Les cahiers de l'Islam
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Lundi 16 Juin 2014

Le Coran et les droits des femmes



Source photo: AFP
Source photo: AFP
Pour aller plus loin sur la place de la femme au sein du message coranique, le lecteur pourra se reporter à l'ouvrage " Le souffle féminin du message coranique " publié aux Éditions Les Cahiers de l'Islam.


Rawalpindi (Pakistan) - Avant l'avènement de l'islam, les femmes étaient généralement considérées comme quantité négligeable dans de nombreuses sociétés de par le monde. De fait, il a fallu des siècles pour que les femmes gagnent des droits égaux à ceux des hommes, en théorie, tout au moins, sinon dans la pratique. Mais le combat pour l'égalité totale entre les sexes n'est pas terminé. 

Dans ce combat, l'islam fait souvent figure d'accusé principal. Mais lorsque nous consultons le Coran, le tableau est bien différent. Les coutumes traditionnellement conservatrices ancrées dans nos sociétés ne sont pas à la hauteur de la vision que donne le Coran de la dignité de la femme. 

Le Coran dit: "Craignez votre Seigneur qui vous a créé d’un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d’êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Dieu au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance ! Respectez le ventre qui vous a porté!" (le Coran 4:1).

Ce verset démontre clairement que les hommes et les femmes en islam sont égaux entre eux, à la fois intrinsèquement – par l'acte de création même – et extrinsèquement, par leurs rapports entre eux et de leurs devoirs devant Dieu. En fait, si la fin de ce verset distingue la femme comme étant digne d'un respect particulier en tant que mère en puissance, il est aussi le seul à admettre une inégalité relative, quand bien même en faveur de la femme.

Dans l'Arabie préislamique, les parents pratiquaient souvent l'infanticide sur leurs filles car ils considéraient la naissance d'une fille comme de mauvais augure pour la famille. Le Coran, par contre, condamne ce sentiment de honte ressenti à la naissance d'une fille, disant de ceux qui commettent cet acte: "Et il se dérobe aux regards des gens, le cœur meurtri par cette nouvelle, se demandant s’il va conserver cet enfant malgré le déshonneur ou s’il va l’ensevelir dans la poussière. Quel odieux jugement!" (le Coran 16.59).

Quatorze siècles après les débuts de l'islam et les progrès, l'évolution, l'éducation et les lumières qui leur ont fait suite, nous constatons que la naissance d'une fille reste encore un événement honteux dans certaines parties du monde, en Asie du Sud, par exemple. Dans une société où l'homme de la famille est le plus souvent son seul soutien, la naissance d'un fils se présente plutôt comme un événement heureux. 

Certes, l'autonomisation de la femme par l'éducation et par l'accès à l'emploi est en train de modifier les structures de la société. Mais il faut faire encore plus pour honorer l'égalité prêchée par le Coran. Les mariages forcés, les "crimes d'honneur" et l'enfermement des femmes à la maison qu'exigent la culture, la tradition et la norme sociale ne trouvent aucune confirmation dans l'islam. 

Dans les milieux les plus traditionalistes, comme par exemple les régions tribales du Pakistan, les dirigeants politiques et religieux devraient respecter les prescriptions coraniques sur le statut des femmes et leur droit de travailler, voire même développer ces recommandations. 

L'islam a reconnu le droit des femmes à l'héritage 12 siècles avant les pays d'Europe: "Il revient aux héritiers mâles une part dans l’héritage laissé par leurs ascendants ou leurs proches, de même qu’il revient aux femmes une part dans l’héritage laissé par leurs ascendants ou leurs proches. Et quelle que soit l’importance de la succession, cette quotité est une obligation" (le Coran 4.7). 

L'islam a été révélé à une époque et dans une société dans laquelle les femmes elles-mêmes faisaient partie de l'héritage en tant qu'objets. Leur reconnaître le droit à leur propre héritage était donc rien moins que révolutionnaire. 

Dans le discours musulman, le débat sur les droits des femmes, et d'ailleurs sur tous les droits en général, est toujours encadré dans le contexte des droits et obligations dans une conception islamique. Pour respecter ces droits et responsabilités et pour comprendre notre rôle dans le progrès de la société, nous devons nous éduquer. En islam, éducation et savoir sont obligatoires pour les hommes comme pour les femmes. 

Car, quand tout est dit, l'éducation est bien le catalyseur du changement. "Dis (ô Muhamad): Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas? Seuls les doués d'intelligence se rappellent" (le Coran 39:9).

Les enseignements de l'islam doivent prendre le pas sur les cultures et les coutumes de nombreuses sociétés musulmanes dans lesquelles l'infériorité de la femme va de soi, paradoxalement au nom même de la religion qui leur a accordé bien plus de droits que ces structures sociales ne peuvent accepter. Il faut donc apporter tout notre appui à tous les efforts d'autonomisation conformes aux principes du Coran, qui prônent la reconnaissance du statut de la femme devant la loi. A ceux qui voudraient refuser ces droits à la femme, nous disons: "Ne méditent-ils donc jamais le Coran?" (4.82).

Aftab Ahmad Khan, professeur à la retraite, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Sex and Sexuality in Islam (2006). Cet article fait partie d'une série sur les femmes musulmanes et leurs droits religieux écrite pour the Service de Presse de Common Ground (CGNews).






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