« Ceux qui veulent que l’État organise l’islam en France sont les mêmes qui ne veulent pas toucher à la loi de 1905. » Ce paradoxe, soulevé par Nathalie Goulet (UDI-UC, Orne), donne le ton au travail mené ces six derniers mois par la mission d’information du Sénat sur « l’organisation, la place et le financement de l’islam en France et de ses lieux de culte ».
Une mission d’information qui avait suscité la polémique dès sa création, après la démission d’Esther Benbassa, désignée au nom du groupe écologiste, « avant même le début des travaux », indique le rapport final présenté mercredi 6 juillet à la presse et intitulé « De l’islam en France à un islam de France : établir la transparence et lever les ambiguïtés ».
Conscients de l’impossibilité politique de « déroger » à la loi de 1905, dans un contexte « national et international particulièrement tendu », les sénateurs ont choisi de travailler à l’intérieur de ce cadre « intangible », quitte à assumer la modestie de leurs préconisations. « Nous avons cherché d’autres pistes, mais nous nous sommes immédiatement heurtés à la loi de 1905 », a reconnu André Reichardt, co-rapporteur (Les Républicains, Bas-Rhin).
Influence persistante des pays d’origine
Or, après 80 heures d’auditions, des déplacements à Strasbourg, Evry, Château-Chinon (siège d’un institut de formation de l’Union des organisations islamiques de France), mais aussi en Algérie, au Maroc ou à Londres, les sénateurs sont parvenus à un constat commun, qui – à défaut d’être novateur – a le mérite d’être documenté : celui de « l’influence persistante des pays d’origine » dans l’organisation et le financement de l’islam en France, et ce par au moins « six leviers », qu’il s’agisse de la gestion des mosquées, de la création de fédérations, de la participation au Conseil français du culte musulman, de la désignation et rémunération d’imams, de la formation de ces derniers ou encore de l’organisation de la filière halal.
Un financement aux conséquences problématiques notamment dans le domaine de la formation des enfants (via les écoles confessionnelles, en forte hausse), des adultes (dans les établissements d’enseignement supérieur) ou des « ministres du culte » (imams, prédicateurs, conférenciers…) « Le financement par les Français de confession musulmane ici est concevable mais il est aujourd’hui mal géré, mal structuré », avancent les rapporteurs.
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