Open Edition
c/o École centrale de Marseille
38 rue Frédéric Joliot-Curie
13451 Marseille Cedex 13
Paris, le 13 octobre 2017
L’organisation Open Edition, financée par le CNRS, les universités d’Aix-Marseille et d’Avignon et l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), édite et diffuse une revue électronique universitaire israélienne, dénommée Argumentation et analyse du discours (AAD), dont la nature pose de sérieux problèmes déontologiques.
Cette revue émane en effet d’un groupe de recherche, l’ADARR, rattaché aux universités israéliennes de Tel-Aviv et Bar-Ilan. L’un des objectifs affichés de ce groupe est de se pencher sur les usages politiques et rhétoriques de la formule « la délégitimation d’Israël », un projet subventionné par la Israel Science Foundation.
La publication de ce journal par Open Edition donne à ces recherches un label de scientificité, et permet à ces institutions israéliennes de diffuser gratuitement leur littérature, via le portail revues.org. Elles réalisent ainsi une grande économie, et reçoivent une aide essentielle à leur rayonnement international. In fine, ce sont des institutions universitaires françaises qui financent ce journal de l’université de Tel Aviv, ainsi que sa diffusion.
Bien entendu, la revue AAD accorde une place régulière à des thèmes tels que l’analyse du discours portant sur le « conflit israélo-palestinien », les discours du CRIF, ou même l’objectivité de Wikipédia quand s’y trouve mentionnée une milice armée sioniste des années 1940, etc. La position hypocrite de neutralité et d’objectivité qu’elle endosse n’est pas acceptable à un moment où la colonisation s’intensifie chaque jour et les droits élémentaires des Palestiniens sont quotidiennement bafoués. Il convient de le rappeler aux chercheurs français ou québécois qui, refusant d’affronter la réalité de la situation coloniale, publient leurs recherches dans ce journal et participent ainsi à une opération de propagande.
Une revue, pour être recevable par Open Edition, doit respecter une charte sur son contenu. Elle doit bien entendu refuser le racisme, les discriminations ou le négationnisme. Ne devrait-elle pas également interdire de faire l’apologie de la colonisation, de l’apartheid ou d’un État qui refuse de respecter le droit international, devenant un «Étatd’exception»?
En tant qu’universitaires et chercheurs, nous tenons à attirer l’attention de la communauté universitaire sur ces faits, et appelons l’Open Edition et ses financeurs (le CNRS, les universités d’Aix Marseille et d’Avignon, l’EHESS et d’autres) à cesser de collaborer avec cette institution israélienne qu’est l’ADARR, et à cesser de diffuser sa revue.
Nous condamnons cette promotion indirecte d’un système universitaire qui pratique l’apartheid et collabore avec l’armée israélienne. Nous condamnons ce soutien à une université construite sur le village palestinien détruit de Sheikh Muwannis, alors que dans le même temps tout est fait pour entraver l’expression culturelle et académique palestinienne.
Sincèrement,
Ahmed Abbes, Directeur de recherche au CNRS,Paris
Véronique Bontemps, Chargée de recherche au CNRS,Paris
Yves Chilliard, Directeur de recherche à l’INRA,Clermont-Ferrand
Ivar Ekeland, Ancien président de l’Université Paris-Dauphine
Yves Gonzalez-Quijano, Maître de conférence émérite à l’Université Lumière-LyonII
Franck Mermier, Directeur de recherche au CNRS, Paris
Michel Mietton, Professeur émérite à l’Université Jean Moulin-LyonIII
Joseph Oesterlé, Professeur émérite à l’Université Pierre et Marie Curie–Paris-VI
Elise Voguet, Chargée de recherche au CNRS, Paris
Dror Warschawski, Chargé de recherche au CNRS, Paris
Vous pouvez retrouver cette lettre sur le site de BDS France.