Sadia Saifuddin est la première femme musulmane à représenter les étudiants de l'université de Berkeley, aux Etats-Unis.
Nous publions cet article en partenariat avec le site Zaman France.
Pour aller plus loin sur la place de la femme au sein du message coranique, le lecteur pourra se reporter à l'ouvrage " Le souffle féminin du message coranique " publié aux Éditions Les Cahiers de l'Islam.
Par Omar Mahassine
Dans un contexte où l’islamophobie bat son plein et où les femmes musulmanes se retrouvent au milieu de débats passionnels, certaines voix s’élèvent pour interdire l’accès à l’université, l’accès au savoir et à l’émancipation à cause du voile.
Disons-le sans ambiguïtés : dans le monde musulman aujourd’hui, les femmes musulmanes sont infériorisées, opprimées, marginalisées et répudiées au nom de l’islam. Pourtant, l’islam n’établit aucunement une hiérarchie entre les sexes.
Alors, la question se pose de manière insistante : est-ce que les textes fondateurs de l’islam, en l’occurrence le Coran et la Sunna confirment l’oppression des femmes ? Ou bien est-ce la lecture misogyne qui en est faite, qui est responsable de l’infantilisation des femmes ?
Des coutumes rétrogrades ont reléguées les femmes au stade de mineures ignorantes et dociles en leur interdisant l’accès à l’instruction et en leur refusant le droit d’aller à la mosquée.
La contribution décisive des femmes
Pour autant, le message de l’islam, depuis sa première révélation, a conjugué à la fois la libération spirituelle et la libération sociale des hommes et des femmes afin de les sortir du carcan de l’ignorance et leur ouvrir les horizons du savoir. Le savoir est une quête qui incombe au croyant (e) de rechercher tout au long de la vie.
En se penchant sur l’histoire du monde musulman, nous découvrons l’apport scientifique auxquelles des femmes musulmanes ont contribué. Les historiens ont consacré des ouvrages aux éminentes figures féminines qui se sont illustrées dans le domaine des sciences du hadith, du fiqh (droit et jurisprudence musulmane), de l’exégèse, des lettres et de la poésie. Al-Hafid Ibn Hajar, dans son recueil « Al Içâba fi tamyiz aççahaba » rapporte la biographie de 1543 femmes, dont des savantes certifiées, des docteurs de la loi et des femmes de lettres.
De même, l’historien As-Sakhawy a recensé plus de 1000 savantes distinguées dans son ouvrage intitulé «Ad- daw’e allami3 li ahli al qarn attasi» (Le rayon doré de l’élite du 9e siècle). Et bien d’autres qui ont consacré des ouvrages aux femmes ayant brillé dans différents domaines scientifiques tels que l’imam An-Nawawi, Al Khatîb Al-Baghdâdi dans son livre «l’histoire de Baghdad», ou encore Omar Réda Kahala dans son «Dictionnaire des femmes savantes célèbres». Dans son ouvrage de référence «At-Tabaqat Al-Kobra», Ibn Sa’âd consacre une section entière aux femmes savantes.
De même, l’historien As-Sakhawy a recensé plus de 1000 savantes distinguées dans son ouvrage intitulé «Ad- daw’e allami3 li ahli al qarn attasi» (Le rayon doré de l’élite du 9e siècle). Et bien d’autres qui ont consacré des ouvrages aux femmes ayant brillé dans différents domaines scientifiques tels que l’imam An-Nawawi, Al Khatîb Al-Baghdâdi dans son livre «l’histoire de Baghdad», ou encore Omar Réda Kahala dans son «Dictionnaire des femmes savantes célèbres». Dans son ouvrage de référence «At-Tabaqat Al-Kobra», Ibn Sa’âd consacre une section entière aux femmes savantes.
Aïcha, la patronne des juristes
Depuis la période du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui), les femmes ont toujours manifesté une soif de s’instruire, d’aller à la quête du savoir et d’exceller dans les disciplines qu’elles pratiquaient. L’épouse du Prophète Aïcha, est l’une des figures les plus importantes dans les sciences des hadiths, non seulement en terme de transmission d’un grand nombre de hadiths, consignés dans le recueil Sahih Al-Boukhari, mais également l’une des interprètes les plus consultées.
Aïcha, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d’histoire. Urwa Ibn Az-Zoubeir rapporte : «Jamais je n’ai vu personne de plus instruit en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha».
Le long des siècles, de nombreuses femmes se sont distinguées en tant que références dans plusieurs domaines du savoir, et étaient consultées par les étudiant-e-s dans les plus grandes mosquées et universités.
Contentons-nous de mentionner quelques noms célèbres de femmes savantes en islam :
Oum Adardaa : (décédée en 81 H/700) était considérée comme la référence dans les sciences des hadiths et sa notoriété dépassait celle de célèbres savants tels Al-Hassan Al-Basri ou Ibn Sirine. Oum Adardaa enseignait les sciences des hadiths et le Fiqh (droit musulman) dans les mosquées aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Fatima fille de Hussein, fils de Ali : était l’une des femmes les plus savantes, et les plus pieuses de son temps, si bien qu’elle était prise par Ibn Ishâq et Ibn Hicham comme référence pour la rédaction de la biographie du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui).
Sayyida Nafissa fille d’Al-Hassan : (née à La Mecque en 145/762) était formée auprès de l’imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Elle s’est établie en Egypte, et a créé un cercle académique qui attirait des sommités religieuses de la stature de l’Imam Chafiî, qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion.
Zaynab fille de Abass : originaire de Bagdad, fréquentait les assises de savoir de cheikh al-islam Ibn Taymia et était reconnue pour ses connaissances en Fiqh.
Chahda fille d’Al Abari : était une agrégée des sciences du hadith ; plusieurs ulémas de la stature d’Ibn Al Jaouzi et d’Ibn Qudama l’ont eue comme professeure.
Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn : était une savante mais aussi une bienfaitrice, elle a construit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au 3ie siècle de l’hégire. La mosquée faisait office d’université, la première du genre dans le monde musulman.
De grands savants musulmans ont été formés par des femmes savantes tels que l’Imam Ibn Hajr, formé avec cinquante de ses compagnons à l’école de Aïcha Al-Hanbaliya et celle de Zaineb. L’exégète As-Suyuti, avait comme professeur de Fiqh chafiîte Hajar bint Mohamed.
L’historien Ibn ‘Asaker avait été initié auprès de 1200 savants et 80 savantes. De même que Al-‘Asqalani, Az-Zamakhchary ou encore Ibn Hazm.
Aïcha, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d’histoire. Urwa Ibn Az-Zoubeir rapporte : «Jamais je n’ai vu personne de plus instruit en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha».
Le long des siècles, de nombreuses femmes se sont distinguées en tant que références dans plusieurs domaines du savoir, et étaient consultées par les étudiant-e-s dans les plus grandes mosquées et universités.
Contentons-nous de mentionner quelques noms célèbres de femmes savantes en islam :
Oum Adardaa : (décédée en 81 H/700) était considérée comme la référence dans les sciences des hadiths et sa notoriété dépassait celle de célèbres savants tels Al-Hassan Al-Basri ou Ibn Sirine. Oum Adardaa enseignait les sciences des hadiths et le Fiqh (droit musulman) dans les mosquées aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Fatima fille de Hussein, fils de Ali : était l’une des femmes les plus savantes, et les plus pieuses de son temps, si bien qu’elle était prise par Ibn Ishâq et Ibn Hicham comme référence pour la rédaction de la biographie du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui).
Sayyida Nafissa fille d’Al-Hassan : (née à La Mecque en 145/762) était formée auprès de l’imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Elle s’est établie en Egypte, et a créé un cercle académique qui attirait des sommités religieuses de la stature de l’Imam Chafiî, qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion.
Zaynab fille de Abass : originaire de Bagdad, fréquentait les assises de savoir de cheikh al-islam Ibn Taymia et était reconnue pour ses connaissances en Fiqh.
Chahda fille d’Al Abari : était une agrégée des sciences du hadith ; plusieurs ulémas de la stature d’Ibn Al Jaouzi et d’Ibn Qudama l’ont eue comme professeure.
Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn : était une savante mais aussi une bienfaitrice, elle a construit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au 3ie siècle de l’hégire. La mosquée faisait office d’université, la première du genre dans le monde musulman.
De grands savants musulmans ont été formés par des femmes savantes tels que l’Imam Ibn Hajr, formé avec cinquante de ses compagnons à l’école de Aïcha Al-Hanbaliya et celle de Zaineb. L’exégète As-Suyuti, avait comme professeur de Fiqh chafiîte Hajar bint Mohamed.
L’historien Ibn ‘Asaker avait été initié auprès de 1200 savants et 80 savantes. De même que Al-‘Asqalani, Az-Zamakhchary ou encore Ibn Hazm.
La sclérose culturelle des musulmans
Les exemples foisonnent de brillantes femmes savantes, qui ont déclenchés une vraie dynamique d’acquisition de savoirs et de sagesses, de contributions aux différents champs de la science. Aujourd’hui, la réalité dans le monde musulman est toute autre, la femme a tout simplement été reléguée en arrière plan, et doit se faire de plus en plus discrète et invisible. Les lectures sclérosées de l’islam et les coutumes aberrantes, qui ont marginalisé la femme, portent une grande part de responsabilité dans la décadence du monde musulman.
Après ce petit voyage dans l’histoire des femmes savantes dans le monde musulman, certes non exhaustive, il apparaît fondamental de sortir du cloisonnement idéologique dans lequel l’actualité immédiate nous enferme.
Et où les femmes musulmanes «soumises et stupides» devraient soit se justifier, ou bien s’excuser d’être ce qu’elles sont, tout simplement des femmes.
Il semble donc important d’aller voir aux sources du message et faire l’effort de comprendre comment des femmes ont pu interpréter leur renaissance à la lumière de leur foi.
Cette contribution n’est qu’une petite ébauche d’un travail qui mérite d’être approfondie, loin de toutes querelles partisanes.
Après ce petit voyage dans l’histoire des femmes savantes dans le monde musulman, certes non exhaustive, il apparaît fondamental de sortir du cloisonnement idéologique dans lequel l’actualité immédiate nous enferme.
Et où les femmes musulmanes «soumises et stupides» devraient soit se justifier, ou bien s’excuser d’être ce qu’elles sont, tout simplement des femmes.
Il semble donc important d’aller voir aux sources du message et faire l’effort de comprendre comment des femmes ont pu interpréter leur renaissance à la lumière de leur foi.
Cette contribution n’est qu’une petite ébauche d’un travail qui mérite d’être approfondie, loin de toutes querelles partisanes.