Printemps 2016. Deux ouvrages africains paraissent en France quasi simultanément et portent un regard lucide et acéré sur les dérives de notre monde, ses mutations, les rapports de domination qui s’y jouent… Et nous encouragent à fonder un nouvel humanisme en décentrant notre regard. Dans Afrotopia (éd. Philippe Rey), l’écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr invite l’Afrique, ses populations et ses sociétés, à avoir confiance en elle et lui rappelle, contre toutes les idéologies coloniales et impérialistes qui ont gangrené notre monde commun depuis plus de quatre siècles, qu’elle est porteuse de sens et qu’elle seule détient les clefs d’un avenir radieux.
Pour cela, il lui faut rompre avec une certaine approche occidentale, profondément ancrée en elle et que l’on retrouve dans les universités du continent, qui se révèle peu émancipatrice. Un « impératif transgressif », pour reprendre le titre du dernier recueil (L’Arche Editeur) de conférences de la romancière native de Douala, Léonora Miano. Un impératif que ne dénierait pas l’historien et politologue camerounais Achille Mbembe qui, avec Politiques de l’inimitié (éd. La Découverte), exhorte à travailler de l’intérieur nos modèles politiques à une époque où les démocraties libérales sont tentées d’exercer « la dictature contre elles-mêmes ».
Deux essais lumineux qui poursuivent l’entreprise de « décolonisation mentale » initiée par les philosophes et écrivains africains des années 1960-1970, à l’image du Kényan Ngugi wa Thiong’o, du Camerounais Fabien Eboussi-Boualaga, du Béninois Paulin Hountondji ou du Ghanéen Kwasi Wiredu… et qui demeurent toujours d’actualité plus de cinquante ans après l’accès à l’indépendance d’une grande partie du continent. Ce « désaccord accordé », ainsi que la qualifiait Stanislas Spero Adotevi, n’a pas mis fin aux anciennes relations de domination. Loin s’en faut. Les exemples politiques, économiques, culturels sont quotidiens.
Sur le plan théorique, cela s’est traduit par la perpétuation des systèmes universitaires et scolaires hérités de la colonisation. Or, comme le rappelle le philosophe camerounais Jean-Godefroy Bidima, « ce système éducatif donna naissance à une élite postcoloniale aliénée […] qui, d’un côté, voue un amour fou au colonisateur et à ses valeurs, et de l’autre, entretient une haine de soi tacite maquillée – sur le plan visible – par une rhétorique anticoloniale vide qui ne s’est jamais émancipée de la consommationdes biens (symboliques et réels) coloniaux ».
Pour cela, il lui faut rompre avec une certaine approche occidentale, profondément ancrée en elle et que l’on retrouve dans les universités du continent, qui se révèle peu émancipatrice. Un « impératif transgressif », pour reprendre le titre du dernier recueil (L’Arche Editeur) de conférences de la romancière native de Douala, Léonora Miano. Un impératif que ne dénierait pas l’historien et politologue camerounais Achille Mbembe qui, avec Politiques de l’inimitié (éd. La Découverte), exhorte à travailler de l’intérieur nos modèles politiques à une époque où les démocraties libérales sont tentées d’exercer « la dictature contre elles-mêmes ».
Deux essais lumineux qui poursuivent l’entreprise de « décolonisation mentale » initiée par les philosophes et écrivains africains des années 1960-1970, à l’image du Kényan Ngugi wa Thiong’o, du Camerounais Fabien Eboussi-Boualaga, du Béninois Paulin Hountondji ou du Ghanéen Kwasi Wiredu… et qui demeurent toujours d’actualité plus de cinquante ans après l’accès à l’indépendance d’une grande partie du continent. Ce « désaccord accordé », ainsi que la qualifiait Stanislas Spero Adotevi, n’a pas mis fin aux anciennes relations de domination. Loin s’en faut. Les exemples politiques, économiques, culturels sont quotidiens.
Sur le plan théorique, cela s’est traduit par la perpétuation des systèmes universitaires et scolaires hérités de la colonisation. Or, comme le rappelle le philosophe camerounais Jean-Godefroy Bidima, « ce système éducatif donna naissance à une élite postcoloniale aliénée […] qui, d’un côté, voue un amour fou au colonisateur et à ses valeurs, et de l’autre, entretient une haine de soi tacite maquillée – sur le plan visible – par une rhétorique anticoloniale vide qui ne s’est jamais émancipée de la consommationdes biens (symboliques et réels) coloniaux ».
Nouvelle génération
Consciente de ces réalités, une nouvelle génération de chercheurs, pleinement mondialisée, travaillant aussi bien sur le continent que dans de prestigieux établissements d’enseignement et de recherche en Europe et aux Etats-Unis, propose, depuis une dizaine d’années, une approche renouvelée qui cherche à élaborer des concepts innovants afin d’appréhender les réalités africaines et de penser leur inscription dans un monde globalisé. Lire la suite.
Consciente de ces réalités, une nouvelle génération de chercheurs, pleinement mondialisée, travaillant aussi bien sur le continent que dans de prestigieux établissements d’enseignement et de recherche en Europe et aux Etats-Unis, propose, depuis une dizaine d’années, une approche renouvelée qui cherche à élaborer des concepts innovants afin d’appréhender les réalités africaines et de penser leur inscription dans un monde globalisé. Lire la suite.