Au Centre d'accueil et d'orientation pour migrants de Saint-Brévin les Pins, en janvier 2017. Loïc Venance/AFP
Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherches sur les migrations internationales, Sciences Po – USPC.
Par Catherine Withol de Wenden
On a oublié de parler de l’immigration dans la campagne présidentielle, constatent, avec satisfaction ou avec regret, les experts, les observateurs et militants associatifs qui suivent cette question. Les candidats ont-ils voulu éviter les débats susceptibles de donner des voix supplémentaires à l’extrême droite ou éviter les dérapages risquant de les affaiblir ?
La place des questions migratoires dans la campagne
Il est frappant de constater à quel point ces enjeux ont été absents des débats lors de cette campagne présidentielle. Pas un mot n’a été dit sur les questions liées à l’intégration. Sans évoquer directement les thèmes migratoires, le Front national (FN) a décentré les discussions sur des sujets connexes : la place de la France en Europe, la sortie de l’euro, etc. Sans doute parce que le parti de Marine Le Pen est en quête de respectabilité.
Les autres candidats n’ont quasiment rien dit non plus, hormis le duo Hamon-Jadot. Ces deux responsables ont notamment tenu des propos courageux sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, auxquels ils sont favorables. Jean-Luc Mélenchon est lui aussi très favorable à cette réforme, une vieille revendication du Parti communiste, où cette mesure a de fervents partisans.
De son côté, Emmanuel Macron se montre ouvert au dialogue sur la question (laïcité compréhensive, maîtrise de la langue française comme critère essentiel pour l’accès à la nationalité, traitement des demandes d’asile en moins de six mois, emplois francs dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville, lutte contre les discriminations comme priorité nationale), mais on serait bien en peine, hormis cette dernière proposition, de trouver une mesure phare à ce sujet dans son programme.
Le contraste est fort avec la campagne de 2012, durant laquelle Nicolas Sarkozy avait mis l’accent sur le thème de l’étranger, notamment lors de son discours de Villepinte. Cette discrétion s’explique, peut-être, par la vacuité des idées en la matière chez la plupart des candidats. Personne, en dehors peut-être de Mélenchon, ne dit mot sur le drame des migrants qui traversent la Méditerranée à leurs risques et périls. Rappelons qu’environ 30 000 personnes ont perdu la vie depuis le début des années 2000, dont 5 700 rien que l’an dernier.
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