Asma Lamrabet est l'auteur du livre "Islam et Femmes : les questions qui fâchent". Ici en mai 2014 à Rabat. Photo copyright Hassan Ouazzani pour JA.
Celle qui s'est assigné la mission de déconstruire l'orthodoxie musulmane vient de sortir un livre choc sur les questions relatives aux femmes. Voile, héritage, tutelle masculine... Interview sur des sujets qui fâchent.
En publiant son livre « Les femmes en islam : les questions qui fâchent » (Éditions En Toutes lettres, 2017), la médecin biologiste et essayiste marocaine Asma Lamrabet jette un pavé dans la marre. Elle y déconstruit les référentiels des penseurs conservateurs sur la femme en retournant contre eux leurs propres arguments. Son objectif : rendre justice à la femme et à un texte dont l’intention n’est pas de la stigmatiser. Interview.
Jeune Afrique : À lire votre livre, le Coran ne comporte aucun verset discriminatoire à l’égard des femmes, tout est question d’interprétation. Est-ce bien votre constat ?
Asma Lamrabet : Je confirme mais je relativise. Il y a, en effet, cinq ou six versets qui peuvent prêter à confusion mais cela dépend de la lecture qu’on en fait. Pour être claire, le Coran n’a jamais été discriminatoire à l’égard des femmes. Quand on sort, par exemple, le verset sur l’héritage de son contexte, on va très vite en besogne en affirmant que les hommes sont supérieurs aux femmes. Ce n’est pas vrai.
On n’éduque pas à la responsabilité mais à la prédominance des hommes sur les femmes
Donc, hommes et femmes peuvent hériter à parts égales ?
Ce que je veux dire, c’est que les interprétations du Coran ne sont pas immuables comme on veut nous le faire croire. On s’est focalisé sur ce verset coranique qui paraît figé, alors qu’il existe dans le Coran d’autres versets qui mettent en valeur l’égalité entre les deux sexes comme par exemple le recours au testament (Al wassiya). En islam, le testament est prioritaire par rapport à l’héritage. Il compense ce qui paraît être une injustice. Je vais même plus loin. Les hommes héritent d’une part supérieure aux femmes pour la simple raison qu’ils doivent les prendre en charge. Pas parce qu’ils sont supérieurs. Et si cette prise en charge n’est plus ? Et si la femme doit travailler pour nourrir sa famille ? Les théologiens ne nous répondent pas sur ces questions du moment. Leur argumentaire est donc très facilement démoli. Quand on apprend aux enfants à l’école que l’homme a une double part en héritage par rapport aux femmes, on ne leur dit pas qu’il a la responsabilité de les prendre en charge. On n’éduque pas à la responsabilité mais à la prédominance des hommes sur les femmes.
Retrouvez la suite de cet article sur le site de Jeune Afrique.
Ce que je veux dire, c’est que les interprétations du Coran ne sont pas immuables comme on veut nous le faire croire. On s’est focalisé sur ce verset coranique qui paraît figé, alors qu’il existe dans le Coran d’autres versets qui mettent en valeur l’égalité entre les deux sexes comme par exemple le recours au testament (Al wassiya). En islam, le testament est prioritaire par rapport à l’héritage. Il compense ce qui paraît être une injustice. Je vais même plus loin. Les hommes héritent d’une part supérieure aux femmes pour la simple raison qu’ils doivent les prendre en charge. Pas parce qu’ils sont supérieurs. Et si cette prise en charge n’est plus ? Et si la femme doit travailler pour nourrir sa famille ? Les théologiens ne nous répondent pas sur ces questions du moment. Leur argumentaire est donc très facilement démoli. Quand on apprend aux enfants à l’école que l’homme a une double part en héritage par rapport aux femmes, on ne leur dit pas qu’il a la responsabilité de les prendre en charge. On n’éduque pas à la responsabilité mais à la prédominance des hommes sur les femmes.
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