Les responsables du culte musulman de France commencent à prendre la parole pour s'indigner des actes des extrémistes sunnites en Irak. Haoues Seniguer nous explique pourquoi cette réaction, encore timide, arrive si tardivement.
Haoues Seniguer est chercheur au Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Méditerranée et le Moyen Orient. Il est spécialiste des rapports entre religion et politique et du monde arabo-musulman.
FigaroVox : Certains responsables musulmans français, comme le président du Conseil français du culte musulman Dalil Boubakeur, ont récemment fait entendre leur voix pour dénoncer la violence des extrémistes sunnites en Irak, et leur persécution des minorités chrétiennes. Pourquoi ces appels sont-ils si tardifs et si peu relayés?
Haoues SENIGUER : Depuis que j'étudie les mouvements ou organisations se réclamant de l'islam, notamment les individus et groupes de sensibilité islamiste ou cultivant une approche intégraliste (fusion du politique et du religieux, du temporel et du spirituel) de la religion musulmane, j'ai pu mesurer et mettre au jour nombre d'ambivalences ou d'ambiguïtés dont ils sont consciemment ou non porteurs. Qu'est-ce à dire? Parfois, certains cadres d'organisations - qu'il ne faut pas systématiquement confondre avec la base militante- qu'elles soient françaises ou étrangères, semblent légitimer le jihad, en Syrie par exemple, puis se raviser quelque temps après, sous le feu nourri des critiques des leaders d'opinion à l'échelle nationale et internationale. Aussi, le fait de dénoncer tardivement «la violence des extrémistes sunnites en Irak, et leur persécution des minorités chrétiennes», participe de ces ambiguïtés ou ambivalences, comme s'il fallait, du point de vue de ces acteurs, préserver à tout prix l'unité des rangs des musulmans du monde contre «la fitna» (la sédition) et «les ennemis de l'islam» (sic), qui chercheraient à diviser la «Oumma» en mettant à dessein l'accent sur ses excroissances radicales. D'où l'impression également, à tort ou à raison, que la condamnation des agissements de l'État islamique a beaucoup plus à voir avec une posture conjoncturelle qu'à une condamnation de principe ou par principe de la violence perpétrée au nom de l'islam.
Haoues SENIGUER : Depuis que j'étudie les mouvements ou organisations se réclamant de l'islam, notamment les individus et groupes de sensibilité islamiste ou cultivant une approche intégraliste (fusion du politique et du religieux, du temporel et du spirituel) de la religion musulmane, j'ai pu mesurer et mettre au jour nombre d'ambivalences ou d'ambiguïtés dont ils sont consciemment ou non porteurs. Qu'est-ce à dire? Parfois, certains cadres d'organisations - qu'il ne faut pas systématiquement confondre avec la base militante- qu'elles soient françaises ou étrangères, semblent légitimer le jihad, en Syrie par exemple, puis se raviser quelque temps après, sous le feu nourri des critiques des leaders d'opinion à l'échelle nationale et internationale. Aussi, le fait de dénoncer tardivement «la violence des extrémistes sunnites en Irak, et leur persécution des minorités chrétiennes», participe de ces ambiguïtés ou ambivalences, comme s'il fallait, du point de vue de ces acteurs, préserver à tout prix l'unité des rangs des musulmans du monde contre «la fitna» (la sédition) et «les ennemis de l'islam» (sic), qui chercheraient à diviser la «Oumma» en mettant à dessein l'accent sur ses excroissances radicales. D'où l'impression également, à tort ou à raison, que la condamnation des agissements de l'État islamique a beaucoup plus à voir avec une posture conjoncturelle qu'à une condamnation de principe ou par principe de la violence perpétrée au nom de l'islam.
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Photo/Radio Notre dame