L’étude se fera donc au prisme d’un texte édité, traduit et commenté par Ilyass Amharar, dont un certain Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī semble avoir été l’auteur. Ses travaux viennent ainsi combler une lacune historiographique sur l’étude de la théologie acharite qu’il identifie comme « l’une des plus influentes chez les musulmans sunnites, et ce jusqu’à nos jours »
Sami Benkherfallah
Cette recension a déjà fait l'objet d'une publication dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée , [En ligne], 155 (1/2024) | 2024, mis en ligne le 01 février 2024, sous licence Creative Commons (BY NC SA).
Broché: 125 pages
Éditeur : Centre Jacques-Berque (8 décembre 2022)
Collection : Studies in Comparative Religion
Langue : Français
ISBN-13: B0BPTCVL61 (Kindle)
Éditeur : Centre Jacques-Berque (8 décembre 2022)
Collection : Studies in Comparative Religion
Langue : Français
ISBN-13: B0BPTCVL61 (Kindle)
Quatrième de couverture
Il y a moins d'un siècle, des recherches ont permis d'ajouter à la liste des savants maghrébins méconnus un nouveau nom : Abû ‘Imrân al-Jawrâ’î. Cette méconnaissance peut interpeller quand on sait que la profession de foi de ce théologien ash'arite était encore massivement enseignée dans toute l'Afrique du Nord jusqu'au début du XXe de notre ère, soit près de sept siècles après sa mort. Comment ce texte, qui a longtemps été mémorisé dans les écoles traditionnelles aux côtés d'autres textes célèbres, tel la Murshida d'Ibn Tûmart, a-t-il pu ainsi tomber dans l'oubli ? Après une tentative d'identification de l'auteur, cette monographie apporte un éclairage sur l'enseignement de l'ash'arisme à Fès à son époque présumée, à savoir celle de la transition entre une dynastie almohade qui ambitionne de faire disparaître le malékisme et un pouvoir mérinide qui soutient l'enseignement traditionnel en multipliant la construction de medersa-s. Cette profession de foi, dont ce livre présente l'édition critique pour la première fois, accompagnée de sa traduction et son commentaire, met en lumière l'un des aspects de l'enseignement de l'ash'arisme à Fès deux siècles avant l'ère d'al-Sanûsî (m. 895/1490).
Recension
Par Sami Benkherfallah
L’introduction (pp. 11 à 15) s’avère très utile, apportant un certain nombre d’éléments de contexte importants pour la compréhension de l’acharisme, de son développement et de sa diffusion dans l’espace maghrébin. Deux très importantes notes de bas de page viennent accompagner le récit, et détaillent de manière assez précise la production historiographique alors disponible sur les figures fondatrices du courant (notes 1 et 5).
Dans son chapitre « Tentative d’identification », l’auteur tend à se détacher des hypothèses de son prédécesseur Mannūnī (dont les résultats lui semblent erronés), et se fera l’écho d’autres propositions sur la véritable identité d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī, et ce notamment à travers l’étude de notices nécrologiques et l’identification de trois de ses disciples supposés.
Les raisons qui ont conduit l’acharisme à s’installer au Maghreb y sont également évoquées, et ce pour semble-t-il deux principales raisons. D’une part, l’exil de certains érudits face à l’avancée de tribus hilaliennes en Ifrīqiya, les aurait poussés à se réfugier plus à l’Ouest depuis Kairouan, devenue depuis un pôle important de savoir et de diffusion de l’acharisme au Maghreb. Puis, notons également le retour d’Orient d’un certain nombre de juristes maghrébins, ayant suivi les enseignements de grandes figures de l’Acharisme. Citons pour exemple le jurisconsulte Abū Bakr Ibn al-‘Arabī, alors disciple d’al-Ghazālī, auquel Ilyass Amharar avait consacré sa recherche doctorale. C’est par ailleurs ce même Abū Bakr qui permit l’introduction au Maghreb d’une partie des œuvres de ce dernier, et de son maître al-Jūwaynī. Ce qui semble se confirmer, puisque seuls al-Ghazālī et al-Jūwaynī ont été cités de manière explicite dans le texte présenté (p. 40).
Cette minutieuse enquête a mené Ilyass Amharar à proposer un profil tout à fait intéressant et complet dudit auteur : « Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī serait un juriste malékite et un théologien acharite de Fès, né vers 580/1184, sans doute d’origine berbère, de Tadla (actuel Sud-Est marocain) ou du village de Jarawa (Nord-Ouest) ».
Quant aux copies du texte original, il en existerait au moins 26 à l’extérieur du Maroc [3]. Pour l’édition en question, Ilyass Amharar a utilisé 4 copies qui, une fois sommées, permettent, dit-il, l’édition complète du texte. Les quelques variantes éventuelles possibles sont signalées en note de bas de page par un code en lettres arabes (ا, ب, ت et ج, correspondant par ailleurs à chacune des copies sous-mentionnées).
La première (et base de cette édition) se trouve à l’Escurial (ms. 1559) ; elle est la plus ancienne des copies connues (896h/1490). Quant à la deuxième et la troisième, elles se trouvent à la Bibliothèque nationale de Paris (ms. Ar.5340 – ms. Ar.5437), enfin la quatrième à bibliothèque de la Zāwiyat Sayyidi Ḥamza (Maroc). Le choix d’un tel corpus est justifié par des particularismes liés à la vocalisation et aux commentaires des copistes, mais aussi alimentés par des renvois référencés (vers d’autres auteurs ou œuvres). Par ailleurs, aucune de ces copies ne portent de titre, le choix d’Ilyass Amharar s’est ainsi porté sur celui d’un manuscrit (Ms. 8/80) situé à la bibliothèque de la mosquée du Prophète à Médine, intitulé ‘Aqīda al-Jawrāʾī fi l-tawḥīd yakhruj qāriʾuhā min ẓulumāt al-taqlīd [4] (La profession de foi d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī. Bonne profession de foi qui fait sortir son lecteur des pénombres du conformisme) (p. 50).
La traduction (5) fait clairement apparaître les subdivisions, celles que nous avons déjà évoquées (note 1) et qui font la particularité du texte. Le texte original est vocalisé et se trouve sur la page de gauche, tandis que la traduction sur la page de droite. Des notes de bas de page viennent apporter des précisions (non bilingues). Notons que les notes de bas de page sont bien plus nombreuses pour la partie en langue arabe (au nombre de 100) que pour la traduction (au nombre de 10). Ces notes de bas de page donnent un certain nombre de précisions quant aux différentes traductions possibles, aux variations observées dans d’autres copies (indiquées par un code en lettres arabes) ou à des renvois bibliographiques (études et sources).
Dans son commentaire (6), Ilyass Amharar revient sur le contenu de l’ensemble de l’œuvre autour de trois grandes thématiques. La première abordée (chapitre 1 et 3 - les ilāhiyyāt) est celle de la « démonstration de l’existence de Dieu » (p. 97) et de sa connaissance, qu’Ilyass Amharar met en perspective avec l’argumentation inspirée par al-Ash‘arī et théorisée par Daniel Gimaret. Le tout, en mettant l’accent sur l’ambition vulgarisatrice du propos (p. 99), supposé être accessible au plus grand nombre. La deuxième thématique (chapitre 2 – les nubuwwāt) s’articule autour de la figure des Prophètes. Leur connaissance selon une conception « triptyque », développée par l’auteur - wajīb – mustaḥīl- jā’iz (p. 103) – puis de la thématique des miracles comme preuve irréfutable de l’existence de Dieu. En effet, ce miracle ne peut être rendu possible que par intervention divine (pp. 103-107). Enfin, pour conclure (chapitre 4 - les samʾiyyāt), Abu ‘Imran traite du sujet plus classique des piliers de la foi : croyance dans les messagers, dans les anges, dans les livres révélés, etc.
Le travail à la fois d’enquête historiographique ayant permis l’identification de l’auteur — Abū ‘Imrān —, l’effort d’inventorisation de l’ensemble des manuscrits, ainsi que la technicité et la précision d’une telle traduction, ont permis de lancer une nouvelle dynamique autour de ce texte et de son auteur dans le milieu académique maghrébin. En effet, Asmā ʿAbd al-Mawlā [5], ainsi que Wisām Razzūq [6] — tous deux chercheurs marocains — ont dans la continuité des travaux d’Ilyass Amharar proposé de nouvelles approches et perspectives.
Nous pouvons nous féliciter d’avoir dans nos bibliothèques une courte monographie (116 p.), qui dans sa forme et dans le traitement de l’information, rend accessible l’ouvrage à quiconque s’intéresse à l’acharisme.
Ilyass Amharar est devenu depuis ces dernières années l’un des spécialistes (si ce n’est le seul) de l’acharisme maghrébin dans l’espace francophone. Agrégé d’arabe, il soutient une thèse en 2021 à Aix-Marseille Université, qu’il publiera en 2023 aux éditions Gorgias Press sous le titre : « Langage et théologie chez Abū Bakr Ibn al-‘Arabī (543/1148) : les informations subtiles de la somme de théorie légale ». Depuis, il multiplie les événements scientifiques sur ces questions, notamment en collaboration avec le Centre Jacques Berque — auquel il est associé. Il organisa deux colloques internationaux : le premier en janvier 2022 sur « Le Qāḍī Abū Bakr Ibn al-‘Arabī (m. 543/1148) : Parcours, héritage et transmission », le second en janvier 2023 sur « Muḥammad b. Yūsuf al-Sanūsī, entre islamologie et sciences sociales ». Il initia également une série de séminaires au cours de l’année 2022-2023 (avec Fouad Ben Ahmad), toujours à Rabat, sur les études du kalām.
S’agissant de l’ouvrage à proprement parler — « L’ash‘arisme à Fès, des Almohades aux Mérinides (viie/xiiie siècle). La profession de foi d’Abu ‘Imrân al-Jawrâ’î » — il est le résultat d’une réflexion engagée dans deux articles parus aux Mélanges de l’Institut dominicain d’études orientales. Le premier fut dédié « À la découverte d’un Aš‘arite maghrébin inconnu : Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī et sa profession de foi (‘aqīda) » (2020), le second s’intitulait « Encore sur Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī et sa profession de foi (‘aqīda) : nouvelles pistes et découverte d’un fragment inédit » (2022).
Les ambitions de l’auteur sont annoncées dès l’introduction. Ilyass Amhrar entend décloisonner l’étude de l’acharisme maghrébin aux seules figures pionnières de ce courant que sont : Ibn Tūmart (m. 1130) et al-Sanūsī (m. 1490). De même, il souhaite rendre visible ce texte qui présente un fort particularisme structurel [1], le présentant, de fait, comme une œuvre exceptionnelle. Les nombreuses copies référencées à travers le monde attestent d’un fort ancrage et d’une large diffusion, non pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps puisque le dernier exemple identifié date à peine du siècle dernier (1923 - Institut Aḥmad Bābā à Bamako).
L’étude se fera donc au prisme d’un texte édité, traduit et commenté par Ilyass Amharar, dont un certain Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī semble avoir été l’auteur. Ses travaux viennent ainsi combler une lacune historiographique sur l’étude de la théologie acharite qu’il identifie comme « l’une des plus influentes chez les musulmans sunnites, et ce jusqu’à nos jours » (p. 11). L’ouvrage s’articule ainsi autour de six principaux chapitres [2] :
S’agissant de l’ouvrage à proprement parler — « L’ash‘arisme à Fès, des Almohades aux Mérinides (viie/xiiie siècle). La profession de foi d’Abu ‘Imrân al-Jawrâ’î » — il est le résultat d’une réflexion engagée dans deux articles parus aux Mélanges de l’Institut dominicain d’études orientales. Le premier fut dédié « À la découverte d’un Aš‘arite maghrébin inconnu : Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī et sa profession de foi (‘aqīda) » (2020), le second s’intitulait « Encore sur Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī et sa profession de foi (‘aqīda) : nouvelles pistes et découverte d’un fragment inédit » (2022).
Les ambitions de l’auteur sont annoncées dès l’introduction. Ilyass Amhrar entend décloisonner l’étude de l’acharisme maghrébin aux seules figures pionnières de ce courant que sont : Ibn Tūmart (m. 1130) et al-Sanūsī (m. 1490). De même, il souhaite rendre visible ce texte qui présente un fort particularisme structurel [1], le présentant, de fait, comme une œuvre exceptionnelle. Les nombreuses copies référencées à travers le monde attestent d’un fort ancrage et d’une large diffusion, non pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps puisque le dernier exemple identifié date à peine du siècle dernier (1923 - Institut Aḥmad Bābā à Bamako).
L’étude se fera donc au prisme d’un texte édité, traduit et commenté par Ilyass Amharar, dont un certain Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī semble avoir été l’auteur. Ses travaux viennent ainsi combler une lacune historiographique sur l’étude de la théologie acharite qu’il identifie comme « l’une des plus influentes chez les musulmans sunnites, et ce jusqu’à nos jours » (p. 11). L’ouvrage s’articule ainsi autour de six principaux chapitres [2] :
(1) Tentative d’identification (pp. 17 à 24),
(2) L’œuvre d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī (pp. 25 à 42),
(3) Postérité du texte : attribution et diffusion (pp. 43 à 46),
(4) Remarques sur l’édition (pp. 49 à 52),
(5) Le texte et sa traduction (pp. 53 à 96),
(6) Commentaire (pp. 97 à 110).
(2) L’œuvre d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī (pp. 25 à 42),
(3) Postérité du texte : attribution et diffusion (pp. 43 à 46),
(4) Remarques sur l’édition (pp. 49 à 52),
(5) Le texte et sa traduction (pp. 53 à 96),
(6) Commentaire (pp. 97 à 110).
L’introduction (pp. 11 à 15) s’avère très utile, apportant un certain nombre d’éléments de contexte importants pour la compréhension de l’acharisme, de son développement et de sa diffusion dans l’espace maghrébin. Deux très importantes notes de bas de page viennent accompagner le récit, et détaillent de manière assez précise la production historiographique alors disponible sur les figures fondatrices du courant (notes 1 et 5).
Dans son chapitre « Tentative d’identification », l’auteur tend à se détacher des hypothèses de son prédécesseur Mannūnī (dont les résultats lui semblent erronés), et se fera l’écho d’autres propositions sur la véritable identité d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī, et ce notamment à travers l’étude de notices nécrologiques et l’identification de trois de ses disciples supposés.
Les raisons qui ont conduit l’acharisme à s’installer au Maghreb y sont également évoquées, et ce pour semble-t-il deux principales raisons. D’une part, l’exil de certains érudits face à l’avancée de tribus hilaliennes en Ifrīqiya, les aurait poussés à se réfugier plus à l’Ouest depuis Kairouan, devenue depuis un pôle important de savoir et de diffusion de l’acharisme au Maghreb. Puis, notons également le retour d’Orient d’un certain nombre de juristes maghrébins, ayant suivi les enseignements de grandes figures de l’Acharisme. Citons pour exemple le jurisconsulte Abū Bakr Ibn al-‘Arabī, alors disciple d’al-Ghazālī, auquel Ilyass Amharar avait consacré sa recherche doctorale. C’est par ailleurs ce même Abū Bakr qui permit l’introduction au Maghreb d’une partie des œuvres de ce dernier, et de son maître al-Jūwaynī. Ce qui semble se confirmer, puisque seuls al-Ghazālī et al-Jūwaynī ont été cités de manière explicite dans le texte présenté (p. 40).
Cette minutieuse enquête a mené Ilyass Amharar à proposer un profil tout à fait intéressant et complet dudit auteur : « Abū ‘Imrān al-Ǧawrā’ī serait un juriste malékite et un théologien acharite de Fès, né vers 580/1184, sans doute d’origine berbère, de Tadla (actuel Sud-Est marocain) ou du village de Jarawa (Nord-Ouest) ».
Quant aux copies du texte original, il en existerait au moins 26 à l’extérieur du Maroc [3]. Pour l’édition en question, Ilyass Amharar a utilisé 4 copies qui, une fois sommées, permettent, dit-il, l’édition complète du texte. Les quelques variantes éventuelles possibles sont signalées en note de bas de page par un code en lettres arabes (ا, ب, ت et ج, correspondant par ailleurs à chacune des copies sous-mentionnées).
La première (et base de cette édition) se trouve à l’Escurial (ms. 1559) ; elle est la plus ancienne des copies connues (896h/1490). Quant à la deuxième et la troisième, elles se trouvent à la Bibliothèque nationale de Paris (ms. Ar.5340 – ms. Ar.5437), enfin la quatrième à bibliothèque de la Zāwiyat Sayyidi Ḥamza (Maroc). Le choix d’un tel corpus est justifié par des particularismes liés à la vocalisation et aux commentaires des copistes, mais aussi alimentés par des renvois référencés (vers d’autres auteurs ou œuvres). Par ailleurs, aucune de ces copies ne portent de titre, le choix d’Ilyass Amharar s’est ainsi porté sur celui d’un manuscrit (Ms. 8/80) situé à la bibliothèque de la mosquée du Prophète à Médine, intitulé ‘Aqīda al-Jawrāʾī fi l-tawḥīd yakhruj qāriʾuhā min ẓulumāt al-taqlīd [4] (La profession de foi d’Abū ‘Imrān al-Jawrā’ī. Bonne profession de foi qui fait sortir son lecteur des pénombres du conformisme) (p. 50).
La traduction (5) fait clairement apparaître les subdivisions, celles que nous avons déjà évoquées (note 1) et qui font la particularité du texte. Le texte original est vocalisé et se trouve sur la page de gauche, tandis que la traduction sur la page de droite. Des notes de bas de page viennent apporter des précisions (non bilingues). Notons que les notes de bas de page sont bien plus nombreuses pour la partie en langue arabe (au nombre de 100) que pour la traduction (au nombre de 10). Ces notes de bas de page donnent un certain nombre de précisions quant aux différentes traductions possibles, aux variations observées dans d’autres copies (indiquées par un code en lettres arabes) ou à des renvois bibliographiques (études et sources).
Dans son commentaire (6), Ilyass Amharar revient sur le contenu de l’ensemble de l’œuvre autour de trois grandes thématiques. La première abordée (chapitre 1 et 3 - les ilāhiyyāt) est celle de la « démonstration de l’existence de Dieu » (p. 97) et de sa connaissance, qu’Ilyass Amharar met en perspective avec l’argumentation inspirée par al-Ash‘arī et théorisée par Daniel Gimaret. Le tout, en mettant l’accent sur l’ambition vulgarisatrice du propos (p. 99), supposé être accessible au plus grand nombre. La deuxième thématique (chapitre 2 – les nubuwwāt) s’articule autour de la figure des Prophètes. Leur connaissance selon une conception « triptyque », développée par l’auteur - wajīb – mustaḥīl- jā’iz (p. 103) – puis de la thématique des miracles comme preuve irréfutable de l’existence de Dieu. En effet, ce miracle ne peut être rendu possible que par intervention divine (pp. 103-107). Enfin, pour conclure (chapitre 4 - les samʾiyyāt), Abu ‘Imran traite du sujet plus classique des piliers de la foi : croyance dans les messagers, dans les anges, dans les livres révélés, etc.
Le travail à la fois d’enquête historiographique ayant permis l’identification de l’auteur — Abū ‘Imrān —, l’effort d’inventorisation de l’ensemble des manuscrits, ainsi que la technicité et la précision d’une telle traduction, ont permis de lancer une nouvelle dynamique autour de ce texte et de son auteur dans le milieu académique maghrébin. En effet, Asmā ʿAbd al-Mawlā [5], ainsi que Wisām Razzūq [6] — tous deux chercheurs marocains — ont dans la continuité des travaux d’Ilyass Amharar proposé de nouvelles approches et perspectives.
Nous pouvons nous féliciter d’avoir dans nos bibliothèques une courte monographie (116 p.), qui dans sa forme et dans le traitement de l’information, rend accessible l’ouvrage à quiconque s’intéresse à l’acharisme.
Références
_____________________
[1] Le texte présente trois principaux particularismes : la structure, la brièveté de son récit et l’absence du sujet du kalām. Concernant la structure, alors que les textes traditionnels faisant autorité dans les milieux acharites présente une structure arborant les thématiques traditionnelles comme suit : (1) les ilāhiyyāt, (2) les nubuwwāt, (3) les samʾiyyāt, Abū ʿImrān choisit une structure particulière — que l’auteur propose par ailleurs de détailler — comme suit : (1) les ilāhiyyāt, (2) les nubuwwāt, (3) retour aux ilāhiyyāt, (4) les samʾiyyāt, (5) péroraison : conseil de lecture (pp. 34-35)
[2] La numérotation n’étant pas celle indiquée dans l’ouvrage.
[3] Ceux à l’intérieur du royaume n’ont pu être comptabilisés tant ils sont nombreux.
[4] Ce n’est pas le titre le plus courant. Celui que l’on retrouve le plus souvent sur les différentes copies identifiées est : ‘Aqīda al-Jawrāʾī, « La profession de foi d’al-Jawrāʾī ».
[5] Asmā’ ‘Abd al-Mawlā s’est engagée dans une nouvelle proposition d’édition sous la direction de ‘Abd al-Majīd Muḥibb et Khālid Zahrī. Un mémoire soutenu à l’université Mohammed V de Rabat.
[6] AZZŪQ Wisām, « ‘Aqīdat al-Jawrāʾī », Ibāna 6, 2021, pp. 269-284.
[1] Le texte présente trois principaux particularismes : la structure, la brièveté de son récit et l’absence du sujet du kalām. Concernant la structure, alors que les textes traditionnels faisant autorité dans les milieux acharites présente une structure arborant les thématiques traditionnelles comme suit : (1) les ilāhiyyāt, (2) les nubuwwāt, (3) les samʾiyyāt, Abū ʿImrān choisit une structure particulière — que l’auteur propose par ailleurs de détailler — comme suit : (1) les ilāhiyyāt, (2) les nubuwwāt, (3) retour aux ilāhiyyāt, (4) les samʾiyyāt, (5) péroraison : conseil de lecture (pp. 34-35)
[2] La numérotation n’étant pas celle indiquée dans l’ouvrage.
[3] Ceux à l’intérieur du royaume n’ont pu être comptabilisés tant ils sont nombreux.
[4] Ce n’est pas le titre le plus courant. Celui que l’on retrouve le plus souvent sur les différentes copies identifiées est : ‘Aqīda al-Jawrāʾī, « La profession de foi d’al-Jawrāʾī ».
[5] Asmā’ ‘Abd al-Mawlā s’est engagée dans une nouvelle proposition d’édition sous la direction de ‘Abd al-Majīd Muḥibb et Khālid Zahrī. Un mémoire soutenu à l’université Mohammed V de Rabat.
[6] AZZŪQ Wisām, « ‘Aqīdat al-Jawrāʾī », Ibāna 6, 2021, pp. 269-284.