Jean-Jacques Thibon, al-Sulami. Les générations des Soufis. Ṭabaqāt al-ṣūfiyya de Abū ‘Abd al-Raḥmān, Muḥammad b. Ḥusayn al-Sulamī (325/937-412/1021). Traduit et présenté par Jean-Jacques Thibon. Leiden : Brill, 2019.
Dans Les générations des Soufis Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī (m. 1021), maître soufi de Nishapur, traditionniste šāfiʿite et historien, collecte l’enseignement de cent cinq maîtres soufis qui vécurent entre le 2e/8e et le 4e/10e siècles. Pour chacun d’eux, Sulamī propose une courte notice biographique et un ensemble de citations représentatives de son enseignement. Il rend ainsi compte de la diversité des approches de la voie spirituelle et de l’unité de ses principes. Cet ouvrage, l’un des plus anciens de ce type, rassemble le socle doctrinal sur lequel s’élabora le soufisme médiéval. Référence incontournable, il eut une influence considérable sur toute la littérature du soufisme et même l’historiographie. Cette traduction est la première en langue européenne d’un ouvrage de ce type.
Dans Les générations des Soufis Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī (m. 1021), maître soufi de Nishapur, traditionniste šāfiʿite et historien, collecte l’enseignement de cent cinq maîtres soufis qui vécurent entre le 2e/8e et le 4e/10e siècles. Pour chacun d’eux, Sulamī propose une courte notice biographique et un ensemble de citations représentatives de son enseignement. Il rend ainsi compte de la diversité des approches de la voie spirituelle et de l’unité de ses principes. Cet ouvrage, l’un des plus anciens de ce type, rassemble le socle doctrinal sur lequel s’élabora le soufisme médiéval. Référence incontournable, il eut une influence considérable sur toute la littérature du soufisme et même l’historiographie. Cette traduction est la première en langue européenne d’un ouvrage de ce type.
Jean-Jacques Thibon (doctorat 2002) est professeur des universités en islamologie à l’Inalco (Paris). Il a publié une monographie intitulée L’œuvre d’Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī ainsi que des articles et traductions portant sur le soufisme et les soufis à l’époque médiévale.
Compte-rendu de l'ouvrage par Denise Aigle
En 2009, J.-J. Thibon a publié une véritable somme sur l’œuvre de Sulamī (m. 1021) (J.-J. Thibon, L’oeuvre d’Abū ‘Abd al-Raḥmām al-Sulamī (325/937-412/1021) et la formation du soufisme, Damas, Institut Français du Proche-Orient, 2009). Originaire du Khorasan, cette province de l’Iran oriental qui a joué un rôle fondamental dans la formation des courants spirituels de l’islam, Sulamī a vécu entre le xe siècle et le début du xie siècle, une période charnière dans l’histoire du soufisme. En continuité avec ses recherches sur ce maître spirituel, il traduit ici ses Ṭabaqāt al-ṣūfiyya, l’un des plus célèbres dictionnaires de biographies de soufis.
La traduction des Ṭabaqāt al-ṣūfiyya est précédée d’une substantielle introduction (p. 1-38) dans laquelle J.-J. Thibon présente l’auteur, son œuvre, ainsi que sa vision du soufisme. Il fait remarquer qu’alors que l’activité de muḥaddith et d’historien du soufisme de Sulamī est unanimement reconnue, sa qualité de maître spirituel est plus difficile à appréhender car il ne figure dans aucune silsila soufie (p. 2). Auteur de l’œuvre la plus volumineuse sur la mystique musulmane avant la période de Ghazālī, Sulamī occupe une place décisive pour comprendre le soufisme de la période classique. Traditionniste de renom, il associe les hadiths prophétiques et les sentences des maîtres spirituels afin de montrer que le soufisme et ses pratiques étaient en conformité avec l’orthodoxie religieuse. Dans la production de Sulamī, la composition des Ṭabaqāt al-ṣūfiyya est tardive, elle aurait été terminé après 997, tandis que son Ta’rīkh al-ṣūfiyya, dont les Ṭabaqāt al-ṣūfiyya seraient une partie, pourrait avoir été rédigé en 981 (p. 3). Dans une courte introduction, Sulamī présente les grandes lignes de son projet. Il voulait rassembler en cinq générations (chacune composée de 20 maîtres) la biographie des saints des époques récentes (p. 8). Issus pour l’essentiel du Moyen Orient, ces maîtres couvrent deux siècles (viiie- xe s.) depuis Ibrāhīm b. Adham (m. 778-779) jusqu’à ‘Abd Allāh Muqrī (m. 989-990).
J.-J. Thibon fait remarquer que Sulamī avait la volonté d’écarter toute information, susceptible de porter atteinte à l’autorité des maîtres spirituels biographiés. Il cite Ḥallāj, dont il n’évoque pas le procès, mais se contente simplement de mentionner qu’il fut tué à Bagdad (p. 10). En effet, à cette époque, les polémiques contre le saint homme étaient encore très vives dans le cercle des ulémas mais aussi parmi les soufis qui tentaient de faire reconnaître le soufisme comme une partie intégrante de l’islam.
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La traduction des Ṭabaqāt al-ṣūfiyya est précédée d’une substantielle introduction (p. 1-38) dans laquelle J.-J. Thibon présente l’auteur, son œuvre, ainsi que sa vision du soufisme. Il fait remarquer qu’alors que l’activité de muḥaddith et d’historien du soufisme de Sulamī est unanimement reconnue, sa qualité de maître spirituel est plus difficile à appréhender car il ne figure dans aucune silsila soufie (p. 2). Auteur de l’œuvre la plus volumineuse sur la mystique musulmane avant la période de Ghazālī, Sulamī occupe une place décisive pour comprendre le soufisme de la période classique. Traditionniste de renom, il associe les hadiths prophétiques et les sentences des maîtres spirituels afin de montrer que le soufisme et ses pratiques étaient en conformité avec l’orthodoxie religieuse. Dans la production de Sulamī, la composition des Ṭabaqāt al-ṣūfiyya est tardive, elle aurait été terminé après 997, tandis que son Ta’rīkh al-ṣūfiyya, dont les Ṭabaqāt al-ṣūfiyya seraient une partie, pourrait avoir été rédigé en 981 (p. 3). Dans une courte introduction, Sulamī présente les grandes lignes de son projet. Il voulait rassembler en cinq générations (chacune composée de 20 maîtres) la biographie des saints des époques récentes (p. 8). Issus pour l’essentiel du Moyen Orient, ces maîtres couvrent deux siècles (viiie- xe s.) depuis Ibrāhīm b. Adham (m. 778-779) jusqu’à ‘Abd Allāh Muqrī (m. 989-990).
J.-J. Thibon fait remarquer que Sulamī avait la volonté d’écarter toute information, susceptible de porter atteinte à l’autorité des maîtres spirituels biographiés. Il cite Ḥallāj, dont il n’évoque pas le procès, mais se contente simplement de mentionner qu’il fut tué à Bagdad (p. 10). En effet, à cette époque, les polémiques contre le saint homme étaient encore très vives dans le cercle des ulémas mais aussi parmi les soufis qui tentaient de faire reconnaître le soufisme comme une partie intégrante de l’islam.
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