Le 8 janvier 2021 le Professeur Mohamed Mestiri décédait à l’âge de 57 ans à Paris. Il aura été pendant plus de 30 ans un acteur important de la pensée islamique en Europe et dans le monde.
Très jeune, il cultivera dans sa Tunisie natale, un leadership dans les halaqates (cours religieux) de la mosquée. Puis, à l’adolescence à travers des activités comme le scoutisme mais aussi la pratique soutenue du judo.
Au service de ses prochains et des causes justes, le Professeur Mohamed Mestiri aura ainsi développé durant sa jeunesse de nombreuses qualités humaines qui l’accompagneront toute sa vie : la simplicité, la modestie, la générosité, le dynamisme, la patience, la discrétion, le calme, la largeur d’esprit, la douceur et la gaieté.
Se destinant après le bac à des études de philosophie, il entamera finalement des études de « théologie » (usul din) à l’université de la Zitouna. Cursus qu’il ne regrettera pas. Puis, sous le règne de Ben Ali, il décidera de poursuivre ses études en France à l’université de la Sorbonne.
C’est alors dans l’exil et dans conditions difficiles que ce jeune zitounien entamera une thèse de philosophie sous la direction bienveillante du Professeur Pierre Thillet. Il étudiera de manière comparative l’approche rationnelle du sacré chez les premiers théologiens et philosophes musulmans dans la recherche du bonheur. Mohamed Mestiri, homme de conviction et de débat, défendra ainsi l’existence d’une philosophie morale dès les premiers siècles de l’islam. Au-delà des divergences sur ce sujet, cette étude aura le mérite d’ouvrir des perspectives de recherche tout comme le travail du Professeur Mohamed Hamidullah, qu’il côtoiera durant ses études, avait pu apporter un éclairage nouveau sur la question du califat à travers l’étude de la diplomatie musulmane.
Travailleur acharné et engagé, le Professeur Mestiri ne délaissera pas pour autant l’action au sein des différentes associations musulmanes locales comme la ligue islamique mondiale ou le centre islamique Abaad. Mais c’est durant le début des années 2000 que sa carrière intellectuelle prendra un nouveau tournant avec sa désignation en tant que directeur au sein de l’institut international de la pensée islamique à Saint Ouen (IIIT France). Cet institut de recherche américain crée en 1981 proposera une approche ambitieuse alliant les sciences religieuses et les sciences sociales à travers différents bureaux dans le monde. Sous l’impulsion du Professeur Mestiri, l’IIIT France se distinguera par l’ouverture d’une section d’enseignement. Ainsi, dès 2007, l’IIIT France proposera au public francophone un programme novateur d’initiation à la recherche sur les questions du patrimoine islamique et de la modernité. L’institut rayonnera également à travers différentes activités comme des congrès, des colloques, des rencontres débats, des dialogues interreligieux, des publications et des partenariats avec des institutions prestigieuses comme l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) ou l’UNESCO. Ce spécialiste de la pensée islamique se joindra aussi à l’élaboration de programmes scientifiques pour différents instituts à Lille, Bruxelles ou Fribourg. Il prendra part également aux différents débats sur l’islam en France.
Très jeune, il cultivera dans sa Tunisie natale, un leadership dans les halaqates (cours religieux) de la mosquée. Puis, à l’adolescence à travers des activités comme le scoutisme mais aussi la pratique soutenue du judo.
Au service de ses prochains et des causes justes, le Professeur Mohamed Mestiri aura ainsi développé durant sa jeunesse de nombreuses qualités humaines qui l’accompagneront toute sa vie : la simplicité, la modestie, la générosité, le dynamisme, la patience, la discrétion, le calme, la largeur d’esprit, la douceur et la gaieté.
Se destinant après le bac à des études de philosophie, il entamera finalement des études de « théologie » (usul din) à l’université de la Zitouna. Cursus qu’il ne regrettera pas. Puis, sous le règne de Ben Ali, il décidera de poursuivre ses études en France à l’université de la Sorbonne.
C’est alors dans l’exil et dans conditions difficiles que ce jeune zitounien entamera une thèse de philosophie sous la direction bienveillante du Professeur Pierre Thillet. Il étudiera de manière comparative l’approche rationnelle du sacré chez les premiers théologiens et philosophes musulmans dans la recherche du bonheur. Mohamed Mestiri, homme de conviction et de débat, défendra ainsi l’existence d’une philosophie morale dès les premiers siècles de l’islam. Au-delà des divergences sur ce sujet, cette étude aura le mérite d’ouvrir des perspectives de recherche tout comme le travail du Professeur Mohamed Hamidullah, qu’il côtoiera durant ses études, avait pu apporter un éclairage nouveau sur la question du califat à travers l’étude de la diplomatie musulmane.
Travailleur acharné et engagé, le Professeur Mestiri ne délaissera pas pour autant l’action au sein des différentes associations musulmanes locales comme la ligue islamique mondiale ou le centre islamique Abaad. Mais c’est durant le début des années 2000 que sa carrière intellectuelle prendra un nouveau tournant avec sa désignation en tant que directeur au sein de l’institut international de la pensée islamique à Saint Ouen (IIIT France). Cet institut de recherche américain crée en 1981 proposera une approche ambitieuse alliant les sciences religieuses et les sciences sociales à travers différents bureaux dans le monde. Sous l’impulsion du Professeur Mestiri, l’IIIT France se distinguera par l’ouverture d’une section d’enseignement. Ainsi, dès 2007, l’IIIT France proposera au public francophone un programme novateur d’initiation à la recherche sur les questions du patrimoine islamique et de la modernité. L’institut rayonnera également à travers différentes activités comme des congrès, des colloques, des rencontres débats, des dialogues interreligieux, des publications et des partenariats avec des institutions prestigieuses comme l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) ou l’UNESCO. Ce spécialiste de la pensée islamique se joindra aussi à l’élaboration de programmes scientifiques pour différents instituts à Lille, Bruxelles ou Fribourg. Il prendra part également aux différents débats sur l’islam en France.
Mohamed Mestiri
Mais après un peu plus d’une décennie d’activités riches et intenses, l’IIIT France fermera ses portes. S’ouvre alors pour le Professeur Mestiri une période de retraite spirituelle et intellectuelle. Le contexte du printemps arabe, lui permettra néanmoins de s’engager dans la Tunisie de l’après Ben Ali. Fidèle à sa vocation, il choisira l’enseignement, en rejoignant l’université la Zitouna en tant que Professeur de « théologie ». Avec sa riche expérience et son expertise, il apportera rapidement un renouveau au sein de l’université. Il n’aura de cesse, au prix parfois de sa santé, de sensibiliser ses étudiants à l’effort de recherche et de créativité. Il inculquera, par exemple, l’exigence de lire les penseurs à travers les œuvres plutôt qu’à travers les « étiquettes ». Par ailleurs, il sera à l’initiative du forum de la pensée islamique de la Zitouna. En outre, le Professeur Mestiri participera à de nombreux débats au sein de la société tunisienne, il produira des articles scientifiques et rédigera deux ouvrages en langue arabe sur le renouveau de la pensée islamique. Proche de ses étudiants et de leurs difficultés il sera à l’image d’un père affectueux qui rassure, encourage et conseille. Son dévouement pour le savoir et la justice l’amèneront également à poursuivre son engagement en dehors de la Tunisie.
Durant toute sa carrière intellectuelle, le Professeur Mestiri sera apprécié de ses pairs et de son auditoire. Ses qualités intellectuelles et humaines lui permettront de tisser un large réseau dans le domaine du savoir et de la recherche. Il sera un infatigable artisan du dialogue intracommunautaire et extracommunautaire. Il se positionnera contre la culture de l’anathème et la théorie du clash des civilisations. L’approche du Professeur Mestiri a souvent été comprise comme rationaliste mais son travail s’inscrit plutôt dans une approche globale c’est-à-dire spirituelle, rationnelle et éthique. Selon lui, le statut de l’intellectuel « découle d’un état d’esprit complexe qui s’opère à la fois dans le champ de la réforme interne, celle de l’esprit, du goût, des idées…mais aussi externe dans les champs de l’interculturalité, de l’universel ».
Il aura été jusqu’à la fin de sa vie cet intellectuel engagé dans le champ de la réforme interne et externe.
Que Dieu lui fasse miséricorde. Amin.
"Dieu aime ses serviteurs discrets et pieux. Quand ils sont présents, personne ne les remarque et quand ils sont absents, personne ne s'en inquiète. Ils sont l'élite de la religion, les lumières de la connaissance" (hadith).
Durant toute sa carrière intellectuelle, le Professeur Mestiri sera apprécié de ses pairs et de son auditoire. Ses qualités intellectuelles et humaines lui permettront de tisser un large réseau dans le domaine du savoir et de la recherche. Il sera un infatigable artisan du dialogue intracommunautaire et extracommunautaire. Il se positionnera contre la culture de l’anathème et la théorie du clash des civilisations. L’approche du Professeur Mestiri a souvent été comprise comme rationaliste mais son travail s’inscrit plutôt dans une approche globale c’est-à-dire spirituelle, rationnelle et éthique. Selon lui, le statut de l’intellectuel « découle d’un état d’esprit complexe qui s’opère à la fois dans le champ de la réforme interne, celle de l’esprit, du goût, des idées…mais aussi externe dans les champs de l’interculturalité, de l’universel ».
Il aura été jusqu’à la fin de sa vie cet intellectuel engagé dans le champ de la réforme interne et externe.
Que Dieu lui fasse miséricorde. Amin.
"Dieu aime ses serviteurs discrets et pieux. Quand ils sont présents, personne ne les remarque et quand ils sont absents, personne ne s'en inquiète. Ils sont l'élite de la religion, les lumières de la connaissance" (hadith).
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Quelques ouvrages en langue française du Professeur Mohamed Mestiri :
Traité de usul addin fondements de la religion (Editions islam contemporain 2004)
Ouvrages collectifs :
Identitaire et universel dans l’islam contemporain (IIIT France, IISMM, 2007)
Islamophobie dans le monde moderne (IIIT France, 2008)
Intellectuel engagé, patrimoine islamique d’Europe (IIIT France 2009)
Quelques ouvrages en langue française du Professeur Mohamed Mestiri :
Traité de usul addin fondements de la religion (Editions islam contemporain 2004)
Ouvrages collectifs :
Identitaire et universel dans l’islam contemporain (IIIT France, IISMM, 2007)
Islamophobie dans le monde moderne (IIIT France, 2008)
Intellectuel engagé, patrimoine islamique d’Europe (IIIT France 2009)