L’assassinat de trois jeunes étudiants talmudiques, qu'Israël impute au Hamas, va avoir des conséquences catastrophiques et plonger le Proche-Orient dans un nouveau cycle de violences.
Rien ne justifie de tuer des civils
Ceux qui ont fait ça ont commis un crime moralement odieux et politiquement criminel. Ils recherchent sans doute la politique du pire et ils risquent fort de parvenir à leurs fins.
Quoi que l'on puisse penser de la colonisation israélienne des territoires palestiniens, rien ne justifie de tuer des civils.
Mais au-delà de cet aspect moral, les conséquences politiques de ce crime pourraient être terribles pour les Palestiniens.
Depuis le rapt, six Palestiniens tués
Sur le plan humain tout d'abord, en partant à la recherche des trois disparus et de ceux qui les avaient capturés (avant qu’on découvre les corps et qu’on apprenne qu’ils avaient été tués), Israël a lancé une vaste opération militaire de ratissage en Cisjordanie et de bombardements sur Gaza.
Cela a débouché sur l'arrestation de plus de 420 Palestiniens, de nombreuses destructions d’infrastructures et d’habitations et la mort de sept Palestiniens (dont trois adolescents). Ces opérations vont probablement s'intensifier et le bilan humain sera bientôt bien plus lourd encore.
Sur le plan diplomatique, cela a conduit les pays occidentaux à raffermir leur soutien à Israël au moment où ils commençaient à prendre quelques distances, en mettant par exemple en garde leurs entreprises sur les dangers juridiques à avoir des relations commerciales avec des sociétés israéliennes installées dans les territoires occupés.
L'émoi causé par l'assassinat des trois jeunes Israéliens donnent une grande marge de manœuvre à Netanyahou pour lancer les opérations contre les Palestiniens, qui feront un nombre de victimes bien plus important sans risquer d’être trop fortement condamné par les Occidentaux pendant quelques temps.
L'effort d'unité palestinienne saboté
Alors que les Palestiniens avaient enfin formé un gouvernement d'union nationale entre le Fatah et le Hamas mettant fin à sept années de divisions politiques nuisibles à leur cause, c’est de nouveaux une rupture.
Mahmoud Abbas est accusé par le Hamas d'avoir abandonné Gaza et d'avoir aidé les forces israéliennes dans la recherche des disparus et des criminels. Le mouvement palestinien va de nouveau se déchirer en interne.
Le très vif émoi causé par ces assassinats en Israël a créé un mouvement de sympathie envers les colons, alors même qu'il commençait à y avoir des questions sur le coût économique et politique à les soutenir.
Ils apparaissent collectivement comme des victimes innocentes aux yeux de la majorité des Israéliens. La société israélienne va refaire son unité dans un sentiment collectif anti-palestinien.
Les voix modérées sont de plus en plus isolées et le soutien à une politique répressive à l'égard du Hamas qui, de fait, affectera l'ensemble des Palestiniens est de plus en plus grand.