Ibn Arabi, Les cinq piliers de l’islam, traduit de l’arabe par Abdallah Penot, Editions i, 2018, 164 p.
La signification intérieure et les fondements de la religion musulmane expliqués par le plus grand des Maîtres du soufisme traduit par un des spécialistes mondiaux de son œuvre. Une anthologie inédite composée de chapitres majeurs tirés de son chef-d’œuvre, Les Révélations de La Mecque.
Cet ouvrage a pour but de présenter à un public assez large le sens spirituel, intérieur, des cinq piliers de l’islam (profession de foi, prière, zakât, jeûne et pèlerinage) dans la perspective akbarienne : œuvre salutaire s’il en est ! Le traducteur, Abdallah Penot, qui a déjà publié une précédente anthologie en français (Les Révélations de La Mecque, Entrelacs, 2009), précise d’ailleurs (p. 27) qu’il ne prétend pas aller autant en profondeur dans la doctrine d’Ibn ‘Arabî que les auteurs qui ont contribué au livre collectif Les Illuminations de La Mecque, anthologie franco-anglaise qui avait été dirigée par Michel Chodkiewicz (Sindbad, 1988). Notons que les introductions ouvrant chaque chapitre traitant d’un « pilier » sont rédigées par ‘Abd ar-Rahmân Andreucci, et elles sont parfois conséquentes : il aurait été normal que son nom figure parmi les auteurs.
L’intérêt majeur de ce livre est d’illustrer, à la fois pour les publics musulmans et non-musulman, la foncière orthodoxie d’Ibn ‘Arabî. Puisant dans sa connaissance à la fois formelle et inspirée de la langue arabe et de la richesse de son étymologie, le cheikh part toujours de la lettre des textes scripturaires (Coran, Hadith) et, en l’occurrence ici, des termes désignant les rites de l’islam. Mais c’est pour en faire jaillir des profusions de sens, qu’on peine à trouver chez d’autres auteurs spirituels de l’islam. Il nous aide à comprendre, à vivre, comment, en islam, Sharî‘a et Haqîqa réfèrent à une seule et même réalité. Contrairement à certains auteurs postérieurs qui se réclament de lui, et qui versent parfois dans l’allégorie, Ibn ‘Arabî est en fait un ‘‘littéraliste’’, mais qui transmue la lettre dès qu’il la traite.
L’intérêt majeur de ce livre est d’illustrer, à la fois pour les publics musulmans et non-musulman, la foncière orthodoxie d’Ibn ‘Arabî. Puisant dans sa connaissance à la fois formelle et inspirée de la langue arabe et de la richesse de son étymologie, le cheikh part toujours de la lettre des textes scripturaires (Coran, Hadith) et, en l’occurrence ici, des termes désignant les rites de l’islam. Mais c’est pour en faire jaillir des profusions de sens, qu’on peine à trouver chez d’autres auteurs spirituels de l’islam. Il nous aide à comprendre, à vivre, comment, en islam, Sharî‘a et Haqîqa réfèrent à une seule et même réalité. Contrairement à certains auteurs postérieurs qui se réclament de lui, et qui versent parfois dans l’allégorie, Ibn ‘Arabî est en fait un ‘‘littéraliste’’, mais qui transmue la lettre dès qu’il la traite.
Les passages traduits sont extraits du Fasl al-ma‘ârif (« section des connaissances ») des Futûhât makkiyya. La traduction et les commentaires se veulent pédagogiques, ainsi que nous l’avons dit, mais à vrai dire l’ensemble est moins soigné que Les Révélations de La Mecque, et semble avoir été réalisé rapidement. Il aurait fallu, par exemple, parfois contextualiser l’enseignement du cheikh, afin de mieux le présenter au public contemporain : on n’utilise plus de nos jours des pierres lorsqu’on va aux toilettes, p. 84 ; des requêtes adressées au sultan ? p. 129 ; davantage expliciter les considérations linguistiques du cheikh, sur le terme hajj par exemple, p. 163-164... Cela suppose des choix : ne pas tout traduire, ou davantage faire de commentaires ?
Par ailleurs, seuls les chiffres des chapitres sont indiqués, et le lecteur arabisant - ou qui veut s’initier à la lecture des Futûhât - ne trouve aucune référence précise au texte original. À cet égard, The Sufi Path of Knowledge, de William Chittick, où l’auteur précise non seulement la page, mais aussi la ligne, de l’édition de base des Futûhât en quatre volumes, reste inégalé.
Le propos de ce livre, Les cinq piliers de l’islam, il est vrai, est plus modeste, et la vulgarisation savante est un art difficile. Dommage, pourtant, qu’on y trouve parfois des répétitions, des fautes de style et d’orthographe. De même, des index auraient été bien utiles, au public généraliste comme plus spécialisé.
Cet ouvrage est précieux, car il peut contribuer à diffuser une connaissance plus juste, plus objective, de l’œuvre d’Ibn ‘Arabî : en milieu musulman, celui-ci est vite excommunié par des personnes qui ne l’ont même pas lu, et pour beaucoup de non-musulmans, il est, à l’instar d’un Rûmî, un maître universel « hors-sol », évoluant au-dessus des prescriptions de l’islam… Souhaitons cependant que le livre soit amendé sur certains points en vue d’une prochaine édition.
Par ailleurs, seuls les chiffres des chapitres sont indiqués, et le lecteur arabisant - ou qui veut s’initier à la lecture des Futûhât - ne trouve aucune référence précise au texte original. À cet égard, The Sufi Path of Knowledge, de William Chittick, où l’auteur précise non seulement la page, mais aussi la ligne, de l’édition de base des Futûhât en quatre volumes, reste inégalé.
Le propos de ce livre, Les cinq piliers de l’islam, il est vrai, est plus modeste, et la vulgarisation savante est un art difficile. Dommage, pourtant, qu’on y trouve parfois des répétitions, des fautes de style et d’orthographe. De même, des index auraient été bien utiles, au public généraliste comme plus spécialisé.
Cet ouvrage est précieux, car il peut contribuer à diffuser une connaissance plus juste, plus objective, de l’œuvre d’Ibn ‘Arabî : en milieu musulman, celui-ci est vite excommunié par des personnes qui ne l’ont même pas lu, et pour beaucoup de non-musulmans, il est, à l’instar d’un Rûmî, un maître universel « hors-sol », évoluant au-dessus des prescriptions de l’islam… Souhaitons cependant que le livre soit amendé sur certains points en vue d’une prochaine édition.