A la veille du Ramadan 2013, nous proposons cet article concis de Tariq Ramadan dans lequel ce dernier nous rappelle la vocation première du Ramadan, un des piliers de l'islam, pour le Musulman.
Pour le lecteur intéressé, nous proposons, à la suite du texte, une conférence tenue sur ce même thème par l'auteur, la semaine dernière dans la ville de Goussainville.
Cet article fut publié il y a bientôt quinze ans dans la revue « Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°62, 1999. pp. 19-20 ». (sous licence creative commons).
Pour le lecteur intéressé, nous proposons, à la suite du texte, une conférence tenue sur ce même thème par l'auteur, la semaine dernière dans la ville de Goussainville.
Cet article fut publié il y a bientôt quinze ans dans la revue « Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°62, 1999. pp. 19-20 ». (sous licence creative commons).
Le jeûne du Ramadan se présente en islam comme une obligation qui s'insère dans l'histoire des Révélations qu'elle poursuit et complète :
Et s'il était tout à fait clair, pour toutes les musulmanes et tous les musulmans, que cette obligation engageait leur personne à respecter, de façon personnelle, l'injonction divine, il leur paraissait tout aussi explicitement que les privations durant ce mois sacré devaient s'accompagner d'un surcroît d'engagement pour le bien et la solidarité sociale.
Aujourd'hui comme hier, sans boire, ni manger, loin des habitudes de la vie quotidienne et de ses plaisirs, les musulmans cherchent à se rapprocher de Dieu. Cette rupture d'un mois par rapport à la normalité est propre, plus que tout autre à développer en eux les aspirations spirituelles et la vie du coeur. Ensemble, ils se doivent de pratiquer et de rompre le jeûne et ensemble ils se retrouvent pour les prières de la nuit (tarawîh) qui sont un supplément dans la pratique quotidienne. Car le Prophète Muhammad (ç) avait encouragé les musulmans à redoubler d'efforts dans l'accomplissement de la prière de la nuit, à lire le Coran, à effectuer une retraite spirituelle et à multiplier les dons :
« Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés (aux religions antérieures). Peut-être atteindrez-vous la piété. » [1]
Ce verset a été révélé durant la deuxième année de l'hégire, à Médine, alors que la communauté musulmane se constituait en société organisée.
Et s'il était tout à fait clair, pour toutes les musulmanes et tous les musulmans, que cette obligation engageait leur personne à respecter, de façon personnelle, l'injonction divine, il leur paraissait tout aussi explicitement que les privations durant ce mois sacré devaient s'accompagner d'un surcroît d'engagement pour le bien et la solidarité sociale.
Aujourd'hui comme hier, sans boire, ni manger, loin des habitudes de la vie quotidienne et de ses plaisirs, les musulmans cherchent à se rapprocher de Dieu. Cette rupture d'un mois par rapport à la normalité est propre, plus que tout autre à développer en eux les aspirations spirituelles et la vie du coeur. Ensemble, ils se doivent de pratiquer et de rompre le jeûne et ensemble ils se retrouvent pour les prières de la nuit (tarawîh) qui sont un supplément dans la pratique quotidienne. Car le Prophète Muhammad (ç) avait encouragé les musulmans à redoubler d'efforts dans l'accomplissement de la prière de la nuit, à lire le Coran, à effectuer une retraite spirituelle et à multiplier les dons :
« La meilleure des aumônes est celle effectuée pendant le mois de Ramadan. » [2]
C'est dire combien ce mois devrait être un mois de recueillement, de recul par rapport aux préoccupations du monde. En ce sens on ne saurait trop dire combien est trahie cette spiritualité quand on observe le comportement de certains musulmans qui, confondant la nuit et le jour, dorment pour jeûner et préparent des festins journaliers pour se nourrir. L'esprit du jeûne exige très exactement l'attitude inverse et le Prophète de l'islam (ç) avait exprimé, dans le sens bien compris de la plénitude de cet acte de foi, que le meilleur des jeûnes était celui du coeur.
Durant ce mois, plus que durant tout autre, les musulmans doivent s'unir pour défendre la justice sociale. Car jeûner c'est aussi, pour chaque fidèle, faire l'expérience de la privation, de la faim et de la soif. Pour tous, c'est le rappel qu'il existe des droits élémentaires et qu'il convient de se mobiliser ensemble contre les fléaux de la misère et de la sous alimentation.
Cette dimension de solidarité participe du même acte de culte, de la même sacralité ; elle en épouse tous les contours et inscrit en l'homme, au moment même de sa reconnaissance du Créateur, la réalité de son destin avec les hommes. Son humanité. Le Prophète Muhammad (ç) s'est toujours efforcé de rendre clair à la conscience des croyants cet horizon de la solidarité essentielle et imperative.
Et ce jusqu'à l'imposition de la zakat al-fitr (aumône très recommandée que) les musulmans doivent verser juste avant la fête de la fin du Ramadan et qui est destinée prioritairement aux pauvres :
« Épargnez-leur la mendicité en ce jour (jour de fête) », parce que c'est leur droit, à tout le moins, de pouvoir rester dignes en ce jour.
C'est par ce même élan qui doit offrir un jour, au moins, de « plus de justice » que les musulmans devraient être mus, le reste de l'année, pour relever le défi d'aujourd'hui où quarante mille personnes par jour meurent d'inanition. Parce que ce ne peut être acceptable, parce que c'est un non-sens... Les croyants, comme tous les hommes, sont responsables devant Dieu de cette folie. Pratiquer le jeûne, dans l'intime proximité de Dieu, c'est ne jamais l'oublier :
Durant ce mois, plus que durant tout autre, les musulmans doivent s'unir pour défendre la justice sociale. Car jeûner c'est aussi, pour chaque fidèle, faire l'expérience de la privation, de la faim et de la soif. Pour tous, c'est le rappel qu'il existe des droits élémentaires et qu'il convient de se mobiliser ensemble contre les fléaux de la misère et de la sous alimentation.
Cette dimension de solidarité participe du même acte de culte, de la même sacralité ; elle en épouse tous les contours et inscrit en l'homme, au moment même de sa reconnaissance du Créateur, la réalité de son destin avec les hommes. Son humanité. Le Prophète Muhammad (ç) s'est toujours efforcé de rendre clair à la conscience des croyants cet horizon de la solidarité essentielle et imperative.
Et ce jusqu'à l'imposition de la zakat al-fitr (aumône très recommandée que) les musulmans doivent verser juste avant la fête de la fin du Ramadan et qui est destinée prioritairement aux pauvres :
« Épargnez-leur la mendicité en ce jour (jour de fête) », parce que c'est leur droit, à tout le moins, de pouvoir rester dignes en ce jour.
C'est par ce même élan qui doit offrir un jour, au moins, de « plus de justice » que les musulmans devraient être mus, le reste de l'année, pour relever le défi d'aujourd'hui où quarante mille personnes par jour meurent d'inanition. Parce que ce ne peut être acceptable, parce que c'est un non-sens... Les croyants, comme tous les hommes, sont responsables devant Dieu de cette folie. Pratiquer le jeûne, dans l'intime proximité de Dieu, c'est ne jamais l'oublier :
« II n 'est pas croyant celui qui parmi vous dort repu, alors que son voisin a faim. » [3]
[1]. Coran 2/183.
[2]. Tradition prophétique (hadîth) rapporté par Tirmidî.
[3]. Rapporté par Boukhâri.
[2]. Tradition prophétique (hadîth) rapporté par Tirmidî.
[3]. Rapporté par Boukhâri.