Nous proposons ici un article portant la minorité musulmane Hui et plus particulièrement sur son actuel développement économique opéré autour de l'industrie du Halal. Son auteur est actuellement doctorant à l'université du Ningxia où ses recherches portent sur les différents aspects du développement socio-économique de la minorité musulmane Hui.
Situé au nord-ouest de la Chine, la Région autonome Hui du Ningxia est une province montagneuse se classant parmi les plus petites provinces chinoises, autant en population (6,25 millions) qu'en superficie (66 000 km2). Selon les indicateurs de revenus et d'espérance de vie, le Ningxia se situe bien au-dessous de la moyenne nationale; c'est également l'une des régions les moins industrialisées de Chine. Au coeur du plateau de Lœss (1050 mètres d'altitude), cette région est l'une des zones dont l'écologie et la capacité environnementale sont les plus vulnérables en Chine (Wu & al., 2010; Liu & Wang, 2001).
Or, si l'on en croit les plans de développement économique du gouvernement régional, le Ningxia comporte une ressource unique et précieuse, qui serait la clé de sa prospérité à venir : les musulmans Hui. En effet, le Ningxia compte la plus forte concentration de musulmans Hui en Chine : sur une population totale de 6,25 millions, 34 % environ sont Hui. Les Hui sont la plus importante minorité musulmane de Chine, et la troisième minorité après les Zhuang et les Mandchous. Véritable minorité nationale, on retrouve les Hui dans toutes les provinces de Chine, où ils ont tendance à se regrouper dans des quartiers et rues à saveur musulmane. On observe toutefois une concentration des Hui dans le nord-ouest de la Chine, notamment au Gansu, Qinghai, Xinjiang et particulièrement au Ningxia, leur région autonome.
Or, si l'on en croit les plans de développement économique du gouvernement régional, le Ningxia comporte une ressource unique et précieuse, qui serait la clé de sa prospérité à venir : les musulmans Hui. En effet, le Ningxia compte la plus forte concentration de musulmans Hui en Chine : sur une population totale de 6,25 millions, 34 % environ sont Hui. Les Hui sont la plus importante minorité musulmane de Chine, et la troisième minorité après les Zhuang et les Mandchous. Véritable minorité nationale, on retrouve les Hui dans toutes les provinces de Chine, où ils ont tendance à se regrouper dans des quartiers et rues à saveur musulmane. On observe toutefois une concentration des Hui dans le nord-ouest de la Chine, notamment au Gansu, Qinghai, Xinjiang et particulièrement au Ningxia, leur région autonome.
Les Hui du Ningxia sont autant urbanisés que leurs concitoyens de la majorité Han et sont similaires à la majorité Han autant sur le plan linguistique (les Hui parlent le dialecte local du mandarin) que de leur apparence physique. Cependant, en tant que musulmans, ils respectent les lois islamiques alimentaires et rejettent la consommation de viande de porc. Outre les tabous alimentaires, un marqueur identitaire fort important est l'habillement : les femmes mariées portent généralement un chapeau de couleur bleu ciel, plus rarement un voile de style malaisien, et les hommes d'un certain âge portent une calotte le plus souvent de couleur blanche.
Selon les dirigeants de la région, grâce à cette forte concentration de population musulmane, le Ningxia est naturellement destiné à devenir le coeur des efforts de la Chine en matière d'industrie de produits alimentaires halal. En effet, les Hui forment un bassin important de consommateurs et une source d'expertise inestimable dans le domaine de la production halal. Les affinités religieuses et culturelles partagées par la minorité musulmane Hui et leurs coreligionnaires du Moyen-Orient, à l'en croire les plans gouvernementaux, représenteraient un avantage comparatif exclusif au Ningxia, formant un pilier absolument central du plan d'ouverture économique régional.
Comme le déclarait le précédent président régional Wang Zhengwei lors de l'ouverture du Sommet international des entrepreneurs musulmans de Yinchuan en 2012, l'objectif est de faire du Ningxia « la tête de pont des échanges économiques et commerciaux et de la coopération internationale avec les pays musulmans ». Afin de réaliser cet objectif, cette « affinité culturelle » entre musulmans est sensée « créer un sentiment d'identité commune » avec le monde musulman, les Hui devenant ainsi les « intermédiaires » entre les entreprises du Ningxia et les marchés arabo-musulmans.
Comme le déclarait le précédent président régional Wang Zhengwei lors de l'ouverture du Sommet international des entrepreneurs musulmans de Yinchuan en 2012, l'objectif est de faire du Ningxia « la tête de pont des échanges économiques et commerciaux et de la coopération internationale avec les pays musulmans ». Afin de réaliser cet objectif, cette « affinité culturelle » entre musulmans est sensée « créer un sentiment d'identité commune » avec le monde musulman, les Hui devenant ainsi les « intermédiaires » entre les entreprises du Ningxia et les marchés arabo-musulmans.
La montée de l'industrie halal
Avec une population musulmane mondiale estimée à 1,6 milliard d'individus, la valeur totale de l'industrie halal mondiale était d'environ 2,3 milliards $ US en 2012. On estime que ce montant devrait augmenter de manière conséquente dans les années à venir, suivant la hausse de la consommation au sein des pays musulmans et une prise de conscience de plus en plus affirmée des consommateurs musulmans quant à l'importance d'exiger des produits halal.
Cette importante croissante de l'industrie halal n'est nulle part aussi évidente que dans les pays arabo-musulmans du Golfe Persique, notamment par la montée de leurs importations agroalimentaires. Afin de satisfaire leur demande interne en croissance fulgurante, les six États du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) sont les locomotives, doivent importer annuellement 90 % de leur besoin en céréales et 60 % de leur besoin en viande; en Arabie saoudite, cela représente annuellement 5 millions de têtes de bétail. Ces importations forment une manne financière importante pour ceux qui arrivent à capturer une part de ce marché : la valeur des importations de ces pays est passée de 13,5 milliards $ US en 2007 à 35,3 milliards $ US en 2011, et ne semble pas faiblir.
Cette demande exponentielle des marchés du Golfe s'est évidemment traduite par un intérêt rehaussé des entrepreneurs étrangers envers le marché halal. Actuellement, les multinationales agroalimentaires du Brésil, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ont monopolisé la part de lion des exportations mondiales de viande et des produits transformés halal vers les pays du Moyen-Orient (HMC, 2007). Or, ces dernières années, plusieurs régions et pays d'Asie de culture musulmane ont cherché à capturer une part de ce marché en encourageant le développement et l'internationalisation de leur base de production halal. C'est le cas, entre autres, du Brunei Darussalam, de la Malaisie, de l'Indonésie, des régions musulmanes de la Thaïlande et des Philippines, et des provinces chinoises à forte concentration de Hui : le Qinghai, le Gansu, le Shaanxi et, bien sûr, la région autonome Hui du Ningxia.
Cette importante croissante de l'industrie halal n'est nulle part aussi évidente que dans les pays arabo-musulmans du Golfe Persique, notamment par la montée de leurs importations agroalimentaires. Afin de satisfaire leur demande interne en croissance fulgurante, les six États du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) sont les locomotives, doivent importer annuellement 90 % de leur besoin en céréales et 60 % de leur besoin en viande; en Arabie saoudite, cela représente annuellement 5 millions de têtes de bétail. Ces importations forment une manne financière importante pour ceux qui arrivent à capturer une part de ce marché : la valeur des importations de ces pays est passée de 13,5 milliards $ US en 2007 à 35,3 milliards $ US en 2011, et ne semble pas faiblir.
Cette demande exponentielle des marchés du Golfe s'est évidemment traduite par un intérêt rehaussé des entrepreneurs étrangers envers le marché halal. Actuellement, les multinationales agroalimentaires du Brésil, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ont monopolisé la part de lion des exportations mondiales de viande et des produits transformés halal vers les pays du Moyen-Orient (HMC, 2007). Or, ces dernières années, plusieurs régions et pays d'Asie de culture musulmane ont cherché à capturer une part de ce marché en encourageant le développement et l'internationalisation de leur base de production halal. C'est le cas, entre autres, du Brunei Darussalam, de la Malaisie, de l'Indonésie, des régions musulmanes de la Thaïlande et des Philippines, et des provinces chinoises à forte concentration de Hui : le Qinghai, le Gansu, le Shaanxi et, bien sûr, la région autonome Hui du Ningxia.
Dans la plupart des cas, cette poussée de l'industrie halal prend la forme d'une politique industrielle initiée et dirigée par l'État, qui s'incarne concrètement dans des « parcs industriels halal » de diverses tailles et maturité. Ces parcs halal consistent la plupart du temps en des guichets/plates-formes uniques desservant l'ensemble des activités liées à la production halal, ce qui comprend l'inspection, la certification, la recherche, l'analyse, l'échantillonnage, les installations de laboratoire, le marketing, la gestion, le service aux consommateurs, les services de formation, les technologies de l'information, la logistique et le réseautage, etc. En Chine, particulièrement, le rôle proactif des institutions publiques dans le développement, la coordination et la promotion de l'industrie halal est de plus en plus visible. De plus, ces clusters halal ont tous en commun une ambition commune : favoriser l'internationalisation des entreprises locales, hausser les exportations et attirer les pétrodollars des pays du Golfe.
Un potentiel économique important
Cet important potentiel de l'industrie halal n'est pas passé inaperçu dans les officines du Parti communiste chinois et les responsables politiques locaux ont fixé comme une priorité régionale l'accession à ces marchés du Golfe Persique afin de profiter de ces opportunités lucratives d'exportation et d'investissement. Délaissant leur méfiance et leur hostilité idéologique envers tout mouvement religieux, les élites locales du Parti communiste érigèrent en tant pilier de la politique économique du Ningxia l'héritage musulman de la région. C'est ainsi que les Hui devinrent des acteurs centraux de la vie économique de la région, participant activement à la modernisation et à l'ouverture du Ningxia.
Concrètement, ces efforts régionaux en matière d'industrie halal se sont incarnés dans la création de deux parcs industriels halal : le Parc industriel de produits halal de Desheng (Yinchuan) et le Parc industriel de produits alimentaires halal de Wuzhong, fondés au milieu des années 2000. L'établissement en 2012 d'une zone économique pilote — qui couvre la totalité de la région — représente un pas de plus dans cette stratégie. L'objectif de la zone est d'ailleurs explicite : développer le commerce avec les pays arabo-musulmans, ouvrir le marché local et encourager les compagnies locales à coopérer avec leurs partenaires arabes, mais aussi malaisiens, indonésiens, iraniens, etc.
Song Wei, responsable des relations avec les pays arabes francophones dans le Bureau des affaires étrangères de Ningxia, explique : « Pour une région comme le Ningxia, le marché arabe représente une opportunité importante. Comme les Hui et les musulmans ont en commun un héritage religieux similaire, plusieurs domaines de coopération peuvent s'ouvrir aux entreprises d'ici, notamment les secteurs des produits alimentaires halal, des énergies vertes, de l'agriculture, des systèmes anti-désertification, etc. »
L'Exposition Arabo-Chinoise, la plus grande conférence réunissant les pays arabes et la Chine, a d'ailleurs lieu à chaque deux ans dans la capitale du Ningxia, à Yinchuan. Événement mondain pour le gratin de l'industrie halal de Chine et d'ailleurs, l'exposition dure 5 jours et attire en moyenne plus de 7000 personnes en provenance d'une soixantaine de pays. Lors de la dernière édition, les chiffres officiels ont annoncé un total de 158 contrats signés au cours de l'exposition, d'une valeur totale de 259,9 milliards de yuan, touchant à des domaines aussi variés que l'énergie et l'industrie chimique, les nouveaux matériaux, le tourisme culturel et, bien sûr, les produits alimentaires halal.
Song Wei, responsable des relations avec les pays arabes francophones dans le Bureau des affaires étrangères de Ningxia, explique : « Pour une région comme le Ningxia, le marché arabe représente une opportunité importante. Comme les Hui et les musulmans ont en commun un héritage religieux similaire, plusieurs domaines de coopération peuvent s'ouvrir aux entreprises d'ici, notamment les secteurs des produits alimentaires halal, des énergies vertes, de l'agriculture, des systèmes anti-désertification, etc. »
L'Exposition Arabo-Chinoise, la plus grande conférence réunissant les pays arabes et la Chine, a d'ailleurs lieu à chaque deux ans dans la capitale du Ningxia, à Yinchuan. Événement mondain pour le gratin de l'industrie halal de Chine et d'ailleurs, l'exposition dure 5 jours et attire en moyenne plus de 7000 personnes en provenance d'une soixantaine de pays. Lors de la dernière édition, les chiffres officiels ont annoncé un total de 158 contrats signés au cours de l'exposition, d'une valeur totale de 259,9 milliards de yuan, touchant à des domaines aussi variés que l'énergie et l'industrie chimique, les nouveaux matériaux, le tourisme culturel et, bien sûr, les produits alimentaires halal.
Une grappe industrielle halal soutenue par l'État
Jusqu'à un certain point, ces efforts semblent porter fruit. La croissance de l'industrie halal locale a atteint plus de 20 % au cours de la période du onzième plan quinquennal (2006-2010). Selon les données disponibles, en 2012, l'industrie halal du Ningxia était composée de 655 compagnies (dont 102 entreprises de grande taille), employant quelque 20 000 personnes. Dans le domaine de la production alimentaire, 77 % des entreprises disposaient d'une certification halal, et la valeur de leur production totalisait 17,43 milliards de yuan. Toujours en date de 2012, 176 compagnies étaient installées au Parc industriel de produits alimentaires halal de Wuzhong — la plus grande base de production halal au niveau régional — dont 139 compagnies d'alimentation halal (formant 80 % de la base industrielle), dont plusieurs géants chinois de l'alimentation.
Or, le développement de ces parcs halal n'est pas que le résultat d'un quelconque avantage comparatif naturel : ces derniers sont fortement soutenus par diverses mesures gouvernementales, notamment par des mesures financières. Au niveau local, les autorités municipales se sont pleinement engagées dans la réalisation de ces objectifs de développement de l'industrie halal. L'organisation, par la capitale du Ningxia, Yinchuan, de différents évènements internationaux témoignent de cet engagement, notamment le Salon international de l'alimentation halal de Chine, le Forum sur le marketing, l'investissement et le financement l'industrie alimentaire halal de Chine et le Festival artistique d'alimentation halal, etc.
Au niveau régional, diverses politiques très généreuses furent également mises en place, entre autres un « fonds de développement de l'industrie de l'alimentation halal », comprenant des investissements 5 millions de yuan chaque année, dans le but d'établir le renom des marques halal, de développer de nouveaux produits et de pénétrer les marchés musulmans encore inexplorés. Afin d'encourager les exportations, les autorités offrent également aux entreprises, lors de la première année de leurs activités à l'international, des subventions de 0,1 yuan pour chaque dollar d'exportation. De plus, les entreprises qui investissent pour établir un bureau de représentation à l'étranger et qui réalisent un certain niveau d'exportation peuvent bénéficier d'une subvention unique de 5 à 10 millions de yuan. Selon les données disponibles, en 2007, les gouvernements locaux et régionaux du Ningxia avaient investi près de 40 millions de yuan dans le seul parc industriel de Wuzhong. Cela s'ajoute aux incitatifs financiers pour l'innovation, avec des récompenses de 50 000 yuan pour les enregistrements de brevets dans le domaine de l'alimentation halal. Après l'établissement de ce programme, en seulement deux mois, le Bureau de la propriété intellectuelle reçut 307 demandes, dont 276 ont été officiellement soumises à l'Office national de la propriété intellectuelle.
Or, le développement de ces parcs halal n'est pas que le résultat d'un quelconque avantage comparatif naturel : ces derniers sont fortement soutenus par diverses mesures gouvernementales, notamment par des mesures financières. Au niveau local, les autorités municipales se sont pleinement engagées dans la réalisation de ces objectifs de développement de l'industrie halal. L'organisation, par la capitale du Ningxia, Yinchuan, de différents évènements internationaux témoignent de cet engagement, notamment le Salon international de l'alimentation halal de Chine, le Forum sur le marketing, l'investissement et le financement l'industrie alimentaire halal de Chine et le Festival artistique d'alimentation halal, etc.
Au niveau régional, diverses politiques très généreuses furent également mises en place, entre autres un « fonds de développement de l'industrie de l'alimentation halal », comprenant des investissements 5 millions de yuan chaque année, dans le but d'établir le renom des marques halal, de développer de nouveaux produits et de pénétrer les marchés musulmans encore inexplorés. Afin d'encourager les exportations, les autorités offrent également aux entreprises, lors de la première année de leurs activités à l'international, des subventions de 0,1 yuan pour chaque dollar d'exportation. De plus, les entreprises qui investissent pour établir un bureau de représentation à l'étranger et qui réalisent un certain niveau d'exportation peuvent bénéficier d'une subvention unique de 5 à 10 millions de yuan. Selon les données disponibles, en 2007, les gouvernements locaux et régionaux du Ningxia avaient investi près de 40 millions de yuan dans le seul parc industriel de Wuzhong. Cela s'ajoute aux incitatifs financiers pour l'innovation, avec des récompenses de 50 000 yuan pour les enregistrements de brevets dans le domaine de l'alimentation halal. Après l'établissement de ce programme, en seulement deux mois, le Bureau de la propriété intellectuelle reçut 307 demandes, dont 276 ont été officiellement soumises à l'Office national de la propriété intellectuelle.
Le bœuf ou la grenouille?
Or, près de 10 ans après la mise en place d'une stratégie régionale, et malgré les efforts monétaires impressionnants des différents paliers de gouvernement, les résultats en terme du degré d'internationalisation de l'industrie halal sont loin d'être à la hauteur des attentes. Bien sûr, certains succès sont visibles : les produits locaux ont été exportés vers plus de 30 pays, incluant la Malaisie, la Libye, les É.A.U., l'Arabie Saoudite, l'Iran et d'autres pays musulmans.
Or, l'ampleur de ces activités internationales reste toutefois limitée : sur 65 compagnies de production alimentaires du parc industriel de Desheng, uniquement neuf disposent d'un permis d'exportation, et seulement deux d'entre elles ont une réelle expérience à l'étranger. Selon les données disponibles, l'industrie halal du Ningxia reste encore largement orientée vers la demande intérieure, et la part de la Chine dans le commerce halal mondial semble stagner autour de 0,1%, les exportations se chiffrant à moins de 100 millions de Yuan. Somme toute, le degré d'internationalisation de l'industrie halal reflète donc le degré d'ouverture économique de la région du Ningxia, qui est faible, que ce soit en terme de la part des exportations que des investissements étrangers.
Il semble que capturer une part du marché arabe n'est pas aussi facile que l'avaient prévu les plans gouvernementaux. En effet, les entreprises locales se sont vite heurtées à de nombreux obstacles et contraintes qui entravent l'expansion internationale de leurs activités.À ce titre, citons Bai Shangcheng, le maire de la ville de Wuzhong, qui décrit d'une manière très incisive la situation actuelle du développement de l'industrie halal. Lors de sa participation à la réunion Comité national de la CCPPC, le 10 mars 2014, il décrivait les principaux problèmes de l'industrie halal du Ningxia comme ceci :
Or, l'ampleur de ces activités internationales reste toutefois limitée : sur 65 compagnies de production alimentaires du parc industriel de Desheng, uniquement neuf disposent d'un permis d'exportation, et seulement deux d'entre elles ont une réelle expérience à l'étranger. Selon les données disponibles, l'industrie halal du Ningxia reste encore largement orientée vers la demande intérieure, et la part de la Chine dans le commerce halal mondial semble stagner autour de 0,1%, les exportations se chiffrant à moins de 100 millions de Yuan. Somme toute, le degré d'internationalisation de l'industrie halal reflète donc le degré d'ouverture économique de la région du Ningxia, qui est faible, que ce soit en terme de la part des exportations que des investissements étrangers.
Il semble que capturer une part du marché arabe n'est pas aussi facile que l'avaient prévu les plans gouvernementaux. En effet, les entreprises locales se sont vite heurtées à de nombreux obstacles et contraintes qui entravent l'expansion internationale de leurs activités.À ce titre, citons Bai Shangcheng, le maire de la ville de Wuzhong, qui décrit d'une manière très incisive la situation actuelle du développement de l'industrie halal. Lors de sa participation à la réunion Comité national de la CCPPC, le 10 mars 2014, il décrivait les principaux problèmes de l'industrie halal du Ningxia comme ceci :
« En ce qui concerne le développement de l'industrie halal du Ningxia, cette industrie est actuellement petite, dispersée et chaotique. Petite, parce que son ampleur est limitée, et que peu de grandes entreprises de premier plan sont présentes sur place. Dispersée, parce qu'il n'y a pas de concentration suffisante des ressources pour permettre des synergies et des économies d'échelle. Chaotique, parce qu'il n'existe aucune norme uniforme en matière de certification halal au niveau local, et que les entreprises n'arrivent pas à se conformer aux normes internationales. »
Pour surmonter, ou du moins pour atténuer, ces problèmes, Bai Shangcheng — comme la plupart des responsables politiques régionaux, ne semble voir qu'une solution : la poursuite des investissements publics, qui devraient automatiquement et tout naturellement entraîné l'internationalisation de l'industrie halal locale. Il s'agit de la même conviction à l'origine de l'industrie, selon laquelle la présence d'une minorité musulmane locale - les Hui - serait suffisante pour assurer l'internationalisation réussie des entreprises locales dans les marchés musulmans du Golfe.
Or, cette relation n'apparaît ni évidente, ni naturelle à l'observateur extérieur : la demande des pays du Golfe est bien réelle, mais cela ne signifie pas que ces derniers soient prêts à accepter n'importe quoi sur la simple base d'une supposée « affinité religieuse ». À ce titre, le principal problème du Ningxia semble être le manque de légitimité des entreprises chinoises dans le domaine des produits halal aux yeux des consommateurs étrangers, et particulièrement le manque de confiance quant à la propreté et la sécurité des produits alimentaires en provenance de Chine. Dans cette optique, tant que les autorités et les entreprises locales ne s'attaqueront pas à ce déficit de confiance, notamment en renforçant et harmonisant leur système de certification halal et de sécurité alimentaire, les incitatifs monétaires seront inefficaces et les plans ambitieux resteront lettres mortes. Jusqu'à ce que les acteurs locaux acceptent que le marché halal repose d'abord sur la confiance et la certification — et non pas sur des facteurs de correligiosité —, le Ningxia continuera de donner l'effet d'une grenouille cherchant maladroitement à ressembler à un boeuf.
Or, cette relation n'apparaît ni évidente, ni naturelle à l'observateur extérieur : la demande des pays du Golfe est bien réelle, mais cela ne signifie pas que ces derniers soient prêts à accepter n'importe quoi sur la simple base d'une supposée « affinité religieuse ». À ce titre, le principal problème du Ningxia semble être le manque de légitimité des entreprises chinoises dans le domaine des produits halal aux yeux des consommateurs étrangers, et particulièrement le manque de confiance quant à la propreté et la sécurité des produits alimentaires en provenance de Chine. Dans cette optique, tant que les autorités et les entreprises locales ne s'attaqueront pas à ce déficit de confiance, notamment en renforçant et harmonisant leur système de certification halal et de sécurité alimentaire, les incitatifs monétaires seront inefficaces et les plans ambitieux resteront lettres mortes. Jusqu'à ce que les acteurs locaux acceptent que le marché halal repose d'abord sur la confiance et la certification — et non pas sur des facteurs de correligiosité —, le Ningxia continuera de donner l'effet d'une grenouille cherchant maladroitement à ressembler à un boeuf.