L’exploration des ressources littéraires des manuscrits de Tombouctou nous amène à découvrir ce que l’on n’attendait pas : des textes qui relèvent à la fois du roman historique et de la littérature populaire, à la gloire de l’imam Ali et de son fils al-Husayn. Il s’agit de cinq récits. Le premier vante la science de l’imam. La science est l’un des traits marquants de l’imam que lui reconnaissent aussi les sunnites, se fondant sur parole du prophète : « Je suis la cité de la science, Ali en est la porte ». Les deux suivants se situent dans le contexte des expéditions du Prophète contre l’oasis de Khaybar. Le quatrième croise le récit du sauvetage des épouses du Prophète avec l’histoire d’un orphelin (al-Miqdad) et de ses amours pour la belle Mayyasa que son père lui refuse obstinément. Le cinquième est consacré au martyre de Husayn, fils de Ali. Il s’agit de l’interprétation chiite de l’événement. Elle en rejette la responsabilité sur le calife Yazid et ses agents, tout en blâmant les chiites de Koufa pour avoir abandonné Husayn après l’avoir invité à se mettre à leur tête. Pour cette tradition, la mort de Husayn, comme toute sa vie du reste, est marquée par des prodiges : prémonitions, interventions angéliques, châtiment des meurtriers et, pour terminer, l’itinéraire de la tête d’al-Husayn, dont le transmetteur a dit : « Nous avons cherché la tête d’al-Husayn, mais nous ne l’avons pas trouvée, et nous n’avons pu savoir si elle avait été enlevée au ciel ou enfouie dans la terre. »
Geuthner .