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Amine Djebbar
Co-fondateur historique du site internet "Les cahiers de l'Islam" et des "éditions Les cahiers de... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 2 Janvier 2013

Enseigner dans les rues d'Istambul : un professeur d'histoire de l'Université de Stanford encourage ses élèves à regarder au delà des monuments.



Istambul - Photo Omer ATES ©
Istambul - Photo Omer ATES ©

Une manière originale d'étudier l'Histoire, en l'occurrence celle de l'empire ottoman, c'est ce qu'a proposé le professeur Ali Yaycioğlu (Docteur en Histoire du Moyen-Orient à Harvard) à ses élèves de l'Université de Stanford en Californie. La Turquie, nous le savons, est une destination touristique de grande ampleur, chaque année, des millions de touristes pullulent dans les rues d’Istanbul. Le palais de Topkapi, la mosquée Sultanahmet Camii (mosquée bleue) ou alors la tour de Galata sont des sites historiques incontournables mais ces derniers ne constituent pas les objets d'études des élèves du Professeur Yaycioğlu.

L'article de Benjamin Hein *, pour l'Université de Stanford, nous apprend que le professeur Yaycioğlu promeut un enseignement de rue avec une étude de sites qui est à contre courant de celle dispensée au sein des enceintes universitaires ou des tours opérateurs classiques. Par le biais d'un séminaire d'outre mer, il proposa à ses quinze élèves de premier cycle de visiter les rues peu fréquentées, les bidonvilles, les quartiers en voie de gentrification, les arrières cours, somme toute l'autre maillon de l'ossature urbaine et historique de la ville d’Istanbul, celui qui existe presque à l'insu des étrangers. Les moindres détails sont passés au crible : l'appel du muezzin à la prière, l'architecture, les personnes... Même la dimension sensorielle est de mise à travers les bruits et les odeurs qui émanent des marchés. Saisir la ville dans sa globalité, tel est l'objectif de ce séminaire de rue.

 


Une classe du séminaire d'outre-mer qui a eu lieu sur la terrasse du Centre de recherche pour la civilisation anatolienne de l'Université Koç à Istanbul. (Photo from Stanford website with courtesy of Ali Yaycioglu).
Une classe du séminaire d'outre-mer qui a eu lieu sur la terrasse du Centre de recherche pour la civilisation anatolienne de l'Université Koç à Istanbul. (Photo from Stanford website with courtesy of Ali Yaycioglu).

Par le biais de cette pédagogie, les élèves disposent d'une expérience de terrain qui donne lieu à des débats de premier plan, cela leur permet d'avoir une vision panoramique des évolutions urbaines, de voir les interactions et les concurrences entre des histoires et des souvenirs propres à un quartier et qui se conjuguent dans une ville mondialisée. Michelle Valentine, étudiante junior de ce séminaire, a déclaré : «qu'elle était en mesure de pouvoir étudier comment les souvenirs liés à l'ancien empire et le dynamisme actuel peuvent coexister aujourd'hui dans la ville». Elle s'intéresse à l'intersection entre l'histoire et le design urbain actuel mais son centre d'intérêt premier étant de savoir comme l'État laïc turc a construit et affermit son identité au delà de son important patrimoine historique et religieux. Michelle Valentine conclut par le fait qu'à travers cette riche expérience les informations historiques seront pour elle davantage pérennes dans sa mémoire que ceux évoqués dans les manuels d'histoire.
 
L'article de Benjamin Hein recueille aussi le témoignage d'Andrew Aguilar, un sénior spécialisé en histoire : «Le problème est que le quartier grec ne ressemble plus à un quartier grec, il est de plus en plus cosmopolite et imprégné de l'influence occidentale ; ce qui appartenait autrefois à une communauté kurde active sous l'empire ottoman est aujourd'hui un quartier en plein déclin économique». Ce séminaire a commencé en septembre et il a duré 3 semaines, l'ensemble des élèves devront présenter leurs observations à la mi janvier dans une exposition spéciale organisée à la bibliothèque de Stanford Cecil H. Green. Un collage de photographies, de dessins et d'histoires courtes racontera l'histoire d'Istanbul du point de vue de ses ruelles.
 

* Benjamin Hein est candidat au Doctorat d'Histoire à l'Université de Stanford, département des sciences humaines.

Traduction et résumé de l'article de Benjamin Hein pour le site d'information de l'Université de Stanford.
http://news.stanford.edu/news/2012/december/istanbul-turkey-students-120712.html




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