Editeur : ACTES SUD
Année de publication : 2012
Collection : La bibliothèque arabe
Biographie de l'auteur : Walid Khalidi est né à Jérusalem en 1925. Diplômé de l'université d'Oxford, il a enseigné l'histoire à Oxford, Beyrouth et Harvard. Il est le secrétaire général de l'Institut des études palestiniennes depuis sa fondation en 1963.
Résumé : Dans ce recueil d'articles inédits en français, l'historien palestinien Walid Khalidi revient sur la période ayant précédé la création de l'État d'Israël. Un regard inhabituel sur l'origine du conflit israélo-palestinien. (Tigrane YEGAVIAN)
Éminent historien palestinien, Walid Khalidi est né à Jérusalem en 1925 et a enseigné l’histoire à Oxford, Beyrouth et Harvard. Secrétaire général de l’Institut d’études palestiniennes depuis 1963, la plupart de ses écrits portent sur la Nakba .
Inédits en français, certains de ses articles ont été publiés en un volume sous les presses des éditions Sindbad – Actes Sud en octobre 2012. Dans ces textes, écrits entre 1959 et 1993 et qui font montre d’une rare acuité, l’auteur s’attache à rétablir des éléments historiques capitaux, apportant ainsi une contribution palestinienne à la fois précoce et opiniâtre à l’historiographie de la Nakba.
Point de départ de sa démarche, Walid Khalidi interroge les tenants et les aboutissants de cette séquence décisive de l’histoire de la Palestine. Pourquoi et comment les Palestiniens sont partis ? Retraçant la chronologie du conflit, l’auteur propose une interprétation nouvelle des événements qui se déroulent de novembre 1947 (vote du plan de partage de la Palestine à l’ONU que l’auteur critique ouvertement) à mai 1948 (déclenchement du premier conflit israélo-arabe de grande ampleur).
D’autre part, Walid Khalidi réfute, preuves à l’appui, la thèse israélienne faisant état d’une fuite des Palestiniens sous l’injonction des armées arabes censées contrer les desseins sionistes en Palestine ; autrement dit, selon lui, ce n’est pas l’entrée des armées arabes qui provoqua l’exode mais l’inverse. Aux yeux de l’historien, c’est essentiellement les conséquences d’une guerre psychologique ponctuée d’actes de terrorisme et d’offensives-éclair menées par les forces sionistes qui ont accéléré l’exode des populations civiles palestiniennes. De sorte que, contrairement aux idées reçues, le premier conflit israélo-arabe aurait été déclenché par les forces armées sionistes peu après le vote par l’ONU du plan de partage de la Palestine et non à l’initiative des armées arabes voisines de la Palestine mandataire (Egypte, Transjordanie, Syrie, Irak et Liban). Cette guerre totale menée par la Haganah se basait sur deux objectifs majeurs clairement précisés dans les plans C et D (dont le texte a été reproduit en annexe de l’ouvrage) de cette organisation armée :
- occuper la totalité du territoire imparti aux Palestiniens par le plan de partage (45,5% de leur patrie historique) ;
- forcer ses populations indigènes au départ par tous les moyens.
Quelles ont été les conditions qui ont conduit à la chute de la ville de Haïfa aux mains des forces sionistes ? À travers cette interrogation, l’auteur revient sur le rôle "irresponsable", selon lui, des autorités mandataires britanniques dans les derniers mois de l’exercice de leurs fonctions administratives et militaires en Palestine. Ce fut le cas notamment lorsqu’ils livrèrent les Palestiniens à leur sort, lors de leur retrait impromptu de Haïfa qui se soldera par la prise de la ville par les sionistes et la fuite en catastrophe de ses habitants palestiniens.
Les armées arabes étaient-elles en mesure de vaincre les forces sionistes ?
À ce sujet, Walid Khalidi porte un regard critique et distancié sur les divisions et les tiraillements qui lézardent les pays arabes dans les mois qui précédent le déclenchement de la guerre de 1948. Par exemple, si ces forces armées ont sans cesse exhorté les Palestiniens à ne pas quitter leurs maisons et leurs emplois, mal entraînées, peu coordonnées entre elles, elles arriveront trop tard sur le théâtre du conflit. Celui-ci se soldera par le maintien sous contrôle arabe de seulement deux territoires : la Cisjordanie et la bande de Gaza. La Nakba est donc aussi la conséquence de cette différence abyssale dans le rapport de force entre les moyens de l’Organisation sioniste mondiale et ses relais britanniques et américains d’une part et ceux d’une société palestinienne au stade encore préindustriel d'autre part.
Du fait de cette asymétrie des forces en présence, les Palestiniens plus forts en nombre et occupant l’écrasante majorité du territoire de la Palestine historique en 1947 (93%) ne peuvent rien ou presque face à l’efficacité redoutable d’une armée proto-nationale parfaitement aguerrie, disposant (déjà) d’un soutien américain sans faille.
C’est pourquoi, l’année 1948 constitue aux yeux de l’auteur "le paroxysme d’une suite d’événements" qui a commencé avec la naissance du mouvement sioniste moderne au XIXe siècle (congrès de Bâle de 1897) et a abouti à la création de l’état israélien en Palestine.
Publication en partenariat avec Nonfiction .
Inédits en français, certains de ses articles ont été publiés en un volume sous les presses des éditions Sindbad – Actes Sud en octobre 2012. Dans ces textes, écrits entre 1959 et 1993 et qui font montre d’une rare acuité, l’auteur s’attache à rétablir des éléments historiques capitaux, apportant ainsi une contribution palestinienne à la fois précoce et opiniâtre à l’historiographie de la Nakba.
Point de départ de sa démarche, Walid Khalidi interroge les tenants et les aboutissants de cette séquence décisive de l’histoire de la Palestine. Pourquoi et comment les Palestiniens sont partis ? Retraçant la chronologie du conflit, l’auteur propose une interprétation nouvelle des événements qui se déroulent de novembre 1947 (vote du plan de partage de la Palestine à l’ONU que l’auteur critique ouvertement) à mai 1948 (déclenchement du premier conflit israélo-arabe de grande ampleur).
D’autre part, Walid Khalidi réfute, preuves à l’appui, la thèse israélienne faisant état d’une fuite des Palestiniens sous l’injonction des armées arabes censées contrer les desseins sionistes en Palestine ; autrement dit, selon lui, ce n’est pas l’entrée des armées arabes qui provoqua l’exode mais l’inverse. Aux yeux de l’historien, c’est essentiellement les conséquences d’une guerre psychologique ponctuée d’actes de terrorisme et d’offensives-éclair menées par les forces sionistes qui ont accéléré l’exode des populations civiles palestiniennes. De sorte que, contrairement aux idées reçues, le premier conflit israélo-arabe aurait été déclenché par les forces armées sionistes peu après le vote par l’ONU du plan de partage de la Palestine et non à l’initiative des armées arabes voisines de la Palestine mandataire (Egypte, Transjordanie, Syrie, Irak et Liban). Cette guerre totale menée par la Haganah se basait sur deux objectifs majeurs clairement précisés dans les plans C et D (dont le texte a été reproduit en annexe de l’ouvrage) de cette organisation armée :
- occuper la totalité du territoire imparti aux Palestiniens par le plan de partage (45,5% de leur patrie historique) ;
- forcer ses populations indigènes au départ par tous les moyens.
Quelles ont été les conditions qui ont conduit à la chute de la ville de Haïfa aux mains des forces sionistes ? À travers cette interrogation, l’auteur revient sur le rôle "irresponsable", selon lui, des autorités mandataires britanniques dans les derniers mois de l’exercice de leurs fonctions administratives et militaires en Palestine. Ce fut le cas notamment lorsqu’ils livrèrent les Palestiniens à leur sort, lors de leur retrait impromptu de Haïfa qui se soldera par la prise de la ville par les sionistes et la fuite en catastrophe de ses habitants palestiniens.
Les armées arabes étaient-elles en mesure de vaincre les forces sionistes ?
À ce sujet, Walid Khalidi porte un regard critique et distancié sur les divisions et les tiraillements qui lézardent les pays arabes dans les mois qui précédent le déclenchement de la guerre de 1948. Par exemple, si ces forces armées ont sans cesse exhorté les Palestiniens à ne pas quitter leurs maisons et leurs emplois, mal entraînées, peu coordonnées entre elles, elles arriveront trop tard sur le théâtre du conflit. Celui-ci se soldera par le maintien sous contrôle arabe de seulement deux territoires : la Cisjordanie et la bande de Gaza. La Nakba est donc aussi la conséquence de cette différence abyssale dans le rapport de force entre les moyens de l’Organisation sioniste mondiale et ses relais britanniques et américains d’une part et ceux d’une société palestinienne au stade encore préindustriel d'autre part.
Du fait de cette asymétrie des forces en présence, les Palestiniens plus forts en nombre et occupant l’écrasante majorité du territoire de la Palestine historique en 1947 (93%) ne peuvent rien ou presque face à l’efficacité redoutable d’une armée proto-nationale parfaitement aguerrie, disposant (déjà) d’un soutien américain sans faille.
C’est pourquoi, l’année 1948 constitue aux yeux de l’auteur "le paroxysme d’une suite d’événements" qui a commencé avec la naissance du mouvement sioniste moderne au XIXe siècle (congrès de Bâle de 1897) et a abouti à la création de l’état israélien en Palestine.
Publication en partenariat avec Nonfiction .
*Tigrane Yégavian est titulaire d’un Master en politique comparée spécialité Monde Musulman de l’IEP de Paris et d’une licence d’arabe à l’INALCO.
Apres avoir étudié la question turkmène en Irak, les relations turco-irakiennes et la question des minorités en Syrie et au Liban, il s’est tourné vers le journalisme spécialisé sur le Moyen-Orient. Il collabore notamment pour le compte des revues Moyen-Orient, Carto ainsi qu’au mensuel France-Arménie.
En 2009 il a publié un recueil de poésie, Insolations paru aux éditions du Cercle des écrits caucasiens.
En 2009 il a publié un recueil de poésie, Insolations paru aux éditions du Cercle des écrits caucasiens.