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Samedi 11 Juillet 2015

[Le Monde diplomatique] Tunisiennes après la révolution


Quatre ans après la chute de M. Zine El-Abidine Ben Ali, les différences de condition entre les femmes reflètent une Tunisie divisée sur le plan politique, minée par les inégalités sociales et par les disparités régionales.



Alessio Paduano copyright (Tunisiens 2012)
Alessio Paduano copyright (Tunisiens 2012)

Par Florence Beaugé, juillet 2015


Elles vivaient sur une image : celle de la femme émancipée, bénéficiant depuis la présidence de Habib Bourguiba d’un statut unique dans la région. Le code du statut personnel (CSP), adopté dès 1956, avait fait d’elles une exception dans le monde musulman : interdiction de la polygamie, de la répudiation et des mariages forcés, droit au divorce. Elles votaient depuis 1959, pouvaient avorter depuis 1973, et plusieurs étaient devenues ministres. M. Zine El-Abidine Ben Ali vendait partout cette image de « la » femme tunisienne.

Au lendemain de la chute du dictateur, en janvier 2011, il a fallu admettre qu’il y avait non pas « une », mais « des » Tunisiennes, et surtout qu’il existait un gouffre entre les textes et les usages. A quelques kilomètres de Tunis et de ses brillantes femmes médecins, avocates ou chefs d’entreprise, se battent pour survivre des femmes analphabètes, dont le sort a pour noms pauvreté, précarité et violence. Dans le contexte d’une économie chancelante, de conflits sociaux à répétition et d’épisodes sanglants réguliers, les Tunisiens ont pris la mesure du conservatisme de leur société. A Tunis, dans les milieux libéraux, on n’évaluait pas jusque-là l’ampleur du phénomène.

Peu de chose a changé depuis quatre ans, mais au moins le droit de faire de la politique et de s’exprimer a été arraché. On parle, on respire, et c’est énorme. Tous le disent, et les femmes encore plus : « Enfin, nous voyons la Tunisie telle qu’elle est. On identifie les vrais problèmes. Cette liberté a des côtés pervers, car elle remet en question certains de nos acquis, mais au moins nous savons ce qui nous menace », explique la sociologue Khadija Cherif, figure de la société civile, en référence à la libération d’une parole machiste et souvent obscurantiste.

Personne n’a oublié qu’il a été un moment question d’inscrire dans la Constitution (adoptée en janvier 2014) la « complémentarité » des femmes avec les hommes, au lieu de l’« égalité ». Ni les propos rétrogrades tenus à la télévision par un député d’Ennahda, M. Habib Ellouze — à (...)

Retrouvez cet extrait sur le site du Monde diplomatique (article complet 2600 mots).




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