Bruno Le Roux, Jean-Pierre Chevènement et Dalil Boubaker, le 12 décembre 2016 à Paris. / FRANCOIS GUILLOT/AFP
Une instance nationale « ne peut parler au nom des musulmans que sur un nombre limité de sujets », ayant trait à l’organisation du culte « comme les dates de début et de fin du Ramadan ». Sur tous les autres, il convient de « ne pas accorder un monopole de la représentation de l’islam à une seule institution » mais de tenir compte de « la diversité des voix de l’islam ». C’est ce que suggère un rapport du think tank de gauche Terra Nova intitulé « L’émancipation de l’islam de France ». Rédigé par le conseiller d’État Alain Christnacht et Marc-Olivier Padis, il a été publié mercredi 22 février.
L’islam en France est avant tout local, rappellent ses auteurs : « C’est un groupe de fidèles qui s’organise localement autour d’un faisceau d’affinités variées (origine ethnique ou régionale, quartier, sensibilité religieuse) pour gérer une mosquée ».
La logique décentralisatrice est aussi celle qui prévaut dans la loi de 1905, qui « a été faite pour organiser les cultes à l’échelle locale de la communauté des fidèles ». « L’esprit de la loi de 1905 consiste en effet à confier la gestion des édifices du culte aux fidèles (et non à un clergé) localement (et non au plan national) », souligne également le rapport.
Enfin, ce renversement ne signifierait en rien l’abandon du nécessaire « travail de surveillance de la radicalisation, une tâche qui reste bien sûr nécessaire ». « La construction d’un interlocuteur national n’a d’ailleurs en rien empêché les dérives des dernières années », remarquent même les auteurs.
Prendre en compte « la réalité de l’islam »
Résultat : plutôt que de vouloir à toute force faire émerger des instances nationales – le CFCM, mais aussi une Fondation de l’islam de France, dont le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, vient de claquer la porte, ou encore une association cultuelle destinée à collecter des fonds pour construire des mosquées ou financer la formation théologique des imams – l’État doit accepter l’émiettement de ses interlocuteurs – le Secours islamique, par exemple – et même « reconstruire le CFCM à partir des Conseils régionaux (CRCM) qui sont plus représentatifs de la réalité de l’islam en France ».
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