Nous sommes un collectif de détenus qui a trouvé un espace de parole. Pour de multiples raisons de sécurité, c’est la seule information que nous décidons de communiquer. Le type d’établissement, l’endroit de nos incarcérations, le contexte dans lequel nous nous exprimons, tout ceci restera secret. Dans la lignée d’Antonin Bernanos qui s’est récemment exprimé depuis Fleury, nous souhaitons nous aussi raconter notre quotidien.
Nous, détenus musulmans, nous constatons un amalgame entre musulmans pratiquants et extrémistes. Nous constatons un amalgame entre les détenus qui se tournent vers la foi, vers Dieu, et la personne qui se tourne vers l’extrémisme.
Nous avons connaissance que des rapports sont écrits parfois par l’Administration Pénitentiaire en lien avec la pratique religieuse. Chaque acte religieux nous semble sujet à interprétation. Nous avons remarqué que, par exemple, si nous fréquentions trop certaines personnes, des personnes elles-mêmes dites radicalisées, notre compte est bon. Nous considérons qu’il n’y a aucune échelle logique pour juger la pratique religieuse d’autrui, de la mesurer sans unité de mesure. Aujourd’hui, nous remarquons qu’une barbe qui pousse chez un musulman est un signe suffisant pour l’Administration Pénitentiaire d’une pseudo radicalisation, d’un suivi, d’une fiche S.
Moi, X, par exemple, je n’ai pas changé depuis 18 ans que je suis en prison. Mais par rapport aux événements, l’interprétation de mes comportements, les mêmes depuis 18 ans, a changé. Le fait d’avoir une barbe, d’être musulman, ça n’est plus sujet aux mêmes interprétations. Depuis l’affaire Merah, la stigmatisation des musulmans en prison s’est accentuée, les fouilles intensifiées.
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