À lire les descriptions de ceux qui, dans la tradition musulmane, affirment n’avoir « jamais vu, ni avant lui ni après, quelqu’un comme lui », on ne peut pas ne pas être frappé par le caractère d’exception du Prophète Muhammad, sur tous les plans. Sur le plan moral : il est décrit, entre autres, comme un esprit supérieur, aux dispositions spirituelles précoces, comme une âme juste, sensible au sort des plus démunis, et bien sûr comme étant infaillible dans la prophétie dont Dieu l’a chargé. Sur le plan physique, son corps est caractérisé par le juste milieu et l’absence de traits marqués à l’excès : « Il n’était ni d’une grandeur excessive ni d’une petitesse ramassée mais d’une taille moyenne. Ses cheveux n’étaient ni très crépus, ni droits, mais longs et ondulés. Son visage n’était pas trop gros ni ses joues trop gonflées. Sa peau était blanche, teintée de rose. Ses yeux étaient très noirs et ses cils longs… Il portait entre les épaules le sceau de la prophétie, lui qui était le Sceau des Prophètes… ». Tel apparaît le Prophète Muhammad aux yeux d’Ali, son gendre et cousin (le premier des imams dans la doctrine chiite).
Autant de qualités qui, comme il est énoncé dans le Coran, font de l’Envoyé de Dieu « l’exemple par excellence » pour les croyants, sur le plan moral et physique. Dès lors se dessine, pour le musulman, un idéal à atteindre et se met en place une forme d’imitation du Prophète. Imitation impossible à réaliser totalement même si l’on peut tenter de s’en approcher, car le prophète est au commun des mortels ce que la langue du Coran est à l’arabe profane, à savoir inimitable. Du coup, de ce point de vue, toute image qui prétend le représenter – a fortiori si elle charge le trait comme il est de règle dans une caricature – ne devrait-elle pas être considérée comme une représentation invraisemblable plutôt que comme négative ou dégradante ? L’invraisemblance se justifiant précisément par l’inimitabilité du prophète Muhammad aux yeux des musulmans.
Il existe pourtant de nombreuses représentations islamiques du Prophète – miniatures notamment. Sur certaines, on voit les traits de son visage, tandis que sur d’autres, un voile les dissimule. L’une d’elles, fameuse, le peint paradoxalement en train d’assister à la destruction des idoles sous forme de statuettes de la Kaaba, lorsqu’il prend La Mecque en 630.
Autant de qualités qui, comme il est énoncé dans le Coran, font de l’Envoyé de Dieu « l’exemple par excellence » pour les croyants, sur le plan moral et physique. Dès lors se dessine, pour le musulman, un idéal à atteindre et se met en place une forme d’imitation du Prophète. Imitation impossible à réaliser totalement même si l’on peut tenter de s’en approcher, car le prophète est au commun des mortels ce que la langue du Coran est à l’arabe profane, à savoir inimitable. Du coup, de ce point de vue, toute image qui prétend le représenter – a fortiori si elle charge le trait comme il est de règle dans une caricature – ne devrait-elle pas être considérée comme une représentation invraisemblable plutôt que comme négative ou dégradante ? L’invraisemblance se justifiant précisément par l’inimitabilité du prophète Muhammad aux yeux des musulmans.
Il existe pourtant de nombreuses représentations islamiques du Prophète – miniatures notamment. Sur certaines, on voit les traits de son visage, tandis que sur d’autres, un voile les dissimule. L’une d’elles, fameuse, le peint paradoxalement en train d’assister à la destruction des idoles sous forme de statuettes de la Kaaba, lorsqu’il prend La Mecque en 630.
L’idée couramment admise est que l’Islam interdit toute représentation par l’image. Mais qu’en est-il au juste ? Dès les débuts de sa prédication, Mahomet enseigne qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et combat en conséquence tous ceux qui vouent un culte à d’autres dieux qu’Allah.
C’était le cas des Bédouins de La Mecque adorateurs de plusieurs divinités, représentées par des pierres et des statuettes. Il s’agissait donc au départ d’un affrontement entre le monothéisme prôné par le nouvel Envoyé de Dieu et l’idolâtrie pratiquée par certains de ses détracteurs.
Dans son ouvrage Y a-t-il une question de l’image en Islam ? (éditions Téraèdre, Paris, 2004), Silvia Naef nous invite à revenir au Coran. Elle affirme, à juste titre, qu’on n’y trouve pas de « théorie de l’image », ni même de position explicite à ce sujet. En effet, le mot « sûra » qui signifie « image » n’y apparaît qu’une seule fois, à propos de la création de l’homme. Quant au verbe « sawwara », « former, façonner, modeler » qui en dérive, il renvoie uniquement à l’action créatrice de Dieu. Pour la religion musulmane, comme pour le judaïsme et le christianisme, Dieu ne saurait avoir de rival. Lui seul donne vie aux créatures humaines et animales, en leur insufflant le souffle vital (al-rûh). Le Coran dit d’Allah : « Il est le Dieu créateur et formateur ». On ne s’étonnera donc pas que plusieurs sourates du Livre sacré condamnent le culte des idoles (terme qui vient du grec et signifie précisément « image »).
C’était le cas des Bédouins de La Mecque adorateurs de plusieurs divinités, représentées par des pierres et des statuettes. Il s’agissait donc au départ d’un affrontement entre le monothéisme prôné par le nouvel Envoyé de Dieu et l’idolâtrie pratiquée par certains de ses détracteurs.
Dans son ouvrage Y a-t-il une question de l’image en Islam ? (éditions Téraèdre, Paris, 2004), Silvia Naef nous invite à revenir au Coran. Elle affirme, à juste titre, qu’on n’y trouve pas de « théorie de l’image », ni même de position explicite à ce sujet. En effet, le mot « sûra » qui signifie « image » n’y apparaît qu’une seule fois, à propos de la création de l’homme. Quant au verbe « sawwara », « former, façonner, modeler » qui en dérive, il renvoie uniquement à l’action créatrice de Dieu. Pour la religion musulmane, comme pour le judaïsme et le christianisme, Dieu ne saurait avoir de rival. Lui seul donne vie aux créatures humaines et animales, en leur insufflant le souffle vital (al-rûh). Le Coran dit d’Allah : « Il est le Dieu créateur et formateur ». On ne s’étonnera donc pas que plusieurs sourates du Livre sacré condamnent le culte des idoles (terme qui vient du grec et signifie précisément « image »).