Agrégé de géographie (1994), diplômé en urbanisme, docteur en géographie (2002), Eric Verdeil… En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 21 Avril 2013

Vivre sous occupation. Quotidiens palestiniens de Véronique Bontemps et Aude Signoles



Référence : Bontemps V., Signoles A., 2012, Vivre sous occupation : Quotidiens palestiniens, (De près, de loin). Ginkgo, 125 p.

Les auteurs :
Aude Signoles est politologue, spécialiste de la question palestinienne. Elle enseigne actuellement à Istanbul. Elle est l’auteur entre autres de Les Palestiniens (Le Cavalier Bleu - 2005) et Le Hamas au pouvoir. Et après ? (Milan - 2006).
Véronique Bontemps, anthropologue, vit aujourd’hui entre la Palestine et la Jordanie.


 Ce petit ouvrage entend offrir à ses lecteurs, sous une forme très vivante, une réflexion sur les conditions de vie concrètes des Palestiniens sous occupation. En même temps, il laisse entrevoir certains dessous de la recherche sur un terrain difficile. Véronique Bontemps, actuellement chercheuse associée à l’IFPO, et Aude Signoles, enseignante-chercheuse à Galatasaray, ont toutes deux effectué de longues recherches dans les Territoires Palestiniens sous occupation : la première en s’intéressant dans une perspective anthropologique à une savonnerie de Naplouse, vue comme un observatoire de la condition urbaine en Palestine, puis en travaillant sur les liens entre les territoires palestiniens et la Jordanie (ici).

La seconde a travaillé sur les municipalités palestiniennes (voir ce fascicule) puis sur les mobilisations et notamment l’action du Hamas. Dans cet ouvrage, elles regroupent des entretiens effectués avec certains de leurs informations palestiniens, ingénieur municipal, un dentiste, un camionneur, un responsable d’ONG et d’autres textes écrits durant leur travail de terrain. Ces matériaux brutes permettent d’accéder à la parole et au regard des habitants, en éclairant deux thèmes : les mobilités contrariés dans un territoire fragmenté et les difficultés au quotidien dans un économie exsangue. La richesse de ces textes vient des éclairages qui les accompagnent : introduction replaçant ces questions dans l’évolution politique des territoires palestiniens depuis et avant Oslo, à travers les deux intifadas et leur suite actuelle; commentaires précisant pour chaque entretien l’identité des personnes rencontrées, et replaçant l’entretien dans la démarche de recherche. Il s’agit également à travers ce livre de dire certaines choses que la recherche ne permet pas d’exprimer : des sentiments de révolte et de sympathie pour des personnes aux vies bien réelles ballotées par le destin tragique de ce pays. D’où des textes emplis d’une forte dimension personnelle, faisant part de doutes sur l’utilité ou plutôt sur la pertinence de la recherche dans ces moments.

Cette authenticité me semble particulièrement sensible dans la photo de couverture, prise par Véronique Bontemps à Naplouse: une vue sur le vif, dans les ombres du soir (?). Une femme voilée, assise, contemple la ville au fond de la vallée et ses excroissances modernes, qui s’agrippent à la montagne. L’image est curieusement inclinée, comme vacillante. Elle n’a pas été recadrée par l’éditeur. Cette sincérité du matériau glané sur le terrain est à l’image des entretiens et autres documents (y compris photographiques) livrés dans ce petit ouvrage.   

Quatrième de couverture
Plus de vingt ans après la signature des accords de paix entre Israéliens et Palestiniens, les regards des médias occidentaux se focalisent sur l’éventuelle reconnaissance internationale d’un État palestinien par l’Assemblée générale des Nations Unies. Comme à l’accoutumée, c’est l’aspect géopolitique du conflit qui polarise l’attention ; On sait en revanche beaucoup moins de choses sur la vie quotidienne dans les territoires occupés. Quelles sont les conséquences de l’occupation militaire israélienne sur l’économie locale ? Comment vivre quand les déplacements deviennent un combat au quotidien ?
Ce livre mêle entretiens, chroniques intimistes et réflexions de deux chercheurs engagés dans ce conflit depuis plus de vingt ans. On y découvre de l’intérieur la période s’étendant du processus de paix enclenché en septembre 1993 avec la signature des accords dits d’Oslo, de leur échec, symbolisé par l’Intifada de septembre 2000, et des nouvelles invasions militaires israéliennes au sein des villes palestiniennes dans les années 2002-2006.
Il constitue un témoignage passionnant sur la sourde violence d’une occupation qui ne dit jamais son nom.


L’ouvrage prend place dans une nouvelle collection de témoignages intitulée « de près, de loin ». La mise en page est élégante et travaillée : encadrés, photographies, variations de la typographie signalent la diversité des types d’écriture.

Le site de l'auteur http://rumor.hypotheses.org/eric-verdeil-fren  



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