arabes, ce sont le plus souvent des commerçants qui ont islamisé les régions dans lesquelles ils prenaient leurs marques.
A La Réunion, s’il y avait bien eu des musulmans parmi les esclaves et engagés indiens sous contrat, leur statut ne leur avait pas permis de pratiquer leur religion au grand jour ni a fortiori de disposer des structures qui leur auraient permis d’être en conformité avec les normes islamiques. Ce sont les commerçants indiens, originaires de la province occidentale du Gujarat qui, ayant décidé de s’installer dans cette île où des opportunités commerciales s’offraient à eux, ont créé les institutions indispensables à la pratique de leur foi.
Fuyant les conditions de vie difficiles en Inde au milieu du XIXème siècle, les Gujaratis ont émigré en quête d’une vie meilleure notamment en Afrique de l’Est et du Sud et dans l’archipel des Mascareignes constituant une diaspora dont les liens familiaux, commerciaux resteront forts. L’émigration gujaratie à La Réunion se caractérise par son homogénéité : les hommes jeunes qui embarquent à Bombay sont tous originaires des mêmes districts Ankleswar (Surat) et Bharutch, sont issus des mêmes familles et ont la même origine sociale, en majorité paysanne. L’homogénéité de cette émigration sera déterminante dans la réussite économique et dans l’organisation religieuse de la communauté qu’ils ont construite autour de l’islam.
Confirmée par le Traité de Paris de 1814, l’appartenance de l’île de France, redevenue Mauritius, à la couronne britannique la prédisposait à des relations privilégiées avec l’Inde. La fin de l’esclavage, officiellement aboli dans l’empire britannique en 1835, imposait à cette île à sucre de recruter des travailleurs agricoles pour ses plantations et c’est tout naturellement en Inde qu’elle les a trouvés et les a engagés sous contrat. L’île de la Réunion fera la même chose. L’afflux de cette population indienne ouvrait une opportunité d’enrichissement à des commerçants rompus au mode de vie et aux habitudes de ces immigrés. C’est ce qu’ont compris les Gujaratis, d’abord Meimons du Kutch puis Surtis (originaires de Surat) qui sont venus s’établir à Port-Louis à partir de 1840. Leur réussite commerciale les a décidés à s’établir durablement à l’île Maurice et à construire leurs institutions religieuses. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’Inde était le principal marché de Maurice. L’importation de grains, de lentilles (dhall), d’épices, de sacs de jute, de tissus était le monopole des Gujaratis et l’exportation de sucre était presque entièrement entre leurs mains ; ils possédaient leurs réseaux, leurs propres bateaux et leurs propres docks. Les familles s’étant agrandies, il leur fallait regarder ailleurs et pour garder le contrôle de l’espace économique dans la zone de l’océan Indien, ils ont prospecté puis investi dans des succursales en Afrique du Sud, à Madagascar et à La Réunion, l’île-sœur toute proche et elle aussi île à sucre.
C’est donc au milieu du XIXème siècle que les pionniers ont posé le pied sur le sol de ce qui était alors la colonie française de La Réunion pour des allers et retours entre La Réunion, l’île Maurice et l’Inde à des fins commerciales. Mais c’est à partir de 1862 que l’immigration libre étant autorisée, les Gujaratis ont commencé à s’installer comme commerçants dans les villes, souvent après un passage à Maurice où ils avaient travaillé dans la famille et une brève tentative dans l’agriculture. Pragmatiques, ils ont compris que leur avenir et celui de leurs enfants seraient là et n’ont pas longtemps entretenu le mythe du retour.
En 1892, alors qu’ils n’étaient que 120, cinq d’entre eux ont acheté ensemble un bien mobilier dans le but d’en faire un lieu de prière. Cinq ans plus tard, ils déposaient auprès des services de l’administration coloniale une demande d’autorisation d’élever à leurs frais une mosquée, sur le terrain leur appartenant. Le gouverneur n’ayant émis aucune objection à ce projet, en 1905, à l’occasion de l’Aïd al-fitr, la mosquée Noor-E-Islam, première mosquée de France (si l’on excepte les départements algériens dont la population était majoritairement musulmane) était inaugurée à Saint-Denis de la Réunion, rue du Grand chemin, l’artère des « boutiques zarabes ». Si le patrimoine religieux signe la différence et témoigne d’une identité distincte, il est surtout le signe visible d’une appropriation des lieux par les déracinés transplantés ; c’est là que ces Indiens nés au Gujarat, venus libres, choisissaient de vivre, d’élever leurs enfants et d’enterrer leurs parents : ils seraient chez eux à La Réunion. Dans l’immigration, mourir en terre chrétienne pose presque autant de problèmes que de vivre. En 1900, les Gujaratis demandent au gouverneur l’autorisation de construire un cimetière privé. Après un certain nombre de péripéties, c’est en 1915 que les musulmans purent enterrer leurs défunts dans un cimetière situé à Saint-Denis, appartenant à la communauté et dont le terrain avait été acheté à dessein par un commerçant. Installés dans un environnement non-musulman, la conservation de leurs « valeurs », celles que leurs parents leur avaient transmises, était pour eux un souci majeur qui leur imposait de mettre en place des structures d’enseignement dans lesquels leurs enfants seraient éduqués selon les préceptes du Coran et de la Sunna. Après avoir organisé des cours dans les familles, puis fait venir des enseignants du Gujarat, ils ont entrepris de construire de véritables lieux réservés à l’enseignement religieux et plus tard d’encourager la formation de leurs propres enfants à la fonction d’enseignant. C’est ainsi qu’en 1947, la médersa Taalim oul-islam, située à quelques enjambées de la mosquée Noor-E-islam, accueillera les premiers petits musulmans. Elle sera la première école coranique de France à passer un contrat d’association simple avec l’Education nationale en 1970, et totale en 1990. Dans le sillage de Saint-Denis, le chef-lieu, les musulmans des autres villes de l’île se mobiliseront sans compter afin de posséder, de construire, d’agrandir, d’embellir leurs propres institutions religieuses.
Pour disposer d’une instance qui fasse autorité en matière de théologie et de jurisprudence islamique et à laquelle les fidèles puissent en référer, la communauté s’est dotée en 1975 d’une nouvelle institution : le Centre islamique de Saint-Pierre. Celui-ci regroupe les oulémas, dont l’influence sur la communauté est réelle. Le Centre qui édite et publie des manuels de piété, qui possède son site internet à l’usage des francophones, a créé une commission halal chargée de garantir la licéité de la nourriture. La formation des cadres religieux réunionnais, autrefois assurée au Gujarat, l’est maintenant beaucoup plus en Afrique du Sud où les Gujaratis ont créé des universités islamiques et en Grande Bretagne, en particulier à l’université islamique du Tablighi Jamaat à Dewsbury. En 1996, la communauté a financé un Institut de Théologie musulmane ; il est dirigé par un alim réunionnais. En 2012, 14 imams formés dans cet Institut exerçaient en métropole. Des écoles musulmanes sont réservées aux jeunes filles et aux femmes. En 2008, les premiers jalons de la finance islamique ont été mis en place. Le rapide survol de l’histoire des institutions religieuses islamiques à La Réunion montre combien elle a été pionnière en la matière.
Les Cahiers de l’islam : Existe-t-il des spécificités à cet islam ?
Marie-France Mourrégot : D’origine gujaratie, la communauté indomusulmane sunnite, majoritaire, se reconnaît dans l’islam indien. C’est ainsi qu’à La Réunion, comme en Inde, les femmes ne vont pas à la mosquée et ne se rendent pas au cimetière pour les enterrements.
L’expansion musulmane atteignit l’Inde à l’époque du califat ommeyade de Damas (661-750), mais après une résistance de trois siècles à la pénétration de l’islam, ce sont des dynasties non-arabes, turques, afghanes et persanes, qui, à partir du XIème siècle, ont introduit le sunnisme hanafite et le chiisme duodécimain dans le sous-continent. C’est donc au travers d’un prisme turco-persan qu’il faut le regarder. Adeptes de l’école juridique hanafite, ils reconnaissent l’université islamique indienne de Déoband, fondée en 1867, comme leur centre de savoir et de légitimité. Sa doctrine basée sur la stricte application du Coran sans réflexion ou recherche personnelle, est enseignée dans un vaste réseau de madrasas en Asie et à travers le monde dans les écoles de la diaspora indienne ; elle est diffusée par un mouvement missionnaire transnational : la Tablighi Jamaat dont La Réunion est un pivot. Les textes des idéologues de la pensée déobandie ont été traduits de l’ourdou en français par deux Réunionnais, à la fois oulémas et commerçants.
Par delà les différences régionales, l’un des principaux modes d’expression de la religiosité populaire dans le sous-continent (et dans tous les pays musulmans) est le soufisme sous la forme du culte rendu aux saints. Les oulémas fondateurs de Déoband, eux-mêmes cheiks soufis, ont débarrassé le soufisme de toutes les pratiques ostentatoires entourant le culte des saints, les offrandes, mais surtout les grands pèlerinages organisés chaque année sur leurs tombes et où musulmans et hindous se retrouvaient. C’est pourquoi, à La Réunion, si le soufisme est bien vivant, le culte des saints n’existe pas. Des guides spirituels appartenant à la Tchichtiyya et à la Naqchbandiyya ont des mourides, hommes et femmes et se réunissent à date fixe. La Qadiriyya est active chez les musulmans non-indiens, originaires de l’archipel des Comores en particulier et chez les Barelwis.
Les Barelwis n’existent plus en Inde comme groupe constitué, mais ils sont très implantés à Maurice où le mouvement est bien structuré. C’est à partir de l’île-sœur que le mouvement est arrivé à La Réunion où les oulémas déobandis leur ont interdit des pratiques qu’ils condamnent et qui concernent le culte qu’ils rendent au prophète, au Cheikh Abdul Qadir al-Jilani, fondateur de la Voie Qadiriyya et au Cheikh Mu’in uddin Tchichti. Les Barelwis sont peu nombreux, fréquentent les mosquées sunnites, mais réservent leurs cérémonies interdites à des espaces privés. L’île abrite également un petit nombre de Mourides du Cheikh sénégalais Ahmadou Bamba. La Ahmadiyya n’a pas réussi à y prendre racines. Au regard de la législation française, en vertu de « l’exception réunionnaise », la majorité sunnite bénéficie de tolérance en matière de statut personnel.
Les Cahiers de l’islam : Constate-t-on des difficultés liées à la diversité ethnique des musulmans de l’île ? Des désaccords sur la question de la représentativité au sein du Conseil régional du culte musulman ?
Marie-France Mourrégot : Indiens gujaratis, Comoriens et Mahorais, Maghrébins, Malgaches, Mauriciens, Métropolitains et Créoles convertis, natifs de Pondichéry… La diversité ethnique des musulmans vivant à La Réunion est grande, à l’image du kaléidoscope humain qui vit sur cette île. Diversité, métissage biologique et culturel sont ici une donnée majeure. La colonie française devenue département en 1946 a été peuplée par des hommes venus d’Europe, d’Afrique, d’Inde du Nord, d’Inde du Sud, de Madagascar, de l’archipel des Comores, de Chine... Ces individus transplantés ont apporté leurs croyances et leurs rites. Il existe une majorité de sunnites certes, quelle que soit leur pays d’origine et l’école juridique à laquelle ils appartiennent, mais il y a aussi des Chiites d’origine gujaratie, implantés à La Réunion dans la seconde moitié du XXème siècle depuis leur départ de Madagascar où ils étaient nés. Ils sont Ithna Kodja Ashéris (duodécimains), Dawoodi Bohras et, moins nombreux Ismaéliens, fidèles de l’Aga Khan. Les Chiites possèdent leurs mosquées-madrasas dont les fidèles ont assuré le financement et des carrés réservés dans les cimetières municipaux. Aucune communauté humaine ne peut faire l’économie de difficultés… A La Réunion, elles ne relèvent pas des différences religieuses, mais plutôt du niveau social, du mode de vie, d’habitudes différents… Les violences qui éclatent parfois dans un quartier défavorisé et dont les médias se font écho sont liées à la misère et à l’alcoolisme, pas à une différence de foi. Plus que l’origine ethnique, c’est le niveau social qui crée les réseaux et les allégeances. Les Comoriens ont longtemps été les hommes de peine des Gujaratis et cela laisse des traces dans l’imaginaire collectif. Même s’ils ont l’entière liberté de prier dans les mosquées des Indo-musulmans, ils fréquentent telle mosquée plutôt que telle autre, etc. Leurs enfants sont accueillis dans les madrasas où seul le rite hanafite est enseigné. Seuls les descendants des bâtisseurs indiens et bâtisseurs eux-mêmes ont le droit de participer à la gestion des mosquées-madrasas-cimetières, fruits des sacrifices de leurs familles. C’est pourquoi, les autres composantes de la communauté en sont exclues.
Marie-France Mourrégot : D’origine gujaratie, la communauté indomusulmane sunnite, majoritaire, se reconnaît dans l’islam indien. C’est ainsi qu’à La Réunion, comme en Inde, les femmes ne vont pas à la mosquée et ne se rendent pas au cimetière pour les enterrements.
L’expansion musulmane atteignit l’Inde à l’époque du califat ommeyade de Damas (661-750), mais après une résistance de trois siècles à la pénétration de l’islam, ce sont des dynasties non-arabes, turques, afghanes et persanes, qui, à partir du XIème siècle, ont introduit le sunnisme hanafite et le chiisme duodécimain dans le sous-continent. C’est donc au travers d’un prisme turco-persan qu’il faut le regarder. Adeptes de l’école juridique hanafite, ils reconnaissent l’université islamique indienne de Déoband, fondée en 1867, comme leur centre de savoir et de légitimité. Sa doctrine basée sur la stricte application du Coran sans réflexion ou recherche personnelle, est enseignée dans un vaste réseau de madrasas en Asie et à travers le monde dans les écoles de la diaspora indienne ; elle est diffusée par un mouvement missionnaire transnational : la Tablighi Jamaat dont La Réunion est un pivot. Les textes des idéologues de la pensée déobandie ont été traduits de l’ourdou en français par deux Réunionnais, à la fois oulémas et commerçants.
Par delà les différences régionales, l’un des principaux modes d’expression de la religiosité populaire dans le sous-continent (et dans tous les pays musulmans) est le soufisme sous la forme du culte rendu aux saints. Les oulémas fondateurs de Déoband, eux-mêmes cheiks soufis, ont débarrassé le soufisme de toutes les pratiques ostentatoires entourant le culte des saints, les offrandes, mais surtout les grands pèlerinages organisés chaque année sur leurs tombes et où musulmans et hindous se retrouvaient. C’est pourquoi, à La Réunion, si le soufisme est bien vivant, le culte des saints n’existe pas. Des guides spirituels appartenant à la Tchichtiyya et à la Naqchbandiyya ont des mourides, hommes et femmes et se réunissent à date fixe. La Qadiriyya est active chez les musulmans non-indiens, originaires de l’archipel des Comores en particulier et chez les Barelwis.
Les Barelwis n’existent plus en Inde comme groupe constitué, mais ils sont très implantés à Maurice où le mouvement est bien structuré. C’est à partir de l’île-sœur que le mouvement est arrivé à La Réunion où les oulémas déobandis leur ont interdit des pratiques qu’ils condamnent et qui concernent le culte qu’ils rendent au prophète, au Cheikh Abdul Qadir al-Jilani, fondateur de la Voie Qadiriyya et au Cheikh Mu’in uddin Tchichti. Les Barelwis sont peu nombreux, fréquentent les mosquées sunnites, mais réservent leurs cérémonies interdites à des espaces privés. L’île abrite également un petit nombre de Mourides du Cheikh sénégalais Ahmadou Bamba. La Ahmadiyya n’a pas réussi à y prendre racines. Au regard de la législation française, en vertu de « l’exception réunionnaise », la majorité sunnite bénéficie de tolérance en matière de statut personnel.
Les Cahiers de l’islam : Constate-t-on des difficultés liées à la diversité ethnique des musulmans de l’île ? Des désaccords sur la question de la représentativité au sein du Conseil régional du culte musulman ?
Marie-France Mourrégot : Indiens gujaratis, Comoriens et Mahorais, Maghrébins, Malgaches, Mauriciens, Métropolitains et Créoles convertis, natifs de Pondichéry… La diversité ethnique des musulmans vivant à La Réunion est grande, à l’image du kaléidoscope humain qui vit sur cette île. Diversité, métissage biologique et culturel sont ici une donnée majeure. La colonie française devenue département en 1946 a été peuplée par des hommes venus d’Europe, d’Afrique, d’Inde du Nord, d’Inde du Sud, de Madagascar, de l’archipel des Comores, de Chine... Ces individus transplantés ont apporté leurs croyances et leurs rites. Il existe une majorité de sunnites certes, quelle que soit leur pays d’origine et l’école juridique à laquelle ils appartiennent, mais il y a aussi des Chiites d’origine gujaratie, implantés à La Réunion dans la seconde moitié du XXème siècle depuis leur départ de Madagascar où ils étaient nés. Ils sont Ithna Kodja Ashéris (duodécimains), Dawoodi Bohras et, moins nombreux Ismaéliens, fidèles de l’Aga Khan. Les Chiites possèdent leurs mosquées-madrasas dont les fidèles ont assuré le financement et des carrés réservés dans les cimetières municipaux. Aucune communauté humaine ne peut faire l’économie de difficultés… A La Réunion, elles ne relèvent pas des différences religieuses, mais plutôt du niveau social, du mode de vie, d’habitudes différents… Les violences qui éclatent parfois dans un quartier défavorisé et dont les médias se font écho sont liées à la misère et à l’alcoolisme, pas à une différence de foi. Plus que l’origine ethnique, c’est le niveau social qui crée les réseaux et les allégeances. Les Comoriens ont longtemps été les hommes de peine des Gujaratis et cela laisse des traces dans l’imaginaire collectif. Même s’ils ont l’entière liberté de prier dans les mosquées des Indo-musulmans, ils fréquentent telle mosquée plutôt que telle autre, etc. Leurs enfants sont accueillis dans les madrasas où seul le rite hanafite est enseigné. Seuls les descendants des bâtisseurs indiens et bâtisseurs eux-mêmes ont le droit de participer à la gestion des mosquées-madrasas-cimetières, fruits des sacrifices de leurs familles. C’est pourquoi, les autres composantes de la communauté en sont exclues.
Il n’y a pas eu de désaccord sur la représentativité au CRCM en rapport avec l’origine ethnique des fidèles. Lors de la première élection en 2003, si deux listes se sont affrontées, c’était sur une différence d’orientation. L’une représentait une fédération d’associations et l’autre était portée par la grande mosquée de Saint-Denis dont le président avait beaucoup œuvré aux côtés du ministre JP Chevènement lors de la consultation (istichara) mise en place pour la création d’un CFCM. Constatant le climat délétère que cet affrontement avait fait naître dans la communauté, les responsables élus ont décidé qu’il n’y aurait plus à l’avenir qu’une seule et même liste. La liste RUN-Islam 2013 était composée de 20 noms : ceux de 17 musulmans sunnites et de 3 musulmans chiites, représentant les Khodjas duodécimains et les Dawoodi Bohras. On note qu’en ce qui concerne les sunnites, 16 patronymes étaient d’origine indienne et un seul d’origine comorienne (ou mahoraise); les chiites étant, eux aussi, d’origine indienne. Et, comme c’est l’usage à La Réunion pour ce qui relève des affaires religieuses, aucune femme ne figurait sur la liste.
Les Cahiers de l’islam : Comment se posent aux musulmans vivant sur l’île les problématiques liées à la laïcité, à la question du foulard ou à celle de la construction et la gestion des mosquées ?
Marie-France Mourrégot : La construction des mosquées, des écoles coraniques n’a posé aucun problème à La Réunion. Les Indo-musulmans appartiennent à une minorité certes, mais une minorité puissante. Ils détiennent, surtout depuis la départementalisation en 1946, des leviers économiques importants et les politiques de tous bords les ont toujours courtisés. Pour eux, obtenir des autorisations administratives n’a pas, sauf dans de rares cas, ceux des cimetières, posé de problèmes. Se sachant les hôtes de la République française, les immigrés ont tenu à se faire discrets, à ne mettre aucune ostentation dans leurs édifices, ce n’est que lorsqu’ils auront acquis la nationalité française et seront devenus des acteurs incontournables du commerce de la place que les mosquées auront des minarets. Les commerçants gujaratis ont constitué un patrimoine communautaire très important de biens waqfs et dans chaque ville se sont groupés en associations qui le gèrent. Chaque association, financée par les cotisations et virements des fidèles, par des dons et des legs, possède un Comité de gestion autonome. Jusqu’à la création du CRCM qui a changé la donne, le président de l’association, à Saint-Denis en particulier, qui était un gros commerçant a longtemps joui d’un prestige et d’une autorité incontestable, répondant ainsi à la constatation de Durkeim : « Même dans les sociétés les plus grossièrement organisées, il y a généralement des hommes que l’importance de leur rôle social désigne pour exercer une influence directrice sur la vie religieuse. » Il n’y avait donc nul besoin de la métropole pour organiser l’islam à La Réunion.
Jusqu’à la polémique récente qui a secoué la métropole et abouti à la promulgation d’une loi, les femmes entièrement voilées, vêtues de ce qu’on nomme là-bas du nom ourdou pardah, se promenaient dans les rues sans que cela gêne quiconque. Apparu dans les années 1980, sous l’influence de la Tablighi Jamaat il n’avait cessé de se banaliser, même si les femmes qui le portaient restaient marginales. Les non-musulmans s’y étaient habitués comme à une bizarrerie... En 2009, 145 hommes et femmes, ayant étudié la théologie islamique, avaient signé un manifeste en faveur du niqab. Aussi, un vent de panique a-t-il saisi les quelque 200 femmes concernées après la loi votée le 11 octobre 2010 et applicable six mois plus tard. Un délai d’application supplémentaire a été négocié à la préfecture par les responsables du CRCM, entourés des oulémas et muftis. Ces mêmes responsables qui avaient refusé de participer à la grand’messe organisée par l’UMP à Paris avaient cependant rencontré JF Copé lors d’une réunion informelle au cours de laquelle ils avaient mis l’accent sur les spécificités de La Réunion et de l’islam réunionnais dont ils seraient fiers que la métropole s’inspire. Après le vote de la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, il est arrivé que les femmes voilées soient agressées verbalement : Ben Laden, Molla Omar, Ninja ! Les « Retourne à Dubaï » ! « Rentre chez toi, ici on est en France ! » étaient des insultes plus surprenantes, elles s’adressaient, en effet, à des femmes ou des jeunes filles nées à La Réunion où l’amalgame islam/immigration n’a jamais été évoqué. Selon le parquet général, un an après l’application de la loi, 38 personnes avaient été verbalisées à la Réunion dont six ont été poursuivies, les 32 restantes ayant fait l’objet d’un rappel à la loi. Les jeunes filles qui portaient un foulard pour aller en classe ont dû l’enlever. Cependant, si certaines équipes pédagogiques sont pour une stricte application de la loi, d’autres entendent continuer comme par le passé, à l’image du recteur d’Académie pour qui : « la société réunionnaise est marquée par une tradition de respect mutuel des traditions. Il n’y a pas de prosélytisme agressif chez les élèves ni de crispation des équipes pédagogiques. Le principe de laïcité n’est pas remis en cause. » Les Réunionnais sont très attachés à leur « vivre ensemble » et ne souhaitent pas que des directives venues de Paris le mettent à mal.
Pour conclure, disons que pour faire face au choc ressenti par les déracinés indiens dans la rencontre avec la culture de la société d’accueil, le mécanisme de compensation qu’ils ont développé a été le recours à l’islam. Et ces immigrés ont bénéficié d’atouts exceptionnels : La Réunion, melting pot issu du peuplement de l’île ne voyait pas l’arrivée des musulmans comme une menace. A la fin du XIXème et pendant une grande partie du XXème siècle, l’islam ne faisait pas peur. On craignait les Gujaratis (et les Chinois) comme commerçants qui grignotaient le pré carré des Créoles, mais leur appartenance religieuse ne dérangeait pas. Pour se faire accepter, ils se sont montrés discrets et respectueux des lois du pays. Puis, au fil du temps, ils sont devenus des acteurs à part entière de la vie socioéconomique et politique. Commerçants prospères, ils ont, année après année depuis quelque 150 ans, consacré une part importante de leurs bénéfices à la mise en place et au fonctionnement de leurs institutions religieuses. Grâce à leur poids économique, ils ont obtenu toutes les autorisations administratives dont ils avaient besoin. Leur argent leur permettant de ne dépendre d’aucun bailleur de fonds extérieur, ils ont créé des institutions autonomes dont les rênes étaient tenues par de gros commerçants qui dictaient l’orientation et les choix de la communauté, empêchant par exemple des courants jugés hétérodoxes par les oulémas déobandis de s’implanter dans l’île.
Avec les difficultés économiques, les cartes ont été redistribuées et la communauté s’est paupérisée. Il devient difficile de faire face à ses obligations familiales et professionnelles et de participer au financement de la mosquée, de la madrasa. De grosses entreprises qui alimentaient les comptes des associations de gestion ont disparu. D’ailleurs, les commerçants ne sont plus les seuls à gérer les affaires de la communauté. Les oulémas qui sont maintenant des Réunionnais ont tendance à être moins dociles que les anciens qui étaient des étrangers, Indiens ou Mauriciens… Certains jeunes adhèrent sans se poser de questions au modèle inculqué par leur famille, d’autres sont tiraillés entre les traditions qu’ils respectent en famille et les modèles occidentaux. Incontestablement, l’âge d’or de la communauté musulmane de La Réunion est derrière elle.
Marie-France Mourrégot : La construction des mosquées, des écoles coraniques n’a posé aucun problème à La Réunion. Les Indo-musulmans appartiennent à une minorité certes, mais une minorité puissante. Ils détiennent, surtout depuis la départementalisation en 1946, des leviers économiques importants et les politiques de tous bords les ont toujours courtisés. Pour eux, obtenir des autorisations administratives n’a pas, sauf dans de rares cas, ceux des cimetières, posé de problèmes. Se sachant les hôtes de la République française, les immigrés ont tenu à se faire discrets, à ne mettre aucune ostentation dans leurs édifices, ce n’est que lorsqu’ils auront acquis la nationalité française et seront devenus des acteurs incontournables du commerce de la place que les mosquées auront des minarets. Les commerçants gujaratis ont constitué un patrimoine communautaire très important de biens waqfs et dans chaque ville se sont groupés en associations qui le gèrent. Chaque association, financée par les cotisations et virements des fidèles, par des dons et des legs, possède un Comité de gestion autonome. Jusqu’à la création du CRCM qui a changé la donne, le président de l’association, à Saint-Denis en particulier, qui était un gros commerçant a longtemps joui d’un prestige et d’une autorité incontestable, répondant ainsi à la constatation de Durkeim : « Même dans les sociétés les plus grossièrement organisées, il y a généralement des hommes que l’importance de leur rôle social désigne pour exercer une influence directrice sur la vie religieuse. » Il n’y avait donc nul besoin de la métropole pour organiser l’islam à La Réunion.
Jusqu’à la polémique récente qui a secoué la métropole et abouti à la promulgation d’une loi, les femmes entièrement voilées, vêtues de ce qu’on nomme là-bas du nom ourdou pardah, se promenaient dans les rues sans que cela gêne quiconque. Apparu dans les années 1980, sous l’influence de la Tablighi Jamaat il n’avait cessé de se banaliser, même si les femmes qui le portaient restaient marginales. Les non-musulmans s’y étaient habitués comme à une bizarrerie... En 2009, 145 hommes et femmes, ayant étudié la théologie islamique, avaient signé un manifeste en faveur du niqab. Aussi, un vent de panique a-t-il saisi les quelque 200 femmes concernées après la loi votée le 11 octobre 2010 et applicable six mois plus tard. Un délai d’application supplémentaire a été négocié à la préfecture par les responsables du CRCM, entourés des oulémas et muftis. Ces mêmes responsables qui avaient refusé de participer à la grand’messe organisée par l’UMP à Paris avaient cependant rencontré JF Copé lors d’une réunion informelle au cours de laquelle ils avaient mis l’accent sur les spécificités de La Réunion et de l’islam réunionnais dont ils seraient fiers que la métropole s’inspire. Après le vote de la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, il est arrivé que les femmes voilées soient agressées verbalement : Ben Laden, Molla Omar, Ninja ! Les « Retourne à Dubaï » ! « Rentre chez toi, ici on est en France ! » étaient des insultes plus surprenantes, elles s’adressaient, en effet, à des femmes ou des jeunes filles nées à La Réunion où l’amalgame islam/immigration n’a jamais été évoqué. Selon le parquet général, un an après l’application de la loi, 38 personnes avaient été verbalisées à la Réunion dont six ont été poursuivies, les 32 restantes ayant fait l’objet d’un rappel à la loi. Les jeunes filles qui portaient un foulard pour aller en classe ont dû l’enlever. Cependant, si certaines équipes pédagogiques sont pour une stricte application de la loi, d’autres entendent continuer comme par le passé, à l’image du recteur d’Académie pour qui : « la société réunionnaise est marquée par une tradition de respect mutuel des traditions. Il n’y a pas de prosélytisme agressif chez les élèves ni de crispation des équipes pédagogiques. Le principe de laïcité n’est pas remis en cause. » Les Réunionnais sont très attachés à leur « vivre ensemble » et ne souhaitent pas que des directives venues de Paris le mettent à mal.
Pour conclure, disons que pour faire face au choc ressenti par les déracinés indiens dans la rencontre avec la culture de la société d’accueil, le mécanisme de compensation qu’ils ont développé a été le recours à l’islam. Et ces immigrés ont bénéficié d’atouts exceptionnels : La Réunion, melting pot issu du peuplement de l’île ne voyait pas l’arrivée des musulmans comme une menace. A la fin du XIXème et pendant une grande partie du XXème siècle, l’islam ne faisait pas peur. On craignait les Gujaratis (et les Chinois) comme commerçants qui grignotaient le pré carré des Créoles, mais leur appartenance religieuse ne dérangeait pas. Pour se faire accepter, ils se sont montrés discrets et respectueux des lois du pays. Puis, au fil du temps, ils sont devenus des acteurs à part entière de la vie socioéconomique et politique. Commerçants prospères, ils ont, année après année depuis quelque 150 ans, consacré une part importante de leurs bénéfices à la mise en place et au fonctionnement de leurs institutions religieuses. Grâce à leur poids économique, ils ont obtenu toutes les autorisations administratives dont ils avaient besoin. Leur argent leur permettant de ne dépendre d’aucun bailleur de fonds extérieur, ils ont créé des institutions autonomes dont les rênes étaient tenues par de gros commerçants qui dictaient l’orientation et les choix de la communauté, empêchant par exemple des courants jugés hétérodoxes par les oulémas déobandis de s’implanter dans l’île.
Avec les difficultés économiques, les cartes ont été redistribuées et la communauté s’est paupérisée. Il devient difficile de faire face à ses obligations familiales et professionnelles et de participer au financement de la mosquée, de la madrasa. De grosses entreprises qui alimentaient les comptes des associations de gestion ont disparu. D’ailleurs, les commerçants ne sont plus les seuls à gérer les affaires de la communauté. Les oulémas qui sont maintenant des Réunionnais ont tendance à être moins dociles que les anciens qui étaient des étrangers, Indiens ou Mauriciens… Certains jeunes adhèrent sans se poser de questions au modèle inculqué par leur famille, d’autres sont tiraillés entre les traditions qu’ils respectent en famille et les modèles occidentaux. Incontestablement, l’âge d’or de la communauté musulmane de La Réunion est derrière elle.
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A propos de : « L’islam à l’île de la Réunion » Ed. L’Harmattan, 2010: cette étude anthropologique, la première réalisée sur le terrain et publiée en métropole, rend compte de la dimension historique et des caractéristiques de la réalité islamique dans ce département français d’Outre-mer. En effet, il retrace l’histoire des Indo-musulmans qui ont implanté l’islam dans la très catholique Ile de la Réunion, ancienne Ile Bourbon ; il décrit les cartes qu’ils ont tirées pour devenir des acteurs économiques incontournables et la manière dont ils ont imposé leur appartenance religieuse à la société d’accueil et dont ils ont donné à l’islam une visibilité dans le paysage culturel de l’île. Il met l’accent sur la spécificité de certaines de leurs pratiques notamment sur la tolérance en matière de statut personnel, dont, en vertu de « l’exception réunionnaise », ils bénéficient.
A propos de : « L’islam à l’île de la Réunion » Ed. L’Harmattan, 2010: cette étude anthropologique, la première réalisée sur le terrain et publiée en métropole, rend compte de la dimension historique et des caractéristiques de la réalité islamique dans ce département français d’Outre-mer. En effet, il retrace l’histoire des Indo-musulmans qui ont implanté l’islam dans la très catholique Ile de la Réunion, ancienne Ile Bourbon ; il décrit les cartes qu’ils ont tirées pour devenir des acteurs économiques incontournables et la manière dont ils ont imposé leur appartenance religieuse à la société d’accueil et dont ils ont donné à l’islam une visibilité dans le paysage culturel de l’île. Il met l’accent sur la spécificité de certaines de leurs pratiques notamment sur la tolérance en matière de statut personnel, dont, en vertu de « l’exception réunionnaise », ils bénéficient.
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