Les cahiers de l'Islam
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Sylvie Taussig
Sylvie Taussig est chercheuse au centre Jean Pépin (CNRS). Son activité de chercheur s’enracine... En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 19 Mai 2019

Le mouvement Gülen au Pérou : reflet d’une querelle politique intra-turque ?

Par Sylvie Taussig, CNRS (Paris) / IFEA (Lima) / CEMCA (Mexico), avec la collaboration de Bayram Balci, CNRS, CERI/Sciences Po (Paris), IFEA (Istanbul)



Le Pérou et la Turquie n’entretenaient pas de relations diplomatiques avant une date très récente. Il existait des relations de conversation depuis 1952 (via les consulats), mais le président marxiste du Pérou Velasco avait pour modèle plus Nasser qu’Atatürk. Turquie et Amérique latine se rapprochent dans le sillage de l’élection de Menem, le président argentin né musulman, converti au christianisme pour pouvoir exercer sa fonction, qui visite la Turquie en 1992. Cette visite est suivie de celle du président Süleyman Demirel au Brésil, Argentine et Chili en 1995. Puis, en 1998, la Turquie énonce, après l’équivalent pour l’Afrique, un « Plan d’action en direction de l’Amérique latine » qui ne fut guère suivi d’effet. S’il y a bien eu en 2006 la « célébration » officielle de l’année de l’Amérique latine en 2006 (après celle de l’Afrique en 2005), la stratégie spéciale pour les Amérique écrite par le sous-secrétariat turc au commerce extérieur du ministère de l’Économie dans laquelle il est soutenu que la région a un potentiel pour la Turquie ne vise que l’Argentine, le Brésil, le Mexique, Cuba, Chili et le Venezuela : le Pérou n’était pas inclus. L’« ouverture vers l’Amérique latine » [1] n’a suscité l’ouverture des bureaux de l’Agence Turque de Coopération et développement international (TIKA) qu’en Colombie et au Mexique. Cette ouverture de la Turquie vers l’Afrique et l’Amérique du Sud s’inscrit cependant dans la tendance globale des pays dits « émergents » de participer à la gouvernance mondiale, une aspiration de puissance et de désir d’être respecté qui passe par la création de zones d’influences, ou de niches dans des régions où la diplomatie nationale n’a pas de bases solides.

L’histoire du développement du mouvement de Fethullah Gülen au Pérou suit l’histoire de ses relations avec la Turquie et celle de la Turquie avec l’Amérique latine. En effet, le plan d’action susmentionné était difficile à mettre en œuvre du fait de la langue, du peu d’interaction culturelle, des bas niveaux d’échanges commerciaux et de la faiblesse des diasporas turques (en dehors de minces populations juives turques) en Amérique latine, et cela jusqu’à l’arrivée du mouvement Gülen dans les années 2000.
Le nombre de Turcs au Pérou reste aujourd’hui extrêmement faible – autour de 100 personnes, la moitié appartenant au mouvement. Toutes proportions gardées, l’histoire en cours du mouvement Gülen au Pérou permet d’éclairer des aspects fondamentaux de la mondialisation de ce mouvement en relation avec la politique turque et indépendamment d’elle. Par ailleurs, notons que le mouvement Gülen, pourtant le plus mondialisé et transnational des mouvements religieux turcs, voire du monde musulman, agit en dehors des frontières turques depuis la fin de la guerre froide seulement. En effet, c’est la chute du bloc de l’Est, espace d’affinité pour les Turcs, comme les Balkans où il y a un héritage ottoman, et le Caucase et l’Asie centrale où les populations sont turciques et islamiques, qui permet au mouvement de sortir de Turquie et de développer ses activités éducatives dans des régions proches de la Turquie. À ce titre, l’Afrique et l’Amérique du sud sont encore des terrains mystérieux pour le mouvement Gülen dans les années 1990. Une fois renforcé et doté d’une expérience dans ces régions ex ottomanes ou post-soviétiques, il s’ouvre à des nouveaux territoires, en Amérique et en Afrique.
La méthodologie de cet article repose sur le dépouillement de la bibliographie, sur des entretiens menés à Lima en 2017 et sur des entretiens menés virtuellement en 2017 et 2018. Notons qu’il est difficile de parler librement avec certains acteurs, par exemple l’ancien interprète de Mehmet Isitan qui, retourné en Turquie, est peut-être en danger. Les rencontres avec les responsables de Gülen à Lima ont été cordiales, des livres nous ont été offerts, mais la discrétion nous a été commandée avec beaucoup d’insistance. Si les membres du mouvement Gülen se montrent méfiants et prudents dans leurs rapports avec tout le monde depuis quelques temps c’est qu’ils ont leurs raisons. En effet, en Turquie, du fait de la grande rupture entre le gouvernement Erdoğan et leur mouvement, alors que jusqu’en 2013 les deux hommes et leurs familles socioreligieuses respectives étaient liées, il y a une forte campagne du gouvernement contre tous les Gülenistes, qu’ils appartiennent réellement au mouvement ou qu’ils soient soupçonnés de lui appartenir. Plus particulièrement depuis le coup d’état raté de juillet 2016, que le gouvernement attribue aux Gülenistes infiltrés dans l’armée, le mouvement et ses membres sont considérés comme une mouvance terroriste contre lesquels une répression sans pitié s’exerce. À ce titre, les Gülenistes dans le pays et même à l’étranger vivent dans la peur. Mais, en Amérique latine comme ailleurs, les relations dans les années 2000 étaient plus cordiales entre Gülen et Erdoğan, entre l’État turc et les multiples organismes privés s’inscrivant dans la galaxie güleniste.
Ainsi, au Pérou, assistons-nous à une première phase où l’État turc et le mouvement Gülen travaillent main dans la main ; comme ce fut le cas partout dans d’autres régions du monde, l’idée est de développer la présence, l’influence et le soft power à la turque au Pérou ; et le hasard fait que le tremblement de terre qui affecte Pisco en août 2007 va permettre de potentialiser l’action d’un petit groupe de gülenistes arrivé en en avril ou mai 2007 soit environ 10 personnes. Avant 2007, il y avait au Pérou trois ou quatre Turcs (dont un Juif stambouliote), plus une dizaine en prison pour trafic de stupéfiants. Les Gülenistes ont pris contact avec deux des Turcs présents pour les attacher à leur cause via des livres de Hizmet et avaient le projet d’ouvrir une école suivant leur méthode habituelle. Mais le séisme va donner une nouvelle opportunité. En effet, comme le dit la page même de Hizmet (le « service », autre nom du mouvement), l’ONG turque Kimse Yok Mu « s’est précipitée [2] » (rushed) en la personne de Hasan Ertuk qui était aussi membre tout en travaillant pour l’agence turque officielle de développement, la TIKA, pour aider les gens en détresse.
Nous avons plusieurs versions des faits : une coordinatrice du Congrès péruvien attachée au contact avec Israël pour les questions de bourses étudiantes explique dit que c’est l’ambassadeur du Pérou en Israël qui, voyant le travail important que l’association d’aide humanitaire assurait en Palestine, la lui a présentée. Par la suite elle organise une rencontre au palais présidentiel et avec Alan Garcia (le président) pour que les responsables de Kimse Yo Mu puissent proposer leur action de façon transparente, sans qu’elle-même puisse être suspectée de corruption.
 

Masjid Babul Islam di Kota Tacna, Peru/www.republika.co.id
Masjid Babul Islam di Kota Tacna, Peru/www.republika.co.id
L’autre version est de Saim Ozgurler, un Turc arrivé au Pérou en 1983 [3]. Il dit que c’est un des résidents turcs qui connaissait l’ONG par le consul honoraire de Turquie. Quand il y eut le séisme, comme il avait appris qu’ils faisaient de l’aide humanitaire en cas de tremblement de terre, il leur demanda d’aider ; mais Mehmet Isitan lui répondit que l’ONG n’aidait que les pays islamiques et qu’ils étaient là pour ouvrir une école. La personne dut insister pendent trois jours pour les convaincre, mais Isitan proposa des réponses sans professionnalisme jusqu’à ce qu’intervienne Ertuk qui était un salarié de l’ONG [4], et il semble que Isitan ait été exclu après des comportements d’obstruction [5].

Précisons ici que Kimse Yok Mu ? (traduction, N’y a-t-il personne ? Y a-t-il quelqu’un ?) est le nom de l’ONG affiliée à la mouvance de Fethullah Gülen, investie de la mission de proposer une aide humanitaire urgente et efficace, pour donner une bonne image de la mouvance. Elle fut active en Turquie mais aussi très présente à l’étranger. Grande particularité de cette ONG, reflétant la mouvance de Gülen, elle ne limite pas son aide et secours aux musulmans comme le font la plupart des ONG islamiques. Au contraire elle se targue d’être au-dessus de tout confessionnalisme et n’hésite pas à aider des victimes non musulmanes de catastrophes naturelles ou de sous-développement, en Afrique, Amérique et ailleurs.
Quoi qu’il en soit, notre interlocuteur raconte comment il a commencé à entreprendre des démarches de diplomatie civile devant l’État péruvien, par le biais de quatre conversations avec le président de la république Alan Garcia, et cela dans l’idée d’établir une ambassade de Turquie au Pérou.
Il est donc difficile de retracer très précisément les faits qui ont abouti à l’ouverture de l’ambassade. Les deux responsables turcs réunis en 2007 ont disparu. Hasan Erturk, un ancien étudiant de Harvard qui travaillait aussi à TIKA [6], et qui coordonnait les opérations de l’ONG à Lima [7], démissionna de l’ONG et décida de rester au Pérou ; mais il mourut après une piqûre d’insecte à Iquitos en 2010. Son intéressante nécrologie rappelle son activité à Gaza et en Cisjordanie, et son rôle dans la constitution de relations politiques entre Pérou et Turquie [8]. Quant à Mehmet Işitan, il a littéralement disparu, et les hommes politiques péruviens n’ont pas donné suite à mes nos demandes d’entretien pour en savoir davantage. Il reste donc la coordinatrice du congrès qui reste très émue, dix ans après, de ce que les membres de l’ONG ont fait pour les victimes de la catastrophe, quitte à exagérer les faits : en effet, elle m’a affirmé qu’arrivés le 15 août ils avaient rapidement livré 1 500 maisons. En réalité ce sont 367 maisons. Affectée par les événements ultérieurs (elle affirma avoir été instrumentalisée par eux), elle dit que Mehmet Isitan a été mis en prison avec son épouse (et son avocat). Saim Ozgurler quant à lui a été personnellement attaqué et diffamé par des Gülenistes qui ont lancé sur lui différentes accusations – de trafic d’armes notamment.
En tout cas, le mouvement Gülen qui est alors pleinement soutenu par le pouvoir turc développe l’aventure péruvienne par l’intermédiaire de son ONG, bientôt suivie par son groupement d’entreprises, Tuskon, une association d’hommes d’affaires marqués par les enseignements de Gülen, et par toute sa méthodologie (éducation, dialogue interreligieux, intégration de la famille et de ses valeurs, retrouver les valeurs éthiques et morales). Cette histoire péruvienne semble être immédiatement prometteuse : le gouvernement péruvien honore, dès 2008, du prix du Parlement péruvien, l’Association Kimse Yok Mu pour son aide vis-à-vis des victimes du tremblement de terre. Notons qu’au même moment l’ONG est honorée en Turquie, en 2008, par le parlement turc d’un prix réservé à ceux qui rendent un service éminent à la République turque et en son nom au niveau national et international, ou qui contribuent à la renommée de la Turquie, ou qui rendent service en termes de prospérité, éducation, bonheur et développement social de la nation ou qui ont développé des travaux scientifiques de qualité sur la souveraineté nationale et la démocratie.
Cet honneur péruvien sera suivi d’un second que j’évoquerai infra plus en détail, à savoir qu’en 2012 le congrès de la république du Pérou confère une médaille d’honneur à Kimse Yok Mu pour la remercier de son aide après le tremblement de terre [9]. Cette reconnaissance qui fait suite à des années où l’ONG n’a eu d’autre activité au Pérou, si ce n’est offrir de la viande lors du sacrifice de l’Aïd et organiser des dîners avec des acteurs politiques est clairement politique. Nous décrirons donc dans un premier temps l’irrésistible ascension du mouvement Gülen au Pérou, en une période qui culmine avec la visite d’Erdoğan en 2016, laquelle marque peut-être déjà son déclin par la réorientation de la politique internationale du gouvernement turc qu’elle amorce.

I - 2007-2016 : la Turquie sur tous les fronts de la coopération avec le Pérou, humanitaire, politique, scientifique, économique

Cette première période est marquée par un volontarisme très fort de l’ONG et des différentes personnes de Gülen arrivées avec elle, encouragé par le gouvernement Erdoğan.

Dans la scission intervenue au début des années 2000 au sein des islamistes, plusieurs confréries et cemaat, c’est-à-dire communautés religieuses, en premier lieu les Fethullahçı, ont soutenu Erdoğan le « rénovateur » contre Erbakan le « traditionaliste », dans la formation politique d’Erdoğan dite Refah qui incarnait l’islamisme politique turc. De ce fait, les relations des Fethullahçı (partisans de Gülen) avec l’AKP (Adaletve Kalkınma Partisi, Parti de la Justice et du Développement) – parti issu de la tradition islamiste, mais se considérant comme conservateur démocrate, au pouvoir depuis 2002 – est plus pacifiée. De son côté, Erdoğan ne néglige pas l’importance des confréries et cemaat, qu’il considère justement comme constituant la société civile la plus importante du pays. Il rencontre fréquemment ses leaders, et ces contacts, dans le cas de Hizmet, vont jusqu’à des coopérations : en 2003, le gouvernement Erdoğan a recommandé aux ambassades turques en Europe d’établir des contacts amicaux avec Fethullahçı. Plus généralement, le mouvement Gülen avec son réseau d’écoles mais aussi d’affaires à travers le monde renforce le soft power de la Turquie, et des Fethullahçı sont souvent associés aux délégations en visite officielle dans de nombreux pays. Au niveau sociologique, les milieux AKP et Fethullahçı se recoupent en partie, car leurs soutiens viennent de l’Anatolie conservatrice, pieuse ; même si les Fethullahçı sont plus représentés parmi la classe moyenne urbaine ascendante – médecins, universitaires, professions libérales, journalistes, hommes d’affaires de type « tigres anatoliens » – que parmi les groupes défavorisés ou les pauvres ruraux qui constituent le gros de la base électorale de l’AKP. Par conséquent, les réseaux Fethullahçı sont également influents dans le processus électoral même, dans la mesure où leurs médias soutiennent telle ou telle formation politique, et parfois, allant jusqu’à exercer des pressions amicales sur l’AKP pour qu’il favorise l’élection de députés proches de la mouvance. L’implication politique des Fethullahçı, bien qu’indirecte, est réelle. On retrouve ici un mouvement hybride à la fois religieux, social et politique, à l’image du concept de « vernacular politics » introduit par White (2001) pour décrire l’islamisme politique « par le bas [10] ».
Le front de la coopération humanitaire est cependant moins actif que le travail politique. Assurément il s’est d’abord agi d’obtenir des résidences durables pour les proches d’Isitan et de la nébuleuse, soit le fameux « carné » de résidence, et les différents acteurs l’ont fait de différentes façons, en mettant à profit la reconnaissance de la coordinatrice citée supra, mais également en exerçant des formes évidentes de corruption. Des journalistes ont reçu de l’argent pour écrire des papiers sur les actions de l’ONG et l’amplifier. Cette pratique  qui se  constate partout où Hizmet a été actif était au départ peu visible, mais s’est amplifiée quand le mouvement a eu des médias puissants comme le journal Zaman.
Au-delà de l’obtention de papiers, les gülenistes s’activaient en jouant de l’aura qui leur provenait de l’aide fournie pendant le tremblement de terre pour être mis en contact avec les autorités politiques, et les choses se sont faites rapidement, par différents biais : corruption, séduction, différentes formes d’entrisme et par le biais de plusieurs lobbies : le Club Unión Árabe-Palestino dirigé par Jaime Farah et Daniel Abugattas (un congressiste d’origine palestinienne [11]). Il faut ici clairement distinguer l’Association d’amitié Pérou Turquie (Asociacion de Amistad Peru Turquia), soit la mouvance de Hizmet, et la ligue parlementaire d’amitié Pérou-Turquie [12], présidée par un congressiste (Aníbal Huerta Díaz) et soutenue par Murat Mercan, le président de la Commission de relations extérieures du congrès ainsi que par le contre-amiral Luis Giampietri, le Vice-Président de la République du Pérou. Malgré ce que dit Saim Ozgurler cependant il semble qu’Isitan ait participé à au moins une des conversations de la ligue parlementaire [13]. Alors qu’une ligue parlementaire est une organisation très officielle, autrement dit une association de Congressistes qui travaillent au rapprochement des relations entre le congrès péruvien et le congrès de tel ou tel autre pays, l’Association d’amitié Pérou Turquie est une initiative privée, et entièrement liée à Gülen. Il n’en reste pas moins que cette association qui n’a rien d’officiel a maintenu une certaine ambivalence vis-à-vis de la ligue parlementaire puisque nous la retrouvons active en 2015 dans une affaire de corruption [14], où des congressistes partis en Turquie sur son invitation mais avec l’argent du congrès durent restituer les sommes qui leur avaient été ainsi allouées.
Les objectifs de la ligue et de l’association sont alors communs à la Turquie : ouvrir une ambassade (peut-être dans la continuité du projet de 1998), permettre le développement des entreprises turques (et pas seulement de Tuskon) ; mais on remarque également des projets propres à Hizmet – créer une école, nouer des partenariats avec des universités, ouvrir des centres de langue, développer une revue de science et de spiritualité, promouvoir la religion musulmane.
 
  1. Ouverture de l’ambassade et soutien mutuel des deux pays

 Il y a en fait peu d’éléments entre 2007 et 2010, en dehors des commentaires de cette coordinatrice, qui décrit la façon dont, par lobbying et invitation (elle-même a fait partie du voyage de trois congressistes en Turquie, logés dans des hôtels 5 étoiles et invités à admirer les merveilles touristiques), les personnes qu’elle a alors connues,  dominées par la figure du chef de Kimse Yok Mu  Mehmet Isitan, ont réussi à négocier l’ouverture de l’ambassade, une ouverture du reste bilatérale, dans la mesure où le Pérou a aussi ouvert son ambassade à Ankara en 2010.
Symbole de l’établissement des relations diplomatiques, le 11 novembre 2013 est inauguré sur le Malecon (bord de mer à Lima) la statue de Mustafa Kemal Atatürk. À cette occasion [15], l’ambassadeur Namık Güner Erpul rappela que le monument sur lequel est gravé la fameuse formule d’Atatürk qui inspira bien des nations « Paz en Casa, Paz en el Mundo », est un symbole d’amitié entre le Pérou et la Turquie. L’ambassadeur précisa aussi que la Turquie espérait recevoir le soutien du Pérou pour la candidature d’Izmir à l’EXPO 2020 et que son pays avait décidé de donner 50 mille dollars pour construire un Centre d’hémodialyse à Lima.
La référence est ici à la réunion du 8 avril 2013 où la délégation de l’EXPO s’était réunie avec le ministre du Commerce extérieur du Pérou, Jose Luis Silva Martino, et la vice-ministre du Tourisme, Claudia Eugenia Cornejo, pour finaliser ce soutien du Pérou à la candidature d’Izmir. Il convient de souligner là encore la présence de Gülen dans ces tractations, puisque fut également organisée une réunion avec le président de la Chambre de commerce de Lima, Samuel Gleiser, et Sezai Kara, alors représentant de Kimse Yok Mu, Sezai Kara. C’est la présence de ce dernier qu’il faut noter ici, dans la mesure où, loin de vouloir faire l’histoire des relations diplomatiques entre le Pérou et la Turquie, nous essayons de discerner celle du mouvement Gülen. Notons cependant que, par échange de bons procédés, la Turquie appuie le Pérou pour son entrée dans l’OCDE.

Le travail entre les chancelleries avance vite : on assiste à la suppression des visas (en 2013 [16]), des accords de coopération aérienne sont signés, des actions bilatérales sont entreprises en termes de lutte contre les stupéfiants, de protection des biens culturels, de collaboration culturelle, scientifique et technique, économique et commerciale [17]. Ni le tourisme ni la coopération militaire ne sont en reste [18].
Il faut  rappeler ici le grand moment symbolique que nous avons déjà évoqué, qui marque l’entente du gouvernement péruvien (sous la présidence de Ollanta Humala), du gouvernement turc et du mouvement Gülen [19], à savoir la médaille d’honneur accordée à Kimse Yok Mu pour son aide en 2007.À cette occasion Daniel Abugattás, le président du congrès péruvien, offre la médaille au représentant de l’ONG, Mehmet Işıtan, lors de la cérémonie organisée dans l’enceinte du congrès et en présence, entre autres, de l’ambassadeur de Turquie Namık Güner Erpul. L’entente entre le mouvement et la république turque s’affiche donc. Dans son discours, Abugattás loue Kimse Yok Mu qui « mène des activités de secours dans toutes les parties du monde sans faire l’étalage de ses actions ». L’ambassadeur Erpul souligne que « le travail civil contribue au développement des relations entre la Turquie et le Pérou » et que « la fondation Kimse Yok Mu a gagné le cœur des Péruviens ». Işıtan exprime ses remerciements pour l’honneur qui est fait ainsi et qu’il accepte la médaille « au nom de sa fondation et de la Turquie ».

La période 2010-2014 est assurément marquée par l’entente affichée de l’ambassade et du mouvement Gülen. Les pages facebook des différentes officines de ce dernier (AnadoludkmPeru, par exemple) le démontrent : en 2013 les sites gülenistes répercutent les annonces du site de l’ambassade par exemple une brochure  qui est aujourd’hui inaccessible à la consultation mais qui vantait les mérites de la Turquie [20].
De même le 4 mai 2013, Anadoludkm PERU partage la page de l’ambassade : « Communiqué de presse de l’accord sur les services aériens entre le Pérou et la Turquie signé par le ministre des Transports et des Communications du Pérou, M. Carlos Paredes Rodriguez, et le ministre des Transports, de la Marine et des Communications, M. BinaliYıldirım. »
Et inversement l’ambassade (T.C. Lima Büyükelçiliği-Embajada de Turquia en Lima) soutient et promeut des opérations du mouvement, toujours tourné vers le culturel et l’interconfessionnel, par exemple le 25 septembre 2012  :« Les présentations de nos savants universitaires Prof. Dr. Bilal Kuşpınar et Dr. Ahmet Hadi Adanalı dans le cadre de la conférence sur La Langue des Oiseaux : Dialogue Interreligieux et Alliance des Civilisations à la Bibliothèque Nationale du Pérou, ont suscité beaucoup d’intérêt parmi tous les participants. »
Le mouvement est également impliqué dans les négociations du TLC (tratado de libre comercio, traité de libre-échange) [21], lancées en 2013 [22], et attribue l’échec de ces négociations après cinq rondes entre 2014-2015 (la première à Ankara du 20 au 24 janvier 2014, qui sont décrites dans le numéro de la revue diplomatique VLJ de décembre 2017) à la rupture de la Turquie avec Gülen.
 
  1. humanitaire

La période est marquée par le travail actif, d’humanitaire et d’apologétique musulmane, de Kimse Yok Mu qui profite des fêtes donnant de l’importance à la famille pour organiser des distributions de viande. Nous ne retrouvons cependant pas de trace d’autres activités.
En 2010, à l’occasion de la fête des mères et explicitement dans l’idée de fêter cette journée, le Congrès péruvien et le gouvernement turc, dans le cadre d’une gestion par le Comité des dames du parlement péruvien, apportent onze tonnes d’aide à Huánuco [23] après une inondation. On voit dans le film le président du Congrès, Luis Alva Castro, et le congressiste pour la région, Aníbal Huerta, l’ambassadeur de Turquie et le logo de l’ONG (et même Isitan).
Cependant l’aide arrive surtout à l’occasion de fêtes religieuses musulmanes, en particulier au moment de l’aïd, et les discours des responsables de l’ONG expliquent la signification religieuse de la fête ce qui est repris par les responsables politiques péruviens (qui montrent par là leur peu d’égard pour la constitution laïque de leur pays). Le 25 novembre 2010 [24], Kimse Yok Mu organise même un programme de « fête du sacrifice » dans l’enceinte du Parlement. Pour cette occasion nous avons le discours du président du congrès [25] et savons que de la viande fut distribuée à des familles. Le président du congrès, César Zumaeta, explique : « Quoique le Pérou ne soit pas leur pays, ils sont solidaires et partagent leur foi et tradition en aidant les plus pauvres et les plus nécessiteux. Au nom des 120 membres du Congrès, j’exprime nos remerciements et notre gratitude pour le soutien qu’ils apportent au Pérou et vous félicite pour la fête du sacrifice qui célébrée aujourd’hui ». Huerta Diaz souligne aussi « l’esprit de solidarité des musulmans qui, malgré la distance, accomplissent la tradition religieuse de sacrifier un animal et distribuer la viande parmi ceux qui ont le plus besoin ». Mehmet Isitan explique quant à lui que « la fête du sacrifice est pratiquée dans son pays depuis le début de son histoire et sert à nous rapprocher de Dieu. Elle est inspirée par l’Archange Gabriel, quand il a tué un agneau dans la montagne. Les bêtes qui sont abattues sont divisées en trois tiers, un pour les pauvres, un pour les voisins et le dernier pour la famille ».

L’opération de l’Aïd reprend en 2011 avec le même Comité de Dames présidée par Jimena Abugattás, la fille de Daniel Abugattás, président du congrès, également présent dans le cadre d’une journée de « fraternité » Hermandad Perú - Turquía [26]. Fut alors distribuée de la nourriture à 800 familles pour la fête du sacrifice. Nous constatons encore de la distribution de viande (et de drapeaux turcs) pour l’aïd 2012 [27], 2013 [28] septembre 2014 [29]. La seule action proprement humanitaire et non liée à un objectif également prosélyte est la collaboration avec REMAR la principale association péruvienne d’aide à l’enfance en danger [30].

Dans une interview du 28 juin 2012 [31], Mehmet Isitan annonce 27 événements, à Puno (Vêtements à Puno venant d’Allemagne et de Turquie),Juliaca, Huanuco, Huancavelica, Chorillos, Piura, Trujillo – projet de collège à Chiclayo (sciences et langues). Nous n’avons pas trouvé trace de la réalisation des projets, mais notons qu’ils décrivent pour une part le projet global de Hizmet, notamment par l’accent sur l’éducation, dans la continuité théorique de ce qui a été dit en 2008 puisqu’existait alors le projet d’ouvrir une école dans la province de Pacasmayo [32].

Il convient de citer ici un entretien du même Isitan qui révèle l’étendue des projets de l’ONG. Il s’agit peut-être d’une de ces interviews hagiographiques payées par le mouvement :
Depuis son arrivée dans le pays, Mehmet Isitan a cherché à établir des relations avec les directeurs d’école, les doyens d’universités ou d’autres associations qui contribuent à l’éducation et à l’assistance sociale. « Nous avons une organisation créée par le gouvernement turc pour aider les communes les plus pauvres du pays. Aujourd’hui mon travail consiste à prendre en charge d’enseigner un peu plus de notre culture à la jeunesse péruvienne et de les impliquer dans nos programmes d’aide aux communautés les plus pauvres du Pérou », affirme-t-il.

C’est pourquoi Mehmet Isitan a créé des projets qui semblent aujourd’hui porter leurs fruits. Il y a deux ans, par exemple, une crèche d’enfants bilingue a été créé à San Borja, appelé « Sol naciente [33] », où les deux langues sont enseignées, le turc et l’espagnol. Un autre cas est celui de l’université Inca Garcilaso de la Vega, avec laquelle ils ont signé la semaine dernière un accord pour installer un centre d’enseignement du turc dans la faculté de droit et d’éducation. Un autre projet déjà en place est une école primaire et secondaire qui ouvrira l’année prochaine dans le district de San Martin de Porras.

Notre but est d’exister dans toutes les couches sociales. Il y a des écoles par exemple allemandes ou françaises ici au Pérou, mais elles sont réservées aux riches, comme si la culture était valorisée avec de l’argent. Notre culture est également très large, c’est pourquoi nous voulons qu’un large secteur s’y intéresse », explique Isitan, pour répondre à notre question sur la raison de la diversification des secteurs sociaux auxquels leurs projets sont destinés.
Mais la communauté turque ne s’est pas contentée de réaliser des projets éducatifs : elle a également créé une ONG au Pérou appelée « Kimse Yok Mu », qui aide les communes de Puno, Piura et d’autres départements dont le taux de pauvreté est élevé, à qui elle fournit des vêtements et de la nourriture, entre autres [34].
L’analyse a posteriori de la suite de l’histoire permet de dire qu’il y avait des opérations proprement Gülen, à savoir toute une nébuleuse d’associations qui se placent entre le quartier Jésus Maria et le restaurant de San Isidro. L’aide humanitaire ne joue là aucun rôle, et il n’y a aucune relation entre ces entreprises et la Turquie.
 
  1. Interreligieux
 
Le mouvement se caractérise par une forte activité dans ce secteur, même s’il n’a pas toujours été ainsi, car on sait que dans ses débuts le mouvement de Gülenétait hostile à différents groupes, chrétiens, juifs alévis communistes, etc.et en cela se différencie de la politique développée par Erdoğan, qui vise plutôt le renforcement de la solidarité panislamique. La participation aux instances de dialogue interreligieux se retrouve systématiquement à l’agenda de Gülen, et le Pérou ne fait pas exception. Le 21 décembre 2015 est organisé un Dialogue pour la paix [35]. Notons que les pages du mouvement accessibles en décembre 2017 ne le sont plus maintenant [36].
Mais il convient de préciser la dimension de secte du mouvement, alors que toutes les personnes interrogées évoquent d’une part la volonté d’enseigner l’islam et celle de diffuser les ouvrages de Gülen dont un certain nombre nous ont été offerts. Une jeune femme rencontrée à Lima et qui travaille dans la crèche proche du mouvement explique que ledit mouvement est très compartimenté. Elle ne sait rien des projets généraux et renvoie systématiquement aux livres de Gülen qu’elle promène comme les chrétiens évangéliques leurs bréviaires. Ali Ciftçi le dit lui-même (interview citée infra) :« Ces enseignants sont inspirés par les livres de Gülen, c’est comme un apostolat, faire des choses sans intérêt, vivre pour que les gens vivent, et ne pas vivre seulement pour eux-mêmes. La base est l’amour de l’humanité, un monde de paix et d’amour basé sur l’éducation. » Un autre témoignage affirme : « Il y avait deux garçons, très beaux, qu’ils avaient fait venir pour leur faire faire des études. Mais ils sont sortis danser et boire de l’alcool… ils ont contrevenu aux règles, ils ont été jetés à la rue et on a déchiré leur passeport. » Un professeur de l’école au Mexique m’explique qu’il est vérifié que les professeurs aient une bonne moralité, c’est-à-dire en particulier qu’ils ne fument pas et ne consomment pas d’alcool hors de l’école. Il ne leur est cependant pas demandé d’être musulmans.
 
  1. Cours de langue

Fin 2012 est lancé l’institut BARAN avec des cours de turc et arabe ; de fait les cours de turc deviennent utiles dans les pays qui développent des liens commerciaux avec la Turquie. Le mouvement Gülen a donc ouvert des centres d’apprentissage du turc, et parfois aussi d’autres langues. On trouve les deux noms de Muhammed Dursun et de Mehmet Isitan dans le catalogue de FIL (foire du livre) Lima 2012. Ces deux noms et l’inscription dans les foires du livre permettant de suivre les différentes dénominations que prend successivement la même entreprise culturelle.
La constitution d’Anadoludkm PERU [37], centre de langue et de culture dont le travail est souvent comparé à celui des alliances françaises, prodigue des cours de langue et abrite des cours d’ebru, peinture sur l’eau, qui en tant que telle n’a rien à voir avec le mouvement, mais qui se retrouve dans ses nombreuses opérations [38].
Il y a très peu de notations proprement musulmanes qui affleurent, si ce n’est que anadoludkm a eu un moment diffusé des messages de Risale i Nur, c’est-à-dire les écrits de Sait Nursi, une grande autorité islamique turque (1876-1960), qui est une des multiples sources d’inspirations pour Gülen. Sans doute a-t-il cessé parce que les messages sont relayés (encore aujourd’hui) par des branches très orthodoxes de ce courant qui est comme un grand frère du mouvement Gülen, et dont les ramifications sont multiples.

 
  1. Amitié turco-péruvienne

Je reviens ici à l’Asociación de Amistad Perú-Turquia fondée en juillet 2013 (et fermée avant 2017) [39]. Cette association dirigée un moment par Sezaí Kara a été active notamment dans les foires du livre de Lima. On trouve en 2014 sous l’égide de cette association (mais la publicité est relayée par d’Anadoludkm PERU) une présentation du livre Hacia una Civilización Global de Amor y Tolerancia de Fethullah Gulen dans le cadre de la FIL 2014 (Salon du livre de Lima). Quant à l’édition 2015 de la FIL, on trouve un film de « Omer Isbilir » (sous ce nom sont couverts la plupart des événements gülenistes au Pérou présents sur Youtube) qui fait aussi l’éloge de Gülen [40].
La « nébuleuse » du mouvement est en fait latino-américaine, avec le lancement d’une revue, la Revista Cascada, dont on peut encore télécharger le no 10 (de 2015) [41], une publication trimestrielle publiée par une maison d’édition dont le siège était à Istanbul (Editorial La Fuente) et qui est donc fermée aujourd’hui, dont on peut voir ce film qui renvoie à la fondation Fundacion Catarata, au Chili [43].

Dans la revue sont cités le Festival Internacional de Lenguas y Culturas (FILC) qui, depuis 2014, n’a plus lieu en Turquie, les cours d’ebru, les cours de cuisine turque (souvent présents dans les écoles affiliées et parfois le seul lien palpable avec la Turquie), le soufisme et la poésie, le lien avec Anadoludkm, autant d’entreprises arrêtées en 2016. Quant au FILC ou Olympiades de la langue turque, c’était un événement international, organisé avec le soutien du parlement turc, dans lequel des étudiants du monde entier venaient « partager leur richesse culturelle et leur connaissance de la langue. Les objectifs de ce concours sont de promouvoir la tolérance, le respect et le dialogue entre les différentes cultures, ainsi que de créer des amitiés inoubliables, à travers la participation d’étudiants du monde entier [44] ». Ce concours, créé en 2003, intègre le Pérou en 2009. En fait, quoique soutenu officiellement par la Turquie, il opposait, sur plusieurs matières, des écoles de Gülen du monde entier et prétendait montrer à la Turquie la grandeur de la culture turque désormais diffusée dans le monde. Ces olympiades ont contribué à la grandeur du mouvement en Turquie, à sa popularité et à son acceptation en Turquie par des gens qui lui étaient auparavant hostiles ou en tout cas méfiants. Cette initiative permettait de gagner la confiance et l’admiration de gens qui n’avaient rien à voir avec le gülenisme. Issu de la nation turque et lui-même nationaliste dans une certaine mesure, Gülen savait toucher la corde nationaliste turque en montrant à ses concitoyens que la langue turque était devenue (avec lui) une langue mondiale.
 
  1. Tuskon

Il semble que les choses se structurent davantage pour le mouvement Gülen en 2013, année qui voit la création de la Chambre de commerce Pérou-Eurasie (Cámara De Comercio Perú- Eurasia, CAPE). Cette chambre, qui n’est pas une officine gouvernementale, est en fait le nom pour le groupe d’entreprises gravitant dans l’orbite du mouvement, Tuskon (Turkish Confederation of Businessmen and Industrialists). Le site de cette chambre [45] fait du reste un renvoi explicite à Tuskon via l’adresse twitter (twitter.com/Tuskon). Quant au site d’Hizmet (avril 2014) [46] il mentionne le Pérou comme participant à sa réunion bi annuelle en Turquie. Notons que le siège de cette chambre de commerce est à San Isidro (Lima), dans le restaurant où j’ai eu un entretien avec l’actuel responsable Gülen et où se réalisent aujourd’hui les cours de langue turque. Ce restaurant est aussi le siège d’une entreprise de desserts turcs et aussi de yaourts turcs [47]. C’est là qu’ont repris récemment les cours de langue.
En 2015, alors que la chambre était présidée par Ali Yeni, elle participe en avril à la kermesse organisée par l’association des conjoints de diplomates accrédités au Pérou, et Tuskon rend visite au congrès de la République en décembre de cette même année. Une photo rassemble Kadir Keskin (secrétaire de l’Association d’amitié Pérou-Turquie), Sezaí Kara (président de l’association), Luis Iberico Núñez (second vice-président du congrès de la république [du Pérou]), Osman Reis (vice-président de Tuskon), Cankut Aytan (représentant de Tuskon en Amérique du sud) [48].
Il est difficile de suivre les projets réalisés. Notons seulement que le 13 septembre 2013, l’ambassade félicite l’entreprise turque Deryam Sondaj (visiblement apparentée au mouvement), alliée à l’entreprise péruvienne Camelot Oil Peru, a découvert de l’eau dans le désert de lazone « La Joya », à Arequipa, en creusant des puits selon les développements technologiques les plus récents.
 
  1. Ententes universitaires

Propres au mouvement sont également les ententes universitaires qui se mettent en place, d’abord en octobre 2011 avec l’université inca Garcilaso de la Vega [49]. Là encore on reconnaît les personnages de la nébuleuse et, à cette date, l’entente entre l’ambassade et les Gülenistes.
Se positionnant comme un centre d’enseignement supérieur d’excellence, l’Université Inca Garcilaso de la Vega (UIGV) a obtenu une nouvelle réussite scolaire pour le pays, grâce à l’accord interculturel conclu entre le pays millénaire qu’est la Turquie et notre université pour permettre l’apprentissage de la langue turque en Amérique latine. Cette nouvelle prestation, qui place le Pérou comme le premier pays d’Amérique du Sud à recevoir la confiance et l’intérêt de la République de Turquie, mérite les efforts déployés par le recteur de l’UIGV, le Dr Luis Cervantes Linan [50], qui s’est lui-même rendu en Turquie pour renforcer les relations avec l’Université de Fatih et d’autres institutions turques depuis 2009 et obtenir une réponse positive. Le nouveau laboratoire, qui répond aux exigences du monde globalisé d’aujourd’hui, est situé dans les locaux de la Faculté d’éducation, qui a été inaugurée par le recteur de l’UIGV, le Dr Luis Cervantes Liñán, le Vice-chancelier, le Dr Jorge Manrique Lazo et le doyen de la Faculté d’éducation, le Dr Carlos Martinez Oyola ; du côté de la délégation turque ont participé l’ambassadeur de Turquie, M. Namik Guner Erpul et le président du Centre culturel turc, M. Mehmet Isitan. La Turquie, pour ceux qui viennent de découvrir son existence, est l’un des pays avec le plus grand patrimoine culturel du monde et a une histoire culturelle riche et longue ; et elle est maintenant à la portée des étudiants d’UIGV qui peuvent apprendre la langue et connaître les traditions qu’elle a à nous offrir.
Il est important de noter que le Président du Centre culturel turc, M. Mehmet Isitan, est également représentatif de l’ONG, KinseYok Mu, et une personne qui fait un important travail de solidarité avec les pays du monde dans le domaine de l’éducation parce qu’ils possèdent plusieurs établissements d’enseignement supérieur ainsi que des écoles. Pour sa part, l’Ambassadeur de la Turquie, M. Namik Guner Erpul, a salué le rapprochement entre l’Université inca Garcilaso de la Vega et son pays, et a déclaré que, grâce à cet accord, « les liens d’amitié seront renforcées à la mesure de l’objectif commun qui nous unit, à savoir le progrès de l’éducation ». Parmi les activités qui ont été menées dans le cadre de l’accord, l’UIGV a tenu une conférence magistrale à travers la Fondation pour l’éducation et la culture INTI, au cours de laquelle son président [51] M. Mehmet Isitan; l’Ambassadeur de Turquie au Pérou, M. Namik Guner Erpul, et le Doyen de la Faculté d’éducation, Dr Carlos Oyola Martínez, ont célébré le rapprochement entre les deux nations, rappelant leur engagement à apporter les connaissances nécessaires à ceux qui souhaitent en savoir plus sur les deux cultures. Une vidéo intéressante a également été projetée pour présenter au public péruvien l’histoire de la Turquie, ses potentialités et ce qu’elle offre au monde en matière commerciale, éducative, touristique et commerciale. La Turquie, qui est devenu la dix-septième plus grande économie du monde et la sixième la plus importante de l’Union européenne [52], met à la disposition de tous ses forces, l’apprentissage de la langue étant le lien le premier et le plus important pour en savoir plus sur son importante croissance au cours de ces années. »

Le projet a fait long feu, et il est impossible d’avoir un entretien avec Dr. Luis Cervantes Liñán [53], pour des raisons évidentes : « le recteur est une personne très mise en cause, dénoncée pour des délits de blanchiment d’argent, fraude dans l’administration de personnes morales, falsification de documents et même accusée de la mort étrange de sa secrétaire, autant de faits qui ont discrédité l’université, ajoutée au handicap de la gestion de ses autorités. Si vous recherchez dans Google le nom du recteur, vous trouverez des atrocités qui pourraient discréditer votre article, puisque l’université est une université en mauvais état [54] ». La disparition du laboratoire turc est due sans doute à son incapacité à le gérer et au scandale autour de lui plutôt qu’à cause de la rupture Gülen / Erdoğan. Néanmoins l’université de Fatih, université privée classée parmi les quatre premières de la Turquie et appartenant au mouvement [55] avec laquelle l’entente sur les diplômes était signée, est fermée en 2016 [56] – en décembre 2017 54 de ses anciens professeurs sont arrêtés en Turquie [57].
Il a été très critiqué au sein même de l’université, car il y a aussi un centre de langue qui ne décolle pas. Je ne sais pas exactement quand les relations de l’association turque péruvienne se sont effondrées, mais je comprends que le laboratoire a disparu par manque d’étudiants. Il a été commenté au sein de l’université qu’il y avait une négociation de diplômes universitaires qui sont allés en Turquie illégalement, mais les preuves sont cachées. Le recteur a tissé un réseau très puissant afin de ne pas être enquêté. Eh bien, les relations existent toujours. Les enseignants, il y a quelques années, disaient que le Recteur allait vendre l’université aux Turcs et qu’il serait un actionnaire minoritaire [58].
Le laboratoire était essentiellement un cours de langue, et le lien avec l’ambassade est marqué en 2015 : « Le 9 juillet 2015, l’Ambassadeur Ferda Akkerman a fait une présentation devant les étudiants de l’Université Inca Garcilaso de Vega - Faculté de Commerce Extérieur et de Relations Internationales sur le potentiel de l’économie turque et les relations entre la Turquie et le Pérou [59]. »
Quant à la corruption du recteur, il aurait également signé une entente avec l’Égypte aussi sur la base de dessous de tables phénoménaux. Je ne connais pas la date de la rupture, mais il faut noter qu’elle n’est pas complète : le restaurant/traiteur de San Isidro continue à fournir des prestations à l’université en 2018 [60].
Il existe également une coopération universitaire à l’université National de San Agustín d’Arequipa [61], mais le professeur en charge de la relation a refusé tout entretien. Nous nous en tiendrons donc au texte de la convention avec l’Association d’amitié Pérou-Turquie, en précisant que, le 18 juillet 2016, date de la signature, l’association avait cependant déjà cessé son activité au regard du registre de la SUNAT ('organisation qui applique les règles douanières et fiscales au Pérou). « Accord de coopération avec l’association d’amitié Pérou-Turquie. Avec pour finalité d’établir et de développer des mécanismes et instruments de collaboration mutuelle et des avantages afin de mieux servir la communauté et promouvoir son développement et la diffusion de la culture et la recherche scientifique et technologique, le recteur de l’Université Nationale de San Agustin, le Dr Sánchez Sánchez Rohel et le président de l’Association d’amitié Pérou - Turquie, M. Sezai Kara, a signé aujourd’hui l’accord-cadre sur la coopération académique, culturelle, scientifique et technologique dans le salon de sessions du rectorat. L’Association d’amitié Pérou - Turquie est un cabinet de conseil international, qui se consacre à la promotion et l’encouragement des relations culturelles, éducatives et d’amitié entre les deux pays. Par le biais de l’accord signé, l’UNSA accepte de nommer comme son représentant le chef du Bureau de Coopération et Accords de l’Université, Dr. José Luis Vargas Guitérrez, tandis que l’Association Pérou-Turquie, accrédite Seyyar Emre [62] pour la représenter. Cet accord est valable pour trois ans. »

 
  1. Projets interrompus

Le mouvement a lancé plusieurs projets de collège, lesquels se financent ordinairement grâce aux efforts conjoints (et obligatoires, c’est une sorte de dîme) des entreprises et des familles. Les gouvernements régionaux ont « livré les clefs de leurs villes », me dit un membre du mouvement, et ont mis des terrains à disposition. Les financements ont cependant été insuffisants.

II - Le coup d’État de 2016

Les choses ont commencé à changer en Turquie en 2013 – entre Gülen lui-même installé aux États-Unis (Pennsylvanie) depuis 1999 et Erdoğan, quand les gülenistes, via leurs membres occupant des fonctions dans la police et justice, révèlent au grand jour les affaires de corruption de gens proches d’Erdoğan, notamment ses ministres et même des membres de sa famille. Ces révélations sont le fait que les relations entre les deux, Gülen et Erdoğan, se sont détériorées déjà à partir de 2010 et 2012. En effet :
  1. 2010, dans l’affaire de la flottille de Gaza, le navire humanitaire affrétée par une ONG proche du gouvernement, la IHH, partie à Gaza pour aider les Palestiniens malgré le blocus imposé par Israël, est prise d’assaut par la marine israélienne. Dans cette affaire où ont péri 9 personnes et qui a donné lieu à la mondialisation de la crise entre la Turquie et Israël, la mouvance de Gülen, par la voie de son leader, a critiqué l’initiative turque, provoquant la grande colère d’Erdoğan qui a eu le sentiment que son pouvoir politique fondé sur des élections était défié par la mouvance. De plus, il accusa Gülen de se ranger du côté d’Israël et des États-Unis plutôt que du côté musulman et palestinien.
  2. En 2012, dans l’affaire dite Hakan Fidan : cet homme chef des services turcs, avait été mandaté déjà en 2009 pour initier des négociations secrètes avec le PKK pour régler la question kurde. Or, le mouvement de Gülen, plus nationaliste que Erdoğan, était hostile à cette initiative, et pour mettre en échec cette concession, en février 2012 des magistrats gülenistes ont lancé un mandat d’arrêt contre Hakan Fidan, donc contre Erdoğan, pour l’arrêter. Or, là le message était clair : les Gülenistes étaient devenus une force politique capable de défier le pouvoir politique d’Erdoğan. D’où changement d’attitude, le gouvernement Erdoğan est devenu méfiant et hostile à la mouvance. D’où mise en place de réformes pour limiter le pouvoir des Gülenistes dans le secteur éducatif, fermeture de certaines écoles privées, mises sous la tutelle de l’État. Et là, les Gülenistes ont compris que le cœur de leur pouvoir était menacé : c’est-à-dire les écoles, et l’argent gagné dans ce cadre. Aussi ont-ils révélé au monde entier les affaires de corruption. Erdoğan a répondu par la colère, émotion humaine certes, mais dont la démesure sort du champ politique démocratique.

Les conséquences de la dégradation entre les ex alliés sur la politique vis-à-vis de l’Amérique latine sont manifestent. En 2014 Erdoğan lance un acte de diplomatie religieuse, le Sommet des leaders musulmans d’Amérique latine (Cumbre de Líderes Musulmanes de América Latina) à Istanbul, qui confirme son ambition de devenir le leader panislamiste le plus influent et tourne le dos au travail interreligieux de Hizmet dont il avait compris le danger que pouvaient présenter pour son pouvoir les ambitions politiques à ses yeux démesurées. Le chef de l’État turc fait des Caraïbes et de l’Amérique latine une priorité de sa politique de puissance, marquée par la visite à Cuba en 2015 – il existe aujourd’hui treize ambassades.
L’année 2016 est marquée par la visite d’Erdoğan au Pérou lors de sa tournée en Amérique latine, où il décrit la cohérence de sa politique vis-à-vis de l’Amérique latine et démontre son ambition de leadership mondial [63] et bien sûr par la tentative de coup d’État en Turquie en juillet.
Or, quelle que soit la réalité de leur participation [64], Erdoğan accuse l’obédience de Gülende l’avoir perpétré [65] et le qualifie de « terroriste ». Des membres du mouvement et des sympathisants sont limogés ou jetés en prison (on parle de 127 milles fonctionnaires mis à pied et 106 mille détenus), les écoles du groupe sont fermées et tout l’ensemble de ses activités interdites. Au plan international, la Turquie demande aux pays d’extrader les Gülenistes et de les aider dans sa traque comme on le voit en Colombie [66].
Au Pérou, les pages Facebook respectives de l’ambassade et du mouvement marquent la rupture. L’ambassade présente la position officielle face à ce qui est désormais appelé Fethullahist Terror Organization (FETÖ) et diffuse contre Gülen un film qui ne laisse aucun doute sur la culpabilité du mouvement qui s’était “infiltré”, sous le titre « le 15 juillet, la démocratie gagna en Turquie. Tentative de coup d’État : qui est Gülen [67] ? »Et l’ambassadeur donne une interview à la radio qui est retranscrite [68] : « Le 15 juillet, une tentative de coup d’État a eu lieu en Turquie. Quelles ont été les motivations déclarées par les promoteurs de ce coup d’État et quelle est, de leur point de vue, la vérité de ce mouvement ?
Le 15 juillet, une faction clandestine des Forces Armées, dirigée par l’Organisation Terroriste de Fetullah Gülen (FETÖ), a tenté de réaliser un coup d’État. C’était plus qu’un complot perfide. C’était une campagne terroriste pour renverser le gouvernement démocratiquement élu, le président et l’ordre constitutionnel de la Turquie. Les conspirateurs ont assassiné plus de 250 personnes et blessé plus de 2 500 personnes à l’aide d’armes lourdes. Le bâtiment du Parlement a été bombardé depuis les airs. Une brigade d’élite a été envoyée pour assassiner le président démocratiquement élu. Le président Erdoğan s’était échappé seulement quelques minutes plus tôt. Ce sont les Turcs de toutes origines et avec différents points de vue qui ont contrecarré la conspiration. Ils ont démontré une solidarité historique. Ils se sont tenus devant les chars avec courage et ont revendiqué leurs droits démocratiques. Les médias turcs ont également joué un rôle clé. Unis contre cette conspiration violente, tous, je le répète, tous les partis politiques et les membres de la Grande Assemblée nationale de Turquie ont tenu bon pour défendre la démocratie, les institutions démocratiques légitimes et la Constitution.
Que répondre à ces gens qui disent que ce fut un auto-coup d’État ?
Je veux répondre à cette question du point de vue péruvien qui a l’expérience de la question de l’auto-coup d’État. Au Pérou, le président a fermé le Parlement parce qu’il était dominé par des membres de l’opposition. L’Organisation des États américains s’y est opposée. Maintenant, voyons ce qui s’est passé en Turquie : une faction de l’armée qui suivait Gülen a essayé de faire un coup d’Etat manqué. Des millions de personnes, risquant leur vie, sont descendues dans la rue pour protester et protéger le parlement et le gouvernement. Même les partis politiques se sont unis et ont protesté. Des avions militaires ont bombardé le Parlement, le palais du gouvernement et de nombreux autres objectifs. Les chars ont ouvert le feu sur les gens. 250 sont morts et 2 500 ont été grièvement blessés. Le président a également été pris pour cible, mais il s’est échappé quelques minutes plus tôt. Je ne vois aucune similitude entre ce qui s’est passé en Turquie et au Pérou. Ce n’était pas un auto-coup d’État. »
Un an plus tard, l’ambassadeur accorde à nouveau une interview (en anglais) pour expliquer et justifier les mesures prises par la Turquie contre les « terroristes [69] »
Les sympathisants d’Hizmet présentent une tout autre histoire du coup d’État, parlant souvent d’un « auto coup d’État [70] ». Pour eux, Erdoğan poursuit de sa vindicte, en commençant par une « purge », ceux qui ont mis en évidence les éléments de corruption de membres de son gouvernement et de ses proches. Je me contente ici de restituer les réactions des Gülenistes présents au Pérou. Par exemple, on lit sur la page facebook d’un membre de Gülen installé à Lima « Embajada Turca de Lima Dice Movimiento Gülen es Terroristas sus Seguidores son Terroristas jajjajaja, Por favor Preguntan ! Quien Abrió La Embajada Turca en Perú ?? Mismo Movimiento Gülen sus Seguidores han hecho todos Documentos y Contactos Entre dos países, Quien las Apoyo en Perú ? y Ahora dicen que ellos son terroristas, POR FAVOR, hablan sinceramente , honestamente !! Espero Sus Comentarios Por Favor. Ahora En Turquía No hay Democracia, No hay Derechos Humanos, Violan a las mujeres y dicen que sus familias fueron sospechosos. Que Mierdas Pensamientos son. Comparten lo Por favor [71] ! ».

Le 24 juillet 2016, Yusuf Esit, en tant que responsable de l’Association d’amitié Pérou-Turquie (qui, répétons-le, n’a plus d’existence officielle à cette date), reprend les éléments de la défense de Gülen et décrit les grandes lignes du mouvement, présenté comme victime [72], ainsi que l’histoire de son alliance avec Erdoğan, pour conclure que, déliés de toute ambition politique, ils sont en faveur d’un État laïque, démocratique et défenseur des droits de l’homme – alors qu’en face Erdoğan soutient Daech.
 

III - Après 2016. Dislocation des entreprises et projets. Vers une reconfiguration ?

Fetullah Gülen
Fetullah Gülen
Avec le coup d’État est sonnée la fin de l’ONG Kimse Yok Mu [73]. Au Pérou, elle devient un temps l’ONG Turc Peru Fans puis disparaît. Il y a encore des distributions de viande à l’automne 2017 et répartition de viande à des familles pauvres – nous avons été invités à assister à l’événement. L’Aïd reste le point culminant des activités humanitaro-religieuses du mouvement.
Alors que le gouvernement turc accuse « FETÖ », de vouloir faire de l’Amérique latine sa nouvelle base pour se restructurer [74], il convient de regarder si le Pérou vérifie cette hypothèse.
Nous avons vu que l’Association d’amitié Pérou-Turquie, tout en étant « inconnue », continue à œuvrer via des « responsables » ou son président, dont le nom varie aussi selon les documents. D’autres activités se poursuivent. Des entretiens que j’ai réalisés il apparaît que l’organisation continue à impliquer que les entreprises versent une partie de leur revenu au mouvement, mais cela reste forcément très opaque, gravitant autour du restaurant de San Isidro qui a repris des cours de langues.
Anadoludkm PERU est devenu association Bosphore; Arte y Cultura Turquía (page fermée en 2016) a créé une nouvelle page (Peru, Amistad Turcos -Latinos / Türk Latin Dostluğu) qui n’est pas active. La page plus politique qui donne des nouvelles de la persécution à travers le monde poursuit son activité, mais elle ne paraît pas située au Pérou. Le mouvement Gülen au Pérou semble donc en sommeil, en dehors de la création de la crèche Nido Kids Of The World qui fait suite à « Sol naciente ».
Les personnes que j’ai rencontrées se présentent comme représentant de la Turquie libre, de la tolérance religieuse comme l’écrit son président actuel de la toujours active et inconnue officiellement Asociación de Amistad Perú – Turquía, installée dans le quartier Jésus Maria de Lima,  Ali Ciftci, qui parle du Pérou comme d’un pays d’accueil pour ses concitoyens persécutés [75] et de pourparlers engagés avec les pouvoirs publics péruviens.« Nous aurons bientôt une réunion avec les autorités péruviennes sur ce problème, nous voulons exposer ce qui se passe parce que des familles de Turquie arriveront, soit des professeurs de l’Université arbitrairement licenciés. La première attaque a été contre les universités. Ces enseignants qui vont arriver, nous leur donnerons une place dans les écoles, ce sont des professionnels de haut niveau, qui se sont trouvés d’un moment à l’autre sans papiers, on leur a annulé leurs papiers, leurs passeports. »
Du côté « turc », la ligue d’amitié parlementaire péruvienne se remet en place dès septembre 2016, et les échanges commerciaux et universitaires présentent de nouveaux acteurs. Néanmoins le TLC entre la Turquie et le Pérou n’a toujours pas été signé ; il est suspendu sans date de reprise.
On peut conclure que les années de bonne entente entre le gouvernement turc et le mouvement Gülen sont aussi celles de l’ouverture « agressive » de la Turquie vers l’Amérique latine (2006-2014), avec le doublement du nombre d’ambassades et l’ouverture de nouveaux Consulats généraux au Brésil et en Colombie et l’installation de bureaux de promotion du commerce dépendants du ministère de l’Économie à Mexico, Caracas, Santiago (Chili), Buenos Aires, Bogotá, Lima et la Havane. Il faut donc étendre l’enquête au-delà du Pérou pour savoir à quel point l’influence de Gülen a été décisive et voir comment cela se poursuit.

R. T. Erdoğan & F. Gülen
R. T. Erdoğan & F. Gülen
___________________
[1] Kalin, I. (2015). « Turkey and Latin America », Daily Sabah, disponible sur http://www.dailysabah.com/columns/ibrahim-kalin/2015/02/14/turkey-and-latin-america, consulté le 2 janvier 2018 ; et Ariel S. González Levaggi, « América Latina y Caribe, la última frontera de la “Nueva” Política Exterior de Turquía », Araucaria. Revista Iberoamericana de Filosofía, Política y Humanidades, 14, nº 28, 2e semestre 2012, p 179-202, disponiblesur https://revistascientificas.us.es/index.php/araucaria/article/viewFile/1951/1828, consulté le 2 janvier 2018.
[2] https://hizmetnews.com/670/kimse-yok-mu-awarded-medal-of-honor-in-peru/
[3] Entretien 20 mars 2018 de Saim Ozgurler. Il prépare un livre de mémoires
[4] https://www.youtube.com/watch?v=W7LdR2HuXBg&feature=youtu.be « Meeting his Excellency President of Peru, Dr. Alan Garcia on Turkish earthquake mission headed by Hasan Erturk », consulté le 20 février 2018.
[5] http://www.haber7.com/yasam/haber/267010-peru-turkleri-boyle-tanidi-fotogaleri, « Turc qui vit dans le pays depuis 20 ans, il fait partie de ces gens-là qui par acquit de conscience et humanité est passé à l’action pour faire quelque chose face à une catastrophe qui en l’espace de 2 minutes a détruit plus de 50 000 bâtiments.
Saim Ozgurler est le plus expérimenté des 10 Turcs qui vivent au Pérou. Il est venu dans ce pays par amour pour une jeune femme qui il a connue par correspondance et qu’il a voulu rejoindre pour une simple histoire d’amour. Parlant bien l’espagnol, il gagne sa vie par des emplois de traductions et de guide touristique à Lima.Juste après le tremblement de terre, Saim Ozgurler parvient à entrer en contact avec Mehmet Isitan, de fait leader de la petite colonie de personnes venues pour ouvrir une école, et lui fait comprendre que en tant que les représentants d’une nation fière mais blessée en son cœur par un tremblement de terre, les Turcs doivent être en mesure de faire quelque chose pour aider les Péruviens. Isitan approuve l’avis de son interlocuteur, et s’adresse avec ses amis aux autorités péruviennes pour leur proposer diverses aides de recherche et de secours aux victimes. Par ailleurs, il prend une initiative très stratégique en entrant en contact directement avec la Turquie et demande au programme “Kimse Yok Mu “ de Samanyolu TV (la chaine tv du mouvement Güulen) de raconter la tragédie du pays. Aussitôt, le coordinateur pour l’étranger de ce programme, Hasan Erturk, sans perdre du temps s’envole pour le Pérou et se met à travailler avec cette équipe qui fait de son mieux pour venir en aide aux victimes du tremblement. Après avoir évalué les besoins les plus urgents, le groupe met en place divers moyens d’aide et se rend dans les zones les plus sinistrées
[6] https://www.haberler.com/hicret-diyarinda-vefat-eden-erturk-yarin-son-haberi/ « Hasan Ertürk, coordinateur de la TIKA au Pérou et représentant par la même occasion de Kimse Yokmu qui vient de perdre la vie au Pérou fera son dernier voyage à Istanbul demain [manière euphémistique de dire qu’il sera enterré]. Celui qui était venu au Pérou en 2007 et qui avait, à la suite du tremblement de terre d’une puissance de 7,9 degrés, coordonné les aides de KimseYokmu au Pérou, et qui depuis ce temps vivait dans ce pays, a été hospitalisé à cause d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë. […] Diplômé de Harvard, Hasan Erturk a travaillé chez TIKA et à Kimse Yok Mu. Connu pour son action dans l’humanitaire, il avait aidé la Turquie à être présente et solidaire dans de nombreuses catastrophes dans le monde. Celui qui était venu au Pérou en 2007 après le tremblement de terre de 7,9 degrés en tant que coordinateur de Kimse Yok Mu, il avait réussi à jouer un rôle fondamental dans l’aide aux Péruviens. Venu en tant qu’immigré au Pérou, il a continué à vivre dans ce pays en tant que humanitaire. Grâce à ses multiples contacts avec les autorités péruviennes, il avait pu jouer un rôle crucial dans le développement des relations entre la Turquie et le Pérou. Son action a contribué à faire aimer la Turquie au Pérou. Il a joué un rôle fondamental dans l’établissement de relations entre les parlements turc et péruvien, à une époque où il n’y avait pas encore de relations diplomatiques entre les deux pays. Auparavant, Ertürk avait travaillé dans les bureaux de TIKA et Kimse Yokmu à Jérusalem, à coordonner les aides pour Gaza et la Cisjordanie. »
[7] https://www.youtube.com/watch?v=2n3NkspvGI0
[8] http://www.etkihaber.com/kimse-yok-mu-gonullusu-hasan-erturk,-son-yolculuguna-ugurladi-20624h.htm
[9] http://hizmetnews.com/670/kimse-yok-mu-awarded-medal-of-honor-in-peru/#.WrEXXk2G-4w
 
[10] Jenny White, Islamist Mobilization in Turkey : A Study in Vernacular Politics, University of Washington Press, 2002.
[11] Voir son introduction dans Bartet, Leyla y Kahhat, Farid. La huella árabe en el Perú. Lima : Fondo Editorial del Congreso del Perú, 2010. Et de la même L. Bartet Memorias de cedro y olivo. La inmigración árabe al Perú (1885-1985), Lima : Fondo Editorial del Congreso del Perú, 2005.
[12] Nous en avons une image pour 2012.Installation de la Ligue parlementaire d’amitié Pérou – Turquie (Liga Interparlamentaria de Amistad Perú – Turquía) qui sera présidée par la législatrice Karla Schaefer (GPF), José León Rivera (AP) (Vice-président), María Cordero Jon Tay (GPF) (Secrétaire) et qu’intègreront Rubén Coa Aguilar (NGP), Kenji Fujimori (GPF), Josue Gutierrez Cóndor (NGP) et Yehude Simon (APGC).
La liste des parlementaires pour toutes les années se trouve ici.
[13] http://www.elinformanteperu.com/actualidad.php?idarticulos=21674, avec Mehmet Isitan, représentant de KimseYok Mu au Pérou, Elias Mendoza Habersperger, Consul Général de Turquie au Pérou, le président Alan Garcia Perez et Hasan Erturk, Coordinateur des relations Internationales de Kimse Yok Mu
[14] http://www.americatv.com.pe/noticias/actualidad/tres-congresistas-se-dieron-vueltecita-turquia-gastos-pagados-congreso-n206493 « Congressistes en voyage : il ont visité la Turquie avec l’argent du Parlement. Carlos Bruce, Lourdes Alcorta et Karina Beteta ont été invités par une organisation inconnue appelée Association d’amitié Pérou-Turquie. […] Ils ont assisté à l’événement “Semana del Perú”, organisé par une organisation inconnue appelée Association d’amitié Pérou-Turquie. » Des éléments permettent de penser que la chose a été organisée par Muhammed Dursun, membre de Hizmet actif en 2016 en République dominicaine
[15] Page Facebook de l’ambassade.
[16] « Los ciudadanos turcos y peruanos no necesitan visa para visitar ambos países desde el año 2013. Tampoco es necesaria ninguna vacuna o atención médica especial. »
[17] Voir interview de l’Ambassadeur, https://drive.google.com/file/d/0ByqYQB3U7BrmbzRiejJrdUozU0k/view in Vip diplomatica
[18] « La delegación del Ministerio del Interior de Turquía junto con El Embajador NamıkGünerErpul, han realizado una visita el día 4 de Julio del 2013 al Director de la Policía Nacional del Peru, el General Jorge Flores Goicochea, con la finalidad de realizar un intercambio de la opinión entre la Policía Nacional de ambas países. »
[19] http://hizmetnews.com/670/kimse-yok-mu-awarded-medal-of-honor-in-peru/#.WrEXXk2G-4w
[19] http://www.turkey4unsc.org/uploads/TurkeyUNSC_brochure_ES.pdf
[20] https://elcomercio.pe/economia/peru/turquia-le-interesa-invertir-infraestructura-peru-210088
[21] http://www.acuerdoscomerciales.gob.pe/index.php?option=com_content&view=article&id=284:inicio&c, consulté le 28 mai 2018 : « Les 21 et 22 octobre 2013, lors des réunions exploratoires du TLC Pérou-Turquie, les délégations des deux pays ont annoncé leur intention d’entamer des négociations en vue d’un accord de libre-échange entre le Pérou et la Turquie. Cette décision a été officialisée par l’établissement des termes de référence de l’Accord, préparés et signés le 22 octobre de la même année. »
[22] https://www.youtube.com/watch?v=GgAzdM4tYwU
[23] http://hizmetnews.com/213/kimse-yok-mu-helps-in-peru/#.WrESQ02G-4x The news was published on Nov 20, 2010 at in Turkish
[24] at http://www.nethaber.com/Toplum/168724/Fethullah-Gulen-cemaatine-yakinligiyla-bilinen
[25] Voir ici.
[26] https://www.youtube.com/watch?v=AN2-QLjP0l8&feature=youtu.be ; Voir aussi .
[27] Ici et https://www.youtube.com/watch?v=K3mDIik1tv8
[28] Lien.
[29] Lien.
[30] https://www.youtube.com/watch?v=_wKr-_MxJH4&feature=youtu.be
[31] https://www.youtube.com/watch?v=8sBpWV9-Ei8
[32] Lien.
[33] Soit « soleil naissant », soit Anatolie.
[34] http://intentodeperiodistas.blogspot.pe/2012/11/normal-0-21-false-false-false-es-pe-x.html
[35] Voir https://wgctravelblogue.wordpress.com/2015/12/21/peacemaking-in-peru/ et http://saccvi.blogspot.pe/2015/12/peacemaking-in-peru.html
[36] Lien ; lien.
[37] http://www.anadoludkmperu.org/ qui n’existe plus.
[38] Par exemple le 17 juin 2016, une démonstration/enseignement d’ebru a lieu, avec les maîtresses de l’Institut Ankara Olgunlaşma, Bahtinur Çelik et Dilek Karaduman,dans le cadre de la Institucion Superior Tecnologico Trentino Juan Pablo II pour 50 élèves d’art et de dessin graphique. Les deux mêmes, en visite au Pérou pour promouvoir cet art à un plan international, ont offert un atelier dans le cadre de l’ambassade. La bonne entente continue de s’afficher.
[39] Lien.
[40] https://www.youtube.com/watch?v=5sBK_1V95E0
[41] https://issuu.com/revistacascada/docs/cascada-10/50
[42] La plupart des pages internet la mentionnant ont toutefois disparu. Voir https://www.youtube.com/watch?v=4KDkMH6MVb8&feature=share
[43] http://fundacioncatarata.cl/home-page/
[44] http://www.anadoludkm.cl/page40.html
[45] http://www.camaraturcoperuana.org/camaraturcoperuana/pages/es/pagina-principal.php?lang=ES
[46] Lien, renvoyant à Todays Zaman du 29 avril 2014 : « Un total de 80 hommes d’affaires de 10 pays d’Amérique latine se sont rencontrés mardi dans la province turque de Kayseri pour discuter des opportunités d’investissement et de commerce avec leurs homologues locaux lors d’un nouvel événement organisé par la Confédération turque des entrepreneurs et industriels (TUSKON). Le titre “trade bridge”, que TUSKON utilise pour ses événements de commerce et d’investissement, s’inspire du sommet semestriel Turkey-World Trade Bridge, organisé par la confédération depuis 2006. Des représentants d’entreprises d’Argentine, du Brésil, d’Haïti, d’Équateur, du Chili, du Pérou, de Jamaïque, du Mexique, de Colombie et de Cuba se sont entretenus avec 250 investisseurs turcs lors de l’événement de Kayseri. S’exprimant lors de l’inauguration de l’événement mardi, le président de TUSKON Rızanur Meral a déclaré que la Confédération avait accéléré ses efforts pour renforcer les liens commerciaux et d’investissement avec les Amériques depuis 2006, ajoutant que la région offrait de sérieuses opportunités d’investissement aux entreprises turques. Quant aux pays qui sont présents ici aujourd’hui, ils représentent des marchés en développement rapide qui bénéficient d’une forte demande en raison d’une population totale de 490 millions de personnes... Ils sont également une porte sur un client potentiel encore plus important sur le continent américain et ailleurs », a commenté Meral. Meral a également déclaré que les écoles turques établies dans la région ont servi à renforcer les liens entre les hommes d’affaires de la Turquie et des Amériques et à introduire davantage de locaux en Turquie. L’ambassadeur argentin en Turquie, Juan Jose Arcuri, a déclaré que son pays remercie TUSKON pour ses efforts visant à les introduire sur les marchés turcs et à aider à stimuler le volume des échanges bilatéraux. Selon les médias turcs, TUSKON a aidé les Argentins à mieux comprendre le marché et l’économie turcs tout en corrigeant la désinformation concernant le passé de la Turquie. L’ambassadeur colombien en Turquie, Fernando Panesso Serna, a également déclaré que la Turquie et son pays cultivent depuis la dernière décennie de bonnes relations non seulement dans le tourisme mais aussi dans le commerce et l’investissement. TUSKON a lancé le premier de ses ponts de commerce extérieur en 2006, ciblant les nations africaines. L’initiative s’est ensuite étendue de l’Afrique à la région du Pacifique et, plus récemment, à l’Eurasie et aux Balkans. La participation turque à l’événement n’est pas limitée aux sociétés membres de TUSKON. Le syndicat est célèbre pour ses efforts visant à accroître la collaboration et les relations commerciales mutuelles avec les parties du monde avec lesquelles la Turquie a un faible volume d’échanges. Il prête également attention aux stratégies spécifiques de l’État turc en direction de certains marchés. »
[47] https://www.datosperu.org/ejecutivos-5859a9bf282569067072a634cebff7ab.php https://www.universidadperu.com/empresas/yogur-turco.php créé en aout 2017
[48] http://www4.congreso.gob.pe/oci/GaleriaFotografica.html, dernière photo en bas, consulté le 10 mai 2018.
[49] http://malarc.blogspot.pe/2011/10/internacional.html. Et http://noticias.universia.edu.pe/vida-universitaria/noticia/2009/12/10/706828/uigv-firmo-convenio-universidad-turca.html
[50] Mais nous n’aurons pas d’entretien avec lui. Voir
[51] Nous n’avons rien trouvé sur cette fondation, peut-être créée ad hoc.
[52] Est-ce à dire que la Turquie a été présentée comme faisant partie de l’UE ?
[53] Mais nous n’aurons pas d’entretien avec lui. Voir lien.
[54] Entretien avec un professeur qui entend rester anonyme, 4 mars 2018.
[55] On trouve dans la biographie de Gülen, pour son ouverture  « 08.11.1996 Assiste à l’Inauguration de l’Université Fatihd’İstanbul. Le Président de la République turque, Suleyman Demirel, inaugure l’université Fatih. Assistent également à la cérémonie Alparslan Turkes, Riza Akçali et beaucoup d’autres politiciens, scientifiques et hommes d’affaire. Fethullah Gülen s’occupe de tous ses invités ainsi que du Président ».
[56] https://www.scholarsatrisk.org/2016/07/15-universities-shut-connection-state-emergency/
[57] https://www.scholarsatrisk.org/2016/07/15-universities-shut-connection-state-emergency/
[58] Ibid.
[59] Page Facebook de l’ambassade.
[60] https://www.uigv.edu.pe/wp/facultad-de-comercio-exterior-y-relaciones-internacionales-celebro-su-8vo-aniversario-de-creacion/
[61] Il semble qu’à Arequipa, le mouvement ait ouvert une usine de fenêtres en PVC.
[62] Soit le propriétaire du restaurant de San Isidro.
[63] Extrait du discours de Recep Tayyip Erdoğan le 3 février 2016, lors de la cérémonie de remise du titre de docteur Honori causa à l’Université de saint Ignace de Loyola : « Au cours de cette période, nous avons particulièrement intensifié nos relations avec l’Amérique latine. Avec des visites au Mexique, en Colombie et à Cuba en février 2015, après une interruption de 20 ans, je suis le premier président à avoir visité cette région. Nous continuons d’augmenter le nombre de nos ambassades dans la région. Dernièrement, nous avons ouvert, dans cet ordre, nos ambassades à Saint-Domingue, au Panama, à San José et au Guatemala, ainsi que notre ambassade à Lima, qui travaille activement depuis 2010. Dans le contexte de l’agenda international de plus en plus intense, la Turquie suit une politique étrangère efficace à l’échelle mondiale, acquérant de nouvelles responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. »
[64] Bayram Balci, Hakan Yavuz,« Turkey’s July 15thcoup » https://uofupress.lib.utah.edu/turkeys-july-15th-coup/, consulté le 14 mai 2018.
[65] Une page en anglais, spécialement dédiée au 15 juillet, « July 15th 2016 PEOPLE’S VICTORY » raconte les événements du point de vue gouvernemental http://15.07.gov.tr/#home
[66] http://www.middleeasteye.net/news/colombia-turkey-terrorist-coup-117237382
[67] https://www.youtube.com/watch?v=1mzUXqHQ-HU
[68] T.C. Lima Büyükelçiliği-Embajada de Turquia en Lima24 août 2016 : « L’Ambassadeur FerdaAkkerman a donné aujourd’hui une interview à l’Agence Andina. Cette interview a été diffusée en direct sur la radio de cette agence. »
[69] https://elcomercio.pe/mundo/turquia-respaldada-internacionalmente-golpe-video-442501. Un entretien similaire est donné en Bolivie:http://www.paginasiete.bo/planeta/2016/10/17/gente-paro-intento-golpe-estado-turquia-113735.html
[70] Telle est la position de F. Gülen en personne : https://www.nytimes.com/2016/07/26/opinion/fethullah-gulen-i-condemn-all-threats-to-turkeys-democracy.html?_r=0
[71] Nous traduisons en note, car l’espagnol nous paraît plus frappant : « L’ambassade turque de Lima dit que le Mouvement Gülenest des terroristes, que ses disciples sont des terroristes jajjajaja, posez des questions svp ! Qui a ouvert l’ambassade de Turquie au Pérou ? ledit mouvement Gülen et ses disciples ont fait tous les documents et contacts entre deux pays. Qui les a aidés au Pérou ? et maintenant ils disent qu’ils sont des terroristes, S’IL VOUS PLAÎT, ils parlent honnêtement, honnêtement !! J’attends vos commentaires s’il vous plaît. Maintenant, en Turquie, il n’y a pas de démocratie, il n’y a pas de droits de l’homme, ils violent les femmes et ils disent que leurs familles étaient des suspects. Quelles pensées de merde ! Partagez s’il vous plaît ».
[72] https://elcomercio.pe/mundo/actualidad/turquia-hubo-golpe-autogolpe-221470
                                            [73] ris sur le site de Hizmet :« après décembre 2017, Erdoğan et le gouvernement de l’AKP ont lancé une campagne de dénigrement contre des institutions proches du mouvement Gülen, telles que des organisations de médias, des écoles, des universités, des organisations de la société civile et des organisations caritatives comme Kimse Yok Mu. Utilisant les institutions étatiques comme autant d’outils dans la campagne de diffamation, le gouvernement a illégalement limité les activités de ces institutions et utilisé les médias fortement pro-gouvernementaux pour fabriquer des histoires décrivant le mouvement Gülen comme un groupe terroriste. L’année dernière, les inspecteurs désignés par le ministère de l’Intérieur ont audité de près les activités de Kimse Yok Mu, et un rapport préparé par les inspecteurs en octobre 2014 a déclaré qu’aucune faille n’avait été découverte dans les activités de l’organisation. Malgré ce bon rapport, une décision du gouvernement a encore enlevé le droit de Kimse Yok Mu de collecter des dons sans obtenir la permission des autorités compétentes. Un mois plus tard, en novembre 2014, le Conseil d’État a prononcé un sursis à l’encontre de la décision du Cabinet d’annuler le droit de Kimse Yok Mu de collecter des dons caritatifs, affirmant que la décision était contraire à la loi. Depuis lors, malgré l’ordonnance du tribunal, les activités de l’organisation caritative continuent d’être entravées par les bureaux de l’État tels que le bureau du gouverneur d’Istanbul, les directions et les banques. En avril, une enquête choquante contre Kimse Yok Mu a été révélée après que le procureur général d’Ankara, Musa Yücel, a envoyé une citation à la direction de Kimse Yok Mu demandant à l’organisation caritative de lui envoyer des informations sur les activités de l’Aïd al-Adha en 2011. Lorsque les avocats de l’association se sont rendus au palais de justice d’Ankara le 16 avril, ils ont constaté que l’enquête incluait des accusations de constituer une “organisation terroriste armée”. Cependant, étant donné que la 4e Cour Pénale d’Ankara avait ordonné que les détails de l’enquête restassent confidentiels, les avocats ne pouvaient pas examiner le contenu du dossier d’enquête. İsmail Cingöz, le président de l’association, a déclaré dimanche à Zaman que les décisions prises par le gouvernement AKP, imposées aux institutions étatiques, aux médias et au pouvoir judiciaire, contre Kimse Yok Mu, empêchent l’association caritative d’annoncer plus largement les activités d’aide pour le Ramadan. Malgré toutes ces restrictions, M. Cingöz a déclaré que les bénévoles de l’organisation ont réussi à sensibiliser les gens aux besoins du peuple. Les restrictions gouvernementales ne les empêcheront pas de faire leur devoir, a déclaré M. Cingöz. »
                                            [74] https://www.dailysabah.com/war-on-terror/2017/07/28/feto-selects-latin-america-as-new-base-to-restructure. « L’Amérique latine devient la nouvelle base du groupe terroriste Gülen (FETÖ), où les membres souhaitent se restructurer, selon Mehmet Özkan, coordinateur en Colombie de l’Agence turque de coopération et de coordination (TİKA). “Pour disparaître apparemment, se faire oublier à travers l’Europe, ils ont choisi l’Amérique latine comme base car le continent est géographiquement éloigné de la Turquie, et les Turcs ne sont pas obligés d’obtenir un visa pour s’y rendre”, a ajouté Özkan, ajoutant qu’ils sont en cours de restructuration en prévision de leur prochaine installation et de mise en œuvre de leurs projets en Amérique du Sud. S’adressant à l’Agence Anadolu (AA), M. Özkan a déclaré que l’organisation est très puissante au Brésil et en Argentine et qu’elle cherche toujours à renforcer sa position en Colombie en organisant des réunions secrètes. “L’Amérique du Sud est un continent où les passeports turcs sont valides et les Turcs ne sont pas tenus d’obtenir des visas. Ils peuvent également demander un visa pour les États-Unis en Amérique latine. Ainsi, alors que certains membres de l’organisation restent en Amérique latine, certains s’en vont directement aux États-Unis utilisant le continent comme une sorte d’étape”, a déclaré M. Özkan, indiquant que les membres du FETÖ qui ont fui la Turquie et sont venus en Colombie ont déposé une demande auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, demandant l’asile. “Ils mènent leurs activités facilement ici, car il n’y a pas beaucoup de Turcs qui les cherchent”, a ajouté Özkan. Il a ajouté que son agence rapporte toutes les informations concernant les activités du groupe terroriste à la Turquie et aux ambassades turques à travers le continent, soulignant que TİKA se concentre spécifiquement sur la branche sociale de l’organisation tandis que les ambassades se concentrent davantage sur la branche politique. “TİKA s’intéresse davantage à la structuration sociale du groupe terroriste, informe les universités de la tentative de coup d’État avortée en Turquie, organise des conférences et prend contact avec les médias, et essaie d’informer les gouvernements latino-américains que les membres de FETÖ sont recherchés en Turquie pour leurs crimes plutôt que pour leur idéologie”, a déclaré Özkan, indiquant que TİKA a des activités dans les domaines de l’éducation, de la santé et du développement rural à travers le continent. Soulignant que la tentative de coup d’État échouée du 15 juillet a été considérée par les gouvernements latino-américains comme une mise en scène et que les médias ont publié des articles dans ce sens, Özkan a déclaré que cette situation résultait de l’opinion des membres de la FETÖ.  Il a exprimé que cette perception a changé avec les activités de TİKA et d’autres institutions similaires. »
Voir aussi la notice de Sputnikhttp://www.resumenlatinoamericano.org/2016/07/27/se-extiende-hasta-argentina-la-red-del-supuesto-organizador-del-golpe-en-turquia/ du 27 juillet 2016
[75] https://www.panoramical.eu/birregional/otra-turquia-se-encuentra-lima-isabel-recavarren/, 3 août2016« Hay otra Turquía y se encuentra en Lima », par Isabel Recavarren
 






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