En lien avec la thématique de l'enseignement de l'Islam, il nous semblait intéressant d’élargir quelque peu le débat en proposant la recension d'un ouvrage traitant de la place de l'enseignement du fait religieux en France.
Broché: 266 pages
Editeur : L'Harmattan (21 mars 2012)
Collection : Historiques
Langue : Français
ISBN-10: 2296568475
ISBN-13: 978-2296568471
Dimensions du produit: 23,8 x 15,4 x 2,2 cm
Nous savons avec Jean-Pierre Vernant, qu’« il n’y a pas de groupe humain sans religion ». Pourtant, dans notre histoire politique et scolaire française, l’enseignement du fait religieux à l’école publique ne va pas de soi.
Véronique Deneuche propose de réfléchir à cette question à partir de ce qui lui apparaît comme un paradoxe : des débats publics récurrents autour de la question de l'introduction de l'enseignement du fait religieux à l'école et une présence dans les programmes et les manuels de cet enseignement. Il s’agit donc dans cet ouvrage issu d’une thèse soutenue en 2010 de décrypter au moyen d‘un travail d’investigation rigoureux la manière dont les manuels d’histoire de sixième et cinquième de la Ve République traitent les monothéismes. Elle se propose de vérifier s’il y a présence du fait religieux dans les manuels, quelle est l’évolution repérable dans les manuels, quelles sont les définitions implicites du fait religieux dans les manuels, comment elles évoluent au gré des programmes et de politiques scolaires, quels en sont les modes de traitement didactique et pédagogique. En effet, contrairement à certaines opinions rapides, l’enseignement du fait religieux n’est pas absent de l’enseignement secondaire. Le manuel est à ce titre un terrain de recueil de données intéressant en ce qu’il est un indice de la canonisation sociale d’un champ : ici l’histoire du fait religieux et l'auteure se demande, en ‘appuyant sur une analyse de contenu serrée de manuels si l’enseignement scolaire dispensé « bénéficie d’une démarche non confessionnelle de type scientifique, comme un fit pis dans le courant historique de la vie des hommes ou s’il bénéficie d’une démarche plus doctrinale, et de type confessionnel ». Pour ce faire, ayant justifié le corpus de manuels choisis, l’auteure passe au crible la place de cet enseignement dans les programmes d'histoire, les préconisations officielles, mais aussi les choix didactiques, la nature, les fonctions, les spécificités des documents (textuels et iconographiques), la place des supports documentaires dans les manuels., tout ceci au regard des savoirs savants.
La mémoire collective d’une société se construit autour des récits qui fondent son identité ; les discours religieux en sont une des matrices principales. Or, s’il existe cet enseignement d’histoire des religions, au collège il n’existe pas de didactique scolaire de cet enseignement ni même un traitement véritablement spécifique et systématique du fait religieux à l’école.
D’une manière générale, le « croire » et le « savoir sur le croire » sont peu distingués dans les manuels et les contenus doctrinaux, par-delà l’évolution des programmes restent stables. Et cette
permanence rappelle Claude Lelièvre qui a préfacé l’ouvrage « est celle d’un enseignement implicitement religieux des trois monothéismes » « Les manuels oscillent constamment entre discours de foi et discours historique » explique l’auteure et les manuels reposent sur une conception essentialiste du religieux
Ce travail de déconstruction nous semble salutaire. À notre sens, Il serait intéressant de le poursuivre par un questionnement sur les enjeux sociaux de cet enseignement notamment à partir des années 1980 où se pose la question socialement vive de la présence visible et durable de l'islam en France, mais aussi par une analyse des pratiques pédagogiques réelles des enseignants qui au-delà des manuels font des choix. L’enseignement du fait religieux suscite encore réserve, prévention et refus chez un certain nombre de professeurs. Ce refus peut n’être pas toujours proclamé et s’accommoder des aubaines de programmes ; ou s’autoriser du manque de temps pour gommer la question religieuse de leurs cours. L’omission devient explicite, les différents rapports en témoignent, lorsqu’elle concerne judaïsme ou islam au nom de l’inquiétude des professeurs face à des questions très brûlantes dans certains établissements tequila faudrait taire ! Enfin, au-delà des enseignements historiques le fait religieux gagnerait à être enseigné aussi à partir d’autres sciences sociales pour questionner les pratiques religieuses elles-mêmes comme le suggèrent les travaux de Benoit Falaize.
L’étude, dans une perspective résolument comparatiste, des sociétés autres, des pratiques sociales autres, des religions autres et de ce qu’elles peuvent nous apprendre n’a de sens que si nous sommes capables comme le disait Evans-Pritchard de « retourner le miroir », et ce, à la condition que nous acceptions que les acteurs sociaux croient vraiment ce quoi ils croient. ! Ce qui n’est pas si simple compte tenu des représentations sociales à l’œuvre dans l’espace scolaire. Et des réticences qui demeurent dans l’espace scolaire, qui ne peuvent se réduire à un vieux fonds d’anticléricalisme de la part des enseignants de l’enseignement public. L'Ecole du pluriel est confrontée aux nouvelles demandes des mouvements religieux, aux résurgences des minorités culturelles et cultuelles. Face à ces demandes, la politique du ministère de l’éducation nationale a été constante : le refus constant de créer un enseignement spécifique et l’inscription de cet enseignement dans les enseignements existants, (histoire, lettes ou philosophie). Dans ce cadre, les sciences sociales et plus particulièrement, leur enseignement en lycée dans le cadre des SES, seraient un point d’appui central de cet enseignement, permettant une meilleure appropriation par les élèves de leur culture et de celle des autres ; en donnant des clés de lecture, sans en minimiser les enjeux et les difficultés : car, si la comparaison relativise, elle porte un coup à ce que chacun pense être la vérité unique de sa croyance…
Véronique Deneuche propose de réfléchir à cette question à partir de ce qui lui apparaît comme un paradoxe : des débats publics récurrents autour de la question de l'introduction de l'enseignement du fait religieux à l'école et une présence dans les programmes et les manuels de cet enseignement. Il s’agit donc dans cet ouvrage issu d’une thèse soutenue en 2010 de décrypter au moyen d‘un travail d’investigation rigoureux la manière dont les manuels d’histoire de sixième et cinquième de la Ve République traitent les monothéismes. Elle se propose de vérifier s’il y a présence du fait religieux dans les manuels, quelle est l’évolution repérable dans les manuels, quelles sont les définitions implicites du fait religieux dans les manuels, comment elles évoluent au gré des programmes et de politiques scolaires, quels en sont les modes de traitement didactique et pédagogique. En effet, contrairement à certaines opinions rapides, l’enseignement du fait religieux n’est pas absent de l’enseignement secondaire. Le manuel est à ce titre un terrain de recueil de données intéressant en ce qu’il est un indice de la canonisation sociale d’un champ : ici l’histoire du fait religieux et l'auteure se demande, en ‘appuyant sur une analyse de contenu serrée de manuels si l’enseignement scolaire dispensé « bénéficie d’une démarche non confessionnelle de type scientifique, comme un fit pis dans le courant historique de la vie des hommes ou s’il bénéficie d’une démarche plus doctrinale, et de type confessionnel ». Pour ce faire, ayant justifié le corpus de manuels choisis, l’auteure passe au crible la place de cet enseignement dans les programmes d'histoire, les préconisations officielles, mais aussi les choix didactiques, la nature, les fonctions, les spécificités des documents (textuels et iconographiques), la place des supports documentaires dans les manuels., tout ceci au regard des savoirs savants.
La mémoire collective d’une société se construit autour des récits qui fondent son identité ; les discours religieux en sont une des matrices principales. Or, s’il existe cet enseignement d’histoire des religions, au collège il n’existe pas de didactique scolaire de cet enseignement ni même un traitement véritablement spécifique et systématique du fait religieux à l’école.
D’une manière générale, le « croire » et le « savoir sur le croire » sont peu distingués dans les manuels et les contenus doctrinaux, par-delà l’évolution des programmes restent stables. Et cette
permanence rappelle Claude Lelièvre qui a préfacé l’ouvrage « est celle d’un enseignement implicitement religieux des trois monothéismes » « Les manuels oscillent constamment entre discours de foi et discours historique » explique l’auteure et les manuels reposent sur une conception essentialiste du religieux
Ce travail de déconstruction nous semble salutaire. À notre sens, Il serait intéressant de le poursuivre par un questionnement sur les enjeux sociaux de cet enseignement notamment à partir des années 1980 où se pose la question socialement vive de la présence visible et durable de l'islam en France, mais aussi par une analyse des pratiques pédagogiques réelles des enseignants qui au-delà des manuels font des choix. L’enseignement du fait religieux suscite encore réserve, prévention et refus chez un certain nombre de professeurs. Ce refus peut n’être pas toujours proclamé et s’accommoder des aubaines de programmes ; ou s’autoriser du manque de temps pour gommer la question religieuse de leurs cours. L’omission devient explicite, les différents rapports en témoignent, lorsqu’elle concerne judaïsme ou islam au nom de l’inquiétude des professeurs face à des questions très brûlantes dans certains établissements tequila faudrait taire ! Enfin, au-delà des enseignements historiques le fait religieux gagnerait à être enseigné aussi à partir d’autres sciences sociales pour questionner les pratiques religieuses elles-mêmes comme le suggèrent les travaux de Benoit Falaize.
L’étude, dans une perspective résolument comparatiste, des sociétés autres, des pratiques sociales autres, des religions autres et de ce qu’elles peuvent nous apprendre n’a de sens que si nous sommes capables comme le disait Evans-Pritchard de « retourner le miroir », et ce, à la condition que nous acceptions que les acteurs sociaux croient vraiment ce quoi ils croient. ! Ce qui n’est pas si simple compte tenu des représentations sociales à l’œuvre dans l’espace scolaire. Et des réticences qui demeurent dans l’espace scolaire, qui ne peuvent se réduire à un vieux fonds d’anticléricalisme de la part des enseignants de l’enseignement public. L'Ecole du pluriel est confrontée aux nouvelles demandes des mouvements religieux, aux résurgences des minorités culturelles et cultuelles. Face à ces demandes, la politique du ministère de l’éducation nationale a été constante : le refus constant de créer un enseignement spécifique et l’inscription de cet enseignement dans les enseignements existants, (histoire, lettes ou philosophie). Dans ce cadre, les sciences sociales et plus particulièrement, leur enseignement en lycée dans le cadre des SES, seraient un point d’appui central de cet enseignement, permettant une meilleure appropriation par les élèves de leur culture et de celle des autres ; en donnant des clés de lecture, sans en minimiser les enjeux et les difficultés : car, si la comparaison relativise, elle porte un coup à ce que chacun pense être la vérité unique de sa croyance…