Une intervention de M. Ali Amir-Moezzi (directeur d’études à l’EPHE) dans le cadre du cycle des conférences Campus Condorcet (2012-2013) intitulé « L’image en danger : destruction, censure, manipulation ». L’intervention de M. Moezzi, en vidéo ci-dessous, porte sur La spiritualité de l’image en islam shi’ite : le cas des icônes de poche.
Selon une idée, aussi persistante qu’erronée, la représentation imagée des êtres vivants est interdite en islam. La destruction des Bouddhas de Bamyan par les Talibans en 2001 conforta encore plus cette idée dans l’opinion publique. La problématique est beaucoup plus complexe et les prises de position ont été des plus diverses selon les époques, les lieux et les cultures en terres d’islam. Schématiquement, l’approche rigoriste des juristes-théologiens est confronté aux goûts esthétiques de l’élite profane ainsi qu’au culte populaire des saints mais s’adapte à ceux-ci beaucoup plus souvent qu’on ne le pense. L’islam iranien en général et l’islam shi’ite en particulier ont eu, depuis de nombreux siècles, une attitude ouverte à l’égard de l’image de l’être humain, y compris celle des personnages religieux les plus saints. La conférence s’attachera principalement à l’examen d’un certain nombre d’« icônes de poche », représentant le portrait peint de ‘Alî, premier Imam – « Guide par excellence » – des shi’ites. L’objet semble constituer, dans certaines confréries mystiques, un support de contemplation : pratique initiatique consistant à atteindre la vision du « Guide de lumière » dans le centre subtil du cœur.